Séance du
vendredi 17 avril 2015 à
15h
1re
législature -
2e
année -
4e
session -
25e
séance
P 1925-A
Débat
Le président. Nous entamons le chapitre des pétitions, en catégorie II, trente minutes, avec la P 1925-A. Je donne la parole au rapporteur de majorité, M. Stéphane Florey.
M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Si, lors de sa création en 1974, le CAR revêtait une certaine utilité, il n'en est malheureusement plus de même aujourd'hui, ceci pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la commission a clairement déterminé qu'il y avait un doublon avec Genève Tourisme. De plus, avec l'avènement des nouvelles technologies telles qu'Internet, tous les renseignements disponibles au CAR peuvent largement être trouvés sur le web; or il faut bien comprendre que le CAR vise particulièrement les jeunes, qui sont friands de ces nouvelles technologies. Même si certaines personnes s'adressent au CAR, puisque apparemment ce service est encore utilisé, il n'est pas certain qu'elles y trouvent beaucoup d'informations complémentaires.
Enfin... (Brouhaha.) Il y a beaucoup de bruit, j'ai de la peine à me concentrer ! Enfin, si les gens utilisent ce service, c'est parce qu'ils voient un panneau avec l'indication «CAR - Renseignements pour touristes» en débarquant de la gare. Toute personne apercevant un bureau d'information où elle est susceptible de trouver des renseignements va forcément s'y rendre. Si le local de Genève Tourisme était placé au même endroit à la descente du train, visible par tous les voyageurs, il se passerait exactement la même chose, c'est-à-dire que le touriste débarquant irait à Genève Tourisme plutôt qu'au CAR. Pour ces raisons principalement, la majorité de la commission des pétitions a jugé qu'il y avait un vrai doublon par rapport à ce que propose Genève Tourisme et vous invite donc à suivre ses conclusions en déposant la pétition 1925 sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
Mme Isabelle Brunier (S), rapporteuse de minorité. Au premier abord, on pourrait penser qu'il s'agit là d'un point mineur; en réalité, il illustre, en tout cas à mes yeux et à ceux de la minorité de la commission des pétitions, un nouvel épisode de cet affrontement entre deux visions de Genève qui ressort très souvent dans nos débats: automobilistes ou cyclistes, logements d'utilité publique ou PPE, on retrouve ce même clivage entre deux conceptions de Genève, ce qui est fort dommage parce qu'en réalité, elles devraient exister non pas de façon contradictoire mais complémentaire.
Le Conseil d'Etat a décidé de déléguer la gestion du tourisme à une fondation de droit privé, laquelle - et il me semble que cela ressort de mon rapport de minorité - favorise la Genève du luxe, la Genève du paraître. Pour l'historienne que je suis, il est piquant de le constater. En effet, aux XVIe, XVIIe ou XVIIIe siècles, les personnes à l'origine du fleuron de notre industrie qu'est l'horlogerie de luxe sont certainement arrivées sac au dos voire pieds nus, avec leur seul savoir dans la tête et les doigts. En arrivant ici à ces époques-là, elles n'étaient pas sûres d'y trouver bon accueil, elles n'étaient peut-être que de passage, on ne peut pas assimiler ça à du tourisme. N'empêche qu'elles voyageaient avec des moyens modestes, simplement avec leur savoir-faire, et ont trouvé ici un lieu pour le faire s'épanouir. Au final, c'est ce fleuron de l'horlogerie qui est maintenant mis en avant, on essaie d'attirer les gens en fonction de cette qualité de notre ville au détriment, semble-t-il, d'autres formes de tourisme plus modestes. Il est dommage de relever qu'au gré des différents crédits votés ou des suppressions de subventions, telles que celle regrettée dans cette pétition, c'est une seule vision de Genève qui est favorisée. Visiblement, il s'agit là d'un choix du Conseil d'Etat puisqu'il a délégué la gestion du tourisme à Genève Tourisme & Congrès il y a quelques années.
