Séance du
vendredi 29 janvier 2016 à
15h
1re
législature -
2e
année -
13e
session -
83e
séance
P 1956-A
Débat
Le président. L'ordre du jour appelle la P 1956-A. Le rapporteur est M. Stéphane Florey, qui ne prend pas la parole. Je cède donc le micro à Mme Sarah Klopmann.
Mme Sarah Klopmann (Ve). Merci, Monsieur le président. Même si nous nous trouvons dans la séance des extraits, je prends la parole, parce que notre position n'est évidemment pas celle de la majorité. Si nous comprenons bien le problème que le transit entraîne pour les habitants de Soral, nous sommes malgré tout contre cette pétition, car nous sommes très opposés à deux des trois demandes en tout cas. En premier lieu, nous trouvons que maintenant que la majorité du peuple genevois a refusé le projet commun de réaliser des park and ride, entre autres financés par nous, mais en France voisine, en vue de justement limiter le transit sur notre territoire genevois, il est un peu délicat d'aller dire à présent aux Français ce qu'ils doivent ou ne doivent pas faire concernant la circulation, alors qu'ils ont des projets, notamment cet échangeur de Viry, qui sert aussi à protéger les habitants des nuisances automobiles, c'est-à-dire du bruit, de la pollution de l'air et de l'encombrement que cette circulation entraîne.
Pour ce qui est de l'autre demande, elle consiste en la réalisation d'une route d'évitement à Soral. Il est évident que la construction d'une nouvelle route n'est absolument pas de nature à limiter le trafic automobile, ni ses nuisances, nous ne souhaitons donc pas cette solution-là, d'autant moins que la route risquerait d'être aménagée sur la zone agricole, vu que nous parlons de Soral, ce qui n'est évidemment pas du tout la mesure à prendre pour protéger le village de Soral et améliorer la qualité de vie à Genève.
Dès lors, si l'on veut limiter les nuisances et garantir la sécurité des habitants et des habitantes de Soral, comme le demande la pétition... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...il faut plutôt que l'on s'oriente vers des mesures de limitation du trafic de transit, notamment en améliorant la desserte des transports publics sur toute la région. Nous souhaitons donc plutôt que le Conseil d'Etat travaille en concertation avec les autorités françaises afin de trouver des projets qui soient réfléchis, communs et surtout concertés pour les habitants et les habitantes de toute la région. Il ne faut pas uniquement que Genève donne tout le temps des leçons à nos voisins, car nous devons maintenant travailler en bonne intelligence et avec une optique régionale.
Mme Isabelle Brunier (S). Le groupe socialiste défendra une position un peu différente. Nous avons accepté quant à nous le renvoi au Conseil d'Etat, parce que nous estimons qu'il y a effectivement beaucoup de demandes de la part de différents villages, qu'il s'agisse de Chancy ou d'autres, quant à la réalisation de routes de contournement. Certains ont d'ailleurs déjà obtenu gain de cause, tandis que d'autres sont encore en train de le demander. Nous ne sommes pas absolument en faveur de ces routes de contournement, mais nous sommes pour que le Conseil d'Etat - en l'occurrence le DETA - examine toutes ces demandes, y compris d'ailleurs le problème des quartiers de la ville qui étouffent sous le trafic individuel, avec toutes les voitures qui descendent de la campagne et qui percolent dans les quartiers pour atteindre le centre-ville. Il y a donc vraiment la nécessité d'avoir une vision d'ensemble, et c'est la raison de notre demande de renvoi au Conseil d'Etat.
La deuxième raison, c'est qu'on a également pu se rendre compte, lors des auditions, que s'agissant des responsables dans l'administration - qui ne dépendent d'ailleurs pas tous du DETA, mais aussi du département présidentiel, qui s'occupe du Grand Genève - eh bien il y a visiblement eu - il y a peut-être encore - un problème de coordination, et même si en tant que Suisses et Genevois nous n'avons pas à dicter à la région française ce qu'elle a à faire, nous nous trouvons quand même justement dans une région qu'on a baptisée le «Grand Genève», et il est donc vraiment nécessaire que les autorités et même celles qui gèrent les autoroutes informent Genève de leurs projets, pour qu'on puisse travailler en bonne collaboration. Alors ne serait-ce que pour ces deux raisons, nous avons estimé utile de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. (Quelques applaudissements.)
M. Jean-François Girardet (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, il est vrai que cette problématique de la circulation à travers les villages frontaliers est souvent remise à l'ordre du jour. Aujourd'hui, nous devons nous déterminer sur une pétition des habitants de Soral, qui n'en peuvent plus de devoir supporter le trafic international, surtout le trafic de transit des frontaliers qui passent à longueur de journée, mais en particulier tôt le matin, jusque tard le soir, à travers leur village. La pétition demande une route de contournement du village de Soral, ce qui n'est pas forcément la bonne solution. Certes, c'est l'une des solutions qui pourrait être envisagée, mais pour qu'elle le soit, il faut forcément qu'il y ait une discussion entre les autorités concernées, à savoir celles de notre canton, bien sûr - au premier chef, le Conseil d'Etat - mais aussi les autorités françaises, d'autant qu'il convient de voir les projets transfrontaliers... (Rire.) ...surtout les projets du côté français, au niveau de la route, de l'autoroute française. Le Conseil d'Etat a donc tout lieu de se saisir de cette pétition pour pouvoir engager des discussions et envisager éventuellement, dans l'immédiat, la fermeture simple de la route française transfrontalière qui passe à travers Soral. Il pourrait s'agir d'une première mesure, mais ensuite il y a bien sûr aussi d'autres mesures à envisager, et nous faisons confiance au Conseil d'Etat pour qu'il prenne à bras-le-corps ce sujet et qu'il puisse trouver une solution satisfaisante pour tous les riverains et les habitants de Soral.
M. Raymond Wicky (PLR). Mesdames et Messieurs, chers collègues, beaucoup de choses ont été dites concernant cette pétition et le PLR peut parfaitement adhérer à certaines d'entre elles, il soutiendra d'ailleurs le renvoi au Conseil d'Etat. J'aimerais juste dire un mot pour répondre à mon estimée collègue Verte Sarah Klopmann - Monsieur le président, vous aurez l'amabilité de lui transmettre. Je crois qu'on ne peut pas d'une certaine façon «rendre responsables», entre guillemets, les habitants de Soral du fait que le projet de park and ride n'a pas été voté, c'est-à-dire la construction de ces parkings en France, qui était certainement à notre avis une bonne solution également. En plus de cela, on a appris lors des auditions qu'il y avait des projets en développement concernant notamment les autoroutes françaises, lesquelles allaient encore servir, si j'ose m'exprimer ainsi, de déversoir supplémentaire par rapport à cette commune. Nous avons en outre vu au cours de ces auditions qu'il y a de véritables souffrances, parce que ce n'est pas un problème qui est récent: il existe déjà depuis longtemps. Vous me direz que ce n'est pas le seul à Genève, et sur ce point je vous donnerai entièrement raison, mais il faut effectivement que le Conseil d'Etat prenne à bras-le-corps cette problématique. Quant à savoir quelle est la bonne solution, eh bien je crois qu'on a suffisamment d'ingénieurs dans nos différents services et départements pour la trouver. Dans tous les cas, nous soutiendrons le renvoi au Conseil d'Etat de cette pétition.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. La parole n'étant plus demandée, nous passons au vote sur les conclusions de la commission, soit le renvoi au Conseil d'Etat.
Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 1956 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 57 oui contre 8 non et 2 abstentions.