Séance du
jeudi 22 septembre 2016 à
17h
1re
législature -
3e
année -
7e
session -
38e
séance
RD 1159
Le président. Je vous informe que nous avons reçu la démission de M. Pierre Ronget de son mandat de député. Je prie M. Lefort de bien vouloir nous lire sa lettre, le courrier 3586. (Applaudissements à l'issue de la lecture.)
Le président. Il est pris acte de cette démission qui sera effective à l'issue de cette séance. Je vous informe que M. Alexandre de Senarclens, premier vient-ensuite, prêtera serment ce soir à 20h30.
M. Pierre Ronget a siégé sur les bancs du parti libéral, puis du PLR, pendant près de cinq ans. Entré au Grand Conseil comme vient-ensuite en décembre 2011, il a été réélu en 2013. Durant ses mandats, il a participé aux travaux des commissions judiciaire, ad hoc justice 2011, de la santé, de l'enseignement ainsi que de l'environnement. En plénière, il s'est exprimé à plusieurs reprises sur des sujets relatifs à l'enseignement - notamment l'éducation citoyenne et les certificats de maturité - mais aussi aux transports. Outre son mandat de député, M. Pierre Ronget assume la charge de conseiller administratif de la ville de Vernier depuis 2011. Il en aura même été le «député maire» pendant quelques mois.
Nous formons nos voeux les meilleurs pour la suite de ses activités politiques. Je tiens, à titre personnel, à relever l'amour, voire la passion que M. Pierre Ronget porte à la liturgie et au chant liturgique, orthodoxes en particulier. J'aurais d'ailleurs bien aimé faire cet hommage en grec ancien, mais comme notre nouvelle constitution consacre le français comme langue officielle, je n'ai pas osé franchir ce pas. En revanche, je salue la passion de M. Ronget et profite pour ce faire de ce que nous n'avons pas encore voté la loi sur la laïcité.
La parole est à M. Gabriel Barrillier.
M. Gabriel Barrillier (PLR). Monsieur le président, chers collègues, Pierre Ronget... (L'orateur se retourne.) Il est derrière moi. ...a décidé de remettre son mandat de député pour concentrer ses forces sur d'autres engagements en faveur de la communauté, en particulier en sa qualité de maire d'une ville, et également au niveau sociétal. Monsieur le député, cher Pierre, ta décision n'a sans doute pas été aisée à prendre. Tu n'es pas un homme de renoncement, bien au contraire. Je puis témoigner de tes multiples actions, empreintes de sagesse et d'humanisme; d'un humanisme baignant dans une grande culture et une foi profonde. Pour preuve, ton engagement professionnel en faveur d'une instruction publique exigeante mais ouverte à tous. Cher Pierre, j'ai pensé à toi pas plus tard que mardi dernier, en remettant leurs diplômes et CFC aux apprentis et élèves de Lullier, établissement que tu as dirigé avec rigueur et doigté à un moment charnière de son histoire vieille de cent trente ans. Je mentionnerai encore ton accession au Conseil administratif d'une ville suburbaine, socialement très exposée, avec des zones de précarité attestées. Tu as non seulement fait preuve de courage et d'indépendance politiques, mais surtout, su convaincre les gens qu'un magistrat PLR pouvait obtenir la confiance d'un large éventail de la population, y compris des plus faibles. Enfin, cher Pierre, tu ne m'en voudras pas de mentionner ici ton engagement dans ta communauté chrétienne, comme je pus l'apprécier lors d'une visite de courtoisie durant mon année présidentielle. Et pourquoi ne pas louer ton sens de l'humour, en toutes circonstances ? Il t'a permis de convaincre tes interlocuteurs de la justesse de tes points de vue. Finalement, n'est-ce pas là l'essentiel de la politique ?
Ainsi, ta décision de remettre le mandat que tu as exercé avec distinction et pondération au sein du législatif cantonal t'honore et entraîne l'admiration et la gratitude du groupe PLR, et sans doute aussi celle de cette assemblée. Merci et bon vent, l'ami ! (Applaudissements.)
