Séance du
jeudi 24 septembre 2015 à
20h30
1re
législature -
2e
année -
8e
session -
56e
séance
M 2143-A
Débat
Le président. Nous nous penchons à présent sur la M 2143-A en catégorie II, quarante minutes. Monsieur Buchs, vous avez la parole.
M. Bertrand Buchs (PDC), rapporteur de majorité. Merci beaucoup, Monsieur le président. On a déjà parlé de ce sujet tout à l'heure. Cette motion part du constat suivant: le nombre de deux-roues motorisés a énormément augmenté, en grande partie parce que les gens ont changé leurs habitudes: au lieu de prendre la voiture, ils utilisent un deux-roues motorisé. Ce sont surtout les jeunes, c'est-à-dire la tranche d'âge comprise entre 30 et 40 ans, qui recourent à ce mode de déplacement. Or il n'y a pas suffisamment de places pour se garer et, par conséquent, lorsqu'ils arrivent sur leur lieu de travail, les gens laissent bien souvent leur deux-roues motorisé un peu n'importe où et n'importe comment. Il faut donc trouver une solution !
Le Conseil d'Etat, via les services de M. Barthassat, a déjà créé des places de stationnement supplémentaires: 259 en surface et 100 en souterrain; théoriquement, cette année devrait encore voir la réalisation de 300 places en surface et 150 en souterrain. Mais il est sûr qu'il en faut davantage. A la sous-commission mobilité, on réfléchit aussi à la manière de prendre en compte les deux-roues motorisés dans les transports et de les intégrer dans le trafic. La grande majorité de la commission a décidé d'accepter cette motion et de la renvoyer au Conseil d'Etat afin d'avoir plus de places de parking pour les deux-roues motorisés. Je vous remercie.
Mme Lisa Mazzone (Ve), rapporteuse de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais juste rebondir sur certains propos tenus lors du débat précédent, puisque j'ai la mémoire longue. Il a été dit qu'il faudrait inciter les automobilistes à opter pour le deux-roues motorisé, qui serait la solution d'avenir. Laissez-moi vous faire part de quelques-unes de nos inquiétudes quant à l'impact concret des deux-roues motorisés, tant sur le plan de la sécurité que sur celui de la pollution et donc de la santé. Aujourd'hui, vous le savez, 60% de la population genevoise souffre et se plaint du bruit routier. Or les deux-roues motorisés sont la source d'énormément de bruit routier, ce qui a des atteintes sur la santé. Je rappelle aussi que notre canton détient le record du nombre d'accidents de scooter et de moto avec un accident par jour et deux blessés graves par semaine. Aussi, je considère qu'il s'agit là d'un enjeu de santé et de sécurité publiques qui doit nous concerner et non pas d'une solution à favoriser.
Je voudrais vous exposer deux chiffres: à Genève, nous comptabilisons 53 000 deux-roues motorisés tandis que seuls 20 000 sont enregistrés à Zurich. On peut se demander d'où vient cette différence. Eh bien c'est en raison de la politique d'incitation aux deux-roues motorisés qui a été menée ici. Je m'explique: d'une part, les deux-roues motorisés ne sont pas amendés et on fait preuve d'une tolérance systématique envers eux lorsqu'ils utilisent les voies cyclables. Prenons la route des Acacias à titre d'exemple: lors des derniers comptages, la piste cyclable - qui est donc censée être interdite aux deux-roues motorisés - comptait 30% d'utilisateurs de deux-roues motorisés. Cette tolérance est non seulement constatée dans les chiffres mais également institutionnalisée par la directive du DETA à la Fondation des parkings, qui préconise de ne pas amender les deux-roues motorisés. D'autre part, on entretient une attractivité énorme de ce mode de transport avec la gratuité du stationnement sur l'espace public. Tout cela va à l'encontre de notre article constitutionnel sur le pollueur-payeur car il s'agit bien de véhicules polluants - on sait que les moteurs deux temps peuvent se révéler 120 fois plus polluants qu'une voiture ! Alors oui, il y a de vrais enjeux car on incite les gens à opter pour ce mode de déplacement alors qu'il n'est pas durable, crée des nuisances énormes et porte atteinte à la santé de la population. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Voilà, merci !
