Séance du
vendredi 22 avril 2016 à
14h
1re
législature -
3e
année -
3e
session -
13e
séance
M 2143-B
Débat
Le président. Nous nous penchons sur la M 2143-B, et je donne la parole à M. le député Thomas Wenger.
M. Thomas Wenger (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, je ne vais pas répéter ce que j'ai dit tout à l'heure mais vous avez raison, Monsieur Spuhler: cette motion-ci ne parle plus de vaches à lait mais de places de stationnement. Bien entendu, il faut créer de nouvelles places de stationnement pour les deux-roues motorisés parce qu'il y en a davantage que par le passé - même si, comme je l'ai dit avant, contrairement à ce qui est mentionné dans ce texte, les deux-roues motorisés ne contribuent pas à la réduction de la pollution et des émissions de CO2. En effet, vous le savez - ou vous ne le savez peut-être pas, appuyez sur votre bouton pour me répondre - les deux-roues motorisés polluent souvent plus qu'une voiture, même si on ne s'en rend pas compte. Il vous suffit de lire les études là-dessus: selon l'année de fabrication et d'autres facteurs, un deux-roues motorisé pollue davantage qu'une voiture.
Ce qui est drôle, c'est que quand vous parlez de création de places de stationnement, vous évoquez les infrastructures de mobilité douce en arguant que les deux-roues motorisés sont un peu le parent pauvre de la mobilité alors qu'on a investi énormément d'argent pour les parkings à vélos; mais c'est vraiment une blague ! L'initiative 144 «Pour la mobilité douce», qui a été votée par une majorité de la population - population que, normalement, vous aimez à écouter en votation - et qui demandait plus de pistes cyclables et d'infrastructures pour le stationnement des vélos, n'est à l'heure actuelle absolument pas appliquée par le département... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...quasiment aucun crédit n'a été voté pour réaliser des pistes cyclables et des places de stationnement supplémentaires. Pour ma part, je vous pose la question suivante, Monsieur Spuhler...
Le président. Adressez-vous à la présidence, Monsieur le député.
M. Thomas Wenger. Excusez-moi, Monsieur le président. J'aimerais vous poser une question, Monsieur Spuhler, par l'intermédiaire de M. le président qui voudra bien vous transmettre: si, aujourd'hui, les gens utilisent moins leur voiture au profit d'un deux-roues motorisé, il me semble - même si je ne suis pas allé bien loin dans mes études de mathématiques - que ça veut dire qu'il y a besoin de moins de places de stationnement pour les voitures et de davantage de places pour les deux-roues motorisés. Alors je vous pose la question suivante, par l'intermédiaire du président: au MCG, seriez-vous d'accord d'utiliser quelques places pour voitures qui, partant, sont surnuméraires, afin de les transformer en places pour deux-roues motorisés ? Cela permettrait ainsi d'augmenter le nombre de parkings pour les deux-roues motorisés, mais bien entendu pas au détriment de la mobilité douce.
M. Jean Romain (PLR). J'entends la litanie habituelle de M. Wenger, lequel pose une question qui n'est pas sans intérêt mais qui se trouve à mille lieues de cette motion, dont les questions ont trouvé des réponses du département qui nous satisfont pleinement. J'aimerais simplement revenir sur ce qu'il traitait de folie de M. Barthassat: il s'agit d'un essai sur six tronçons, où les deux-roues motorisés peuvent passer à l'intérieur des pistes qui ne sont pas réservées à la circulation ordinaire. Six tronçons ! J'estime qu'on peut quand même faire cet essai et en tirer les conclusions qui s'imposeront. D'ailleurs, une brochure sur les places de parc gratuites pour deux-roues motorisés a été publiée par le département, qui effectue un certain travail, et ce travail nous satisfait pleinement pour le moment.
Maintenant, s'agissant de la pollution, M. Wenger n'a pas tout à fait tort: il est certains deux-roues motorisés qui polluent un peu plus, c'est vrai, mais ils polluent largement moins longtemps que les voitures prises dans tous les systèmes qu'une ancienne conseillère d'Etat s'est ingéniée à instaurer, parce qu'ils circulent plus vite: le temps de déplacement avec un deux-roues motorisé peut être divisé par trois voire par quatre - si ce n'est plus - suivant les heures à Genève. Non, nous remercions au contraire le département d'avoir pris les choses à bras-le-corps, d'avoir mis en place un dispositif qui nous intéresse et, surtout, d'avoir répondu à quelque chose de fondamental. Nous voulions en effet savoir quel était le nombre exact des places de stationnement - et pas une sorte d'estimation évasive - et il a publié cette brochure de qualité, à laquelle je vous suggère de jeter un oeil. Pour notre part, nous sommes parfaitement satisfaits de cette réponse en dépit de la mauvaise humeur générique de M. Wenger.
