Séance du
jeudi 12 mars 2015 à
17h
1re
législature -
2e
année -
3e
session -
14e
séance
M 2194-A et objet(s) lié(s)
Débat
Le président. Nous passons au point suivant. Nous sommes en catégorie II, quarante minutes. Je passe la parole au rapporteur de majorité, M. Jean Romain.
M. Jean Romain (PLR), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Bien chers collègues, Jean-Louis ! (L'orateur rit.) L'un des signes d'une imperceptible mutation d'une fraction toujours croissante des augustes députés de cette enceinte, lorsqu'il s'agit de l'école, c'est qu'ils refusent d'avaler les bobards qu'on leur a servis durant des années et qu'on leur a présentés comme indiscutables. De l'air ! Voilà ce que demandent les députés de 2015 ! Voilà ce que vous demandez, chers collègues: de l'air ! Mais on va donc, assez logiquement, encore vous servir aujourd'hui trois bobards dont le but est d'escamoter le réel. Le premier consistera à vous dire que, bien que partout ailleurs en Suisse on forme les instituteurs en trois ans, à Genève, en raison d'un particularisme local auquel personne n'a jamais rien compris, il faut qu'on les forme en quatre ans. Pourquoi ? Simplement parce que plus on est formé en matière pédagogique, meilleur on est ! D'ailleurs, à la page 143 du rapport, on vous suggère une formation initiale «en quatre ans, voire plus !». Cinq ? six ? sept ? Où est-ce qu'on va s'arrêter ? (Brouhaha.)
Le deuxième bobard est de prétendre que lorsqu'on forme des instituteurs en quatre années, ils sont plus généralistes que tous les autres en Suisse. C'est-à-dire qu'ils peuvent enseigner dans tous les degrés, de la première à la huitième primaire. Les autres, les pauvres, formés en trois ans seulement, doivent choisir entre le premier cycle, soit les tout-petits, et le deuxième cycle, soit le cycle moyen. C'est faux: le diplôme suisse est reconnu par la CDIP et donne le droit d'enseigner dans tous les degrés de l'école primaire.
Le troisième bobard qu'on va essayer de vous faire avaler est lié à la pratique: à Genève, on forme les candidats à autant de stages pratiques que dans les HEP. C'est faux si par pratique on entend le fait de mettre le candidat dans une situation qui ressemble le plus possible à ce que sera son travail face à une classe. En troisième année dans la HEP Vaud, les candidats sont pendant six mois seuls devant leur classe. A Genève, cela représente neuf jours non consécutifs, si et seulement si le titulaire est malade ou en formation continue.
Soyons clairs, chers collègues: le bon sens consiste à permettre aux Genevois - qui font leur maturité à 19 ans, alors que presque partout ailleurs sauf dans trois cantons, c'est à 18 ans - de ne pas terminer quatre ans plus tard, après un cursus trop théorique parce qu'universitaire, quand ailleurs, partout, c'est trois ans.
Notre IUFE fait fuir les candidats vers les autres HEP, Lausanne en particulier. Les chiffres sont éloquents: 82 candidats en tout - 82 ! - sont partis pour Lausanne, dont 47 pour l'enseignement primaire. 47 candidats pour l'enseignement primaire ont fui Genève pour aller suivre des cours en trois ans à Lausanne ! Prenez votre calculette, chers collègues: non seulement Genève ne reçoit pas de la Confédération la subvention pour ses universitaires, mais encore, Genève doit payer au prix fort les HEP vaudoises pour chacun d'eux, puisque les HEP ne sont pas subventionnées. Nous sommes doublement perdants !
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le rapporteur.
M. Jean Romain. Je termine, Monsieur le président. Nous sommes doublement perdants, et pour quel résultat ? La queue du classement PISA. De l'air ! S'il vous plaît, de l'air ! (Quelques applaudissements.)
Une voix. Bravo !
M. Jean Romain. Acceptons cette motion et déposons la pétition sur le bureau du Grand Conseil comme le demande la majorité de la commission.
