Séance du
jeudi 31 août 2017 à
14h05
1re
législature -
4e
année -
5e
session -
29e
séance
P 1998-A
Débat
Le président. Nous passons à la P 1998-A; nous sommes toujours en catégorie II, trente minutes. M. Voumard, rapporteur, ne souhaite pas prendre la parole, je la cède donc à M. Riedweg.
M. Bernhard Riedweg (UDC). Merci, Monsieur le président. A Genève, pour passer son temps, une certaine population veut que soient organisés des spectacles et des distractions, mais il faut qu'ils soient gratuits. Chaque manifestation telle que la Fête de l'Espoir demande une importante infrastructure en relation directe avec les concerts et pour assurer la sécurité, le sanitaire et le nettoyage notamment - services qu'il faut payer afin d'assurer du confort à l'audience et répondre à des contraintes légales. Vu la gratuité de l'événement, c'est à la collectivité publique de prendre le relais financièrement, également par des subventions non monétaires, pour les frais que le comité d'organisation n'arrive pas à couvrir au travers de la vente de victuailles et de boissons dans les buvettes d'une part et du mécénat, du partenariat et du sponsoring d'autre part.
Il y a dix-huit ans, lors de la création de la Fête de l'Espoir par un comité très motivé, les mentalités étaient différentes, les contraintes n'étaient pas aussi sévères que celles qui ont cours actuellement. En plus, l'Etat se trouve dans une situation financière précaire et ne peut continuer à soutenir la culture, car il est déjà fortement sollicité. Le canton n'a d'ailleurs versé aucune subvention à la Fête de l'Espoir depuis 2008. C'est bien la tendance qui se manifeste de nos jours puisque le département des affaires sociales et le département de la culture et du sport de la Ville de Genève ont cessé de soutenir financièrement cette fête l'année dernière. Si cette fête devait perdurer, elle se retrouverait en concurrence avec de nombreuses manifestations liées à la musique, car les divers festivals organisés en Suisse romande foisonnent. Cette Fête de l'Espoir n'évolue pas véritablement année après année, et la question de sa justification se pose par rapport à d'autres manifestations. En conclusion, l'UDC prône le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci, Monsieur le président.
Mme Sarah Klopmann (Ve). Ce sujet aurait pu avoir l'air simple mais pour les Verts, c'était finalement assez épineux de se décider. Tout d'abord, «Fête de l'Espoir»... L'espoir de quoi ? On nous a toujours fait croire que cette Fête de l'Espoir avait une quelconque vocation caritative - en tout cas je l'ai toujours cru, comme la majorité de la population genevoise - or ce n'est pas le cas: elle n'a d'«espoir» que le nom et la caractéristique qu'elle fait venir des gens gratuitement à Genève, mais aucun bénéfice n'est reversé à qui que ce soit. C'est évidemment une fête qui reçoit des subventions et ça, c'est une bonne chose, sauf que quand on regarde un petit peu le budget... J'ai bien regardé le budget parce qu'au début je craignais que ce soient les taxes de l'Etat qui les coulaient, mais en fait pas du tout: ce qui les coule, entre autres, c'est que 10% de tout le budget total - c'est-à-dire tous les bénéfices des années précédentes, plus tous les fonds privés, plus les subventions publiques - sont dédiés au salaire d'une seule personne, à l'année entière ! Il y a donc une personne qui se fait payer toute l'année pour organiser ce festival, alors qu'on demande à avoir les terrains gratuitement, qu'on demande des subventions et qu'on demande aussi aux artistes de venir jouer gratuitement ! Que les artistes viennent jouer gratuitement, c'est très bien si c'est pour soutenir une cause ou si c'est pour la population. Mais pas quand on nous fait croire que c'est pour soutenir quelque chose qu'on ne soutient pas ! Et en plus, ça n'aide absolument pas le milieu culturel genevois puisque les artistes qu'on fait venir gratuitement à Genève, ce ne sont pas des acteurs culturels ou des musiciens locaux qu'on essaie d'encourager avec un salaire ou avec une scène pour se produire. Ça, c'est un petit peu dommage.