Il conviendrait aujourd'hui de faire un bilan de cette délégation, de vérifier la manière dont notre ville et notre canton sont présentés à l'étranger à travers les choix de cette fondation de droit privé. C'est d'ailleurs pour cela que la minorité de la commission tente de renvoyer cet objet au Conseil d'Etat: nous estimons qu'il y aurait vraiment matière à faire un bilan de la gestion du tourisme par Genève Tourisme & Congrès. Il n'y a qu'à voir leurs brochures de présentation ou même le style de leurs nouveaux locaux dans l'enceinte de la poste du Mont-Blanc pour se rendre compte qu'on vise une certaine clientèle ! Nous aimerions donc beaucoup qu'un bilan de cette gestion finalement assez récente soit réalisé, de même que vérifier auprès de la population si l'image véhiculée à l'étranger correspond bien à la réalité des habitants de notre canton et à la vision qu'ils ont d'eux-mêmes. C'est la raison pour laquelle nous désirerions renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.
Le président. Merci, Madame la rapporteure. Je vous informe que vous avez empiété sur le temps de votre groupe. La parole est à M. le député Bernhard Riedweg.
M. Bernhard Riedweg (UDC). Merci, Monsieur le président. L'Etat, auquel cette pétition est adressée, n'est plus à même de se prononcer sur la promotion touristique à Genève. En effet, il a délégué cette tâche, à juste titre d'ailleurs, à la fondation de droit privé Genève Tourisme, qui a désormais la compétence de sélectionner les subsides qu'elle accorde sous sa responsabilité à des associations engagées dans le même créneau d'activité. Prétendre que Coordination Accueil & Renseignements existe depuis quarante ans n'est plus un argument de maintien de cette association, les jeunes préférant se renseigner sur Internet dont ils disposent à n'importe quel endroit et à n'importe quelle heure.
En n'accordant plus la totalité de la subvention au CAR, Genève Tourisme ne fait que réunir deux activités similaires en une seule, d'où une économie substantielle, tout en supprimant un doublon. Tous les voyageurs - jeunes, moins jeunes et seniors - disposent d'écrans tactiles dans les locaux très bien placés de Genève Tourisme, situés dans le bâtiment de la poste à la rue du Mont-Blanc. Faut-il rappeler que Genève Tourisme continue à verser 6500 F pour la publication de la brochure éditée par le CAR, dont le site d'exploitation est très proche du sien ? La Ville de Genève accorde elle aussi une subvention à cette association. L'argument selon lequel il faut préserver des places de travail pour les jeunes et les étudiants n'en est pas un puisqu'il ne s'agit dans le cas présent que de postes occupés trois mois par année. Avec les nouvelles technologies, le CAR n'a plus la valeur ajoutée qu'il avait autrefois. Lorsqu'on voit sa roulotte à la rue du Mont-Blanc, cela ressemble davantage à un local d'injection !
Une voix. Bravo !
M. Bernhard Riedweg. Comme le rapporteur de majorité vous l'a recommandé, cette pétition est à déposer sur le bureau du Grand Conseil. Merci, Monsieur le président.
Mme Sarah Klopmann (Ve). Je suis très choquée par ce que je viens d'entendre de la part du dernier orateur mais je ne vais même pas répondre tellement c'était lamentable. D'abord, j'aimerais dire que non, la commission n'a pas trouvé que le CAR n'avait plus son utilité. Une minorité n'était d'ailleurs pas d'accord avec le dépôt de cette pétition, que nous souhaitons soutenir justement parce que nous estimons que le CAR est encore utile. Même la grande partie de la majorité, qui a quand même souhaité le dépôt de cette pétition, n'a pas trouvé que le CAR n'avait plus son utilité, elle n'a simplement pas souhaité défendre une autre vision du tourisme à Genève et a considéré qu'une unique vision du tourisme - aseptisé, pour les riches - suffisait, ce qui est faux. Le CAR s'adresse à certaines personnes qui ne vont pas à Genève Tourisme, donc ce n'est pas un doublon.
On nous parle des nouvelles technologies qui s'adresseraient aux jeunes et rendraient le CAR inutile. Je pense qu'il est faux de dire que les renseignements fournis par le CAR se retrouvent sur Internet; au contraire, on trouve sur le web des informations très officielles données par l'office du tourisme conventionnel alors que le CAR, lui, fournit des bons plans, des idées de choses à visiter, à faire ou à voir beaucoup plus alternatives, plus cachées, moins officielles, qu'on ne trouve pas forcément sur Internet. Ce sont des jeunes qui s'adressent aux jeunes et, grâce à ça, ils peuvent par ailleurs avoir un emploi pendant l'été. Pendant de nombreuses années, Genève était une ville très visitée par les touristes jeunes parce que c'était un endroit où il y avait plein de choses à faire dans le milieu alternatif, festif et culturel underground. Or tout ça disparaît maintenant et, de toute façon, même ce qui persiste ne peut plus être montré aux touristes puisque le CAR va disparaître, c'est dommage.