Aujourd'hui, tout l'espace public de Genève est gratuit et à disposition des deux-roues motorisés, et les places de stationnement en ouvrage prévues pour ces engins sont très peu occupées - évidemment puisque les gens peuvent se garer gratuitement en surface ! On relève effectivement un manque de places pour deux-roues motorisés mais, en même temps, on n'arrive pas à inciter les gens à utiliser les espaces existant en ouvrage. La seule voie pour sortir de cette impasse, c'est de faire comme à Bâle, que nous avons visitée avec la commission des transports et qui représente le parangon en termes de mobilité durable, c'est-à-dire de créer une tarification du stationnement des deux-roues motorisés. C'est la seule façon de faire tourner un peu le vent et d'encourager les gens à ne pas opter pour ce mode de transport ci mais plutôt pour le vélo ou le vélo à assistance électrique, qui me semble être le pendant direct du deux-roues motorisé car il présente des avantages similaires mais n'a pas le même impact en termes de pollution sonore et de l'air. Par conséquent, en application du principe du pollueur-payeur, et c'est ce que nous disons sur cette motion, il s'agit maintenant de passer à la tarification du stationnement pour les deux-roues motorisés afin d'inciter les gens à abandonner la voiture non pas au profit du deux-roues motorisé mais plutôt du vélo à assistance électrique ou d'autres modes de déplacement comme les transports publics. Voilà, je m'arrêterai là, nous aurons l'occasion d'en rediscuter. A ce stade, la minorité vous recommande de refuser ce texte.
M. Jean Romain (PLR). Quand j'entends la diatribe de ma collègue Lisa Mazzone, qui nous présente le vélo comme la seule alternative possible à la voiture, je tombe des nues, Monsieur le président, on se trouve en pleine «science-diction» ! D'abord, tous les deux-roues motorisés ne sont pas bruyants, je pense notamment à ceux qui possèdent un pot d'échappement correspondant aux exigences de la loi - bien sûr, certains autres la transgressent - ainsi qu'à ceux dont le fonctionnement est électrique.
Dans son rapport de minorité, Mme Mazzone se plaint du nombre trop élevé de deux-roues motorisés stationnés sur les trottoirs; c'est vrai, on ne peut être que d'accord avec ça. C'est pourquoi il ne faut pas limiter le nombre de places de parking à 7500 pour 62 000 usagers - en effet, il y a non pas 50 000 mais bien 62 000 deux-roues motorisés qui circulent dans notre canton si on additionne aux 50 000 Genevois les 12 000 venant de France, lesquels ont aussi le droit de se garer dans notre cité. Si l'on veut diminuer le nombre de deux-roues motorisés mal stationnés ou laissés sur les trottoirs - et elle a raison à ce propos - alors permettons-leur de se garer ailleurs, mais ne les dissuadons pas de venir avec ce moyen de locomotion qui a largement - très largement, même - limité le trafic des voitures et donc contribué à sa fluidité.
Non seulement les deux-roues motorisés contribuent à la fluidité du trafic, mais il est dangereux - et Mme Mazzone l'a rappelé - de rouler en les utilisant. Ceux qui ont abandonné la voiture prennent donc davantage de risques et se heurtent à toutes les intempéries, et on devrait au contraire leur laisser de la place au lieu de s'ingénier, dans une sorte de délire, à faire du vélo l'alternative unique. Il ne s'agit pas de lutter contre les cyclistes, mais de dire qu'il y a de la place pour les vélos comme pour les deux-roues motorisés.
