Séance du vendredi 17 avril 2015 à 15h
1re législature - 2e année - 4e session - 25e séance

P 1922-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Des moyens pour le vélo : pour que l'Etat respecte la volonté du peuple et l'initiative 144
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session IV des 16 et 17 avril 2015.
Rapport de majorité de M. Stéphane Florey (UDC)
Rapport de minorité de Mme Sarah Klopmann (Ve)

Débat

Le président. Nous passons à la P 1922-A, et la parole revient à M. Stéphane Florey, rapporteur de majorité.

M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Le problème, avec l'IN 144, n'est pas de savoir si on est pour ou contre; le véritable problème est de déterminer avec quel argent on va payer sa mise en application ! Au mois de décembre, notre Grand Conseil a voté dix-huit crédits de renouvellement dont un qui concerne justement les pistes cyclables; un certain montant leur a donc été dévolu. Voici pourquoi la majorité de notre commission a décidé de ne pas prendre en compte cette pétition: avec le temps, le réseau de pistes cyclables se crée malgré tout, il faut juste faire preuve d'un peu de patience. Le problème des initiants, des pétitionnaires et de certains partis, qui demandent sans cesse des sommes astronomiques, c'est qu'ils veulent tout, tout de suite. Or ce n'est tout simplement pas possible, nous n'avons pas les moyens d'engager une somme de plus de 80 millions ! Car c'est ce dont on s'est rendu compte à la fois à la commission des transports s'agissant d'un autre projet de loi et à la commission des pétitions concernant cette pétition-ci: il y en aurait pour un minimum de 80 millions, et nous ne pouvons pas engager un tel montant tout de suite.

La deuxième chose, c'est que réaliser le réseau de pistes cyclables immédiatement, ainsi que les pétitionnaires le voudraient, va poser d'autres problèmes. Ça veut dire qu'on va créer des pistes cyclables sur les grands axes et, comme par hasard, on s'apercevra par la suite qu'on a oublié de refaire ce qui est dessous, à savoir les conduites, réseaux de téléphone et autres câbles électriques. Alors que va-t-on faire ? On va recasser ! On aura payé pour concevoir des pistes cyclables, on va creuser dessous, effectuer des travaux et créer une nouvelle fois ces pistes cyclables ?! Non, soyons un peu sérieux. Le but et la logique veulent que ces pistes cyclables se créent par opportunités, comme on l'a fait à de nombreuses reprises par exemple sur les routes de Meyrin, des Acacias, de Chancy. Quand on refait un axe complet, on le fait de A à Z, et là sont automatiquement créées ces fameuses pistes cyclables. Sur le long terme, même si ça ne fait pas plaisir à certains d'entre nous d'entendre ça, on aura enfin un réseau tel que l'initiative le veut, et tout le monde sera content. Mais il faut absolument laisser du temps au temps. Je vous remercie.

Mme Sarah Klopmann (Ve), rapporteuse de minorité. Si on laisse les choses se faire toutes seules, le long terme sera du très long terme, et je crains que même moi ne puisse pas en voir la fin ! Avant toute chose, j'aimerais souligner que même si cette pétition n'est pas renvoyée au Conseil d'Etat, l'initiative 144, qui demandait d'équiper les routes de pistes cyclables, demeure valable, que la majorité soit d'accord ou pas. Cette initiative a été votée par le peuple et reste valable, il faudra bien que tant le Conseil d'Etat que le Grand Conseil respectent la volonté populaire et que les travaux soient réalisés. Pourtant, presque rien n'a été mis au budget 2015, le magistrat n'y a pas inscrit les 5 millions qu'il avait promis l'année précédente, et la majorité PLR-UDC-MCG ne fait que réduire les moyens dévolus à la mobilité douce. Nous sommes déjà, et je trouve vraiment dommage de devoir le rappeler, à la moitié des huit ans impartis par l'initiative pour effectuer les travaux, et j'insiste encore une fois sur le fait que ce n'est pas notre volonté mais celle du peuple, on doit s'y soumettre. Il faudrait maintenant passer la seconde vitesse si on a une quelconque envie de respecter cette initiative.

