Séance du
jeudi 12 novembre 2015 à
17h
1re
législature -
2e
année -
10e
session -
63e
séance
RD 1114
Le président. Nous avons reçu de notre collègue, Mme Lisa Mazzone, sa lettre de démission de son mandat de députée, avec effet à l'issue de cette séance. Je prie Mme Moyard de bien vouloir lire le courrier 3503. (Applaudissements à l'issue de la lecture.)
Le président. Je vous remercie, Madame Moyard. Il est pris acte de cette démission, et je vous informe que Mme Delphine Klopfenstein Broggini, première vient-ensuite, prêtera serment ce soir à 20h30.
Mesdames et Messieurs les députés, Mme Lisa Mazzone a siégé deux ans sur les bancs des Verts suite à son élection au Grand Conseil en novembre 2013. Lors de son mandat, elle a participé aux travaux de plusieurs commissions, notamment les transports, la grâce, la judiciaire et l'énergie, dont elle a assuré la présidence depuis fin 2014. Ses nombreuses interventions en plénière, toujours empreintes du dynamisme qu'on lui connaît, ont porté non seulement sur ses sujets de prédilection que sont la mobilité douce, les transports publics ou la protection de l'air, mais aussi sur le logement, les SIG, la police ou encore la vidéosurveillance. Elle a par ailleurs été à l'origine de plusieurs objets parlementaires, concernant le projet d'agglomération, les demandeurs d'asile et les transports publics, notamment, mais on citera en particulier une résolution sur l'énergie hydraulique suisse adressée à l'Assemblée fédérale et adoptée au mois d'août, dont elle pourra donc suivre le traitement directement à Berne ! Nous soulignons enfin que Mme Mazzone a été particulièrement active au sein de la sous-commission des transports sur la mobilité qui a élaboré un contreprojet à l'initiative populaire 154. Nous formons nos voeux les meilleurs pour la suite de ses activités politiques sous la coupole fédérale, où elle officiera en tant que benjamine, et lui remettons, fidèles à la tradition, un stylo souvenir. (Applaudissements. Le président descend de l'estrade, embrasse Mme Lisa Mazzone et lui remet le stylo souvenir.)
Je passe maintenant la parole à Mme Sarah Klopmann.
Mme Sarah Klopmann (Ve). Merci, Monsieur le président. (Mme Lisa Mazzone embrasse les conseillers d'Etat.) Je vais attendre que Lisa puisse m'écouter. (L'oratrice rit. Brouhaha. Le président agite la cloche. Un instant s'écoule.) Etant donné que je m'adresse exceptionnellement à une députée, j'attends qu'elle puisse m'écouter et lui laisse le temps. (Un instant s'écoule. Mme Lisa Mazzone regagne sa place.) Voilà, merci de votre patience, Monsieur le président ! Chère Lisa, je n'ai aucune envie de ne faire qu'une simple énumération de ta brillante ascension. Nous le savons tous ici: tu as été conseillère municipale au Grand-Saconnex, puis excellente députée ici, tu as présidé - et tu présides encore - excellemment bien notre parti et maintenant tu t'en vas au Conseil national où tu vas poursuivre tous tes combats, et cela me ravit pour toi. Et dire qu'avant de te connaître, je pensais que tu étais une fille timide et discrète ! J'étais loin, loin, loin du compte ! (L'oratrice rit.) Je me suis rapidement aperçue que ce n'était pas du tout le cas et que finalement, tu étais non seulement une fille très sympa, drôle et fêtarde, mais qu'en plus tu n'étais pas du tout timide et discrète lorsqu'il s'agissait de défendre quelque chose qui te tenait à coeur. Ton côté pitbull qui ne lâche jamais rien et ton envie de toujours bien faire font de toi une excellente politicienne, travailleuse et efficace. Pour cela, nous te remercions tous énormément. Puisqu'il le faut, je te présente - et les Verts avec moi - toutes nos félicitations et te souhaite beaucoup de succès à Berne ! Mais, en tant que députée et surtout en tant qu'amie, j'ai plutôt envie de te dire que tu nous manqueras et que je ne suis pas du tout contente que tu t'en ailles ! Félicitations Lisa ! (L'oratrice rit. Applaudissements. On entend le bruit de la manifestation de la fonction publique à l'extérieur.)