Des places pour deux-roues motorisés ont été créées au nombre de 350, et nous saluons à cet égard le travail du département de M. Barthassat, qui a annoncé tout à l'heure l'installation de 300 à 400 places supplémentaires, mais c'est encore largement insuffisant. Devant l'ampleur du phénomène, face à toutes ces personnes qui ont abandonné à juste titre leur voiture parce que, pendant des années, les Verts nous ont empêchés de rouler dans Genève... (Exclamations. Quelques applaudissements.) ...eh bien je crois qu'il est temps de leur faire toute la place nécessaire car ces gens prennent des risques, luttent contre la pluie voire la neige. Il faut arrêter de dire que le vélo représente la seule alternative; une telle société, pour ma part, je n'en veux pas !
Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)
M. Patrick Lussi (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, voici déjà la deuxième fois que nous parlons de cette thématique ce soir. Cette motion a au moins le mérite d'avoir un rapport daté du 30 mars 2015, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une préoccupation d'actualité. J'ai écouté Mme la rapporteuse de minorité et je commence à comprendre l'origine de sa haine contre les deux-roues motorisés: dans le rapport - c'est d'ailleurs présenté par une collaboratrice du département - il est mentionné que 80% des utilisateurs de deux-roues motorisés sont des hommes; du coup, je comprends qu'une faible femme comme elle s'érige là contre...
Mme Lisa Mazzone. Pardon ?! (Rires.)
M. Patrick Lussi. ...et essaie de... (L'orateur rit. Commentaires.) ...faire plein de choses là contre.
Le président. Surveillez vos propos, Monsieur Lussi !
M. Patrick Lussi. Mesdames et Messieurs, redevenons sérieux: une fois encore, les chiffres montrent... (Remarque.) Oui, cela figure à la page 2 du rapport, chère Madame: «80% des utilisateurs sont des hommes». Je comprends pourquoi vous êtes fâchée. Je le redis, et je n'ai pas honte de le dire; vous exprimez vos opinions, moi les miennes. Dans ce rapport, il est aussi indiqué que 30% des usagers ont abandonné la voiture au profit d'un deux-roues motorisé parce que c'est un moyen de déplacement plus simple.
Quelle est l'hérésie de cette motion ? C'est de demander quelques places de stationnement gratuites pour les deux-roues motorisés étant donné que les deux-roues sans moteur en disposent, quant à eux, de pléthore - ce qui ne les empêche pas de se mettre n'importe où voire, c'est un comble, d'emprunter les voies pour piétons sans hésiter à renverser ceux-ci pour pouvoir se déplacer plus rapidement. Mesdames et Messieurs les députés, redevenons sérieux: il s'agit simplement de transmettre la chose suivante au Conseil d'Etat: au regard de ce qui se passe actuellement, de l'engorgement de la ville, le deux-roues motorisé devient un mode de déplacement de plus en plus prisé - les statistiques ont d'ailleurs été données tout à l'heure: près de 60 000 deux-roues motorisés pour quelques milliers de places. Ce n'est pas suffisant ! Nous savons que le département fait un effort, et c'est la raison pour laquelle cette motion ne peut que l'encourager à en faire davantage. Le groupe UDC vous demande d'accepter le renvoi de cette motion au Conseil d'Etat. Merci, Monsieur le président.
Une voix. Bravo !
Le président. Voilà. La parole revient au député Pascal Spuhler.
M. Pascal Spuhler (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vais sûrement répéter deux ou trois choses qui ont déjà été dites. Le constat que nous pouvons faire aujourd'hui est que l'augmentation exponentielle du nombre de deux-roues motorisés est en effet due à la politique menée par les Verts lorsqu'ils étaient à la place de M. le conseiller d'Etat Barthassat, soit par Mme Künzler et M. Cramer. Cette politique consistant à engorger la ville, à empêcher à tout prix les véhicules de circuler fait que la plupart des gens se sont reportés sur le véhicule deux-roues, qu'il soit motorisé ou non d'ailleurs.
