Séance du vendredi 13 novembre 2015 à 15h
1re législature - 2e année - 10e session - 65e séance

M 2178
Proposition de motion de Mmes et MM. Michel Forni, Esther Hartmann, Brigitte Schneider-Bidaux, Magali Origa, Nathalie Fontanet, Nathalie Schneuwly, Marie-Thérèse Engelberts, Christine Serdaly Morgan, Marion Sobanek, Francis Walpen, Charles Selleger, Pierre Ronget, Philippe Schaller, Marc Falquet, Mauro Poggia : Cancer du sein de la femme jeune : une priorité de santé publique
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session I des 7 et 8 novembre 2013.

Débat

Le président. Pour terminer, nous considérons la motion 2178. Monsieur Jean-Luc Forni, vous avez la parole.

M. Jean-Luc Forni (PDC). Merci, Monsieur le président. Cette motion est issue de la commission de la santé de l'ancienne législature et rappelle que le cancer du sein est une priorité de santé publique: en effet, à Genève, le cancer du sein atteint une femme sur huit; son incidence est en hausse... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...et ce, malgré un dépistage très poussé et très développé. Depuis 2005, on constate que les cas ont doublé, non seulement à Genève mais aussi en Suisse romande et dans toute la Suisse, voire aussi en Europe et aux Etats-Unis. C'est donc une affection préoccupante pour les citoyennes de notre canton. La Stratégie nationale contre le cancer, pilotée par Oncosuisse sous l'égide du Département fédéral de l'intérieur et de l'Office fédéral de la santé publique, comprend trois volets: le dépistage, le suivi et la recherche. Ce plan confirme qu'une augmentation massive des nouveaux cas de cancer est à intégrer avec une spécialisation toujours plus poussée des thérapeutes. Le cancer du sein conduit les patientes jeunes à des situations de fragilisation économique, psychosociale et familiale. Il faut relever encore que ce type de cancer est particulièrement agressif, que souvent le pronostic est sombre et l'espérance de vie diminuée. Les mesures telles que veille, vigilance et alerte permettent d'obtenir des informations sur l'état réel du terrain cancéreux et de faire preuve d'une certaine réactivité lorsque des éléments non contrôlés surviennent, notamment dans le groupe des femmes jeunes. Il faut donc non seulement gérer un partenariat entre tous les professionnels de la santé engagés dans cette lutte contre ce type de cancer, mais il faut aussi tenir compte de l'identification rapide de certaines inégalités liées aux conditions sociales et économiques des patientes, ou encore de cofacteurs, tels que l'obésité, la consommation d'alcool et de tabac, la prise de la pilule contraceptive et j'en passe.

Cette motion de commission vise donc à permettre une surveillance de l'évolution de la maladie cancéreuse des femmes jeunes, à s'autoriser une auto-évaluation des programmes de prévention et de dépistage, ainsi qu'à évaluer l'efficacité du système de soins en intégrant notre stratégie cantonale à la stratégie intercantonale, voire nationale. Sur le plan pratique, il s'agira donc premièrement d'encourager le rapprochement des registres romands des tumeurs et cancers, notamment vaudois et genevois, permettant ainsi d'avoir un enregistrement de qualité des cancers et aussi de fournir des informations statistiques sur les impacts de l'évolution de la maladie tumorale. Le deuxième objectif de cette motion est d'inciter les instances académiques et les organismes cantonaux concernés à développer des projets de santé publique et des recherches susceptibles de contribuer à une amélioration des traitements et de la qualité de vie des personnes atteintes par ces maladies. Troisièmement, il s'agit aussi, d'une part, de permettre aux institutions de soins publiques et privées de s'associer aux efforts des traitements les plus appropriés et, d'autre part, de permettre aux institutions de formation de développer les meilleurs programmes y relatifs. Enfin, et j'en terminerai là, la motion invite le Conseil d'Etat à présenter au Grand Conseil une évaluation des actions et des politiques de santé actives à Genève en matière de cancer du sein chez les femmes jeunes dans le cadre du plan national contre le cancer.

Pour ces différentes raisons, Mesdames et Messieurs les députés, le groupe démocrate-chrétien vous invite à accepter directement cette motion de commission et à la renvoyer au Conseil d'Etat.

Mme Jocelyne Haller (EAG). Je n'ai pas grand-chose à ajouter à ce que vient de dire M. Forni. Notre groupe soutiendra énergiquement cette motion. (Commentaires.) Je ne résiste toutefois pas à la possibilité de relever un point: la technologie, c'est bien, mais le papier permet parfois de mieux visualiser certaines choses. Vous pouvez voir ici... (L'oratrice désigne un document qu'elle tient dans ses mains.) ...le libellé du groupe de points à l'ordre du jour dont fait partie la présente motion: «Motions à l'ordre du jour depuis 2013». (Remarque.) Or cette motion s'intitule «Cancer du sein de la femme jeune: une priorité de santé publique» ! Et depuis qu'elle a été éditée, elle est revenue vingt-cinq fois à l'ordre du jour ! Ce point est revenu vingt-cinq fois à l'ordre du jour pour finalement aboutir à la séance des extraits. Je ne demande qu'une chose: pourquoi ne pas l'avoir envoyée directement à la séance des extraits ? On aurait gagné près de deux ans ! Je vous remercie de votre attention. (Quelques applaudissements.)