D'aucuns essaient de justifier leur refus de cette pétition en se cachant derrière sa seconde demande, à savoir le fait d'allouer un montant de 20 millions étalés sur quatre ans pour les travaux. D'abord, engager de l'argent pour réaliser ces pistes cyclables est une question de priorité: l'argent, nous l'avons, il n'est simplement jamais utilisé pour cela. Par contre, pour d'autres projets, alors là tout à coup l'argent coule à flots ! Ensuite, l'initiative acceptée par le peuple précisait bien que le financement devait être assuré par les autorités cantonales et communales, le peuple a donc accepté que de l'argent soit investi pour cela, il l'a demandé. Si, par chance ou ingéniosité, le département... (Brouhaha.) Je vais attendre le silence ! (Un instant s'écoule.) Merci. Si, par chance ou ingéniosité, le département devait soudain réussir à réaliser des aménagements cyclables de qualité avec moins d'argent, il suffirait de faire un crédit bouclé avec un excédent, je pense que personne ne s'en plaindra, on sera au contraire ravi. Mais le magistrat traîne, recule même; il annonçait avec grand fracas médiatique son enquête sur la mobilité, laquelle a démontré l'attrait des Genevois et des Genevoises pour les déplacements cyclistes. Malgré cela, le département n'a toujours pas finalisé le plan directeur de la mobilité douce 2015-2018. En 2015 déjà, le département et le magistrat nous présentaient fièrement les objectifs du plan directeur de la mobilité douce 2011-2014. Sauf que comme nous sommes en 2015, ces objectifs auraient déjà dû être atteints. Il faudrait ainsi arrêter de nous les présenter fièrement et nous montrer des résultats ainsi que les objectifs suivants, c'est-à-dire la mise en oeuvre de cette initiative.

Certes, les plans doivent être bien faits, il est donc normal de prendre du temps pour y travailler; mais ces plans doivent surtout exister pour que les pistes cyclables qu'on construit ne soient pas incohérentes, absurdes ou dangereuses, et qu'elles soient organisées selon les autres travaux dont parlait le rapporteur de majorité, travaux qui, eux, pourraient justement être effectués suite à la création de pistes cyclables. A Genève, malgré ce que certains en disent, on n'est pas encore vraiment libre de choisir le vélo comme moyen de transport. Le territoire s'y prête pourtant à merveille mais, malheureusement, le manque de sécurisation des parcours décourage les plus téméraires, et je les comprends. C'est devenu une lutte permanente de se déplacer à vélo, et ce en grande partie à cause de certains politiques qui ont volontairement fait croire que les cyclistes présentaient un danger et ont par la suite créé une polémique au sujet de pseudo-cyclo-terroristes en promettant de régler le problème. Au final, c'est bien de là qu'est venue cette polémique, et c'est vraiment très grave parce qu'à cause de velléités électoralistes et politiques, certaines personnes ont créé un climat hostile qui met tous les cyclistes en danger. En effet, l'animosité existe réellement sur la chaussée, alors que les cyclistes en sont déjà, je tiens à le mettre en évidence, les plus fragiles utilisateurs. Partout où les voitures passent, les vélos devraient aussi pouvoir circuler sur des voies sécurisées.

Les cyclistes ne sont pas juste des promeneurs du dimanche qui profitent de faire du vélo au soleil, ce sont également des gens qui doivent pouvoir se déplacer d'un point A à un point B par le chemin le plus court et le plus direct; créer des aménagements cyclables sur les grands axes pour eux est donc normal. En outre, ces aménagements ne bénéficient pas aux seuls cyclistes mais aussi à tous les usagers de la route. Je vous laisse imaginer, si chaque vélo était une voiture de plus dans les embouteillages, dans quelle situation se trouverait actuellement Genève ! Au lieu de dénigrer les cyclistes, remerciez-les au contraire car ils subissent toutes les intempéries et fluidifient nettement le trafic.

