Séance du
jeudi 24 septembre 2015 à
20h30
1re
législature -
2e
année -
8e
session -
56e
séance
M 2126
Débat
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous traitons à présent la M 2126 en catégorie II - trente minutes. Je passe la parole à M. François Lefort, premier signataire.
M. François Lefort (Ve). Merci, Monsieur le président. (Brouhaha.) Mesdames et Messieurs les députés, si vous voulez bien aller discuter ailleurs ! Dans le contexte actuel, où le plan directeur cantonal 2030... (Remarque.) Merci, Monsieur Jean Romain ! ...a vocation à construire la ville multipolaire, verte et compacte - nous ne le répéterons jamais assez - dans le contexte d'une augmentation de la mobilité telle qu'annoncée par la stratégie «Mobilités 2030» du Conseil d'Etat, il y a nécessité à construire des systèmes de transports publics performants pour répondre à l'accroissement de la population prévu dans le canton et de ses besoins en mobilité. Et personne ne le niera ! Or cela sera possible en pensant aussi la mobilité autrement et en assurant une diversité des moyens de mobilité, afin de favoriser le transfert modal et de résoudre l'engorgement actuel du réseau de circulation.
C'est pour ces raisons que cette motion a été déposée en janvier 2013 et qu'elle demande au Conseil d'Etat d'étudier la faisabilité d'un réseau périurbain de transport par câble - oui, des téléphériques urbains - en liaison avec les lignes de tramway, le réseau CEVA, et coordonné bien sûr aux grands projets de construction de logements.
Pour la plupart d'entre vous, le transport par câble est réservé à la montagne, ce sont les télécabines en montagne, et pourtant ce type de transport est de plus en plus présent dans l'espace urbain comme moyen de transport public complémentaire, mais pas en Suisse. Et si ce mode de transport se développe dans l'espace urbain, c'est parce qu'il comporte des avantages notables et importants: il est trois fois et demie moins énergivore que le tram, il économise bien sûr durablement le sol, il est plus facile à installer qu'un tram et il est surtout six fois moins cher qu'un tram. De plus, son exploitation requiert peu de main-d'oeuvre et sa disponibilité est maximale, car oui, Mesdames et Messieurs les députés, un réseau de transport par câble pourrait fonctionner 24h/24. Il est en outre silencieux, convivial et rapide, et il n'est pas en concurrence avec les autres moyens de transport public. Alors ce que demande cette motion, c'est de compléter les voies de transport existantes pour économiser et optimiser les espaces publics dévolus au transport, tout en augmentant bien entendu les vitesses commerciales de déplacement.
Bien sûr, certains ont souri - et il y en a encore qui souriront ce soir - lorsque nous avons déposé cette motion. Ils ont souri de ce même sourire avec lequel les autorités fédérales avaient d'ailleurs accueilli la proposition de l'ingénieur Torres y Quevedo à la fin du XIXe siècle, lorsqu'il leur avait suggéré de construire des téléphériques dans les montagnes suisses. Vous vous rendez compte, Mesdames et Messieurs les députés, des téléphériques dans les montagnes suisses ! Eh bien cela ne s'est pas fait à cette époque-là, et finalement ces téléphériques furent construits beaucoup plus tard.
Alors certains ont souri et souriront encore ce soir, en se gaussant de notre motion, mais d'autres savent que de nombreuses villes telles que Barcelone, Brest, Caracas, Constantine, Grenoble, Coblence, Medellin, New York, Portland, Montréal et d'autres encore - car la liste s'allonge chaque mois - ont délibérément choisi le transport par câble comme moyen de transport public complémentaire, pour tous les avantages que je viens de vous citer. Il y a la possibilité de le faire à Genève, et nous donnons quelques exemples dans l'exposé des motifs de la motion. Nous donnons quelques exemples possibles: ce ne sont pas des demandes impératives, mais des pistes de réflexion. Par exemple, une ligne de transport qui irait de Bernex à Palexpo-Aéroport en passant par Cressy, les Evaux, le Lignon, Balexert. Une telle ligne pourrait relier ces deux points en vingt minutes. Un autre exemple réalisable serait celui d'une ligne qui partirait de la station du Lignon en la reliant aux Vernets par le Bois de la Bâtie en six minutes. Voilà des exemples possibles.
