Séance du jeudi 31 août 2017 à 14h05
1re législature - 4e année - 5e session - 29e séance

P 1990-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour le maintien du chalet Florimont à Gryon destiné aux séniors de Genève
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session II des 6, 7 et 24 avril 2017.
Rapport de majorité de M. Stéphane Florey (UDC)
Rapport de minorité de M. Olivier Baud (EAG)

Débat

Le président. Les extraits étant désormais terminés, nous passons aux pétitions qui seront toutes traitées en catégorie II, trente minutes. Nous débutons avec la P 1990-A, et je laisse la parole au rapporteur de majorité, M. Florey.

M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Tout d'abord, il est important de rappeler le point de départ de cette affaire, la raison qui a conduit à la fermeture du chalet Florimont, à savoir les finances de l'Hospice, malheureusement. En effet, il est indiqué dans ce rapport que l'Hospice général sera dans les chiffres rouges à la fin de l'année et n'aura techniquement plus les moyens de payer ses collaborateurs. A l'époque, le Conseil d'Etat lui avait demandé de se pencher sur des pistes d'économies, lesquelles ont mené d'une part à la fermeture de ce chalet, d'autre part à quelques adaptations et restructurations des activités premières de l'Hospice, à savoir l'aide aux personnes dans le besoin et l'accueil des réfugiés. Ce sont là les deux tâches essentielles sur lesquelles l'Hospice général entend se recentrer, d'où, je le répète, la fermeture du chalet Florimont.

Mais - il est important de le préciser - cette fermeture est provisoire puisque l'Hospice général, qui est propriétaire du chalet, souhaiterait trouver une solution pour assurer la continuité des activités de cette institution, mais sans plus en assumer la charge. L'option préconisée serait de maintenir ce chalet de vacances pour seniors par l'intermédiaire d'une fondation, mais cela prend du temps. Cela dit, les négociations avancent, et on pourrait espérer sa réouverture une fois que la fondation aura été créée. En attendant, il est fermé et le restera, comme je l'ai déjà dit, jusqu'à ce que cette solution soit mise en place.

Pour l'heure, afin de maintenir les activités premières de l'Hospice général qui sont essentielles pour notre canton et notre population, la majorité de la commission a été dans le sens voulu à la fois par l'Etat et l'Hospice général, c'est-à-dire de laisser ce chalet fermé et d'attendre tranquillement qu'une solution soit trouvée. Aussi, elle vous recommande de suivre ses conclusions et de déposer la pétition 1990 sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.

M. Olivier Baud (EAG), rapporteur de minorité. Le chalet Florimont, qui accueillait des seniors, est effectivement fermé depuis janvier 2017, et qui nous dit qu'il pourrait rouvrir en janvier 2018 ? Personne, et cela semble d'ailleurs une piste plutôt improbable pour l'instant. Or, dans son titre, la pétition demande bien le maintien de ce chalet à Gryon pour les aînés de Genève. Assez bizarrement, tout le monde a l'air d'accord sur le fait qu'il ne faut pas solder ce chalet car il fait partie du patrimoine, mais, en même temps, on a l'impression que, par je ne sais quel artifice ou quelle intervention, il va rouvrir tout seul; c'est un petit peu contradictoire.

Si on veut vraiment accélérer les choses, il faut renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat qui pourra en faire quelque chose et proposer la solution dont parlait le rapporteur de majorité, M. Florey. On a tous bien compris que l'animation de telles activités n'entre plus dans le cadre des missions de l'Hospice, que ça coûte cher, et ce n'est pas contesté; mais la pétition ne demande pas que le chalet Florimont reste sous l'égide de l'Hospice général, non, elle demande qu'il soit maintenu ouvert, voilà tout. C'est une requête assez simple qui, je le répète, a étrangement l'air de recueillir l'assentiment de tout le monde, mais dans le même temps, on ne se donne pas les moyens de trouver une solution.

Je pense - Ensemble à Gauche pense - que cette demande est tout à fait légitime, que le chalet Florimont remplissait une mission importante pour les personnes âgées. Un projet de loi sur les proches aidants vient d'être déposé - malheureusement, l'ajout à l'ordre du jour a été refusé, tant pis - donc on voit que c'est une question dans l'air du temps, et il faut faire quelque chose avec ce bâtiment car il est certain que plus on le laisse fermé, plus il va se dégrader. Aussi, Mesdames et Messieurs, renvoyons simplement cette pétition au Conseil d'Etat, qu'il en fasse quelque chose, et puis on jugera après. Je vous remercie.

Mme Isabelle Brunier (S). Le parti socialiste a changé de position depuis le vote en commission; il est désormais d'avis, comme le rapporteur de minorité, qu'il faut renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat pour les raisons qui ont déjà été énumérées. J'aimerais dire aussi, au nom du parti socialiste, que l'Hospice général et le magistrat de tutelle devraient apprendre à mieux communiquer: en annonçant brusquement leur décision de fermeture du chalet, ils ont suscité émotion, inquiétude et indignation au sein de la population, en particulier auprès des personnes âgées, ce qui n'était certainement pas une bonne idée.