Mme Caroline Marti (S), rapporteuse de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, vous avez entendu M. le rapporteur de majorité nous expliquer - et c'est un argument qui a été présenté à mainte et mainte reprise lors des travaux en commission - l'importance d'augmenter le temps de pratique, le temps de stage, le temps de présence devant les élèves lors de la formation des enseignants. Mesdames et Messieurs les députés, ne vous méprenez pas, je vous en prie ! Cette motion ne demande en aucune manière d'augmenter le temps de stage lors de la formation des enseignants. En effet, elle n'a qu'une seule invite, que je vous lis: «mettre en oeuvre un cursus de trois ans donnant accès à l'obtention d'un titre permettant, à Genève et en Suisse, d'enseigner dans les degrés 1 à 8 HarmoS». J'ai eu beau tourner et retourner plusieurs fois cette proposition dans ma tête, je ne vois absolument pas comment on pourrait augmenter le nombre d'heures devant les classes en diminuant le nombre d'années d'étude. Il est vrai, je le conçois, que la première année est très théorique, mais il nous est impossible, comme le souhaiteraient les motionnaires, de la supprimer purement et simplement. En effet, comme nous l'a déclaré la directrice de l'IUFE, Mme Mili, les cours théoriques sont impératifs pour que la formation soit reconnue par la CDIP. Et, je la cite, «pour faire une formation en trois ans, il faudrait ventiler les cours théoriques sur le reste de la formation et diminuer la pratique». Accepter cette motion signifierait donc marquer un autogoal absolument magistral.
Par ailleurs, aux yeux de la minorité de la commission, une réduction du temps de formation des enseignants péjorerait immanquablement la qualité future de leur enseignement. En effet, Mesdames et Messieurs les députés, le métier d'enseignant a considérablement évolué ces dernières années. Si la polyvalence a toujours été une qualité requise pour les enseignants, ils sont maintenant confrontés à l'enseignement de nouvelles branches, je pense notamment aux langues, à l'anglais et à l'allemand, qui nécessitent des connaissances approfondies en la matière. L'introduction de l'école inclusive nécessite également des compétences particulières de la part des enseignants, afin qu'ils répondent au mieux aux besoins des élèves. Et puis, au cours des travaux de commission, nous avons entendu très régulièrement l'idée reçue - selon une espèce de sens commun - selon laquelle le métier d'enseignant s'apprend par la pratique, sur le tas, qu'il suffit d'avoir le feu sacré et que le reste s'acquiert un peu comme ça, par l'expérience. Eh bien non, Mesdames et Messieurs les députés, tout comme il ne suffit pas d'avoir le feu sacré pour rédiger une bonne motion, il ne suffit pas d'avoir le feu sacré pour être un bon enseignant. Un enseignant doit pouvoir pratiquer et acquérir de l'expérience sur la base de connaissances théoriques solides, notamment en matière de pédagogie. Sans ce socle de connaissances théoriques, l'enseignement primaire, à Genève, risque de devenir bancal ou aléatoire, au détriment des futures générations. Cette motion est basée sur une mauvaise analyse de la problématique, manque sa cible et va à l'encontre de l'évolution de la profession. C'est pour cela que la minorité de la commission de l'enseignement supérieur préconise le rejet de cette motion. Quant à la pétition que nous traitons aujourd'hui, elle a récolté 1170 signatures, principalement des premiers concernés, c'est-à-dire les étudiants de l'IUFE, qui, eux, ont parfaitement compris l'importance d'une formation poussée et complète sur quatre ans pour pouvoir, par la suite, exercer au mieux leur métier. Nous préconisons donc le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat. Je vous remercie. (Quelques applaudissements.)
M. Olivier Baud (EAG). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, ceux-là même qui tirent avec une rare constance sur l'école applaudissent lorsque les médias coiffent l'école d'un bonnet d'âne au prétexte de mauvais résultats PISA et, au mépris des élèves, ânonnent des billevesées telles que «c'était mieux avant», «le niveau baisse», etc. Ce sont ceux-là qui voudraient réduire la formation des profs. Comme si saboter la formation initiale des enseignants primaires pouvait améliorer la qualité de l'école ! C'est d'une rare incohérence. Mais d'aucuns, monomaniaques, n'en ont cure et continuent à taper sur l'école et les profs en prétendant vouloir la soigner.