Ce que nous demandons donc, c'est maintenant une étude pour coupler le transport par câble au réseau actuel. Il y a réellement matière à faire du réseau par câble, pour tous les avantages - en particulier économiques - qui ont été cités. Et nous ne sommes visiblement pas les seuls à vouloir tenter ce transport par câble, puisque le conseiller d'Etat Luc Barthassat lui-même l'a mis dans son programme de législature en avril 2014, quelques mois après son élection. Eh oui, Luc Barthassat fait partie des promoteurs du transport par câble. Et donc cette motion, qui avait été déposée longtemps auparavant, devient finalement une motion de soutien au Conseil d'Etat pour ses projets de transport par câble, et c'est pour cela, Mesdames et Messieurs les députés, que nous vous demandons bien sûr de la voter !
Une voix. Bravo ! (Commentaires.)
M. François Lefort. Merci ! Il a annoncé qu'il l'avait mis dans son programme de législature et a lancé de plus quelques études préliminaires. Eh bien, Mesdames et Messieurs les députés, nous avons l'occasion de prendre connaissance des idées et des projets du Conseil d'Etat en matière de transport par câble en renvoyant bien sûr cette motion à la commission des transports, où nous pourrons voir où en sont les études préliminaires. Je vous remercie donc, Mesdames et Messieurs les députés, de renvoyer cet objet à la commission des transports.
M. Bernhard Riedweg (UDC). La difficulté du transport urbain par câble est de fixer un cheminement de la ligne pouvant entraîner le moins de nuisances possible pour la population, tout en bénéficiant d'une performance maximale. La nuisance principale réside dans le fait que les cabines circulent à la hauteur des fenêtres des riverains; cela modifie aussi visiblement le paysage urbain, ce qui est inesthétique et peu souhaité. En contrepartie, on économise l'emprise au sol du câble, mais l'emprise au sol des stations intermédiaires n'est pas à négliger, sans compter l'accès aux fauteuils roulants et aux poussettes qui est rendu difficile.
Les télécabines urbaines ne peuvent constituer qu'un remède très local qui ne résoudra pas les problèmes de circulation à l'échelle d'une agglomération, où un réseau complet de télécabines est difficilement imaginable. Relier par télécabine la future urbanisation des Grands-Esserts à l'interface des transports publics située à la Cité universitaire de Champel ne désengorgera pas le centre-ville, remarque qui s'applique aussi à d'autres liaisons qui pourraient être étudiées le long du site aéroportuaire à Palexpo ou à travers le Rhône.
L'Union démocratique du centre estime que le transport par câble est plus approprié en montagne, où la distance à parcourir d'un point à l'autre est longue, directe et en montée; il surplombe en effet des obstacles pouvant s'avérer spectaculaires entre les stations très espacées et favorise l'appréciation du paysage.
Le financement d'un tel moyen de transport pourrait être assuré par un partenariat public-privé, mais surtout pas par l'Etat, dont les subventions pour les transports publics sont déjà très élevées; de ce fait, il ne devrait pas être sollicité. Cela dit, au vu de l'état des finances de notre canton, l'UDC vous demande de ne pas entrer en matière sur cette motion, bien que des entreprises suisses se soient spécialisées avec succès dans ce genre de moyen de transport.
M. Michel Ducret (PLR). Mesdames et Messieurs les députés, c'est extraordinaire ! Les ingénieux de la circulation, qui s'évertuent à nous proposer le maintien des bouchons et des encombrements dans tous les coins, se réveillent tout d'un coup et nous suggèrent de nous envoler et de passer par-dessus. Quelle belle pensée ! Peut-être eût-il été plus simple d'éviter de maintenir les bouchons pour ne pas devoir faire ce genre d'effort.
Quoi qu'il en soit, la technologie proposée - qui effectivement existe, et qui est bien suisse, d'ailleurs - est à réserver à des usages très particuliers. Premièrement, on ne peut pas parler de réseau en matière de transport par câble, dans le sens où développer un réseau avec ce type de système est extrêmement complexe et quasiment impensable; il s'agit de systèmes qui sont essentiellement des services qu'on appelle «point to point», c'est-à-dire d'un point à l'autre, si possible sans arrêt intermédiaire pour être réellement efficaces. (Remarque.) Non, il existe des exceptions, mais ça complique terriblement les choses.