M. Pascal Spuhler (MCG). Puisque vous m'avez transmis la question de M. Wenger, Monsieur le président, je vais lui répondre et vous lui transmettrez ma réponse, bien évidemment. Si vous pensez, Monsieur Wenger, qu'il faut diminuer les places pour quatre-roues au profit des deux-roues, c'est une erreur. En effet, comme je l'ai dit tout à l'heure, si nous n'avons pas connu de hausse extraordinaire du nombre de quatre-roues ces quinze dernières années, il n'y a pas eu de diminution non plus, et il faut prendre également en considération l'accroissement de la population et notamment des pendulaires qui se déplacent, pour leur part, en voiture. Il est donc nécessaire de conserver le nombre de places pour quatre-roues dont nous disposons aujourd'hui, voire d'en ajouter, à mon avis. S'agissant des deux-roues, nous manquons naturellement de places de stationnement et en avons besoin de davantage puisque, comme je l'ai dit précédemment aussi, nous connaissons une augmentation du nombre de ces véhicules.
Quant à la pollution, c'est extraordinaire, Monsieur Wenger, parce que vous croyez encore à cette légende des vieux boguets pétaradants et polluants d'il y a trente ans ! C'est vrai, on a prouvé par des moyens techniques et scientifiques que le deux-roues de l'époque polluait largement plus que les quatre-roues; cependant, ainsi que vient de le dire mon excellent préopinant M. Jean Romain, le deux-roues est aujourd'hui une mesure d'efficacité non polluante parce qu'à la place de tourner en rond dans la circulation, on se rend beaucoup plus directement d'un point A à un point B et on traîne moins longtemps avec un moteur tournant. Encore une fois, la technologie des deux-roues, tout comme celle des quatre-roues, a été largement améliorée, et ceux-ci consomment moins d'essence actuellement. Pour ces motifs, nous acceptons ces rapports. La recommandation que j'ai transmise tout à l'heure à M. Longchamp reste valable puisqu'on parle du même sujet. Je vous remercie.
M. Mathias Buschbeck (Ve). Chers collègues, à mon tour de tordre le cou à une contre-rumeur lancée par M. Spuhler. Celui-ci prétend qu'à l'heure actuelle, les deux-roues motorisés sont moins polluants que les voitures. Certes, d'énormes progrès en la matière ont été réalisés ces vingt dernières années mais, aujourd'hui encore, un deux-roues motorisé pollue plus - et bien plus ! - qu'une voiture. Il ne s'agit point d'une légende, je peux vous en faire la démonstration quand vous voulez, à l'aide des papiers officiels de l'Etat de Genève et de tous les contrôles antipollution. A la lecture de la réponse du Conseil d'Etat et à écouter les interventions de la droite, j'ai une seule consolation, c'est que tous ces propos finalement assez ineptes figureront au Mémorial.
Regardez la tendance générale partout en Europe et donnez-moi un seul exemple d'un ministre des transports dont la priorité soit de faciliter l'usage des deux-roues motorisés, citez-moi un seul endroit en Europe où on ne cherche pas à développer les pistes cyclables et où le développement des transports publics soit à l'arrêt. Une unique ville en Europe agit ainsi ! Aujourd'hui, vous vous faites plaisir, vous vous gaussez et acceptez des rapports du Conseil d'Etat... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...directement issus des années septante. Mais quand viendra l'heure du bilan, dans dix ans, nous paierons cher cette politique de la mobilité totalement absconse. Nous prenons acte, mais avec regret, de ce rapport du Conseil d'Etat. Je vous remercie. (Quelques applaudissements.)
M. Bertrand Buchs (PDC). Juste une petite remarque: pour une fois, nous avons un conseiller d'Etat qui agit, qui propose des mesures, et ce pour l'ensemble des usagers de la route puisque des crédits ont été soumis pour tous les moyens de transport. C'est la première fois que ça arrive ! Il est vrai que ça en gêne certains mais, pour notre part, nous le soutenons. Je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole n'étant plus demandée, nous prenons acte de ce rapport.
Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 2143.