Ensuite, je comprends aussi le problème de l'utilisation du centre sportif qui empêche les jeunes de profiter et de s'entraîner pendant une semaine, alors que certains d'entre eux font de la compétition sportive. Ça aussi, c'est un problème; on aurait pu discuter la position et l'emplacement des terrains dédiés à cette fête, mais ça n'a pas été fait. Supprimer une fête qui est gratuite pour la population, c'est évidemment un problème, c'est vraiment très embêtant et bien sûr complètement à l'opposé de la politique des Verts. Voilà pourquoi ce sujet est épineux, et donc, de manière très peu courageuse, nous nous abstiendrons sur cette pétition pour ne pas supprimer une fête gratuite à destination de la population, mais pour ne pas non plus soutenir des subventions qui ne servent finalement qu'à une seule et unique chose: payer un salaire annuel pour organiser ce festival, où tout le reste est gratuit, même la venue des artistes, que je souhaiterais personnellement qu'on paie.
M. Christian Frey (S). J'aimerais quand même rompre une lance pour cette Fête de l'Espoir. Il est vrai que les documents reçus, et en particulier les documents financiers, font apparaître ce que ma préopinante vient de dire: il y a effectivement une personne qui travaille quasi à plein temps uniquement pour cette Fête de l'Espoir. Il faut dire qu'à une époque, la Fête de l'Espoir - j'y ai participé - était une sorte de kermesse gratuite où différentes structures comme la fondation Clair Bois, où j'ai travaillé, ou encore la fondation Foyer-Handicap, pouvaient se présenter, pouvaient aller avec des résidents ou avec des personnes qui profitaient des services de ces structures. Effectivement, au fil des années, avec la fatigue des bénévoles, c'est devenu une histoire qui tenait grâce à une ou deux personnes dont le président et une salariée. Mais ce type d'événement - moi j'appellerais presque ça une kermesse - est utile, c'est la raison pour laquelle je proposerai de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, en tout cas à titre personnel. Je vous remercie.
M. Raymond Wicky (PLR). J'aimerais juste rappeler une petite chose, c'est que lorsque nous avons auditionné la Ville de Genève, qui est malgré tout le principal soutien de la Fête de l'Espoir, le ministre de la culture de cette commune nous a très clairement dit que, malheureusement pour elle - parce qu'effectivement, c'est sympa, c'est une fête publique et gratuite, mais... On ne peut que regretter pour elle que ses jours soient malheureusement un peu comptés, premièrement de par le fait que la Ville de Genève estime que cette fête n'est pas une priorité - ce n'est pas ce Grand Conseil qui le dit, c'est la Ville de Genève elle-même, et ça figure dans le rapport - et deuxièmement parce que ça générait d'énormes problèmes pour la Ville de Genève compte tenu des surfaces relativement importantes qui sont demandées par cette fête. C'est aussi un peu ce qui nous a conduits à dire qu'il est difficile maintenant de remettre l'ouvrage sur le métier si le principal fournisseur - si j'ose me permettre cette expression - notamment en infrastructures n'entend plus forcément assurer ce soutien dans les années à venir. Nous avons donc estimé que le dépôt sur le bureau du Grand Conseil était malheureusement la seule possibilité logique en la matière.
M. Jean-Marie Voumard (MCG), rapporteur. Tout ce qui a été dit auparavant est effectivement justifié et totalement exact. Il y a plus de mille bénévoles et un salaire versé; quand on voit dans les comptes qu'il y a quand même pour 86 000 F de salaire et que la Fête de l'Espoir fait une demande de 50 000 F pour s'en sortir, il y a peut-être quelque chose à voir aussi de ce côté-là. Je voudrais profiter d'avoir la parole pour corriger une fois M. Riedweg qui a donné un chiffre faux ! (Exclamations.) Il a indiqué que cette Fête de l'Espoir a été créée il y a dix-huit ans, cela fait vingt ans.
Des voix. Ah ! (Commentaires. Exclamations.)
M. Jean-Marie Voumard. Et le groupe... (L'orateur rit.) Et je vous demande donc de suivre la majorité de la commission sur le dépôt de cette pétition.
Le président. M. Riedweg avec un chiffre faux... C'est impensable ! Impensable. Nous allons donc voter sur la recommandation de la commission des pétitions concernant cet objet, à savoir son dépôt sur le bureau.
Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 1998 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 50 oui contre 9 non et 13 abstentions.