Séance du
jeudi 22 septembre 2016 à
17h
1re
législature -
3e
année -
7e
session -
38e
séance
RD 1160
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vous informe que nous avons reçu la démission de Mme Béatrice Hirsch de son mandat de députée. Je prie M. Lefort de bien vouloir nous lire sa lettre de démission, le courrier 3588.
Le président. Il est pris acte de cette démission qui sera effective à l'issue de cette séance. M. Jean-Charles Lathion, premier vient-ensuite, prêtera serment ce soir à 20h30.
Mme Béatrice Hirsch a siégé au Grand Conseil sur les bancs du PDC pendant plus de sept ans au total. Entrée pour la première fois en 2006 comme vient-ensuite, elle a prêté serment une nouvelle fois en 2012, avant d'être réélue en 2013. Au cours de ses mandats, elle a siégé dans de nombreuses commissions: les finances, les visiteurs, les droits politiques, l'énergie, l'enseignement, les transports, les pétitions, la fiscale ainsi que l'environnement, qu'elle a présidée. Elle a en outre assumé la fonction de membre du Bureau de 2013 à 2015 et de cheffe de groupe de 2015 à 2016. Elle a rédigé des rapports sur plusieurs projets de lois - concernant notamment l'instruction publique, l'exercice des droits politiques ou le droit de vote à 16 ans - ainsi que sur de nombreuses pétitions. On lui doit également le dépôt d'une résolution visant à modifier le code pénal et à redéfinir la notion juridique de viol, qui a été adressée à l'Assemblée fédérale à l'unanimité des votants. A noter que les deux commissions compétentes du Conseil national et du Conseil des Etats ont préavisé favorablement cette résolution, chose exceptionnelle pour une initiative cantonale genevoise à Berne.
J'ai entendu une fois dans une assemblée une déléguée reprocher à Mme Béatrice Hirsch de n'avoir pas assez de poigne et d'être trop douce. (Rires.) Je crois que celles et ceux d'entre vous qui la connaissent savent aussi qu'elle peut faire preuve de pugnacité dans toute négociation et n'ignorent pas sa capacité de ne rien lâcher quand il s'agit de défendre ses valeurs. Toutefois, je peux vous garantir qu'une fois que vous grattez cette carapace, vous tombez sur un océan de tendresse et d'empathie.
La parole est à Mme Magali Orsini.
Mme Magali Orsini (EAG). Merci, Monsieur le président. Ma chère Béatrice, tu m'as dit tout à l'heure que depuis ma disparition de la commission des finances, tu n'avais plus de goût à rester au Grand Conseil. (Rires.) Ce compliment m'a mis du baume au coeur, même si je sais bien que ce sont des motifs plus sérieux qui ont emporté ta décision. Toute plaisanterie mise à part, sache que tu faisais partie des personnes que je rencontrais et écoutais avec un grand plaisir dans ce parlement. Même si nous n'avons pas la même conception du bien public, c'est certainement celui-ci que je t'ai toujours vue défendre avec compétence, vigueur et une très grande honnêteté. Tu fais partie des personnes de qualité que j'espère avoir l'occasion de revoir en dehors de la vie parlementaire. Au revoir, Béatrice ! (Applaudissements.)
Mme Bénédicte Montant (PLR). Chère Béatrice, il m'est offert de vous rendre hommage aujourd'hui au nom du PLR. Gabriel Barrillier avait ébauché quelques lignes dans lesquelles il vous exprimait notre regret de vous voir partir et constatait combien il est difficile pour une députée d'assumer aujourd'hui de front une vie politique, une vie professionnelle à responsabilités, une vie de famille et une vie sociale, et cela sans même avoir l'idée saugrenue de pratiquer des loisirs, de trouver le temps de lire, d'aller au spectacle ou simplement de prendre le temps de flâner le nez au vent. Chère Béatrice, vous avez exercé votre mandat à tous les niveaux, quasiment à tous les postes et sur tous les fronts de ce Grand Conseil; vous en connaissez tous les méandres, vous en maîtrisez toutes les subtilités, et cela rend votre départ encore plus regrettable à nos yeux. Nous éprouvons un profond respect pour la façon dont vous avez pratiqué cet exercice et pour votre profonde connaissance des dossiers, pour votre courage et votre pugnacité, celle dont vous faites preuve dans la défense de vos convictions, et pour la façon dont vous avez mené vos combats sans jamais rien lâcher mais en gardant toujours une porte ouverte au dialogue. Je voudrais aussi et surtout dire ce soir toute la gratitude que nous éprouvons à votre égard pour la qualité des échanges que nous avons entretenus et pour votre ouverture d'esprit, pour votre capacité à vous emporter aussi, et pour la tolérance dont vous avez toujours fait preuve, pour votre regard empli d'humanité sur le monde et pour vos révoltes face aux injustices. Vous illustrez à mes yeux parfaitement cette phrase d'Hannah Arendt qui dit: «Le contraire de la violence, ce n'est pas la douceur, mais c'est la pensée.» Vous allez nous manquer, nous vous regretterons, je te regretterai, comme députée, comme amie et comme femme. D'ordinaire on se dit au revoir quand on espère bien qu'on ne se reverra jamais, tandis qu'en général, on se revoit volontiers quand on s'est dit adieu: alors, Madame la députée, chère Béatrice, adieu, en un mot comme en deux ! (Applaudissements.)