Mme Frédérique Perler (Ve). Le groupe des Verts soutiendra également le renvoi direct de cette motion au Conseil d'Etat. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Nous souscrivons évidemment à ce que vient de rappeler Mme Haller, c'est-à-dire qu'il est un peu lamentable qu'une telle motion doive attendre vingt-cinq sessions pour se retrouver sur le bureau du Conseil d'Etat. (Remarque.) Permettez-moi maintenant, Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, cher Conseil d'Etat, d'insister sur un point. Nous avons pris connaissance de cette motion avec beaucoup d'attention. Celle-ci est très complète et évoque de multiples faits et analyses, mais il faut arriver à la page 6 du texte pour qu'on nous parle de prévention. Je sais que M. Poggia est particulièrement sensible à cette question puisqu'il a également signé cette motion. Je souhaiterais insister sur la prévention dans les invites où il est question de «développer des projets de santé publique» et respectivement de «présenter au Grand Conseil une évaluation des actions et des politiques de santé actives à Genève». En effet, la prévention est quand même une des premières manières d'endiguer ce fléau. Ensuite, nous souhaiterions que le Conseil d'Etat puisse nous renseigner sur les impacts ou le manque d'impact que peut avoir le mode de dépistage du cancer du sein par la mammographie, car certaines voix scientifiques émettent des doutes sur la régularité de ce mode de prévention. Voilà ce que les Verts avaient à vous transmettre à ce sujet. Nous renverrons cette motion directement au Conseil d'Etat.

M. Pascal Spuhler (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, le MCG soutiendra évidemment le renvoi direct au Conseil d'Etat. Tous les groupes ont signé cette motion lorsqu'elle a été déposée et il est effectivement dommage, comme l'ont souligné nos collègues tout à l'heure, que nous traitions cet objet seulement aujourd'hui, à la fin de la séance des extraits, alors que nous aurions pu la renvoyer il y a déjà longtemps. Nous disposerions peut-être déjà des rapports relatifs à la lutte contre le cancer du sein.

Mme Nathalie Fontanet (PLR). M. Forni a rappelé avec beaucoup de clarté les invites de cette motion. Les cas de cancer du sein, notamment chez les personnes très jeunes, sont en augmentation significative et leur nombre est plus important dans notre canton que dans le reste de la Suisse et que dans le reste du monde, sans que nous arrivions à en déterminer la raison de façon précise. J'aimerais aussi souligner le rôle très important de la Fondation genevoise pour le dépistage du cancer du sein; évidemment, celle-ci n'est pas là pour soigner la maladie, mais contribue à dépister ce fléau. Le PLR renverra cette motion directement au Conseil d'Etat en espérant que ces invites permettent en effet de lutter plus efficacement contre cette maladie. Merci, Monsieur le président.

Mme Lydia Schneider Hausser (S). Mesdames et Messieurs les députés, nous soutiendrons le renvoi au Conseil d'Etat; vu que c'est urgent et qu'il s'agit d'un réel problème de santé publique, il est inutile de perdre du temps en commission. J'aimerais souligner que Genève dispose d'un registre des tumeurs performant, l'un des premiers mis en place au niveau romand, même au niveau suisse. Je pense que nous pourrons nous appuyer sur son expertise et que des travaux sont déjà menés sur ce sujet de manière intercantonale, voire internationale. A Genève et ailleurs, Mme Bouchardy, la responsable du Registre genevois des tumeurs, est à la pointe dans ce domaine. En revanche, s'il existe à Genève des mesures de prévention, des mammographies, adressées aux femmes - notamment aux femmes jeunes - je pense qu'elles doivent être repensées pour que ces personnes, dont le nombre est précisé dans l'exposé des motifs de la motion, ne passent pas entre les mailles du filet et pour que nous puissions améliorer ce processus de prévention ou de traitement, si nécessaire. Nous soutenons donc sans autre cette motion.

Mme Christina Meissner (UDC). L'UDC partage entièrement les préoccupations exprimées par ce parlement. Le cancer du sein des femmes jeunes et l'augmentation de celui-ci sont véritablement des problèmes de santé publique préoccupants. Ne perdons plus de temps et renvoyons cette motion directement au Conseil d'Etat !

M. Bertrand Buchs (PDC). Ayant beaucoup travaillé avec mon collègue Forni sur cette motion, je voulais simplement ajouter que sa grande préoccupation portait sur l'augmentation des cancers chez les femmes jeunes. Il est vrai qu'un excellent travail de prévention est mené à Genève et que de nombreux programmes sont mis au point, mais ceux-ci sont surtout adressés à des femmes en âge de ménopause et pas tellement aux femmes jeunes. Mon collègue Forni souhaitait donc attirer l'attention de ce parlement et du canton de Genève sur le fait que nous sommes extrêmement préoccupés par l'augmentation des cancers chez les femmes jeunes. Il faudrait peut-être évaluer la possibilité d'établir un système de prévention spécifique pour les jeunes.

Le président. Je vous remercie, Monsieur Buchs. Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite à vous prononcer sur la prise en considération de ce texte.

Mise aux voix, la motion 2178 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 78 oui (unanimité des votants).

Motion 2178