Mme Christina Meissner (HP). Cher Pierre, je me devais de descendre dans cette enceinte pour te témoigner tout mon respect. Ton engagement au service de la collectivité est remarquable, et sa durée se mesure en décennies; certes, pas dans cette enceinte, mais dans d'autres, au niveau de la commune de Vernier qui est aussi la mienne, et aussi pour distribuer le savoir, en tant que directeur d'école. Durant toutes ces années, tu as réussi à poursuivre aussi tes autres passions: celle pour la musique, celle pour ton Eglise orthodoxe, mais aussi pour ton voisinage, et surtout pour ta famille élargie; et encore, je devrais ajouter que tu as réussi à cultiver ton jardin, et pas seulement le jardin intérieur, mais celui auquel nous tenons tous, celui de notre environnement. Un tel dévouement est rare, je me devais de le saluer ici et maintenant. Mais je sais que ce n'est qu'un au revoir. Tu resteras le maire de ma commune, le maître de la culture, et un exemple pour tous de respect, d'humanisme, de savoir et d'être. Tu continueras, j'en suis certaine, à t'engager - mais est-ce possible de t'engager encore davantage que tu ne l'as fait jusqu'ici ? - je ne dirais pas pendant des siècles, mais certainement encore pendant bien des années, et je me réjouis de continuer cette route avec toi. Merci, Pierre ! (Applaudissements.)
M. François Lance (PDC). Cher Pierre... Je n'ai jamais siégé en commission avec Pierre Ronget depuis le début de mon mandat, en 2013, mais je dois dire que j'ai apprécié Pierre comme voisin, voisin de gauche dans cette salle du Grand Conseil... (Rires.) ...permettant une transition harmonieuse avec le groupe PLR. J'ai apprécié ses qualités d'écoute, peut-être pas cette écoute attentive requise des séances plénières interminables du Grand Conseil, mais surtout la qualité d'écoute de l'avis des autres. Pierre est un homme cultivé et maniant un humour fin et piquant. Il est vrai que durant les plénières, il était souvent plongé dans un bouquin déniché avant la séance dans une librairie de la vieille ville ou dans la préparation de chants liturgiques de sa communauté orthodoxe. J'ai surtout découvert les qualités de Pierre en tant que conseiller administratif, en particulier lors des séances intercommunales ou à l'ACG. Je lui souhaite plein succès dans la suite de son mandat de conseiller administratif de Vernier, deuxième ville du canton - faut-il le rappeler - en particulier pour les nombreux projets, notamment culturels, qu'il a projetés et mis en place dans sa commune. Bon vent, Pierre, cher voisin ! (Applaudissements.)
Mme Isabelle Brunier (S). Il appartenait sans doute à une historienne de rendre hommage à un historien. J'ai en effet connu Pierre Ronget il y a bien longtemps, en 1972, à une époque où il était un jeune prof d'histoire au collège Rousseau. Même pas trentenaire, il nous impressionnait cependant par son sérieux et par son statut de gradé dans l'armée suisse. Dans le «rotes Gymnasium» de l'époque, cela faisait tache. J'ai retrouvé Pierre Ronget au cours de l'année 1987-1988 dans le rôle de doyen, devenu directeur, du collège Sismondi, lorsque j'y ai brièvement enseigné l'histoire. Là, dans une période un peu troublée et houleuse de cette école, il avait ses partisans et ses détracteurs; mais il représentait le sérieux et la stabilité. Ses capacités de pacificateur rassurant ont été reconnues par le DIP, et en 2005, suite à des problèmes survenus à l'école de Lullier, Pierre Ronget est devenu l'homme providentiel, nommé pour réorganiser le centre et assurer la poursuite de ses activités en toute sérénité. Le hasard a voulu que mon fils cadet y soit élève de dernière année pendant ces événements. Parallèlement à sa carrière professionnelle, Pierre Ronget en menait une autre, politique. Depuis 2013, nous nous sommes retrouvés collègues, et j'ai pu apprécier sur un pied d'égalité et comme d'autres dans cette enceinte les fruits de sa longue expérience tant au sein de l'Etat comme haut fonctionnaire et enseignant que comme politicien aux plans communal et cantonal. A l'heure de son départ du parlement, je lui souhaite, et mes collègues socialistes avec moi, une retraite certes encore partielle, mais sereine dans ses terres verniolanes. (Applaudissements.)