Deuxièmement, les justifications de ce genre de système résident souvent dans la présence d'obstacles à franchir; d'ailleurs, la liste qui est dressée par les proposants est très grande, et elle montre exactement qu'il y a des obstacles à franchir: des bras de mer, des cours d'eau, des dénivelés importants, bref, des situations qui sont très particulières. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas forcément ce genre de cas à Genève, mais on ne peut pas généraliser et parler de réseau.
Troisièmement, et c'est la proposition la plus ahurissante - c'est extraordinaire ! - consiste à mettre en haut d'un immeuble le terminus ou un pylône... Est-ce que vous avez déjà senti les vibrations de la station de départ d'un téléphérique ? Je vous assure que c'est absolument charmant ! Je suis sûr que les gens vont passer des nuits délicieuses dans ce genre d'immeuble, surtout si le service se poursuit toute la nuit.
Non, écoutez, je crois qu'il faut être un tout petit peu sérieux. Ce n'est pas que le principe soit à jeter, Mesdames et Messieurs: dans certains cas particuliers, ce peut être une bonne réponse; pour autant, est-il bien nécessaire d'adresser une proposition de motion de ce genre au Conseil d'Etat, qui en est déjà persuadé ? Du reste, je suis sûr que la direction générale des transports n'a pas besoin de ceci pour mener de telles réflexions, puisque ses représentants nous ont déjà fait des propositions et parlent de ce genre de réflexions dans le cadre de notre commission des transports depuis plusieurs années.
Dès lors, que faire de ce gentil délire ? Nous proposons pour notre part, Mesdames et Messieurs, vu qu'il n'est pas bien utile, de simplement le refuser.
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.
M. Michel Ducret. Pardon ?
Le président. Il vous faut conclure.
M. Michel Ducret. C'est fait, Monsieur le président de séance !
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Je passe la parole à M. Pascal Spuhler.
M. Pascal Spuhler (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, s'il est possible d'imaginer que le transport par câble en ville pourrait être une bonne idée, je pense que le canton de Genève n'est pas du tout adapté à ce genre de situation. Première question: où allons-nous mettre les pylônes qui devront bien supporter ces câbles ? (Remarque.) On parle éventuellement du haut des maisons, mais je peux imaginer qu'on ne va pas détruire toutes les tours pour mettre des pylônes à la place ou bien renforcer le toit de certaines baraques afin de justement installer ces pylônes.
Non, ce n'est pas très sérieux. Le transport par câble n'est pas envisageable à Genève; on n'a ni montagne, ni mont, ni même colline suffisamment élevée pour nécessiter un transport de ce genre. S'agissant de l'exemple de Grenoble, qui a été cité dans l'exposé des motifs, je vous rappelle que justement le centre-ville rejoint les Bastides, qui se situent à environ 800 mètres au-dessus de la ville. Le dénivelé est donc très important et dans ce cas-là le téléphérique est tout à fait intelligent, mais c'est un cas particulier.
Mesdames et Messieurs, il est évident que le transport par câble serait confortable, mais il n'est pas possible. On pourrait éventuellement - mais oui ! - traverser la rade par câble, pourquoi pas ? (Commentaires.) Il faudrait mettre deux gros pylônes de chaque côté de la rade, mais malheureusement on ne peut pas, puisque Ensemble à Gauche a figé la situation de la rade par son initiative d'il y a une année et demie intitulée «Sauvons nos parcs au bord du lac !».
Mesdames et Messieurs les députés, nous retombons donc à zéro. Quel est aujourd'hui le meilleur moyen de circuler en ville ? Eh bien c'est la promotion du système TOSA, dont le conseiller d'Etat nous parlera sûrement avec plaisir encore une fois: en effet, il supprime les câbles et bien des inconvénients, et c'est un système écologique.