Lorsqu'il est intervenu tout à l'heure, le rapporteur de majorité a davantage fait part de sa propre position plutôt que de rendre compte des discussions de commission, ce que je trouve assez dommage. Les Verts ne sont pas du tout d'accord avec le fait que Genève n'offre plus que le reflet d'une seule vision du tourisme; ils sont aussi désolés, pour ne pas dire plus, que lorsqu'une fondation se crée et que toutes les subventions sont réunies...
Le président. Il vous reste trente secondes.
Mme Sarah Klopmann. ...celles-ci ne soient finalement pas redistribuées mais données à un seul et unique acteur: cela est lamentable. Nous soutiendrons cette pétition.
M. Jean Romain (PLR). Chers collègues, à notre avis, le CAR fait quelque peu double emploi. Il est évident qu'il ne faut pas mal accueillir les jeunes qui arrivent sac au dos, il ne faut pas dénigrer cette clientèle qui peut revenir plus tard avec autre chose qu'un sac à dos, donc le CAR peut faire ce travail-là. Mais les jeunes n'ont pas besoin d'un service touristique qui leur soit spécifiquement consacré. Je ne suis pas tout à fait d'accord d'avoir une vision de Genève où les jeunes parlent aux jeunes et les vieux parlent aux vieux. Au contraire, chers collègues, l'office du tourisme ne s'adresse aucunement à la seule clientèle aisée, il n'y a pas qu'une seule vision de notre pays. L'office du tourisme s'adresse à tous: aux riches comme aux pauvres, aux puissants comme aux faibles, aux étrangers comme aux Suisses. La Ville de Genève a conclu un partenariat avec Genève Tourisme, ils ont signé le 12 mars 2015 une sorte de convention qui ouvre quelque chose de nouveau, et je pense que c'est dans cette voie-là que nous devons aller. Ne supprimons pas tout accueil mais suivons tout de même la majorité de la commission. Le PLR soutiendra le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
Mme Magali Orsini (EAG). Ensemble à Gauche trouve extrêmement mesquin de couper cette subvention de 25 000 F à une organisation qui existe depuis 1974, a fait ses preuves et concernait encore 25 000 personnes en 2013, tout cela parce qu'on veut donner une image de marque la plus luxueuse et bling-bling possible, en oubliant des catégories de population qui ne sont pas concernées par le luxe effréné qu'on veut sans arrêt nous mettre sous les yeux. Evidemment, Ensemble à Gauche fera tout pour aider une association connue dans le monde entier pour les services qu'elle rend: elle est citée par le «Petit Futé», le «Guide du routard», c'est quelque chose d'original, de convivial et de chaleureux, et nous demanderons le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat.
M. Christian Frey (S). S'agissant du contenu, je n'ai pas beaucoup de choses à ajouter à l'excellent rapport de la rapporteuse de minorité; j'aimerais donc juste attirer votre attention sur un aspect du travail que fait le CAR mais que ne fait pas Genève Tourisme. J'ai raconté, dans le cadre des travaux de commission, que j'étais allé visiter les locaux de cette fondation dans l'ancien bâtiment de la poste, des locaux effectivement très beaux, très papier glacé, avec des hôtesses d'accueil en tailleur Chanel. Ce n'est pas là-bas - je le répète, j'en ai fait l'expérience - que les jeunes vont se rendre.
Vous savez que beaucoup de jeunes en vadrouille ont des problèmes sociaux, ce sont des «backpackers» qui consomment peut-être un produit ou un autre, et le CAR joue manifestement aussi un rôle de prévention. J'insiste là-dessus: cette prévention sociale et cette orientation vers d'éventuels équipements existant à Genève, ce n'est pas la fondation Genève Tourisme avec ses hôtesses qui va les faire. Une telle prestation est donc absolument nécessaire. La Ville de Genève continue à subventionner le CAR, et c'est dommage que se passe une sorte de transfert de l'Etat vers la Ville de Genève, qui va s'occuper des «backpackers» ayant besoin de conseils spécifiques. C'est la raison pour laquelle le groupe socialiste vous propose, avec insistance, de ne pas faire l'impasse sur cette pétition...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Christian Frey. ...mais de la renvoyer au Conseil d'Etat. Je vous remercie.