Une voix. Bravo !
Mme Anne Marie von Arx-Vernon (PDC). Chère Béatrice, voilà un hommage que j'aurais aimé ne pas avoir à faire ! Heureusement, nous allons le faire à deux, avec mon président. Ça va soulager mon émotion, et aussi, nous voulons respecter l'égalité homme-femme qui est en vigueur au sein du parti démocrate-chrétien. Je n'aurais jamais voulu faire cet hommage; nous sommes plusieurs qui n'aurions pas souhaité te voir démissionner, pour mille et une raisons, pour tes mille et une compétences, tes mille et un talents. Je ne vais pas énumérer les mille - c'est dommage, parce qu'il y aurait de quoi - mais au moins deux qui m'ont beaucoup impressionnée: ton intelligence vive et créative, éclairée, systématique, généreuse, toujours au service de l'intérêt général; et puis ta rigueur exigeante et bienveillante, mais qui est une mise à l'épreuve perpétuelle. Mise à l'épreuve perpétuelle pour les blaireaux machos qui ont essayé de te déstabiliser, mais qui n'y ont pas réussi, notamment lors de ta remarquable présidence du parti démocrate-chrétien; mais aussi une mise à l'épreuve magnifique et stimulante pour celles et ceux qui sont devenus meilleurs en te côtoyant, en t'écoutant et en te suivant. Merci pour tout ce que tu nous as apporté, merci pour tout ce que tu m'as apporté. Je te souhaite de tout mon coeur que ton avenir soit radieux, plein de belles choses, et je veux te revoir beaucoup, beaucoup, beaucoup. Je t'aime fort, Béatrice ! (Applaudissements.)
M. Bertrand Buchs (PDC). Chère Béatrice, en fin de compte, pourquoi tu pars ? C'est la question que nous lui avons posée depuis maintenant quelques semaines. Chaque fois qu'on la voit, on le lui répète, ça l'énerve, mais on a enfin compris: c'est quelqu'un qui ne peut pas faire le travail à moitié. Quand elle s'investit dans une tâche, elle le fait à fond. Le travail qu'elle fait maintenant dans son EMS de Drize, c'est un travail extraordinaire - je le sais, parce que j'ai le retour de beaucoup de patients et pensionnaires de cet EMS. Je me dis que j'ai la chance de pouvoir déjà lui demander de me réserver une chambre pour ma vieillesse, parce que je sais qu'à ce moment-là, on pourra bien discuter, de tas de choses. Enfin, il y aura encore du temps avant ça, j'espère ! Béatrice Hirsch, c'est quelqu'un d'essentiel pour nous. C'est pour ça que pour le PDC, c'est un peu un traumatisme qu'elle quitte le parlement, même si, bien sûr, elle va rester avec nous. C'est elle qui a remis le parti sur les rails; sa présidence a complètement changé la vision du parti et sa façon de travailler. Si je suis maintenant président du PDC, c'est parce qu'elle a été présidente: si elle ne l'avait pas été, je n'aurais probablement jamais voulu assumer cette tâche. Il y avait ce travail à suivre, à compléter et à défendre: ça n'a pas été évident pour elle de défendre ses visions et ses idées, et je lui en suis extrêmement reconnaissant.