Mesdames et Messieurs, les huit premières années de l'école primaire sont primordiales pour le développement de chaque élève, personne ne le contestera. Nous avons besoin d'enseignants qui ont bénéficié d'une formation de haut niveau. Une maîtrise en enseignement primaire, obtenue en cinq ans, devrait être le titre requis. Aujourd'hui, on a un compromis, un certificat obtenu en quatre ans. Et on voudrait réduire la formation d'une année ?
Les enseignants généralistes du primaire doivent enseigner les mathématiques, les sciences, la géographie, l'histoire, le chant, le dessin, les travaux manuels, la gymnastique, l'allemand, l'anglais pour certains, le français... Rien que ça ! Et j'en oublie sûrement. Il faut être sérieux, et si possible conséquent. Pour enseigner toutes ces matières en huitième primaire, par exemple, à des élèves de 12 ou 13 ans, une formation en trois ans suffirait; mais pour enseigner uniquement la géographie, par exemple, au cycle d'orientation, en neuvième, à des élèves ayant sensiblement le même âge, il faudrait carrément sept ans d'études ? On creuse un fossé incroyable alors qu'on a construit une école obligatoire de 4 à 15 ans qui devrait être cohérente avec une nouvelle direction générale de l'enseignement obligatoire, d'ailleurs.
Mesdames et Messieurs, les enseignants primaires, qui interviennent auprès des élèves de 4 à 12 ans, sur huit années, méritent du respect. Et pour mener à bien leur mission, leur formation doit être à la hauteur. Ne commettez pas l'erreur de dévaloriser l'ensemble de l'école. Ensemble à Gauche refusera cette motion et vous invite à en faire de même. Quant à la pétition, elle doit être renvoyée au Conseil d'Etat car là aussi, il faut entendre les étudiants. (Applaudissements.)
M. Jean-François Girardet (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, je comprends bien l'argumentation de M. Baud telle qu'il vient de la présenter. Effectivement, on pourrait prendre l'option - c'est d'ailleurs ce qu'on a fait à Genève - de mettre le paquet sur la formation initiale des enseignants, de le faire en quatre ans, voire en cinq ans. Mais c'est faire injure aux enseignants qui ont exactement la même mission dans les autres cantons - Vaud, Fribourg, Neuchâtel ou Valais - qui ont le même programme, le programme romand, et qui arrivent... (Commentaires. L'orateur s'interrompt.) Pardon, Madame, je peux continuer ? (Exclamations.) Je disais, et qui arrivent à être formés en trois ans ! Pour exactement la même mission et en étant, pour certains d'entre eux, engagés à Genève, avec la même paie. Cette motion demande donc à Mme la cheffe du département de faire une étude pour savoir si le jeu en vaut la chandelle. Parce que si c'était vraiment le cas, Monsieur Baud, si on formait tellement mieux les enseignants à Genève, eh bien ça se verrait dans les résultats, aussi bien les résultats PISA que les résultats finaux ! C'est d'ailleurs ce que nous allons étudier puisque maintenant, le département va instituer des épreuves non plus cantonales mais romandes, pour comparer les niveaux de connaissance des élèves qui sortent des écoles primaires vaudoises, neuchâteloises ou autre.
Alors qu'est-ce qui fait un bon enseignant ? On a eu des directeurs, formateurs d'enseignants qui sont venus - celui du canton de Vaud, mais également celui du Valais - et l'audition de M. le directeur de l'école normale du Valais a suscité pas mal de réactions. Et pourtant, il était enthousiaste ! Il nous a montré qu'en Valais, on arrivait, en trois ans, à former des enseignants qui étaient de bons enseignants. Alors on lui a reproché d'être un peu «boy scout» et, avec tout son enthousiasme, de vouloir vendre sa manière de former les enseignants. Eh bien oui, pour être enseignant, je l'ai dit, il faut peut-être avoir un tout petit peu cette mentalité «boy scout» ! Et cette mentalité-là, elle ne s'apprend pas dans les livres; elle se pratique. Et c'est bien ce qu'on demande à Mme la présidente du département: contrôler si, en diminuant d'une année la formation des enseignants primaires, on n'obtiendrait pas le même résultat, et même un résultat préférable parce qu'on mettrait l'accent sur la pratique. Une autre option qui peut être imaginée, c'est de différencier les formations pour les élémentaires, les petits, de la formation pour les plus grands. Il faut savoir qu'il n'est pas nécessaire qu'une enseignante élémentaire soit performante en langues...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Jean-François Girardet. ...notamment en allemand et en anglais, contrairement aux enseignants des derniers degrés. On imagine donc qu'on pourrait gagner du temps en évitant aux enseignants élémentaires de se former sur ces langues. Voilà des pistes qui sont données, et nous aimerions que cette motion soit plébiscitée par notre parlement pour que la cheffe du département nous adresse un rapport nous montrant qu'on peut aller dans cette direction. Je vous remercie.