Aujourd'hui, il nous manque absolument des places, on le sait, les chiffres sont indiqués dans le rapport: plus de 50 000 véhicules deux-roues - en 2001, il y en avait à peine une dizaine de milliers - pour 7500 places de stationnement ! Des places qui, bien souvent, sont de surcroît squattées par des vélos, ou plutôt, devrais-je dire, par des épaves de vélos - excusez-moi, j'ai oublié de préciser le terme «épaves». En effet, les cyclistes sont malheureusement souvent victimes de vandalisme et d'incivilités, et on ne trouve plus que des cadres accrochés sur les arceaux des places pour véhicules deux-roues, ce qui les engorge et signifie autant de places disponibles en moins. Du coup, les deux-roues, motorisés ou non, se mettent sur les trottoirs, ce qui se répercute sur la sécurité des piétons.
Vous l'aurez compris, Mesdames et Messieurs, il est nécessaire aujourd'hui de créer des places pour les deux-roues. Nous ne parlons pas seulement de moteurs pétaradants, et vous le savez pertinemment, Mesdames et Messieurs: avec l'évolution, même la société Harley-Davidson s'est mise à fabriquer des moteurs électriques ! Demain, la plupart des deux-roues seront électriques, que ce soit des vélos à la limite du scooter tellement ils seront puissants, de simples vélos ou encore de vraies motos électriques. Ouvrez les yeux, Mesdames et Messieurs: aujourd'hui, on ne parle plus seulement de moteurs à explosion, il y a également les moteurs électriques. Voilà l'avenir, vous le savez aussi bien que moi, et il faut créer des places de parking pour ces véhicules qui sont déjà là. Merci, Monsieur le président.
M. François Baertschi (MCG). Sartre disait: «L'enfer, c'est les autres»; à Genève, l'enfer, c'est les Verts ! Il est certain, à la lecture du rapport de minorité de Mme Mazzone, que l'on tombe dans la pire des abominations, avec une attaque frontale du mode de vie d'un nombre considérable de Genevois, lesquels n'ont d'autre solution que de se déplacer en scooter ou moto tant on leur a rendu l'existence impossible, tant on a augmenté les impôts sur les voitures, qui deviennent carrément confiscatoires, tant on a empêché les gens de circuler. Nous sommes obligés de nous déplacer à deux-roues, que ce soit à moto ou à scooter, et qu'est-ce qu'on veut faire maintenant ? On veut nous empêcher de nous parquer ! Il s'agit d'un régime du genre nord-coréen, à la Pyongyang, qu'on nous propose là... (Commentaires.) ...on se croirait vraiment dans un système totalitaire ! Nous ne voulons pas de ça, c'est pourquoi nous vous demandons avec enthousiasme de soumettre cette motion au Conseil d'Etat.
Des voix. Bravo ! (Quelques applaudissements.)
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député, et donne la parole à M. Bernhard Riedweg pour une minute trente.
M. Bernhard Riedweg (UDC). Merci, Monsieur le président. Vu l'intensité de la circulation à Genève, bon nombre d'automobilistes sont exaspérés et se tournent vers les deux-roues motorisés, ce qui a une influence positive sur la fluidité du trafic dans les centres urbains, à Carouge notamment. Créer des places de parking gratuites supplémentaires pour les deux-roues motorisés dans divers quartiers encourage les gens à utiliser ce mode de transport, qui permet de se déplacer plus rapidement, d'occuper moins de place sur la chaussée et de se parquer sur des emplacements plus petits. Environ la moitié des 54 000 motocyclistes, que l'on appelle aussi scootéristes, prennent le deux-roues motorisé pour se rendre de leur domicile à leur lieu de travail car c'est un mode de déplacement souvent plus souple et moins lent que les transports publics.