Dans ce parlement - M. le président l'a rappelé - elle a quand même son bâton de maréchal, parce que faire passer une résolution aux Chambres fédérales, pour tous ceux qui en ont déposé, tous ceux qui sont allés à Berne - à Canossa - qui sont restés trois minutes dans une salle et sont ressortis après trois minutes sans avoir été écoutés et sans aucune question... Là, on dépose une résolution, elle est acceptée, la loi va changer; là, chapeau l'artiste ! Sur un sujet aussi important que le viol, c'est quelque chose de fantastique, et on va tous se rappeler que c'est Genève et le PDC qui ont fait changer cette loi - entre autres: il faut citer M. Hiltpold, qui a aussi aidé. (Remarque.) Mais ne soyez pas vexé, Monsieur Hiltpold !
M. Serge Hiltpold. C'est pas moi, c'est Hugues !
M. Bertrand Buchs. Je sais que c'est Hugues ! Ce qu'il est aussi important de voir, c'est que Béatrice ne vient pas de n'importe où: elle a eu une vie avant sa vie de députée, une vie extrêmement importante. Elle s'est dépensée sans compter dans toutes les régions du monde, des régions très difficiles, que ce soit le Soudan, le Sri Lanka où elle a eu des missions extrêmement compliquées. C'est là qu'elle a appris ce qu'était le monde, ce qu'étaient les Hommes, c'est de là que vient cette gentillesse qu'elle a pu nous donner, mais surtout aussi le fait qu'elle sait d'où elle vient, ne se fait pas marcher dessus, mais a une immense tendresse, comme l'a très bien dit le président. Nous, on te dit adieu ! Pour te faire plaisir, j'ai été me faire couper les cheveux. (L'orateur rit.) Et puis j'ai acheté du chocolat, et les femmes du PDC t'offrent ces fleurs. (L'orateur offre ces cadeaux à Mme Béatrice Hirsch.) Merci, Monsieur le président. (Applaudissements.)
M. Christian Frey (S). J'ai le plaisir et l'honneur de rendre hommage, au nom du groupe socialiste, à Béatrice Hirsch. L'ancien président du parti socialiste vient de me confirmer à quel point il a aimé travailler avec vous, Béatrice, dans ses activités antérieures. J'aimerais rendre hommage à Béatrice Hirsch pour son engagement, sa vivacité, sa détermination - on a parlé de sa pugnacité: lors de vos interventions, on ne s'endort pas, il y a du piment, du dynamisme, du sel, du poivre, tout ce qu'il faut. Ce qui m'a particulièrement impressionné chez vous, Béatrice, c'est que vous vous êtes toujours définie comme une travailleuse du terrain, une infirmière du terrain qui n'assume aucune responsabilité hiérarchique - vous insistiez là-dessus. Dans ce parlement, il y a beaucoup de directeurs, d'avocats, d'enseignants, de chefs d'entreprises. Je n'ai rien contre ces professions, absolument rien, mais la parole du terrain, la parole d'une infirmière qui travaille sur le terrain me semble, comme d'ailleurs pour les autres professions, extrêmement importante. Votre départ est donc une perte pour ce parlement. Aujourd'hui, vous le quittez pour faire quoi ? Pour remplir une fonction hiérarchique, contrairement à tout ce que vous aviez affirmé auparavant; vous avez donc peut-être cédé aux sirènes, à l'appel des fonctions hiérarchiques, je n'en sais rien, toujours est-il que le groupe socialiste vous souhaite une excellente poursuite de votre mission comme responsable des soins d'un EMS. Il se trouve que cet EMS est celui, en partie du moins, de ma commune, de Bardonnex, alors je ne sais pas si je vais un jour bénéficier de vos prestations - certains l'ont déjà mentionné - peut-être que mieux vaut pas, compte tenu de mon âge; mais si cela devait être le cas, je sais que je serais en de bonnes mains. Merci et à bientôt ! (Applaudissements.)
M. Marc Falquet (UDC). Chère Béatrice, tu dois te demander pourquoi je prends la parole, parce que je crois qu'on n'a jamais discuté ensemble. (L'orateur rit. Rires. Commentaires.) Je t'ai un peu côtoyée en commission, et je t'ai beaucoup appréciée: ta rigueur, ton intelligence, ton sens de la synthèse, ta pugnacité, tout ce qui a été dit, je le partage, je trouve que c'est vrai. Le côté tendresse, je ne l'ai pas tellement vu, effectivement ! (L'orateur rit. Rires. Commentaires.) Ce n'est peut-être pas l'endroit pour le développer au mieux ! Mais c'est la première fois aussi que je te vois sourire... (Hilarité.) ...et je vois que tu as un beau sourire. (L'orateur rit.) En commission, ce n'était pas trop le sourire ! Je voulais te rendre hommage pour ton travail: on sentait beaucoup que tu travaillais pour l'intérêt général. Tu envoyais des piques justifiées. Je te souhaite bon vent dans ta future activité. Félicitations pour ta promotion, et au plaisir de se revoir peut-être pour discuter. (Rires. Applaudissements.)