M. Olivier Cerutti (PDC). Mesdames et Messieurs, chère Lisa, j'ai fait ta connaissance à la commission de l'énergie dont tu m'as laissé la présidence en héritage; j'ai donc pu présider ma première séance ! A part cela, quelques petites banalités: tu as magnifiquement remporté cette joute électorale. Il est vrai que notre collègue Benoît Genecand a pris le temps d'aller à Berne à pied; toi, tu prends le train ! La différence, nous l'avons tous constatée, c'est l'âge d'arrivée. Quand on veut sauver la planète, la course au temps est essentielle. D'ailleurs, ce temps ne se gaspille pas, et tu en es l'illustration la plus patente. Tu as toujours utilisé jusqu'au bout le temps de parole que notre président veut bien nous accorder. La pertinence de tes propos, si souvent justes, nous bouscule sur le fond car nous avons tous envie de sauver la planète et les hommes, comme le disait Balavoine, avec des fleurs. Pour servir tes idéaux, tu pourras mettre à profit ta jeunesse ainsi que ton expérience acquise au cours de ce bref passage dans nos rangs, où sont lancés les coups de boutoir populistes. La politique n'est pas un long fleuve tranquille et tu le sais bien. L'expérience te fera perdre un peu de ta fraîcheur, mais l'étoile que tu es ne renoncera pas à ses idéaux parce que, grâce à ton intelligence, tu veilleras à ce que cela n'arrive pas et parce que ta passion sera toujours plus forte. Par contre, un peu de recul sur les éléments de la vie te sera nécessaire: tu pourras ainsi recentrer ton discours. Si cela devait arriver, je te suggère de reprendre ta bicyclette pour aller à Berne. Bon vent ma chère !
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Mme Christina Meissner (UDC). Lisa, ma belle gazelle, tu es jeune et belle, et tu galopes, intrépide ! Il n'est point de défi que tu n'oses relever. Tu as traversé ce parlement à grandes enjambées et tu n'as pas manqué de paroles sur les sujets qui te tenaient à coeur, de l'humain à la bicyclette, de l'aéroport à la planète. Et voici que tu t'envoles, comme un oiseau comblé, fière guerrière, vers des cieux ô combien plus tourmentés ! Là-bas, dans la prairie, plus proche du Grütli, il se pourrait bien que quelque bouvier en mal de gardiennage s'en prenne à toi, ma belle gazelle. Mais ta jeunesse et ton courage te permettront, j'en suis sûre, d'affronter tous les défis avec conviction. Alors vas-y, Lisa: vis ton rêve avec bonheur, ne te laisse pas séduire et ne perds ni tes convictions, ni ta passion !
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Mme Danièle Magnin (MCG). Chers collègues, chère Lisa, je t'ai vue évoluer pendant ces deux années, entre ta présence dans ce parlement, tes prises de parole sur Léman Bleu, ainsi qu'à d'autres occasions, et j'ai pu constater comme tu progressais et comme tu t'es peu à peu séparée de ce style d'expression que tu avais au début, peut-être agressif, même si le terme est un peu fort; tu as acquis une grâce qui me plaît beaucoup. Je te souhaite sincèrement un bel avenir, j'espère que tu te plairas à Berne et que tu défendras toi aussi les intérêts de notre beau canton. Je te remercie. (Applaudissements.)