M. Stéphane Florey. Les motards aussi !

Mme Sarah Klopmann. Non, parce que les motards mettent les cyclistes en danger ! Aménager ces pistes cyclables aiderait par ailleurs Genève à respecter les normes fédérales en matière de protection de l'air et du bruit. A l'heure actuelle, Genève est plutôt en train de se bagarrer pour déterminer qui paiera les amendes plutôt que de tout mettre en oeuvre afin d'éliminer les nuisances, et cela est vraiment dramatique. Pourtant, le premier acte du plan cantonal de promotion de la santé et de prévention dit promouvoir une alimentation saine et une activité physique régulière avec des mesures agissant sur les comportements individuels et sur l'environnement. Pour encourager les gens à bouger plus, la première chose à faire serait de leur offrir l'opportunité de le faire de manière simple et sécurisée. Je vous assure que cette idée ne sort pas d'un délire écologiste parce que l'Office fédéral...

Le président. Il vous reste trente secondes.

Mme Sarah Klopmann. Je prends sur le temps de mon groupe !

Le président. C'est déjà fait.

Mme Sarah Klopmann. Déjà ? Ouh là là ! L'Office fédéral de la santé publique lui-même...

Le président. Il vous reste donc trente secondes. (Rires.)

Mme Sarah Klopmann. Heureusement que c'était prévu ! L'Office fédéral de la santé publique lui-même, avec son Programme national alimentation et activité physique - PNAAP - met en avant l'activité physique quotidienne comme facteur essentiel du maintien de la santé et stipule qu'un environnement propice aux mouvements quotidiens - dont font partie les pistes cyclables, c'est précisé - devrait inciter chacun et chacune d'entre nous à se dépenser physiquement, notamment lors de ses déplacements. J'ai donc un peu de peine à comprendre comment la majorité de ce parlement pourrait renier...

Le président. Il vous faut conclure.

Mme Sarah Klopmann. C'est ce que je fais ! Je peine à comprendre comment la majorité de ce parlement pourrait renier la volonté populaire...

Le président. Merci beaucoup.

Mme Sarah Klopmann. ...et, au-delà de ce déni démocratique, je trouve...

Le président. C'est terminé, Madame.

Mme Sarah Klopmann. ...qu'il serait catastrophique de... (Le micro de l'oratrice est coupé.)

Le président. Je vous remercie et passe la parole à M. le député Norbert Maendly.

M. Norbert Maendly (UDC). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, comme l'a dit le député Florey, il ne suffit pas de mentionner au travers de cette pétition que la volonté du peuple n'a pas été respectée en matière d'aménagements cyclables pour obtenir les investissements nécessaires. Au vu des finances du petit Etat, dont la dette a augmenté de 600 millions rien qu'en 2014, l'objectif de l'initiative 144 n'est pas prioritaire en matière de transport. La volonté de satisfaire les cyclistes est bien réelle, mais le manque de ressources financières pose problème.

Le développement des Transports publics genevois, fruit de grands efforts ces dernières années, permet de regrouper en un site aménagé une quantité importante de cyclistes de manière sécurisée. Il faut ajouter que le revenu prévu dans le budget 2015 du petit Etat n'est pas en mesure de supporter les 5 millions que demandent les pétitionnaires pour l'année en cours. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à consulter la diminution de la part du crédit programme pour les projets d'adaptation et d'extension des routes, qui est passée de 19,2 millions en 2012 à 14,6 millions en 2014, soit une diminution de 76%. L'UDC vous recommande de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

M. Guy Mettan (PDC). Quelques mots tout d'abord pour vous rappeler que le parti démocrate-chrétien avait été membre du comité d'initiative et signataire de l'IN 144 pour la mobilité douce et qu'à ce titre, notre conviction et notre engagement en faveur des pistes cyclables ne font aucun doute. Cependant, à titre personnel, je me suis opposé à cette pétition... enfin, je ne m'y suis pas vraiment opposé, j'étais simplement favorable à son dépôt pour les raisons que je vais vous exposer. Mais je tenais juste à préciser que notre groupe, suite aux discussions que nous avons eues en caucus, a adopté la liberté de vote.