Mme Christina Meissner (HP). Chère Béatrice, contrairement à mon préopinant, je peux dire que nous avons eu l'occasion de parler ensemble, et plus d'une fois. Tu es une femme... mais que puis-je dire d'autre que ce qui a déjà été dit ? Une femme de détermination, de courage, d'engagement pour une société plus juste, avec des valeurs qui sont véritablement celles que tu partages aussi dans tous les sens du terme: avant de t'engager sur le terrain politique, tu as été une femme qui s'est engagée sur le terrain ici et ailleurs pour ce qu'il y a de plus noble, tes semblables. C'est ce que tu vas faire de nouveau en quittant cet hémicycle. Tu t'occuperas encore de tes semblables et des aînés, c'est remarquable, admirable, je te respecte beaucoup pour cela. Je t'ai aussi appréciée pour ton bon sens, ta sensibilité: tu me rappelais mon père quelquefois car tu avais toujours le côté «sois positive !». Je t'apprécie aussi pour ton côté un peu piquant, évidemment. Merci, Béatrice, pour ce que tu nous as apporté ici, pour ce que tu apporteras encore à la société, et bon vent à toi ! (Applaudissements.)
Mme Marie-Thérèse Engelberts (HP). Madame la députée, chère Béatrice, tu m'as fait penser à quelqu'un qui est très important dans notre profession, à Mme Florence Nightingale. Peut-être le savez-vous, cette personne est celle qui a véritablement créé la formation de «nursing», des soins infirmiers. Cette personne du XIXe siècle, en Angleterre, que nous vénérons toujours, d'ailleurs - on essaie d'aller faire des stages au King's College Hospital quand on est stagiaire, etc. - est véritablement une figure dominante de notre profession. Si tu m'as fait penser à elle - il y a un petit moment que je n'y pensais plus - c'est que ta personnalité reflète l'ensemble de cette démarche tellement peu facile pour les femmes, et pour celles qui se consacrent aux soins infirmiers en particulier, pour simplement arriver à se réaliser. Tu as écrit un texte pour défendre, mettre en valeur et faire reconnaître le parcours des personnes âgées. Cela indique exactement le sens que tu essaies de donner à ce que tu fais, et c'est véritablement dans notre profession ce qui nous lie: la recherche, toujours, de la possibilité pour chacun de trouver le sens de sa vie, de son projet, jusqu'au dernier moment. J'avais aussi envie de dire, par rapport à Florence Nightingale, que non seulement elle a construit la formation, elle l'a fait reconnaître, mais elle a ensuite insufflé un dynamisme et des capacités pour devenir aussi extrêmement influente dans les hôpitaux anglais, américains et d'ailleurs, aux infirmières cheffes et à celles qui sont devenues infirmières cheffes.
Tu prends la direction des soins infirmiers - depuis un certain temps - dans cette belle maison de Drize, très proche de là où j'habite maintenant. Chaque fois que je passe devant, je regarde, et il y a souvent un abat-jour éclairé; vers Noël, quelqu'un avait mis un sapin de Noël, et je me disais: j'aimerais tellement être là-dedans, être cette personne avec ce sapin de Noël ! J'ai imaginé tout ce que vous faites autour de ces personnes qui sont dans le jardin, devant, comme cet après-midi, et cette qualité des soins qu'on recherche tellement. Tu as raison d'être pugnace, tu as raison d'avoir cette volonté, tu as raison de ne jamais lâcher et de revenir chaque fois, à partir du terrain, à partir d'une situation de cadre, à ce qui fait l'estime qu'on a pour notre profession, et la fierté d'être aussi ce que tu es. Je terminerai par un petit mot de René Char que j'aime tellement, proche de ce que tu donnes à la fois aux personnes qui travaillent avec toi et aux résidents qui vivent avec toi: «L'exercice de la vie, quelques combats au dénouement sans solution mais aux motifs valides, m'ont appris à regarder la personne humaine sous l'angle du ciel dont le bleu d'orage lui est le plus favorable.» Merci beaucoup, et nous, on se reverra souvent, j'espère ! (Applaudissements.)
