Séance du
vendredi 27 janvier 2017 à
14h
1re
législature -
3e
année -
12e
session -
66e
séance
RD 1111-A et objet(s) lié(s)
Débat
Le président. Le point suivant comporte le RD 1111-A et la R 819. Le rapport est de M. Mathias Buschbeck, à qui je donne la parole.
M. Mathias Buschbeck (Ve), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Chères et chers collègues, la commission a voté à l'unanimité ce plan d'actions de la mobilité douce. Que rajouter de plus par rapport à ce qui figure dans le rapport ? Je mentionnerai peut-être deux ou trois éléments. Le premier, c'est qu'on a constaté qu'il y avait aujourd'hui une lacune au niveau du comptage des vélos. Effectivement, quand la commission a voulu savoir combien de vélos circulaient à Genève, à quels endroits et à quelles heures, on s'est aperçu que les informations étaient totalement lacunaires à ce sujet. Il y a certes un indicateur qui apparaît tous les deux ans dans les objectifs budgétaires, mais si l'on fait la comparaison avec la circulation automobile - on sait là de façon pratiquement instantanée combien de véhicules il y a et où - on observe que pour les vélos il existe une lacune au niveau du comptage, et donc forcément de la planification. En effet, où construire des aménagements cyclables si l'on ne sait pas combien de vélos circulent et à quels endroits ?
Le deuxième élément, c'est que même si aujourd'hui la pompe est réamorcée en ce qui concerne la mobilité douce, on voit qu'avec ce plan d'actions on n'arrivera pas à concrétiser la volonté populaire qui est de voir mise en oeuvre l'IN 144 demandant un réseau continu, car c'est planifié à des horizons qui s'étendent bien au-delà de ce que demande le peuple.
J'en viens au troisième élément, qui est peut-être le plus important. Il faut rappeler que les aménagements cyclables sauvent des vies, et du reste la tragique actualité de ce jour montre qu'une vie peut être enlevée s'il manque des aménagements cyclables. Le tableau de la page 25 du plan d'actions de la mobilité douce 2015-2018 nous indique que la plupart des accidents, dans une proportion de quatre sur cinq, ont lieu sur les routes communales, et la commission a donc insisté pour que l'Etat joue son rôle de gendarme en veillant à ce que les communes réalisent les aménagements cyclables qui doivent être effectués conformément à la volonté populaire.
Au regard de toutes ces considérations, les Verts, enfin le rapporteur que je suis vous appelle à accepter ce rapport et surtout la R 819 qui lui est liée. Je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le rapporteur. Je passe la parole à M. Jean Batou. (Un instant s'écoule.) Monsieur Batou ? (Commentaires.)
M. Jean Batou. C'est une erreur !
Le président. Très bien, dans ce cas la parole est à M. François Lance.
M. François Lance (PDC). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le groupe démocrate-chrétien tient à féliciter le département pour l'élaboration de ce plan d'actions qui décrit cinquante-deux mesures en faveur de la mobilité douce, et c'est bien entendu avec enthousiasme que nous adopterons la résolution qui l'accompagne, comme nous accepterons tout à l'heure le plan d'actions du réseau routier 2015-2018. Nous souhaitons que les mesures décrites dans ce document soient concrétisées le plus rapidement possible, afin que notre population puisse s'approprier ces nouvelles habitudes de mobilité qui sont souvent efficaces, conviviales et surtout profitables pour la santé.
Une voix. Bravo !
M. Pascal Spuhler (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, le MCG soutiendra évidemment le plan d'actions de la mobilité douce ainsi que la résolution qui l'accompagne. Nous saluons bien sûr le travail du département concernant ce plan d'actions, mais nous tenons simplement à souligner deux ou trois petits éléments que nous avons relevés lors des travaux en commission, en l'occurrence la confrontation que l'on retrouve certaines fois entre le cycliste et le piéton. Nous avons demandé que le département porte une attention particulière à l'information et à la prévention à ce niveau, parce que si on peut citer et regretter - le rapporteur en a parlé - le nombre d'accidents en lien avec la mobilité douce, où les premières victimes sont dans ce cas-là évidemment les vélos, eh bien lorsqu'ils sont confrontés à des piétons, ce sont précisément les piétons qui en subissent les conséquences le plus souvent. Nous aimerions donc qu'une attention particulière soit portée à ce sujet.