M. Bertrand Buchs (PDC). Le parti démocrate-chrétien renverra cette proposition de motion à la commission des transports, parce que c'est quand même une option à étudier. Je rappelle que les Vaudois ont décidé d'examiner sérieusement cette possibilité... (Commentaires.) ...en reliant un nouveau quartier d'habitation près de Morges jusqu'à la gare de Morges. Ce n'est donc pas une question de dénivelé, c'est tout à fait plat, mais ils ont vu qu'au niveau de la circulation au sol les gens avaient de la peine à circuler et qu'il fallait trouver une autre solution pour les amener d'un point A à un point B.
Alors il est vrai que ce n'est pas la panacée universelle, il faut choisir avec précision l'endroit où l'on veut installer ce genre de transport, mais des études ont déjà été réalisées et elles démontrent qu'il faut toujours relier ce système à un endroit touristique. Or il existe déjà un endroit touristique, à savoir le téléphérique du Salève, qui a fonctionné de façon extraordinaire cette année, avec une augmentation de 20% de la fréquentation. On pourrait donc tout à fait imaginer - et le PDC de la Ville de Veyrier l'a déjà fait - relier la gare du téléphérique du Salève jusqu'aux Grands-Esserts, Carouge ou Champel, parce que là on a un vrai problème de mobilité. Et si l'on accueille 2000 personnes ou plus aux Grands-Esserts, on ne sait pas comment ces gens sortiront de chez eux en voiture pour rejoindre Carouge ou la Ville de Genève.
Il s'agit donc là d'une vraie opportunité pour discuter et réfléchir à un système de transport par câble. Ce système est maintenant tout à fait prévu pour passer au-dessus des zones habitées, et afin d'éviter qu'il y ait des désagréments pour les gens qui sont au sol, il existe des dispositifs empêchant de voir ce qui se passe en bas, etc., de manière qu'on ne puisse pas essayer d'atteindre leur vie privée.
En conséquence, c'est un système qui vaut la peine d'être étudié; d'autres cantons le font, de même que d'autres villes et d'autres pays. Or brusquement à Genève on va dire que, non, on ne veut pas le faire parce que c'est débile ?! Eh bien avec ce genre de réflexions on ne fait plus rien et on ne propose rien de nouveau ! Nous soutiendrons donc le renvoi en commission. (Quelques applaudissements.)
Une voix. Bravo !
Mme Salima Moyard (S). Je serai brève à cette heure, d'autant que beaucoup de choses ont déjà été dites. Pour le parti socialiste, cette proposition de motion est vivifiante et originale: elle a une certaine ambition, voire un peu d'exotisme, mais elle est intéressante. Et à l'heure où les constats sont là, implacables - le plan directeur nous dit que chaque parcelle de notre canton est extrêmement précieuse, les exigences de la Confédération au sujet de notre zone agricole à conserver sont extrêmement précises, l'exiguïté de notre canton face aux défis démographiques qui nous attendent se fait sentir de manière de plus en plus pressante - eh bien il y a mille idées à Genève pour utiliser chaque centimètre carré du sol. Ainsi, au moment où nous savons à quel point la mobilité est un problème dans ce canton - et même si nous fondons de grands espoirs pour que cela s'améliore, pour l'instant ce n'est quand même pas tout à fait le cas - il y a donc la possibilité et le souhait de réfléchir à des solutions différentes pour éventuellement pouvoir se déplacer autrement que sur le sol. Alors il existe certes peut-être d'importantes limitations, mais une réflexion est nécessaire à nos yeux, et c'est d'ailleurs également l'avis de M. Barthassat, puisqu'il avait dit réfléchir déjà à ce genre de choses.
Nous serons donc effectivement intéressés par un renvoi à la commission des transports, comme l'ont dit d'autres groupes, afin de prendre de la hauteur avec cette motion et de l'étudier pour voir si elle peut nous amener quelque chose d'intéressant, de manière complémentaire à ce qui existe déjà, pour la mobilité dans notre canton. Nous vous enjoignons dès lors de la renvoyer à la commission des transports, et c'est ce que le parti socialiste fera.
Présidence de M. Antoine Barde, président
M. Stéphane Florey (UDC). Cette proposition de motion est totalement irréalisable... (Exclamations.)
Une voix. Irréaliste !