M. Marc Falquet (UDC). Mesdames et Messieurs, cher Pierre, c'est vrai que tu aurais pu t'asseoir n'importe où dans ce parlement, tu aurais été à ta place; même à l'UDC, je pense, puisque lors de la dernière législature, tu étais à côté de moi, et j'ai beaucoup apprécié ton humilité, tes grandes connaissances. Qu'est-ce que tu n'as pas fait dans ta vie ? J'apprends que tu as été directeur, haut fonctionnaire... Tu as fait tellement de choses, de manière fantastique; en plus, avec cette vie intérieure que tu as. J'aurais aussi aimé te rendre hommage par la musique: si on avait un système audio, j'aurais aimé qu'on puisse passer de la musique orthodoxe un moment, au lieu de parler ainsi. Je voulais aussi dire que j'ai beaucoup apprécié tes bonbons: tu venais toujours avec un kilo de bonbons au miel, dont j'ai bien profité; j'espère que tu en as fait profiter d'autres collègues. Je voulais ajouter quelque chose concernant la culture: tu en es le responsable dans ta commune, et pour toi, la culture n'est pas seulement un divertissement, mais représente aussi des valeurs intérieures qui font avancer. Si tu permets, je sais que tu as perdu un être cher il y a peu de temps, et... (L'orateur est saisi par l'émotion.) Excusez-moi, je suis ému. Je voulais simplement dire que c'est grâce à la musique que tu surmontes tout cela, grâce à tes valeurs intérieures. On ne t'oubliera pas, tu vas nous manquer. Merci beaucoup. (Applaudissements.)
M. Jean-Michel Bugnion (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, permettez une brève escapade dans le passé. J'ai eu le plaisir de connaître Pierre Ronget alors qu'il était à la direction générale du secondaire II, chargé du secteur élèves. Il venait d'ailleurs de quitter la direction du collège Sismondi, où déjà sa complicité avec Manuel Tornare démontrait une certaine tendance à la mésalliance politique. Dans ce poste de responsable des élèves, M. Ronget s'est investi pleinement. Il faut savoir qu'il y a des centaines d'arbitrages et de recours à mener. Il était sans cesse en première ligne, persuadé, comme nous tous d'ailleurs, que «labor improbus omnia vincit». Par la suite, il a eu la chance de pouvoir étendre son champ d'investigations et d'activités: il s'est occupé à la fois du ciel, en devenant archonte premier chantre de sa communauté orthodoxe genevoise, et de la terre, puisqu'il a pu enfin réaliser son désir d'investir la politique, communale d'abord, à Vernier. J'ai eu le grand plaisir de le retrouver ici, sur les bancs du PLR, évidemment - mais comme nous le savons et le disons tous, «de gustibus et coloribus non est disputandum». J'ai pu le revoir, pareil à lui-même, fin stratège, habile rhétoricien, maniant la culture, l'humour, l'ironie, mais jamais le cynisme, et surtout, pouvant affirmer sans mentir: «Homo sum, et humani nihil a me alienum puto.» Oui, Monsieur le député Ronget, rien de ce qui est humain ne vous est étranger, et vous faites partie de la lignée des libéraux humanistes avec lesquels les Verts ont plaisir à oeuvrer pour le bien commun.
Mon Pierre, tu as décidé de quitter ce parlement et de te consacrer aux humains verniolans. «Ab imo pectore», je te remercie de ce que tu nous as donné pendant ces années; devant ton départ, nous ne pouvons que nous incliner. «Deus dedit, Deus abstulit, sit nomen Domini benedictum.» (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. «Sursum corda !» La parole est à Mme la députée Danièle Magnin.
Mme Danièle Magnin (MCG). Je vous remercie, Monsieur le président. Il y a eu des hasards qui ont fait que, bien que nous appartenions à la même famille, nous ne nous sommes rencontrés qu'au Grand Conseil ou autour de manifestations politiques, mon cousin Pierre et moi-même - nos grands-parents étaient en effet cousins. J'ai connu sa maison, la maison de son enfance, alors qu'il n'y était jamais, parce que Pierre a huit ans de plus que moi. Je devais être une petite, et pas très intéressante dans sa vie de tous les jours ! J'ai appris par la suite que j'avais un cousin très érudit - ce qu'il a prouvé - j'ai appris qu'il était chantre à l'Eglise russe. Tout cela, je le savais, sans l'avoir encore rencontré. Je l'ai pratiqué ici, dans certaines commissions, je l'ai croisé dans différentes manifestations politiques, et j'ai été touchée par son intelligence, sa finesse et surtout sa gentillesse. J'espère, mon cher Pierre, que nous mettrons à profit le temps qui nous sera donné dans le futur pour faire plus ample connaissance, puisque ici ça a été vraiment très peu, quoique avec un immense plaisir. Je te souhaite une bonne retraite. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la députée. Monsieur le député Pierre Ronget, nous formons nos voeux les meilleurs pour la poursuite de vos activités quelles qu'elles soient, et nous vous remettons, fidèles à la tradition, le stylo souvenir du Grand Conseil. (Longs applaudissements. L'assemblée se lève. Le président descend de l'estrade, serre la main de M. Pierre Ronget et lui remet le stylo souvenir.)