S'agissant du nombre de vélos qui circulent, nous n'avons effectivement pas tout à fait l'information exacte pour ce qui est de ce comptage. De plus, on constate également que le vélo a évolué: aujourd'hui, on peut rouler au moyen d'un vélo électrique, et ce de manière beaucoup plus puissante, mais aussi très silencieusement, si bien que c'est parfois un peu dangereux justement pour les piétons, comme je le relevais tout à l'heure. Il s'agit donc d'une information qui a besoin d'être développée: il nous est nécessaire de connaître un peu ces nouvelles données à cause du vélo électrique, lequel atteint certaines fois des vitesses qui sont presque dangereuses par rapport aux modes de transport. Ces petites questions ont dès lors évidemment été soulevées, mais nous approuverons l'ensemble du plan qui nous est proposé. Je vous remercie, Monsieur le président.
M. Bernhard Riedweg (UDC). Ce plan d'actions de la mobilité douce 2015-2018, qui est un rapport complet et conséquent, concerne tant le canton que les communes. Il en est déjà à la moitié de sa vie, mais il est toujours d'actualité. De plus, il s'agit d'un outil de pilotage pour l'administration et ce n'est pas un texte législatif. On prévoit 100 000 habitants et 70 000 emplois supplémentaires d'ici à 2030, et ce plan d'actions tient compte de ces augmentations pour la période se terminant en 2018. Il vise d'une part à améliorer l'infrastructure par des mesures de sécurisation et d'amélioration de la continuité et de la qualité des réseaux piétonniers et cyclables, et d'autre part à agir sur la mise en valeur de la marche à pied et du vélo en visant un public élargi, au travers de cinquante-deux mesures concrètes. Le contenu de ces mesures a été formulé de manière à rester en adéquation avec les capacités d'investissement du canton lors de ces prochaines années. (Brouhaha. Le président agite la cloche.)
Notre parti retiendra de ce plan d'actions que les déplacements dans le centre-ville ont été distingués des déplacements à destination du centre-ville. A l'intérieur du centre, le but est d'avoir 7 à 15% de déplacements à vélo d'ici à 2030. A Genève, on veut s'appuyer sur la mobilité douce pour des raisons pragmatiques et financières. Ce genre de mobilité est peu coûteuse et permet de satisfaire à une partie de la demande de déplacements. En effet, 30% des déplacements motorisés portent sur moins de trois kilomètres; cette constatation pourrait inciter à favoriser la mobilité douce, et l'amélioration des conditions de déplacement des cyclistes va contribuer à l'augmentation du nombre de cyclistes et de l'usage de la marche à pied.
Les objectifs principaux de ce plan d'actions sont d'assurer la continuité, la sécurité et la performance sur les pénétrantes cyclables d'intérêt cantonal, d'assainir les points noirs et de développer l'aménagement des réseaux cyclables et piétonniers, y compris les chemins de randonnée. Dans ce plan d'actions, on n'a pas oublié de mentionner le fonctionnement des réseaux avec l'optimisation du déneigement et du nettoiement des itinéraires cyclables et piétonniers, ainsi que l'amélioration des modes doux de déplacement dans les chantiers qui sont nombreux dans notre canton.
Le système de vélo en libre service genevois - y compris les vélos à assistance électrique - et sa promotion, ainsi que le stationnement des vélos dans les gares CEVA notamment, de même qu'aux arrêts et interfaces des transports en commun, ont fait l'objet d'une attention particulière. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) L'avantage de la promotion de la mobilité douce réside dans le fait que c'est un moyen de favoriser la diminution d'un certain nombre de maladies telles que les maladies cardiovasculaires, mais aussi la dépression et l'ostéoporose, entre autres.