C'est la raison pour laquelle on relève d'ailleurs 30% de parcages illicites voire dangereux, car certains engins sont laissés sur les trottoirs et ne respectent pas la distance de 1,5 mètre d'espace libre pour les piétons. Un effort particulier a été déployé par le département, qui révise le règlement de stationnement sur les terrains privés afin que les promoteurs immobiliers soient obligés, lors de la réalisation de places de parking, d'opérer une répartition équitable et proportionnelle entre les voitures et les deux-roues motorisés. Mesdames et Messieurs les députés, l'Union démocratique du centre vous demande de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat. Merci, Monsieur le président.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Daniel Sormanni, à qui il reste trente secondes.
M. Daniel Sormanni (MCG). Merci, Monsieur le président. Je serai rapide car je crois que tout a été dit. Ce que je regrette pour ma part - vous transmettrez à Mme Mazzone et à la gauche, Monsieur le président - c'est qu'au final, vous voulez empêcher les usagers de motos de se parquer et les forcez donc à tourner en ville et à polluer. La question suivante a été posée: comment se fait-il qu'il y ait beaucoup plus de motos à Genève qu'à Zurich ? Tout simplement parce qu'à Zurich, les transports publics fonctionnent et qu'on est un peu moins idéologue qu'ici...
Le président. Il vous faut conclure.
M. Daniel Sormanni. Vous nous avez empêchés de circuler ! Les gens se sont dit que puisqu'ils ne pouvaient pas se déplacer en voiture, alors ils le feraient en moto. Ce n'est pas le cas à Zurich parce que ça fonctionne un petit peu mieux...
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député.
M. Daniel Sormanni. ...et vous devriez en prendre de la graine !
M. Charles Selleger (PLR), député suppléant. Je suis abasourdi par la naïveté de Mme Mazzone, à tel point que je la suspecte plus feinte que réelle. En effet, comment peut-on s'étonner que les Genevois adoptent les deux-roues motorisés quand tout a été fait pour bloquer la circulation privée en quatre-roues ? Pour ma part, j'habite et travaille au Grand-Saconnex et je me déplace deux fois par jour à l'Hôtel de Ville. En deux-roues motorisé, le trajet me prend quinze minutes, à l'aller comme au retour...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Charles Selleger. Merci, Monsieur le président, j'ai bientôt terminé. Je défie quiconque, avec tout autre mode de transport, de mettre quinze minutes pour faire ce trajet ! Je vous remercie, Monsieur le président.
M. Thomas Wenger (S). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues... (L'orateur respire profondément et se tait durant une minute.)
Des voix. Bravo, bravo ! (Quelques applaudissements. Commentaires.)
Une voix. Nous sommes séduits !
Une autre voix. Est-ce que le temps est décompté, Monsieur le président ?
Une autre voix. Respire, respire !
Le président. Quel genre de brasse est-ce que vous pratiquez, Monsieur le député ?
M. Thomas Wenger. Voilà, c'était la minute sans deux-roues motorisé. Merci, Monsieur le président. (Rires. Quelques applaudissements.)
Mme Marie-Thérèse Engelberts (HP). Je voudrais revenir sur la question des genres parce que je n'aime pas beaucoup qu'on interpelle quelqu'un par rapport à ça. En fait, il faudrait féliciter les femmes de ne constituer que 20% des utilisateurs de deux-roues car les hommes, qui en représentent 80%, se retrouvent très souvent aux urgences.
Cela étant, Mme la députée Verte nous a présenté le premier alinéa de l'article 190 de la constitution, dans la section 8 sur la mobilité. Or je crois qu'il faudrait aussi parler des deux suivants, que je vous cite: l'Etat «facilite les déplacements en visant la complémentarité, la sécurité et la fluidité des divers moyens de transport publics et privés. Il garantit la liberté individuelle du choix du mode de transport».
Une voix. Voilà !
Une autre voix. Exact !
Mme Marie-Thérèse Engelberts. Il ne faut donc pas toujours se référer au premier ou au quatrième alinéa, mais plutôt se concentrer sur l'ensemble de cet article qui consacre les principes de la mobilité à Genève. Pour ma part, je renverrai cette motion au Conseil d'Etat. Je vous remercie.