M. Pascal Spuhler (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, l'image de l'institution Genève Tourisme que nous dépeint la gauche est assez ridicule et symbolique: les jeunes sont des traîne-savates et les hôtesses d'accueil portent toutes un tailleur Chanel ! Pas mal, comme image pour le tourisme genevois ! Non, Mesdames et Messieurs, ce n'est pas aussi simple que ça. Genève Tourisme a fait d'énormes efforts entre l'année 2013 et aujourd'hui pour installer et mettre à disposition du public et des touristes, dans son local de réception à la rue du Mont-Blanc, des postes didactiques où on peut s'informer et faire des recherches. Il y a effectivement des hôtesses ou des hôtes d'accueil pour renseigner, mais qui ne sont pas forcément en Chanel - je peux vous le garantir, Monsieur Frey - puisque ce sont de jeunes et modestes employés. D'ailleurs, je ne savais pas que Genève Tourisme payait aussi bien ! Ce matériel est donc mis à disposition de tous les touristes de Genève, en plusieurs langues.
Genève Tourisme fait également un énorme effort pour développer le tourisme de randonnée, le tourisme de week-end, le tourisme familial, et il ne faut pas venir maintenant en disant qu'on n'a pas de réponse pour les jeunes. Aujourd'hui, les jeunes sont bien plus intelligents que nous, bien plus équipés également en termes d'accès à l'information, ils n'ont pas besoin de ce CAR qui ressemble vraiment, comme l'a dit M. Riedweg, à un local bizarre à la sortie de Métro-Shopping - peut-être même n'est-il pas forcément au bon endroit. Non, les jeunes n'ont pas besoin d'aller là-bas, ils ont sûrement bien plus d'informations que ce qu'on veut bien leur donner dans ce fameux CAR, qui distribue principalement des bouts de papier qu'on distribue également à Genève Tourisme. Mesdames et Messieurs, je ne peux que vous recommander de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.
Je voudrais encore ajouter une chose. Si le CAR a obtenu cette subvention pendant près de quarante ans, c'est parce qu'il y avait un besoin et que l'information n'était pas aussi performante qu'aujourd'hui. Il y avait aussi cette mode très années 70 du routard qui se promenait de ville en ville et grappillait des informations par-ci, par-là. De nos jours, cette mode du routard est terminée. Elle est terminée ! Le CAR, s'il veut des subventions... Genève Tourisme n'a plus vocation à donner des subventions annuelles, on a voté une loi dans ce Grand Conseil pour la remodélisation de Genève Tourisme en une fondation, et celle-ci n'a plus pour fonction de donner des subventions annuelles comme elle le faisait avant pour le CAR; elle peut subventionner des événements particuliers, un festival ici, une action spécifique là...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Pascal Spuhler. Je vais finir, Monsieur le président. Elle n'a plus pour fonction de subventionner l'association CAR, qui peut s'adresser à d'autres entités de subventionnement telles que la Ville de Genève, l'Etat ou la Fondation Wilsdorf par exemple. Je vous recommande donc de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.
M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de majorité. J'aimerais juste revenir sur deux ou trois petites choses que j'ai entendues. Tout d'abord, je tiens à préciser que je n'ai fait que relater la position de la majorité de la commission, et non ma propre opinion. Ensuite, le rapport de minorité mentionne que le CAR est gratuit; mais les services de Genève Tourisme le sont aussi ! Par ailleurs, ce n'est pas le Conseil d'Etat qui a pris la décision de couper la subvention, c'est bel et bien notre Grand Conseil, lorsqu'il a voté la nouvelle loi sur le tourisme, qui a donné cette compétence à la fondation Genève Tourisme. Enfin, faire la différence entre le tourisme des personnes à revenu modeste et le tourisme de luxe est vraiment une mauvaise idée de la part de la minorité. Genève Tourisme s'adresse à toutes les couches de la population et est à même de leur proposer des services...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Stéphane Florey. ...en relation avec leur budget. Pour ces raisons, je réitère la proposition de la majorité, à savoir le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
M. Pierre Maudet, conseiller d'Etat. Très rapidement, j'aimerais rappeler quelques éléments de forme et de fond. Sur le fond d'abord, le Grand Conseil a décidé, par le truchement de la loi sur le tourisme et la recréation de la fondation à laquelle vous avez fait référence tout à l'heure, d'une part d'éloigner la politique publique du tourisme de l'enceinte parlementaire, et d'autre part que le Conseil d'Etat lui-même demande, environ une fois par législature, un concept ou une stratégie touristique. Il se trouve que la fondation est en phase d'élaboration de cette stratégie, qui sera largement communiquée. A ce moment-là, il y aura tout lieu de discuter du contenu, de déterminer si cet instrument répond aux besoins des différentes cibles et populations touristiques concernées.