Pour ma part, je ne changerai pas d'avis pour les raisons suivantes: j'ai dit que notre engagement en faveur de la mobilité douce était impérieux, et nous n'avons absolument pas changé d'avis dans ce domaine. Mais si vous lisez attentivement le rapport et notamment l'audition du magistrat, M. Barthassat, ici présent, ainsi que de Mme Barbey, cheffe de projet à la DGT et qui, je crois, est d'inspiration verte, vous constaterez que le département s'est réellement engagé en faveur de la mobilité douce, que des réalisations ont été menées, contrairement à ce qui a été prétendu, et que la mise en oeuvre de l'IN 144 n'a pas tardé. Simplement, il faut savoir si on veut tout, tout de suite, c'est-à-dire déposer 80 millions de francs sur la table et arrêter l'ensemble du trafic, les bus, les voitures, pour se consacrer uniquement à la mise en oeuvre de la mobilité douce, ou si on veut le faire graduellement, progressivement, en fonction des moyens à notre disposition.

C'est le discours que je tiens, qui est raisonné tout en étant axé sur la mise en oeuvre de cette initiative. Pour moi, il n'y a pas de doute sur cette volonté, la réaction est là, contrairement à ce qui a été prétendu tout à l'heure par Mme Klopmann, que j'ai écoutée se plaindre et dire qu'il n'y avait pas eu de plan directeur entre 2011 et 2014; mais c'est faux ! C'est même une magistrate verte qui s'en occupait. S'il y a un responsable à attaquer pour cette non-mise en oeuvre, c'est Mme Künzler, pas le magistrat actuel... (Remarque.) Oui, elle était en charge en 2011, que je sache ! Ce n'est donc évidemment pas la faute de la direction actuelle du département, à qui on ne peut pas faire de reproches pour des choses du passé. S'agissant du futur, je pense que le magistrat va s'exprimer à ce sujet, nous n'avons aucune crainte...

Le président. Il vous reste vingt-cinq secondes.

M. Guy Mettan. ...là-dessus. C'est la raison pour laquelle je maintiens ma position tandis que certains membres du groupe, eux, s'abstiendront ou plutôt voteront pour le renvoi au Conseil d'Etat.

Mme Anne Marie von Arx-Vernon. Eh bien je vais le dire moi-même !

M. Pascal Spuhler (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, encore une fois, cette pétition, en voulant prôner la mobilité douce, met en avant le vélo, rien que le vélo, tout pour le vélo ! En lisant l'invite qui demande d'investir immédiatement 20 millions pour la mobilité douce, on peut juste constater la brutalité des coûts de ladite mobilité douce. Mesdames et Messieurs, j'ai entendu la rapporteuse de minorité parler de priorité; hier soir, on a discuté des véhicules d'urgence et de la possibilité pour eux d'accéder aux voies de bus afin de gagner du temps dans la circulation et de pouvoir arriver plus vite sur telle ou telle intervention, rentrer à la caserne ou réaliser d'autres déplacements comme le transport de blessés ne nécessitant pas de feu bleu. Ça, ce n'était pas une priorité; en revanche, dessiner des pistes jaunes pour les vélos sur la route en est une ! Mesdames et Messieurs, l'initiative 144 a en effet été votée par le peuple, mais le département nous l'a bien expliqué en commission, et c'est reporté dans le rapport, il faut donner du temps pour faire le travail, il faut laisser du temps au temps, comme on dit; on ne peut pas investir uniquement dans la mobilité douce, il y a d'autres priorités dans ce canton que la petite reine ou, en l'occurrence, le plaisir personnel des Verts dans ce parlement.

M. Christian Frey (S). Mesdames et Messieurs, il n'est pas populaire ni très bien vu de parler de vélo et de pistes cyclables en ce moment, et j'espère pouvoir intervenir sans expressions de ras-le-bol de certaines personnes. J'aimerais simplement dire que je ne sais pas d'où est tiré ce chiffre de 80 millions; le texte de la pétition parle de 20 millions étalés sur quatre ans, ce qui correspond à 5 millions par année entre 2014 et 2017, montant qu'il ne me semble pas impossible de trouver pour les raisons invoquées notamment par la rapporteuse de minorité.

Il est très intéressant de lire la conclusion du rapport de majorité: on a l'impression de se trouver quelque part dans le canton de Vaud - je suis moi-même originaire de ce canton ! On écrit que «l'aménagement du réseau des pistes cyclables se réalise et prend forme petit à petit malgré les restrictions budgétaires», puis on reprend ce que le rapporteur de majorité a d'ailleurs exprimé à plusieurs reprises, à savoir «il convient» - j'essaie de prendre l'accent vaudois - «de laisser le temps au temps». Demander 5 millions par année entre 2014 et 2017 spécifiquement pour réaliser un objectif que le peuple a voté dans le cadre d'une initiative ne paraît pas exagéré, ne semble pas dépasser les moyens de la république. C'est la raison pour laquelle il faut renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat afin qu'il planifie, réalise et budgétise de manière précise et qu'on ne dise pas simplement: «Il faut donner du temps au temps !»

Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à Mme la députée Anne Marie von Arx-Vernon pour quinze secondes.

Mme Anne Marie von Arx-Vernon (PDC). Oui, merci, Monsieur le président. J'ai la conviction qu'il est important de mettre en place l'initiative que le peuple a votée et dont le parti démocrate-chrétien était cosignataire, et c'est pour cette bonne raison que nous devons renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. En effet, je fais partie de l'aile du PDC qui fait confiance au Conseil d'Etat ! Je vous remercie. (Quelques applaudissements.)

Le président. Je vous remercie, Madame la députée, et cède la parole à M. Jean-François Girardet, à qui il reste une minute trente.

M. Jean-François Girardet (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, que demande cette pétition ? Elle demande que soit réactivée l'initiative 144, qui prévoit que l'Etat dresse un plan directeur de la mobilité douce et aménage des pistes cyclables dans un délai de huit ans, soit d'ici 2019. Mais on est loin de 2019 ! Il va encore en couler, de l'eau sous les ponts, surtout sous celui du Mont-Blanc puisque les grands axes sont aujourd'hui mobilisés, utilisés, fréquentés par les cyclistes une fois par mois lors de la Critical Mass, manifestation non autorisée, qui agace la population en rassemblant des cyclistes contre toute autorisation, et contre-productive puisque les automobilistes sont parfois même agressés par des cyclistes qui leur interdisent de circuler un vendredi soir. En dehors de ça, les communes...

Le président. Il vous reste trente secondes.

M. Jean-François Girardet. Merci, Monsieur le président. ...sont largement sollicitées, et j'ai bien souligné en commission que les pistes cyclables, stationnements pour vélos sécurisés et abrités des intempéries, traversées piétonnes sûres et carrefours conçus pour encourager la mobilité douce sont à la charge des communes. Je parle notamment de celle de Meyrin, que je connais particulièrement bien et qui a investi énormément d'argent sous l'égide et sur la demande...

Le président. Il vous faut conclure.

M. Jean-François Girardet. ...du conseiller administratif vert, lequel a jauni toutes les rues de la commune ! Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Roger Deneys, qui dispose encore d'une minute et dix secondes.

M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je m'étonne des propos tenus par les préopinants UDC, que ce soit le rapporteur ou le membre du groupe. J'entends les représentants de l'UDC dire que nous ne disposons pas de 20 millions sur quatre ans pour la mobilité douce; franchement, venant d'un parti qui a prôné une traversée de la rade à plus d'un milliard, je ne comprends pas: comment est-il possible de venir dire qu'on ne trouve pas 20 millions sur quatre ans pour la mobilité douce, Mesdames et Messieurs les députés ? Des arguments pareils, ce n'est tout simplement pas sérieux.

L'autre argument avancé par M. Florey est que ça coûtera en fait beaucoup plus cher. Eh bien, soit ! Nous avons ici une pétition qui demande 20 millions sur quatre ans pour réaliser un certain nombre d'aménagements. Certes, les communes font des efforts, ou en tout cas certaines d'entre elles, mais le canton, Mesdames et Messieurs les députés, est malheureusement aux abonnés absents. Alors ça dépend évidemment de la majorité politique de ce Grand Conseil, et nous le déplorons...

Le président. Il vous reste quinze secondes.

M. Roger Deneys. ...mais ça dépend aussi du Conseil d'Etat qui, aujourd'hui, ne vient pas demander de moyens suffisants pour mettre en oeuvre de façon pragmatique et ponctuelle, là où c'est possible, quand il y a des chantiers...

Le président. Il vous faut conclure.

M. Roger Deneys. ...cette initiative que le peuple a acceptée ! Mesdames et Messieurs les députés, il faut renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.