M. Stéphane Florey. ...et ce qui est piquant, c'est que ce sont les mêmes milieux qui d'habitude refusent toute dénaturation du paysage qui viennent maintenant avec ce genre de propositions qui amèneront bon nombre d'oppositions, car qui voudra accepter un pylône dans son jardin ou devant ses fenêtres ? (Brouhaha.) C'est pour ça que cette motion est totalement irréalisable... (Commentaires. Le président agite la cloche.) ...d'autant plus que certains partis, dont le PDC à Lancy, avaient essayé d'instaurer ce genre de transport...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Stéphane Florey. ...dans la commune et se sont fait totalement ramasser à ce sujet, puisque les études au niveau communal ont démontré que c'était simplement irréaliste. Ce n'est pas irréalisable, c'est irréaliste, du fait des nombreuses oppositions qui seront déposées là contre. Arrêtons donc de perdre du temps et favorisons, comme cela a été dit, les bus TOSA. Et comme exemple...
Le président. Il vous faut conclure.
M. Stéphane Florey. ...quand les TPG ont voulu prolonger une ligne de trolley sur la route de Malagnou, ça a été totalement impossible.
Le président. Merci, c'est terminé. Je passe la parole à M. le député François Lefort pour une minute.
M. François Lefort (Ve). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, quelques mots pour conclure. Je parlais tout à l'heure de gesticulation amphigourique, eh bien nous avons été servis ! Or l'amphigouri, Mesdames et Messieurs les députés, cela peut être lassant, surtout quand c'est mal joué, comme par exemple par M. Ducret ou par M. Florey récemment, qui sont tous deux de parfaits représentants de ces forces qui font du surplace, qui ne veulent rien changer, qui veulent faire comme toujours et qui ne veulent pas anticiper les problèmes de la ville. Mais il se trouve que tout le monde ne participe pas à cette absence... (Commentaires.) Pardon ? Il se trouve que tout le monde ne participe pas...
Le président. Il vous reste vingt secondes.
M. François Lefort. ...à cette absence de vision, puisque j'apprends ce soir que le Conseil municipal de Plan-les-Ouates vient de voter mardi une résolution pour un transport par câble des Cherpines jusqu'à Onex. Vous le voyez, tout le monde n'est pas aussi englué dans l'irréalisme de M. Florey, et je vous remercie de renvoyer cette motion à la commission des transports. (Brouhaha.)
M. Luc Barthassat, conseiller d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, cette idée avait effectivement un peu défrayé la chronique à une certaine période au début de mon mandat, mais cette idée n'était pas forcément la mienne: j'avais simplement repris celle de M. Guy-Olivier Segond, qui avait eu le projet d'installer un transport par câble à l'occasion du concours de l'exposition nationale qui devait être consacrée au cerveau - ce qui, je l'espère, n'empêchera pas certains de réfléchir ce soir.
S'agissant du transport par câble, eh bien quand je suis arrivé dans ce département, je me suis dit que, comme j'avais repris les transports, on allait étudier un peu tous les moyens de transport. On va bientôt travailler sur un bac pour traverser la rade, on a travaillé sur le TOSA, comme l'a dit M. Spuhler, pour lequel on arrive aussi à de bons résultats, puisqu'on lui a dédié une ligne, et il y avait ce projet de transport par câble, qui encore une fois avait été mis au goût du jour par Guy-Olivier Segond. Il y avait en outre un projet qui avait été lancé par le PDC de la Ville de Veyrier, qui pensait raccrocher le bas du téléphérique du Salève, en passant par les Grands-Esserts et le futur centre commercial, à l'une des gares du CEVA à Carouge. Nous avons donc étudié un peu la question au sein du département, nous devons arriver plus ou moins à une conclusion, mais qui n'est pas définitive, et il est vrai que, pour que cela fonctionne, il faut qu'il y ait du monde qui utilise ce transport par câble. Et quand je dis «du monde», c'est beaucoup de monde ! En effet, si dans un bus vous arrivez à faire circuler 1200 personnes en une heure, eh bien avec le transport par câble c'est plus de 12 000; il faut donc, pour que ce soit rentable, qu'il y ait du monde dedans.