M. Christian Frey (S). Etant relativement nouveau à la commission de l'enseignement supérieur, j'ai dès le début été étonné de l'acharnement de certains députés, et peut-être plus particulièrement du premier signataire de cette motion qui est en même temps le rapporteur de majorité, quant à cet IUFE. On parle parfois d'acharnement thérapeutique; là c'est un acharnement qui va presque dans le sens d'une mise à mort. Pourquoi, au fond ? J'aimerais juste évoquer certaines réflexions par rapport à l'excellent rapport de minorité de la députée Caroline Marti.
Nous avons déjà parlé du rapport théorie-pratique; je fais partie des gens qui ont été élèves de Jean Piaget et qui se réjouissent de tout ce que Jean Piaget a apporté à la didactique, qui est entre autres enseignée, justement, durant cette première année de la formation des professeurs. Le «frisch und enthusiastisch» que propose le député Girardet - vous transmettrez, Monsieur le président - ne suffit pas. Il ne s'agit pas, dès le premier jour de leur formation - le plus tôt possible, idéalement à 18 ans au lieu de 19 ans - de mettre les futurs profs tout seuls devant les élèves; il y a des choses à apprendre, la théorie fait du bien, et c'est à partir d'une approche de la didactique et en particulier - vous allez me dire que je suis un monomaniaque de Jean Piaget, mais tant pis - de ce que Jean Piaget a apporté sur le développement cognitif de l'enfant, entre autres, qu'on peut se retrouver ensuite valablement devant les élèves.
Plusieurs choses parfaitement fausses ont également été dites. Par exemple, on a affirmé qu'aucun des autres cantons romands ne visait cela. Le recteur de la Haute école pédagogique du canton de Vaud nous a au contraire dit que Mme Anne-Catherine Lyon envisage effectivement quelque chose qui va vers la mastérisation, autrement dit non pas quatre ans mais cinq ans de formation, trois ans plus deux ans. Il ne faut donc pas prétendre que le canton de Genève est le seul à réfléchir à cela. La tendance générale, comme nous l'a confirmé le recteur de la HEP Vaud, va justement dans le sens de cette mastérisation.
Ensuite, la pétition, comme l'a relevé la rapporteuse de minorité, signée par plus de 1100 étudiants, demande à être prise au sérieux. En revanche, durant les auditions nous avons été étonnés d'avoir le témoignage d'une personne toute seule, qui ne représentait qu'elle-même, et qui nous expliquait pourquoi elle avait choisi, après avoir dû redoubler sa dernière année au collège de Saussure, de s'en aller dans le canton de Vaud pour ne pas s'exposer à un nouvel échec à la fin de la première.
Peut-être encore un élément: la SPG. Les socialistes ont, à un moment donné, proposé d'auditionner la SPG; cela a été refusé pour la raison que de toute manière, «on savait ce qu'ils allaient dire». C'est un tout petit peu court par rapport à ce que représente la SPG ! (Commentaires.) Dernier argument qui a été mentionné: finalement, si les étudiants qui ont signé cette pétition...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Christian Frey. ...veulent un diplôme plus élevé, c'est pour davantage de salaire. C'est parfaitement faux. Notamment parce qu'en obtenant un master on n'augmente pas son salaire, en tout cas pas pour le moment. Il s'agit donc de réformer cette formation en ajoutant de la pratique, certes, mais il ne s'agit pas de l'achever. Mesdames et Messieurs, le groupe socialiste vous recommande donc de rejeter cette motion et de renvoyer au Conseil d'Etat la pétition signée par 1107 étudiants de cette formation. (Quelques applaudissements.)