Mme Nathalie Fontanet (PLR). Chère Lisa, nous nous sommes peu croisées en commission, mais les rares fois où nous nous sommes vues, tu étais effectivement passionnée. En plénière, tu fais partie des femmes un tout petit peu dogmatiques... (Exclamations. Rires.) ...mais tu crois tellement en tout ce que tu dis et tu en parles avec tant de passion, que tu es finalement d'emblée toute pardonnée, même par la PLR que je suis ! Ici et là, certains disent que c'est une bonne nouvelle que Lisa s'en aille à Berne. Sache, Lisa, que je pense que, pour les femmes de ce parlement, ce n'est pas une bonne nouvelle: des femmes aussi engagées et aussi présentes, qui aiment tellement ce qu'elles font et qui sont tellement capables de se battre jusqu'au bout en maintenant leurs positions, c'est extrêmement précieux. Tu as été très chahutée, Lisa, quand tu as rejoint ce parlement et tu as toujours tenu tête, toujours souri, tout en persistant et en campant sur tes positions, et pour cela, en tout cas moi je t'admire. Peut-être que pour les amis des voitures, ton départ est une bonne nouvelle; pour moi, cela ne l'est pas. J'aimerais aussi te rappeler, Lisa, que même si tu quittes ce parlement, tu as fait une promesse à un des nôtres, à un PLR, et il faut que tu saches que tu n'es pas libérée de cette promesse par ton départ: tu as promis à Jean de monter en amazone sur sa moto... (Rires. Commentaires.) ...et il t'attend, nonobstant ton départ à Berne ! Je ne sais pas s'il est prêt à t'y amener, mais en tout cas il t'attend ! (Commentaires.) Lisa, nous te souhaitons beaucoup de bonheur à Berne et nous espérons te revoir bientôt à Genève. (Remarque. Applaudissements.)
M. Thomas Wenger (S). O Berne, maudite capitale ! O coupole fédérale, triste coiffe de palais ! O Conseil national, comme parfois tu peux être laid ! Comment as-tu osé ? (Rires. L'orateur rit.) Les ours de ta fosse ne t'amusaient-ils plus ? Tes dinosaures du palais usaient-ils trop les Pas-Perdus ? Tes vautours et requins de lobbyistes t'ont-ils trop corrompue ? O Berne, maudite capitale, comment as-tu osé ? O Berne, maudite capitale, tu avais besoin de t'ouvrir, de verdir, de rajeunir; tu avais besoin de féminité, bref, de minorité, et comme elle est tout en un, sans coup férir, tu nous l'as piquée ! Aujourd'hui, les micros de notre Grand Conseil sont en berne; les drapeaux de la république flottent, hagards, d'un air mélancolique. (Rires.) La tristesse envahit notre vénérable assemblée. (Remarque.) Notre parlement est comme démembré. (Rire.) Nous, députés, sommes dépités: Lisa Mazzone va nous quitter ! (Rires.)
Lisa Mazzone, députée, tes interventions nous ont fait trembler. Lisa Mazzone, députée, en commission, les dents des fonctionnaires se sont entrechoquées. (Rires.) Lisa Mazzone, députée, Luc Barthassat tu n'as point épargné. (Rires. Remarque. L'orateur rit.) Lisa Mazzone, députée, la droite tu as fortement critiqué. Lisa Mazzone, députée, UDC et MCG tu as vilipendé ! Lisa Mazzone, députée, un bilan tu nous as laissé. Lisa Mazzone, députée, pour la mobilité douce tu t'es acharnée. Lisa Mazzone, députée, contre les pics de pollution tu as lutté. Lisa Mazzone, députée, une économie plus verte tu as prôné. Lisa Mazzone, députée, les énergies renouvelables tu as plébiscité. Lisa Mazzone, députée, la croissance de l'aéroport tu as questionné. Lisa Mazzone, députée, les wagons de chlore tu as fait dérailler. Lisa Mazzone, députée, un compromis sur la mobilité tu as négocié.
O Berne, maudite capitale, comment as-tu osé ? C'est toi désormais qu'elle va terrasser; c'est toi désormais qu'elle va embrasser. C'est ton Palais fédéral qu'elle va dépoussiérer - oh, ça, tu n'as pas fini de rigoler ! O Berne, maudite capitale, accueille bien notre Lisa ! O Berne, maudite capitale, tu ne sais pas la chance que tu as ! (Applaudissements. Commentaires. Rires.)