Je voudrais insister sur la nécessité pour notre ville de se renouveler en la matière et de ne pas tomber dans la caricature. Présenter le jeune touriste d'aujourd'hui comme étant quasiment en guenilles, sac au dos et potentiellement concerné par des problèmes sociaux, c'est tout de même légèrement réducteur, notamment si l'on tient compte de l'évolution ne serait-ce que du transport aérien, qui amène sur les routes d'Europe beaucoup de jeunes ayant tout à fait les moyens de visiter notre pays. A l'inverse, il ne faut pas non plus tomber dans l'autre caricature, celle du tailleur Chanel. Je veux souligner ici le travail important réalisé par la fondation pour le tourisme. Peut-être avez-vous aperçu cet été ces personnes en tenue fluorescente qui renseignent les touristes perdus, leur donnent des informations ? Aujourd'hui, on s'adresse à tout le monde de façon assez large.
Quant à la forme, Mesdames et Messieurs, il est important pour le Conseil d'Etat de vous préciser ceci: vous avez choisi de vous départir de la politique publique du tourisme par le biais de cette fondation et, comme le rapporteur de majorité l'a bien dit tout à l'heure, ce n'est pas le Conseil d'Etat qui a décidé de couper la subvention, c'est vous ! Vous avez proposé de faire passer la subvention de 940 000 F en 2006 à 545 000 F en 2011, puis à plus rien du tout aujourd'hui. Résultat: on ne donne plus de subvention directe à la fondation pour le tourisme, la Ville de Genève d'ailleurs non plus - ce doit être la seule ville au monde qui ne contribue pas directement à l'acteur qui préside aux destinées du tourisme sur son territoire, ce qui est assez singulier pour être souligné. De ce point de vue là, si elle souhaite soutenir le CAR à hauteur des quelques milliers de francs évoqués, grand bien lui fasse, on ne pourra même pas intégrer cela dans les mesures de désenchevêtrement. Je rappelle qu'une subvention n'est pas une rente de situation, il doit y avoir la possibilité - après quarante ans, ce doit être possible - de contester le versement automatique d'une somme.
Ce que je veux dire, c'est que si on a un tel débat pour ces quelques milliers de francs, je peux d'ores et déjà vous annoncer, au nom du Conseil d'Etat, que les semaines à venir seront extrêmement pénibles. En effet, le domaine du tourisme est une chose, mais avec ce qui s'annonce notamment s'agissant du budget 2016, les débats nous réservent bien des difficultés. Alors s'il vous plaît, Mesdames et Messieurs, réservons ces débats-là à la fondation, laquelle est généreuse et distribue chaque année des sommes très importantes sur la base des 15 millions de ponctions par le biais des taxes, mais sans automatisme, sans les renouveler chaque année. Si vous estimez que les jeunes touristes sont mal considérés, nous en parlerons sur la base de la stratégie touristique qui sortira prochainement, et je me réjouis d'en discuter avec vous parce que c'est la préoccupation du Conseil d'Etat que de rassembler les différents publics et de n'être ni monomaniaque quant à un seul type de touriste, ni caricatural. Quant à la forme, et j'insiste là-dessus, si nous en venons à ce type de débat pour quelques milliers de francs, on doit prévoir de grandes difficultés pour les semaines et les mois à venir.
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat...
Une voix. Vote nominal !
Le président. Etes-vous soutenu ? (Plusieurs mains se lèvent.) Oui, c'est le cas. Mesdames et Messieurs, je vais d'abord vous faire voter sur les conclusions du rapport de majorité, soit le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 1925 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 53 oui contre 30 non et 1 abstention (vote nominal).