Le résultat, c'est cette pétition, et nous considérons qu'en abandonnant sans solution déjà organisée - alors que des solutions pourraient se dessiner, M. Poggia lui-même nous l'a dit - cette prestation pour les seniors à revenu modeste qui ont travaillé toute leur vie et qui sont encore et toujours contribuables dans notre canton, ils ont pris le risque inutile de faire monter des antagonismes entre les diverses populations bénéficiaires, ce dont on aurait pu se passer. Il aurait mieux valu étudier différentes options avant de fermer abruptement ce chalet. Comme le rapporteur de minorité l'a mentionné, la piste d'un lieu de répit pour les proches aidants, à la faveur du projet de loi qui a été déposé, pourrait en constituer une - et il en existe sans doute d'autres.

Aussi, nous préférons renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, et ce serait une bonne chose si on arrivait à faire changer d'avis les autres groupes, parce que c'est bien entre les mains du conseiller d'Etat concerné que cette pétition aura le plus de chances de déboucher sur une solution. Merci.

M. Bernhard Riedweg (UDC). La clientèle pour ce type de vacances vieillit, on arrive à la limite de la médicalisation. Les aînés sont plus indépendants qu'il y a vingt ans et les offres de vacances qui leur sont destinées bien plus favorables que le prix journalier du séjour à Gryon, annoncé à 180 F. Une solution serait de vendre ce bien-fonds ou de le transmettre à une fondation, mais celle-ci rencontrera les mêmes problèmes si le chalet n'est exploité que trente-six semaines par année. En tout cas, l'Hospice général est prêt à le remettre à une fondation pour un franc symbolique. Il faut avoir le courage politique de prendre une décision en laissant nos sentiments de côté. C'est la raison pour laquelle notre parti préconise le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci, Monsieur le président.

M. Guy Mettan (PDC). Beaucoup d'arguments ont déjà été cités en faveur du dépôt de cette pétition, auquel notre parti se ralliera. J'aimerais juste ajouter deux raisons. La première, c'est que le nombre d'inscrits dans cette maison de Florimont est en diminution, comme cela nous a été confirmé lors des auditions, nous estimons donc que si le nombre de personnes âgées intéressées par ce type de prestation baisse, c'est que le besoin s'avère bien moins évident qu'on ne le dit. Ça, c'était la première raison.

Deuxièmement, je pense que nos aînés, surtout ceux qui sont quelque peu vulnérables ou ont des difficultés économiques, peuvent jouir de ce type de programme, mais ce n'est pas à l'Hospice général de payer pour cela. Ainsi qu'il l'a proposé, d'autres institutions dévolues aux personnes âgées - je pense notamment à Pro senectute - pourraient prendre en charge cet établissement puisque c'est précisément leur mission, alors que ce n'est pas celle de l'Hospice. Il ne s'agit pas de jeter à la rue les seniors qui ne pourraient pas bénéficier d'établissements de repos comme celui-là, mais simplement d'organiser un transfert auprès des fondations ou des organismes compétents. Voilà les deux raisons pour lesquelles le parti démocrate-chrétien se rallie au dépôt de la pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à Mme Klopmann.

Mme Sarah Klopmann (Ve). Merci, Monsieur le président... (L'oratrice rit.) Pardon, mon voisin me raconte des bêtises ! On dit que ce chalet Florimont est très important, qu'il plaît à beaucoup de monde; je veux bien le croire, il plaît beaucoup aux personnes qui l'utilisent et qui vont y passer des vacances, mais il faut être honnête, il faut voir les chiffres: il n'est même pas occupé à 50% pendant l'année !

Maintenant que la population vieillit, les gens vont soit trop mal pour se rendre dans cette maison, soit pas assez mal pour avoir envie d'y aller, et ils préfèrent alors partir en Grèce ou je ne sais où, payer moins cher que cette maison qui est pourtant largement subventionnée et profiter du soleil. Ce n'est pas très écolo, mais je ne fais que décrire des faits. Au final, ce chalet fonctionne à perte, il plaît à quelques personnes mais pas non plus à l'ensemble de la population pour laquelle il a été mis à disposition, et surtout il fait couler l'Hospice général !

En effet, cette prestation coûte extrêmement cher à l'Hospice général alors qu'elle ne constitue en aucun cas l'une des missions actuelles de cet organisme. Certes, à l'origine, il se chargeait aussi de l'aide aux personnes âgées et de leurs loisirs, mais ce n'est plus le cas maintenant. Aujourd'hui, l'Hospice général a deux vocations: l'aide sociale et l'asile, et ce chalet ne correspond à aucune de ces catégories. Oui, il faudrait le maintenir, ce serait vraiment très important, mais dans le cadre d'un autre budget: soit celui du maintien à domicile - ça y participe puisqu'il permet à des personnes qui ne peuvent plus partir en vacances toutes seules de disposer d'un lieu avec l'encadrement nécessaire - soit celui des proches aidants afin d'offrir à ceux-ci un peu de répit.