L'Union démocratique du centre acceptera le RD 1111 et la R 819 qui est une résolution de commission, car nous estimons que le plan d'actions 2015-2018 est un document important, qui tient compte des différentes dimensions de la mobilité douce. Merci, Monsieur le président.
M. Thomas Wenger (S). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le groupe socialiste votera ce plan d'actions de la mobilité douce, mais en émettant tout de même certaines critiques. Il faut en effet d'abord souligner - même si je pense que cela a déjà été relevé - que nous sommes le 27 janvier 2017 et que nous votons le plan d'actions de la mobilité douce 2015-2018... (Exclamations.) C'est quand même assez cocasse ! Il faut ensuite rappeler, Monsieur le président - on le fait régulièrement - que l'initiative 144 pour la mobilité douce, qui a été votée en 2011, donnait huit ans à l'Etat pour réaliser des pistes cyclables sécurisées et continues sur l'ensemble du réseau primaire et secondaire. Or nous sommes en 2017... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Les enfants qui nous écoutent sont beaucoup plus sages que les députés, Monsieur le président ! (Exclamations.)
Le président. Dieu merci ! (Rires.)
M. Thomas Wenger. Je disais donc que l'initiative 144, qui a été votée par une majorité de la population, donnait huit ans à l'Etat pour réaliser des pistes cyclables sécurisées et continues sur l'ensemble du réseau primaire et secondaire. Or on entend encore aujourd'hui - notamment sur les bancs de l'UDC - que, bon, la mobilité douce, et puis cette initiative... Je voulais donc quand même soulever la géométrie variable de la démocratie directe pour l'UDC, qui ne traite pas tout à fait de la même manière les différents sujets: quand il s'agit de la votation du 9 février et que ça passe «à la raclette», alors là il faut respecter la volonté populaire, tandis que quand il est question de la mobilité douce, là on n'a plus besoin de la respecter.
Il faut également rappeler que la part modale du vélo, Monsieur le président - et malgré vos gestes je ne fermerai pas ma veste, même si c'est ce que vous attendez de moi ! (L'orateur rit.) - s'élève aujourd'hui à 5% à Genève. Or il existe des villes en Suisse, comme Bâle, dans lesquelles la part modale du vélo se situe entre 20 et 25%, et il y a d'autres villes, notamment dans le Nord, telles que Copenhague ou Amsterdam, qui en sont à 50%, voire plus. Ainsi, ce 5% est vraiment dramatique pour Genève ! C'est le moment de prendre de vraies décisions, d'investir et de réaliser enfin ces pistes cyclables, et c'est pour cette raison que nous voterons bien entendu ce plan d'actions de la mobilité douce. Mais alors on tient clairement à dire ceci: il faut que le plan d'actions de la mobilité douce 2019-2022 soit encore plus ambitieux que celui-ci et qu'on puisse le voter cette fois non pas en 2020 mais en 2018, de façon qu'il puisse être ensuite réalisé.
Je rappelle également l'importance pour le canton notamment de promouvoir la mobilité douce. A ce propos, on parle passablement du vélo, mais ce sont aussi beaucoup les piétons, bien entendu, ainsi que de nouveaux modes de déplacement. Vous savez que la trottinette m'est particulièrement chère, Monsieur le président, mais on peut aussi parler des rollers, du skate et de nombreux nouveaux moyens de déplacement doux, ainsi que du vélo à assistance électrique, qui est de plus en plus vendu dans notre pays et dans notre canton, ce qui est une très bonne chose.
Pour conclure, les socialistes voteront donc, je l'ai dit, ce plan d'actions de la mobilité douce, mais ils demandent à l'Etat, à notre conseiller d'Etat Luc Barthassat, d'être plus ambitieux encore afin que cette part modale de 5% puisse enfin décoller à Genève. Merci beaucoup.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole n'étant plus demandée, nous passons au vote.
Mise aux voix, la résolution 819 est approuvée par 70 oui (unanimité des votants).
Le Grand Conseil prend acte du rapport de commission RD 1111-A.