Séance du
vendredi 22 avril 2016 à
14h
1re
législature -
3e
année -
3e
session -
13e
séance
M 2039-B
Débat
Le président. Nous arrivons à la M 2039-B. La parole est à M. Thomas Wenger.
M. Thomas Wenger (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, je sais que nous sommes dans la séance des extraits, donc, à la base, je ne pensais pas m'exprimer; mais quand je lis le titre de cette motion en regard de l'actualité, je ne peux m'empêcher de prendre la parole malgré tout, parce qu'on parle des deux-roues motorisés. J'y reviendrai tout à l'heure, mais comment ne pas évoquer le projet fou de notre conseiller d'Etat Luc Barthassat d'autoriser les deux-roues motorisés à circuler sur les voies réservées aux TPG pendant une année ? S'agissant ensuite du titre, à savoir «Véhicules deux-roues motorisés ou nouvelles vaches à lait», les signataires de ce texte font référence aux vaches à lait pour les deux-roues motorisés, mais on sait qu'il y a également une initiative fédérale, sur laquelle on votera le 5 juin prochain, qui s'appelle «initiative vache à lait» et qui concerne les automobilistes. Alors peut-être que quand on a un véhicule motorisé, les gaz d'échappement nous montent au nez et, du coup, on a absolument l'impression d'être une vache à lait ?
Il faudrait peut-être rappeler que quand on a un véhicule motorisé, on paie une partie d'impôt sur les véhicules et une partie des coûts de ce véhicule, mais pas l'ensemble des coûts, et ceci vaut tant pour les deux-roues motorisés que pour les automobilistes, qui voteront sur le sujet le 5 juin. Pourquoi ? Parce que ces véhicules motorisés polluent, Mesdames et Messieurs, et qu'ils ne paient pas les externalités négatives qu'ils engendrent, c'est-à-dire les dégâts liés à l'environnement, la pollution de l'air, le bruit, les problèmes de santé. Voilà pourquoi il est logique qu'une partie des taxes sur ces véhicules motorisés servent à financer les transports publics ou, comme au niveau fédéral, d'autres prestations, notamment la formation.
J'aimerais encore ajouter que le deux-roues motorisé n'est pas une alternative durable à la voiture; les vraies alternatives sont les vélos ou les vélos à assistance électrique. Comme je l'ai dit, le vélo, par rapport à un deux-roues motorisé, c'est beaucoup moins de pollution et c'est meilleur pour la santé parce qu'on fait un peu d'exercice, surtout à l'heure où on parle de sédentarité, d'obésité; un deux-roues motorisé, contrairement à un vélo ou à un vélo électrique, ne permet pas de faire d'exercice et c'est par ailleurs un faux calcul économique car son coût est bien plus élevé que celui d'un vélo, bien sûr, mais également d'un vélo électrique.
Pour revenir au projet de M. Barthassat, qui n'est malheureusement pas là aujourd'hui, il nous paraît absolument hallucinant de permettre à 50 000 deux-roues motorisés de circuler sur les voies de bus. Vous me direz qu'ils ne circulent pas tous en même temps mais, aux heures de pointe, il y en a en tout cas des dizaines de milliers dans les rues. Aujourd'hui, sur les voies de bus, on trouve les véhicules TPG, évidemment, mais également les ambulances, la police...
Une voix. Les vélos !
M. Thomas Wenger. ...les véhicules de transport pour personnes handicapées, et on va encore ajouter les deux-roues motorisés ?! (Brouhaha. Le président agite la cloche. Remarque.) Je sais, nous sommes aux extraits, mais ce sujet nous semble très important. (Remarque.) Mais oui, on pourrait encore ajouter à la liste les trottinettes, on pourrait ajouter toute une série d'autres véhicules ! Comment voulez-vous qu'un bus réussisse à démarrer au feu avec vingt-cinq scooters devant lui ? Ce n'est tout simplement pas possible. Cette expérience pilote est vraiment une très mauvaise idée et nous aurons l'occasion d'y revenir souvent dans ce Grand Conseil. Merci beaucoup.
M. Pascal Spuhler (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, vous connaissez la passion de notre collègue qui vient de s'exprimer pour les deux-roues non motorisés, et on peut comprendre son courroux. Effectivement, on doit malheureusement faire le constat suivant: depuis une dizaine d'années, l'augmentation des deux-roues motorisés, hybrides ou non motorisés a été exponentielle. Mais si M. Wenger avait pris la peine de lire la motion originelle, il aurait pu comprendre l'esprit de cette demande: il s'agit d'obtenir une augmentation des places de stationnement pour les deux-roues car on n'a pas assez de places aujourd'hui, on n'a pas augmenté le nombre de places de parc proportionnellement à l'augmentation du nombre de deux-roues motorisés depuis une dizaine ou une douzaine d'années. C'était ça, le but de la demande, et on ne va pas faire maintenant un exposé pour déterminer si le deux-roues non motorisé ou le cycliste a raison, ce n'est pas le but de cette motion. L'idée, c'est vraiment de pouvoir obtenir une réponse à la demande de la population, qui utilise aujourd'hui davantage de deux-roues que de quatre-roues - en effet, il n'y a quasiment pas eu d'augmentation des véhicules à quatre roues depuis une quinzaine d'années. La réponse a été donnée par le Conseil d'Etat, elle a également été donnée par ce Grand Conseil puisqu'on a voté le plan d'action du stationnement 2013-2019 avec des mesures pour les deux-roues au mois de janvier dernier.
Mais je m'étonne quand même lorsque je vois qu'on a supprimé toute une zone de places pour deux-roues à la rue Théodore-de-Bèze au profit de deux places d'attente pour les taxis, qui ne sont pas utilisées. Monsieur le président du Conseil d'Etat, puisque vous êtes l'honorable répondant du Conseil d'Etat ici présent, je vous laisserai transmettre cette question à votre collègue, M. Barthassat: en quel honneur a-t-on enlevé une bonne vingtaine de places pour deux-roues très utilisées - je dirais même sur-utilisées ! - par l'ensemble des usagers de la Vieille-Ville en les remplaçant par deux misérables places de taxi qui demeurent éternellement vides ? Je me pose la question. Où est l'effort par rapport à la demande de cette motion que ce Grand Conseil a unanimement, ou en tout cas à une grande majorité, acceptée afin d'avoir une réponse efficace de la part du Conseil d'Etat ? Je vous remercie, Monsieur le président.
Le président. Merci, Monsieur le député. Il est pris acte de ce rapport.
Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 2039.