M. Pierre Vanek (EAG). Je serai très bref, comme à l'accoutumée... (Rire.) ...et je ne réciterai pas d'alexandrins ou d'autres vers, ni ne verserai dans le lyrisme. Je dirai très simplement, en mon nom personnel et au nom de mon groupe, tout le respect et l'amitié que je porte et que nous portons à Lisa Mazzone, pour son intelligence, pour sa ténacité, pour son sérieux, pour son engagement en faveur de l'écologie d'un point de vue radical et pour son engagement social, également d'un point de vue radical. J'aimerais dire aussi que je ne partage pas du tout l'avis, exprimé notamment par Mme Fontanet, qui consiste à qualifier les positions de Lisa Mazzone de dogmatiques - enfin, vous me direz, de ma part, c'est normal ! Pour moi, ce sont des positions de principe. Un préopinant, PDC sauf erreur, a évoqué l'idée qu'à Berne elle pourrait, devrait ou serait amenée à se recentrer; pour ma part, évidemment, ce que je souhaite à notre collègue qui nous quitte, c'est de conserver ce caractère, entre guillemets, «dogmatique», de conserver ses principes et ses angles et de ne pas trop les laisser s'arrondir dans ce qui est une boutique extrêmement mal fréquentée, le Palais fédéral. (Rires. Applaudissements. Un instant s'écoule.)
Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole... Enfin, je vais peut-être laisser le temps aux conciliabules de se terminer et on y reviendra après ! Je ne voudrais pas déranger, en fait ! (Le président rit. Commentaires.)
Une voix. S'il vous plaît ! (Brouhaha.)
Une autre voix. Ou hou ! (Un instant s'écoule.)
Le président. Je passe la parole à Mme la députée Marie-Thérèse Engelberts.
Mme Marie-Thérèse Engelberts (HP). Merci, Monsieur le président. Je suis très contente de te rendre un hommage, Lisa ! Lisa sonne comme quelque chose de très doux: Mona Lisa. Tu me rappelles aussi des couleurs d'automne, très flamboyantes. Mais en même temps, tu es tellement déterminée que parfois, je me suis dit: «Qu'est-ce qu'elle est agaçante !» (Rires. Commentaires.) Je ne te l'ai pas caché et je me disais: «Soit j'arrive à suivre ses idées et à être d'accord...» Bon, sur les principes, oui, mais quand ils sont récurrents, cela devient difficile ! «...soit je crois que je vais lui proposer de prendre des cours de chant pour qu'elle pose sa voix !» Parce que si tu veux durer des années, c'est peut-être un conseil à suivre, d'autant plus que tu es déterminée. Par contre, j'aimerais dire une chose, très féministe: qu'est-ce que je suis contente qu'une jeune femme parte à Berne ! Il y a des décennies, nous nous sommes tellement battues pour que quelques-unes - Mme Bernasconi, Mme Saudan et quelques autres, pas beaucoup, en somme - puissent finalement aller à Berne. Elles s'y sont rendues en train, je te le souhaite aussi, mais pas à vélo. Tu t'y rendras rapidement et tu y feras bien ton trou, si j'ose dire. J'espère que tu rencontreras moins de difficultés qu'elles n'en ont rencontré; le chemin maintenant est fait. Je terminerai par quelque chose d'un peu plus doux que ma remarque sur la voix: René Char dit - je le cite de mémoire - que ceux qui viennent au monde pour ne rien changer ne méritent ni égard, ni patience. Bonne route !
Une voix. Bravo ! (Applaudissements. On entend le bruit de la manifestation de la fonction publique à l'extérieur.)
Le président. Je vous remercie, Madame la députée. Je salue à la tribune notre ancienne collègue, Brigitte Schneider-Bidaux, qui a siégé sur les bancs des Verts. (Applaudissements.)