M. Jean Romain (PLR). Chers amis, il est difficile de suivre l'opinion de la minorité, qui dit et répète cette phrase à l'envi, comme mâchant dans un immense chewing-gum collectif: «Nous avons l'argent, mais il n'est pas mis au service des priorités.» C'est une phrase que l'on peut évidemment répéter dans n'importe quelle situation, mais tel n'est pas le cas. L'Etat n'a pas attendu cette pétition pour prendre en compte les vélos à Genève, Dieu merci. Les pistes cyclables existent - on en a fait jusqu'à Soral ! - et sont même largement sous-employées. Il est vrai que le réseau n'est pas encore achevé, mais il est hors de question qu'une pétition vienne articuler le chiffre précis d'un montant que nous devrions débourser; cela tend à rejoindre la logorrhée de Mme le rapporteur de minorité.

Laisser du temps au temps, comme le sait le député Frey, est un mot de son compatriote, coreligionnaire ou en tout cas co-politique François Mitterrand; mais l'expression vient de Cervantès, c'est lui qui l'avait utilisée et, tout le monde le sait, Cervantès avait le tort de vouloir combattre les moulins à vent. Eh bien pour ce qui est des vélos à Genève, chers collègues, nous sommes à des kilomètres de Cervantès et de Don Quichotte ! Nous avons certaines choses qui ne sont certes pas tout à fait complètes, mais qui existent bel et bien, et l'Etat prend en compte, tout comme la grande majorité des gens de ce parlement, les vélos genevois. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je donne la parole au rapporteur de majorité pour une minute dix-sept.

M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de majorité. Formidable ! Je vous remercie, Monsieur le président. Je le répète, il me semble qu'un élément de départ n'a pas été compris: il ne s'agit plus ici de s'opposer à l'initiative en tant que telle, ce point a été accepté et tout le monde le prend en compte. Mais il faut tout de même relever que ces quatre dernières années, selon les chiffres du département, près de 100 kilomètres de pistes cyclables ont été aménagés, dont 60 kilomètres sur les routes cantonales ! Alors prétendre que l'Etat ne fait rien est totalement faux puisque, selon les moyens que lui donne notre Grand Conseil, il fait ce qu'il peut, en l'occurrence 60 kilomètres. Les 20 millions demandés...

Le président. Il vous reste trente secondes.

M. Stéphane Florey. ...dans la pétition, on le sait, ne seront pas suffisants pour réaliser la totalité du réseau, et c'est là-dessus que M. Frey avait une interrogation. En fait, on nous a clairement démontré que ça nous coûterait grosso modo plus de 80 millions. Par ailleurs, il faut bien comprendre que nous n'avons aucune maîtrise sur le réseau...

Le président. Il vous faut conclure.

M. Stéphane Florey. ...qui concerne les communes, et c'est pour ça qu'il faut aussi laisser celles-ci investir leur part. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à M. Patrick Saudan pour une minute trente.

M. Patrick Saudan (PLR). Merci, Monsieur le président. Je suis désolé pour mon retard, je prends ce débat en route donc j'ignore ce qui a été dit précédemment. Pour répondre au rapporteur de majorité, j'aimerais juste vous rendre attentifs à un point, Mesdames et Messieurs: l'Etat fait quelque chose pour les vélos, oui, mais il ne fait pas assez ! En effet, ce n'est plus une seule question de mobilité, Monsieur le rapporteur de majorité, c'est une question de santé publique. Hier, nous avons parlé de l'urgence de construire des logements à Genève; quant à moi, j'aimerais vous parler d'une autre urgence, celle de lutter contre la «diabésité» à Genève et dans le monde occidental en général. Notre population devient de plus en plus sédentaire, de plus en plus grosse: deux tiers de la population adulte au-dessus de 35 ans est en surpoids à Genève et, on le sait, le seul moyen d'améliorer cette situation est d'augmenter l'usage de la mobilité douce, c'est-à-dire la marche et le vélo. Cela fait rire tout le monde, mais j'aimerais poser une simple question à ce parlement: pour vous, le vélo est de gauche, le vélo est écologiste. Alors expliquez-moi pourquoi une organisation professionnelle très à droite comme l'Association des médecins du canton de Genève soutient à l'unanimité les initiatives pour le vélo ?