M. Jean-Michel Bugnion (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais commencer par revenir sur la notion de «boy scout» chère au député Girardet - vous transmettrez, Monsieur le président. Eh bien oui, un prof, même primaire, n'est pas un boy scout; c'est un professionnel. Pour être professionnel, il doit être formé en tant que tel. Et cela veut dire être formé pour les huit années du cursus primaire, pour les deux langues étrangères... (Brouhaha.) ...allemand, et maintenant anglais, qu'il doit enseigner. L'enthousiasme «boy scout» ne suffit pas pour garantir la qualité professionnelle de l'enseignant.
Deuxième chose: quand M. le député Romain - vous transmettrez, Monsieur le président - évoque un gouffre financier et nous parle de 47 étudiants qui vont à la HEP, il faut aussi savoir que les places sont prises, à Genève. Et si cette formation était si épouvantable et faisait tellement fuir, alors à ce moment-là, pourquoi une pétition signée par la grande majorité des étudiants, pourquoi une prise de position du syndicat professionnel des enseignants qui atteste la qualité de cette formation ? Il y a donc anguille sous roche ! (Remarque.) J'aimerais savoir quel est le but de la majorité triomphante constituée de l'UDC, du MCG et du PLR, par rapport à l'école genevoise. Que cherchez-vous ? Pour moi, il y a très clairement un désir de retour en arrière que je ne peux m'expliquer. Vous voulez revenir à une école d'hier, alors qu'aujourd'hui l'immigration est de plus en plus forte - et fait, d'ailleurs, la richesse de notre canton; vous avez de plus en plus d'élèves qui sont pris en charge pour leurs troubles dyslexiques, dysorthographiques; de plus en plus d'élèves vont aussi être accueillis dans le cadre de l'école inclusive; tout cela demande une formation professionnelle et non pas un boy-scoutisme amateur !
Enfin, dernière chose: aujourd'hui, vous savez très bien que l'essentiel de notre population - 61,2% - est issu de l'immigration. Arrêtons donc de vouloir revenir au siècle passé; Péguy, c'est très beau, ce sont des pages merveilleuses, mais s'il vous plaît, réveillez-vous, et n'oubliez pas qu'on est, à l'heure actuelle, en 2015, et que le canton a changé depuis Péguy. Je vous remercie. (Quelques applaudissements.)
M. Stéphane Florey (UDC). Chers collègues, les étudiants et professeurs des HEP apprécieront certainement d'apprendre, ce soir, selon les propos de notre collègue Jean-Michel Bugnion, qu'ils appartiennent au passé et qu'ils sont à la limite de l'incompétence. C'est un vrai scandale ! Je ne peux accepter de tels propos, puisque les diplômes de HEP comme ceux de l'IUFE sont reconnus au même niveau sur le plan fédéral, et les étudiants disposent des mêmes compétences pour enseigner au niveau national.
Concernant la pétition, il est aisé de récolter 1107 signatures en se basant sur des mensonges ! (Commentaires.) Cela a été prouvé en commission, le deuxième considérant qui dit qu'on devra choisir d'enseigner entre la 1P et la 4P ou la 5P et la 8P est totalement faux ! Que ce soit le système IUFE ou HEP, vous avez exactement les mêmes compétences, qui sont reconnues au niveau national. Le considérant selon lequel la suppression d'une année d'études diminue les temps de formation sur le terrain est totalement faux également, puisqu'en première année, les étudiants de l'IUFE ne font aucune formation sur le terrain; on leur bourre le crâne de théories de pédagogues, c'est tout ce qu'on fait. (Commentaires.) Et c'est exactement pour ces raisons que de plus en plus d'étudiants qui commencent à Genève... Parce que c'est là où ça pose problème: les étudiants commencent à Genève mais quittent le plus rapidement possible l'IUFE pour aller s'inscrire dans une HEP, parce qu'ils se rendent compte que perdre une année à Genève c'est d'abord ridicule, et que la formation HEP telle qu'elle est initiée est beaucoup plus intéressante puisque basée sur la pratique. Et c'est justement là où veut en venir la motion. L'invite est très claire: on demande de faire une formation sur trois ans. Alors d'accord, on ne précise pas qu'on veut plus de pratique, mais ça coule simplement de source ! Parce que finalement, faire l'IUFE en trois ans, ça obligera justement à réorganiser toute la formation initiale et à instaurer ces fameux cours pratiques dès la première année. Les élèves devraient en ressortir largement gagnants. Parce que lâcher un étudiant en fin de formation devant une classe d'élèves, plutôt que de le mettre face à ses responsabilités dès la première année et le plus rapidement possible, à mon avis c'est beaucoup plus dommageable pour lui-même que pour les élèves. C'est pourquoi notre groupe soutiendra la motion et déposera la pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