Il faut être cohérent, et je m'adresse en particulier aux socialistes qui ont changé de position pour ne pas jouer les socio-traîtres, pour ne pas faire croire qu'ils étaient contre les personnes âgées, il faut juste être cohérent: on ne peut pas d'un côté défendre l'Hospice général qui crie au secours, dont la moitié des collaborateurs sont en burn-out et n'en peuvent plus, qui est en sous-effectifs, qui n'a pas assez d'argent pour fonctionner, et de l'autre gaspiller des ressources essentielles, autant pour les employés que pour les tâches de l'Hospice général, avec cette maison qui fonctionne à perte.

Aussi, il faut certes trouver une solution pour ce chalet, mais surtout laisser l'Hospice général mener ses missions à bien et soigner un petit peu ses employés, parce que là, ils ont largement besoin de plus de ressources financières et humaines. Si on est cohérent et qu'on ose le faire, eh bien il faut voter pour un dépôt de cette pétition, même si c'est très triste. (Applaudissements.)

Le président. Je vous remercie, Madame la députée, et donne la parole au rapporteur de minorité, M. Olivier Baud, pour trois minutes quarante.

M. Olivier Baud (EAG), rapporteur de minorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, cet été, la «Tribune de Genève» a publié une pleine page sur la Roseraie, peut-être que certains d'entre vous l'ont lue. Ce n'était pas un publireportage, mais il y avait des témoignages assez éloquents sur les bienfaits que ce type de maison pouvait apporter aux personnes âgées. Il en va de même pour le chalet Florimont, il n'y a aucune raison de faire une distinction.

S'agissant du taux d'occupation, si Mme Klopmann qui prétend être honnête l'était vraiment, elle ne dirait pas que ce taux se situe en dessous de 50%, car c'est faux, c'est mensonger, il n'a jamais été en dessous de 50%. Evidemment, tout dépend de la manière dont on le calcule: Florimont compte 34 lits, et le taux d'occupation est calculé sur la base du nombre de lits, mais en fait chacun sait que tous les lits ne sont pas occupés puisqu'il y en a deux par chambre et qu'on ne prévoit qu'une seule personne par chambre. Comme il y a 26 chambres, il faut donc plutôt compter 26 lits, ce qui change déjà les taux. D'après ce qui nous a été présenté, la moyenne du taux d'occupation de ces dix dernières années est de 70%, c'est mieux que n'importe quel hôtel de Suisse ! Il faut arrêter de délirer là-dessus, ce n'est pas un million qui va couler l'Hospice général !

Et puis il faut aussi considérer ce qu'a fait l'Hospice général; je ne veux pas le fustiger, mais quelle publicité a-t-il faite pour cette maison ? Allez sur son site internet, c'est pratiquement impossible de trouver une information à ce sujet - je parle de l'année dernière, avant qu'il ne décide de la fermer. Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage; là, c'est pareil, on trouve tous les défauts qu'on veut à ce chalet Florimont, et c'est dommage. Pour nous, le meilleur moyen de trouver une solution est de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. Merci.

Une voix. Bravo ! (Quelques applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur. La parole est à M. Florey pour deux minutes quinze.

M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Tout d'abord, j'aimerais revenir sur ces fameux chiffres: de toute évidence, on peut tourner les chiffres dans n'importe quel sens, on peut leur faire dire ce qu'on veut. La réalité, c'est que l'occupation de ce chalet est en chute libre depuis 2009 et que l'Hospice perd vraiment beaucoup trop d'argent eu égard à ses moyens. C'est pourquoi, en définitive, il a pris la décision de le fermer. Ça, c'est la première chose.

Deuxièmement, au contraire de ce qu'a déclaré le rapporteur de minorité au début de son intervention, il n'a jamais été question d'une réouverture en 2018. Ce qui a été dit, c'est qu'une solution pourrait être trouvée le plus rapidement possible, mais avec une date de réouverture indéfinie - ça pourrait être courant 2018, en 2019 voire en 2020. Pour une fois - ce qui est assez rare pour être relevé - nous faisons confiance au Conseil d'Etat et nous espérons qu'une solution sera trouvée pour la réouverture de ce chalet. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur. Mesdames et Messieurs les députés, c'est le moment de vous prononcer...

M. Roger Deneys. Vote nominal !

Le président. Etes-vous soutenu ? (Plusieurs mains se lèvent.) Oui, c'est bon. Nous allons donc passer au vote nominal sur les conclusions de la majorité de la commission, soit le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 1990 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 53 oui contre 19 non et 1 abstention (vote nominal).

Vote nominal