Le président. Il vous reste vingt-cinq secondes.

M. Patrick Saudan. A l'unanimité ! Parce que nous sommes tout à fait conscients que le seul moyen d'éviter cette épidémie de diabète et d'obésité qui est en train de nous faire crever, c'est d'augmenter le recours à la mobilité douce au sein de notre population. Voilà pourquoi, pour ma part, je soutiens le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat. Je vous remercie. (Applaudissements.)

M. Luc Barthassat, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, s'agissant de l'initiative 144, il a été dit à plusieurs reprises que tout est une question de moyens, moyens dont ma prédécesseure ne disposait pas et dont je ne dispose pas non plus aujourd'hui. A l'heure actuelle, dans mon budget, j'ai à peu près 1 million par année pour répondre à certaines priorités concernant la mobilité douce. Il est vrai que nous n'avons pas pu réaliser tout ce que d'aucuns demandaient, mais nous avons malgré tout fait certaines choses: sur toutes les nouvelles infrastructures cantonales, par exemple, nous aménageons des pistes cyclables, si possible en site propre pour assurer la sécurité, comme cela a été effectué dernièrement au rondeau de Carouge.

Certes, il demeure quelques points noirs s'agissant des pistes cyclables en place ou à faire, mais nous manquons de moyens. J'ai dit à plusieurs reprises que j'allais déposer un projet de loi demandant 2 millions par année au Conseil d'Etat - montant qui figure également dans le PDI présenté au Conseil d'Etat - pour essayer de trouver des solutions. En sus du million que j'ai à disposition, cela en ferait 3; ajoutez à cela un appel du pied à la Ville de Genève pour qu'elle fasse de même avec 2 millions et nous pourrions peut-être enfin réunir les 5 millions entre le canton et la Ville.

Pourquoi vous dis-je cela ? Tout simplement, Mesdames et Messieurs, parce que sans vouloir critiquer ce qui s'est fait ou pas avant mon arrivée au département, je voudrais tout de même vous signaler que les points noirs concernant les cyclistes se situent en ville de Genève; or, en ville de Genève, ce sont des gens proches de vos milieux, Madame la rapporteuse. Le mieux n'est pas de s'invectiver mais de trouver ensemble les moyens pour avancer dans ce dossier et fournir les fonds nécessaires, ceci afin que le politique, que ce soit dans cet hémicycle ou ailleurs, prenne ses responsabilités.

Voilà, Mesdames et Messieurs. S'agissant enfin du plan d'action sur la mobilité douce, je l'ai présenté aux communes pas plus tard que cette semaine, je l'ai ici dans les mains et j'attends un retour des communes d'ici la mi-mai pour pouvoir vous le présenter fin mai ou début juin, après son passage au Conseil d'Etat. Merci de votre attention.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous allons maintenant... Oui, Monsieur Deneys ?

M. Roger Deneys (S). Je demande le vote nominal !

Le président. Etes-vous soutenu ? (Plusieurs mains se lèvent.) Vous l'êtes. Nous passons ainsi au vote nominal sur les conclusions de la majorité de la commission, c'est-à-dire le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 1922 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont rejetées par 43 non contre 42 oui et 6 abstentions (vote nominal). (Commentaires pendant la procédure de vote. Exclamations et applaudissements à l'annonce du résultat.)

Vote nominal

Le président. Mesdames et Messieurs les députés... (Brouhaha. Un long moment s'écoule.) J'attends ! (L'assemblée fait silence.) Je vous remercie. Le dépôt ayant été refusé, je vous demande de vous prononcer sur un renvoi au Conseil d'Etat. Si celui-ci... (Remarque.) Puis-je terminer, Monsieur le député ? Si celui-ci est refusé, cette pétition sera classée.

Mises aux voix, les conclusions de la minorité de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 1922 au Conseil d'Etat) recueillent 45 oui, 45 non et 1 abstention. (Exclamations.)

Le président. Je tranche en votant contre le renvoi au Conseil d'Etat. (Applaudissements. Huées.)

Les conclusions de la minorité de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 1922 au Conseil d'Etat) sont donc rejetées par 46 non contre 45 oui et 1 abstention.

La pétition 1922 est donc classée.