Le président. Merci, Madame la députée. Monsieur Saudan, vous disposez encore de quinze secondes.
M. Patrick Saudan (PLR). Monsieur le président, je dois faire des choix, alors ce sera très simple: s'il faut en effet rééquilibrer les places de stationnement dévolues aux deux-roues motorisés, cela ne doit pas se faire au détriment de la mobilité douce, qui contribue à une baisse de 30% de la mortalité par maladies cardio-vasculaires...
Le président. Merci, Monsieur le député.
M. Patrick Saudan. ...ainsi que cela a été démontré à Copenhague. Je tiens à rendre hommage...
Le président. Il vous faut conclure.
M. Patrick Saudan. ...à Mme Lisa Mazzone, qui défend courageusement... (Le micro de l'orateur est coupé. Quelques applaudissements.)
Mme Lisa Mazzone (Ve), rapporteuse de minorité. Je me réjouis du jour où les remarques sexistes vaudront une remise à l'ordre, mais cela sera sans doute le cas lorsque ce parlement sera un peu plus jeune ! (Exclamations. Longs applaudissements.) En attendant...
Le président. Je pensais que nous avions le même âge, Madame Mazzone !
Mme Lisa Mazzone. Je ne vous ai pas entendu ! En attendant, je n'ai pas besoin du président pour répondre à MM. Lussi et Sormanni et aux intervenants qui leur ont succédé. J'aimerais simplement indiquer que je ne suis pas fâchée, j'utilise mon cerveau; je ne réagis pas à mes émotions, mais à des faits. Or que montrent les faits ? Ils montrent que Genève connaît aujourd'hui une explosion du deux-roues motorisé, lequel cause du bruit, des accidents, de la pollution, des incidences sur la santé. Je réfléchis et je me dis qu'on devrait peut-être songer à une autre orientation, celle de la mobilité durable, à savoir le vélo, la marche à pied, les transports publics. Dans ce cadre, je tiens à vous rappeler l'article 19 de la constitution genevoise, qui donne le droit à toute personne de vivre dans un environnement sain. Aussi, je vous invite à refuser cette motion.
M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, je viens de déposer un amendement visant à ajouter une nouvelle invite. En effet, au-delà du ton de ce texte, il ne faut pas sous-estimer la problématique du manque de places de stationnement pour les deux-roues motorisés à Genève. En tant que membre du comité de Pro Vélo, je constate que la question des places pour vélos qui se retrouvent squattées, parasitées, utilisées par les scooters et les motos revient régulièrement lors des assemblées ou simplement parmi les cyclistes. Et c'est vrai: en l'occurrence, le manque de places de parking pour les deux-roues motorisés fait que les motards, soucieux de respecter les piétons et donc de ne pas se garer sur les trottoirs, occupent dans certaines circonstances les aménagements prévus pour les cyclistes, malheureusement - le problème est d'ailleurs évoqué dans cette proposition de motion.
Toutefois, se contenter de demander la création de davantage de places pour les deux-roues motorisés est un voeu pieux car la question qui se pose à Genève, de façon générale, est la suivante: où allons-nous créer ces places ? L'espace n'est pas extensible et la législation fédérale prévoit a priori que les places de stationnement pour deux-roues motorisés ne soient pas aménagées sur les trottoirs. Vous voulez en créer de nouvelles, même ici, dans le périmètre de la vieille ville - alors que les cyclistes ne peuvent même pas se garer aux pieds de l'Hôtel de Ville - soit, mais où ? Eh bien, Mesdames et Messieurs les députés, je pense que la solution est très simple - vous l'avez d'ailleurs évoquée vous-mêmes tout à l'heure: les motos occupant moins de place que les voitures, la création de nouveaux espaces de stationnement pour les deux-roues motorisés doit se faire en en supprimant pour les voitures parce que c'est une façon plus rationnelle d'utiliser l'espace public. Mesdames et Messieurs les députés, voici l'amendement que je propose: «à créer de nouvelles places de stationnement pour les deux-roues motorisés en supprimant des places de stationnement pour les voitures, sans que cette suppression ne soit prise en compte dans le décompte de la loi L 10816.»