Mme Emilie Flamand-Lew (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, chère Béatrice - Monsieur le président, vous m'autoriserez, bien sûr - la première chose que j'aimerais te dire, c'est que ce jour est à marquer d'une pierre blanche, car tant pour le départ de Pierre Ronget que pour le tien, les Verts, au caucus, se sont battus pour savoir qui allait faire l'hommage - et j'ai gagné. (Rires.) C'est donc à moi que revient le plaisir de te dire que les Verts vont beaucoup te regretter, en particulier pour ta manière de faire de la politique, car tu as toujours été une interlocutrice ouverte au dialogue, constructive, fiable, ce qui est particulièrement précieux quand on fait de la politique pour chercher des solutions ensemble et non pour se complaire dans l'affrontement. Nous te regretterons aussi pour tes qualités personnelles, qui ont été très largement citées ici, ton amour de la mobilité douce aussi, ton sens de l'humour, qui fait que bien souvent, le coin des députées Vertes et PDC rigole assez fort - peut-être que le président sera heureux que ça rie un petit peu moins fort après ton départ. Mais je devine que crouler sous une avalanche de compliments telle que celle à laquelle tu as droit ce soir, ce n'est pas ce qui te met le plus à l'aise, alors je vais conclure par quelques souvenirs un peu plus personnels - rien de privé, je te rassure, car je sais qu'au PDC, la vie privée, c'est sacré. (Rires. L'oratrice rit.) Je te regretterai peut-être encore plus que mes collègues, car ça fait plus de dix ans que nous siégeons ensemble - à deux mois près nous avons fait ensemble nos premiers pas dans cet hémicycle qui n'en est pas un. Nous avons été voisines dans de nombreuses commissions, notamment les transports - sauf erreur - les droits politiques, avec quelques moments mémorables autour des projets de lois sur l'e-voting; plus récemment aux finances, où nous partagions parfois notre incrédulité face à certains débats. Nous avons également présidé nos partis respectifs en même temps, ce qui nous a encore valu de nombreux échanges. Pour conclure, Béatrice, tu fais vraiment partie des personnes avec qui il fait bon faire de la politique. Nous te regretterons, mais nous te souhaitons bon vent, comme les autres, et espérons te revoir bientôt, dans d'autres circonstances, par exemple le tournoi de jass prochainement.
Une voix. Ah oui !
Mme Emilie Flamand-Lew. A bientôt ! (Applaudissements.)
M. Eric Stauffer (HP). Béatrice Hirsch ! Eh bien, je vais vous donner un éclairage un tout petit peu différent. C'est une députée que j'ai détestée quand elle est arrivée; c'est une députée que j'ai détestée quand elle présidait le parti démocrate-chrétien; et si vous me posez aujourd'hui la question, c'est une députée que j'adore. Mais que diable s'est-il passé entre les deux ? (Exclamations.) Je vais essayer de vous le dire. Béatrice Hirsch est une députée qui est différente. Elle a une manière de raisonner qui est différente. On a croisé le fer, bien souvent, avec des mots de-ci et de-là; et puis un jour, on s'est retrouvés dans une commission à défendre le même sujet, et, ô miracle, on avait le même avis - comme quoi tout arrive ! Ça a été la démonstration de l'adage selon quoi ceux qu'on critique le plus sont ceux qu'on connaît le moins. J'ai appris à connaître une Béatrice Hirsch qui pensait différemment, qui avait une approche différente, avec des conclusions qui parfois étaient communes aux miennes, et c'est une personne que j'ai appris à apprécier. Je te le dis en te regardant dans les yeux... (Exclamations.) ...toi qui m'as détesté autant que moi au départ - je ne sais pas si aujourd'hui tu as changé... (Rires.) ...et je ne veux même pas le savoir, Béatrice, mais pour moi, tu fais partie de ces députées qui honorent la fonction, je tenais à te le dire. C'est la deuxième fois en quasiment douze ans de carrière que je prends la parole pour une députée qui quitte cet hémicycle. Je te le dis avec sincérité, et je te souhaite une bonne continuation. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. Nous souhaitons à Mme Béatrice Hirsch plein succès pour la suite de ses activités quelles qu'elles soient et, fidèles à la tradition, nous lui remettons le stylo souvenir du Grand Conseil.
Des voix. Bravo ! (Longs applaudissements. L'assemblée se lève. Le président descend de l'estrade, embrasse Mme Béatrice Hirsch et lui remet le stylo souvenir. M. Jean-Luc Forni lui remet un bouquet de fleurs.)