Par ailleurs, il est vrai que c'est un projet, un moyen de transport qui ne coûte pas cher, vraiment pas cher, puisque son coût est trois à quatre fois moins élevé que celui d'une ligne de tram ou de trolleybus. De plus, c'est un mode de transport qui ne pollue pas parce qu'il est électrique, comme le CEVA, et c'est quelque chose qui est vite posé et vite démonté, si je puis dire. Mais contrairement à ce qu'indiquait M. Florey, il ne s'agit pas d'installer un pylône dans son jardin parce que, entre Veyrier et Carouge, je crois que cinq ou six pylônes suffiraient amplement. Le débit serait semblable à celui du téléphérique qui passe aux Contamines, où les bennes peuvent accueillir entre douze et soixante personnes, avec la possibilité de monter en chaise roulante ou en pousse-pousse. Il s'agit de bennes qui s'arrêtent lorsque vous voulez monter dedans et qui se raccrochent au câble à un moment; ce ne sont donc pas des bennes qui défileraient à tout-va mais à la demande, tout simplement, et effectivement cela doit se faire sur des longueurs où il n'est pas nécessaire de s'arrêter tous les 300 mètres comme c'est le cas du tram. Je crois donc qu'il vaut quand même la peine d'étudier ce genre de choses.
Alors bien sûr, Genève ne s'y prête pas bien, parce qu'à part le Salève et le Jura, il n'y a pas beaucoup de montagnes dans les environs, mais je vous dirais que d'après des chiffres qui m'ont été donnés - que je dois toutefois encore vérifier - eh bien il existe plus de transports par câble en plaine qu'en montagne. C'est vrai que nous, les Suisses, avons tendance à croire qu'on vit au milieu des téléphériques, mais le reste du monde les installe justement en milieu urbain. Donc le système n'est pas ridicule, et d'ailleurs la presse a tellement répandu l'idée que ce n'était pas si ridicule qu'aujourd'hui il y a passablement de cantons et de régions qui étudient ce genre de projet. Annecy en prévoit deux tout simplement pour contourner la ville, et je reçois pas plus tard que la semaine prochaine des promoteurs qui seraient à même - bon, je ne les ai pas encore vus directement ! - de m'amener des projets qui ne coûteraient pas un sou à personne et de nous proposer une rentabilité qu'ils assumeraient eux-mêmes.
Moi je suis pour l'idée, dans ce département, de recevoir tout le monde et d'accueillir tous les projets, et donc je vous invite tout simplement, Mesdames et Messieurs les députés - notamment ceux qui siègent à la commission des transports ou des travaux - à renvoyer cette motion au Conseil d'Etat: j'aurai le plus grand des plaisirs à vous mettre au courant du travail qu'effectue le département et à vous faire des points de situation sur les différentes petites études. Aujourd'hui, on arrive à la conclusion qu'il faudrait drainer, comme je le disais précédemment, suffisamment de monde, et donc imaginer un système qui ferait se rejoindre les pendulaires et les touristes, et c'est vrai que le projet du PDC de Veyrier serait à même d'apporter quelques solutions à ce niveau-là. Certains diront qu'on va passer au-dessus des villas et qu'on va pouvoir voir ces dames dans les piscines, mais dites-vous bien que ce sont des villas qui datent des années 70, alors ceux qui y vivent ne sont pas de première jeunesse non plus... (Exclamations.) On peut aussi prendre des dispositions par rapport à la visibilité dans ces bennes, avec un système permettant de voir de l'extérieur mais pas de l'intérieur, donc pas de souci pour ces dames et ces messieurs qui auraient tendance à se faire regarder de loin ou de près en bikini au bord de leur piscine. Et en examinant le trajet plus attentivement, on ne serait peut-être même pas obligé de passer si près de ces villas. En conclusion, je vous invite à renvoyer cette motion en commission: ça me fera plaisir de vous faire un point de situation à ce sujet, et je pense que ce pourrait être intéressant pour tout le monde.
Le président. Merci beaucoup, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous allons maintenant nous prononcer sur le renvoi de cette proposition de motion à la commission des transports.
Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2126 à la commission des transports est adopté par 44 oui contre 28 non et 2 abstentions. (Commentaires pendant la procédure de vote.)