M. Bertrand Buchs (PDC), rapporteur de majorité. Il est très difficile de débattre d'une motion à 22h30 parce que ça dérape toujours. J'aimerais demander ici qu'on respecte la minorité et ses arguments, même si on n'est pas d'accord avec eux, et qu'on cesse cette guerre des transports entre cyclistes, motos et voitures. Je vous rappelle que tous les partis se sont mis d'accord à la sous-commission pour changer complètement la mentalité s'agissant de la mobilité à Genève; vous verrez que certaines propositions sont très intelligentes, et il faudra se baser dessus.
Pour ma part, je reste purement pragmatique, c'est-à-dire que je ne cherche pas à savoir qui est responsable et qui ne l'est pas. Ce que je remarque, c'est l'augmentation énorme des véhicules deux-roues motorisés immatriculés dans notre canton, due au fait que les gens préfèrent les utiliser pour se rendre d'un point A à un point B parce que ça prend moins de temps qu'en voiture. Cela dit, je demande aussi à ces usagers de respecter davantage les règles de la circulation routière; s'il y a des accidents, c'est parce qu'ils ne les respectent souvent pas et prennent des risques inconsidérés avec leur engin. La même chose est d'ailleurs valable pour les vélos: il y a des règles de circulation, on doit les respecter.
Maintenant, il se trouve que ces deux-roues existent et qu'il faut bien les parquer quelque part; on doit donc trouver où. Je pense que la proposition de M. Deneys peut être discutée dans le cadre du projet de loi sur la compensation des places de stationnement, mais comme il s'agit de toute façon d'un sujet dont on parle à la sous-commission, ce n'est pas maintenant qu'on va voter dessus. Par conséquent, la majorité refusera cet amendement et vous propose d'adopter cette motion. Je vous remercie.
Mme Lisa Mazzone (Ve), rapporteuse de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite à soutenir le projet de loi des Verts sur la tenue des séances en journée, qui serait profitable tant au bon déroulement de nos débats qu'à l'efficacité de notre parlement, lequel coûte de l'argent aux contribuables.
Concernant l'amendement de M. Deneys, je pense qu'il va dans le bon sens; c'est pourquoi la minorité le soutiendra. Néanmoins, il passe sous silence une autre partie du problème: certes, il manque des places et il faut en créer - et il faut savoir où les créer - mais il faut aussi réussir à rendre attractives celles, payantes, qui existent déjà en souterrain. Aussi, un deuxième volet serait la tarification; mais, en l'état, nous soutiendrons cet amendement.
M. Luc Barthassat, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je ne veux pas répéter tout ce que j'ai déjà dit lors du précédent débat sur les deux-roues, si ce n'est que nous déployons tous nos efforts pour créer des places supplémentaires pour les deux-roues motorisés - nous en avons déjà installé plusieurs centaines entre 2014 et cette année - sans le faire au détriment d'autres usagers de la route. Je le redis encore une fois: toutes les places pour motos qui se trouvent sur les trottoirs se voient déplacées dans la rue tandis que l'espace libre sur les trottoirs est dévolu aux vélos. En ce qui me concerne, je ne m'oppose pas, bien au contraire, à ce que vous renvoyiez cette motion au Conseil d'Etat; nous pourrons ainsi faire un point de situation et continuer de mettre un peu la pression à mes collaborateurs, ce qui ne me dérange pas ! Merci beaucoup.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le conseiller d'Etat. Avant de passer au vote final, j'appelle l'assemblée à se prononcer sur l'amendement déposé par M. Deneys.
Mis aux voix, cet amendement est rejeté par 52 non contre 27 oui.
Mise aux voix, la motion 2143 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 48 oui contre 26 non et 5 abstentions.