M. Jean-Luc Forni (PDC). J'ai lu avec intérêt la prise de position du président de la Société pédagogique genevoise, qui disait en substance que cette motion réveillait la rivalité éculée entre la pratique et la théorie. Je vous rappelle que l'un des credo du parti démocrate-chrétien et l'un de ses thèmes majeurs est de faire passer la formation des enseignants du primaire de quatre à trois ans. Nous n'avons pas changé d'avis. Certes, il est essentiel d'avoir la théorie et la pratique, et d'ailleurs la théorie permet de modéliser la pratique; c'est un petit peu le pourquoi du comment. Cependant, force est quand même de constater que dans la formation dispensée à Genève, la théorie domine, et qu'il serait nécessaire d'avoir davantage de pratique dès la première année. Il est vrai aussi qu'en entendant le directeur de la HEP Valais, la majorité de la commission a été convaincue par son dynamisme. Sans prendre vraiment position sur la théorie ou sur la pratique, il disait qu'il préférait voir les étudiants forger leurs méthodes pédagogiques sur le terrain plutôt que de les voir rester de longs mois dans les auditoires. Je rappelle aussi que lorsque j'étais enfant, à l'école primaire, eh bien il y avait les fameuses Etudes pédagogiques; c'est vrai que la population des élèves était différente, il y avait moins d'immigration, mais je crois que la qualité de l'enseignement était quand même excellente. Donc Mesdames et Messieurs, pour toutes les raisons que je viens d'évoquer, le parti démocrate-chrétien vous conseille d'accepter cette motion et de déposer la pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie. (Quelques applaudissements.)
M. Pierre Conne (PLR). Le groupe PLR votera le renvoi au Conseil d'Etat de cette motion qui demande la réorganisation de la formation des enseignants primaires sur trois ans au lieu de quatre ans, et votera également le dépôt de la pétition sur le bureau du Grand Conseil. Les raisons qui nous amènent à prendre cette position sont de deux ordres.
La première est, de manière très générale, la volonté de soutenir ce qui va dans le sens de l'harmonisation des formations au niveau suisse et de rejoindre ce qui se fait dans les autres cantons, c'est-à-dire une formation en trois ans. La deuxième raison, par analogie à ce que l'on connaît dans d'autres filières de formation, et de ce que l'on sait aussi sur les méthodes permettant d'arriver, à terme, à un bon niveau de formation, c'est, dans le fond, d'agir de manière un peu contre-intuitive: ce n'est pas parce qu'une formation est longue que le niveau de qualification acquis à la sortie est élevé. Dans d'autres filières, nous savons pertinemment que le niveau de formation à la sortie est lié à la qualité du programme, à la densité des exigences et au niveau d'accompagnement des étudiants. Il ne s'agit donc pas simplement de dire qu'il y a une année de trop dans le cursus actuel, mais que nous devons repenser la formation actuelle de manière à la rendre plus efficiente. Dans le fond, il s'agit de faire mieux en moins de temps; 25% de gain, en tout cas, pour les étudiants, qui permettent à cet âge-là, où les années sont importantes, d'arriver dans le monde professionnel une année avant, ce qui n'est pas négligeable.
Je vous citerai un exemple, qu'on a peut-être oublié mais que j'ai connu personnellement: la formation médicale, qui était dispensée en sept ans. J'ai vécu la réforme qui a conduit à réduire la durée des études de médecine à six ans, et cela a constitué effectivement un grand changement. Ce gain de temps d'une année a obligé à réorganiser complètement la formation, en termes de contenu et de progression liée à la formation également, et a permis de gagner en qualité. Dans ce même domaine, on sait pertinemment que des études longues sont des études qui vont peut-être contribuer au fait qu'à un moment donné, les étudiants se découragent ou diluent leurs activités avec des petits jobs alimentaires. Il y a donc un réel gain pour la collectivité, aujourd'hui, à repenser cette formation, à avoir une formation dense, une formation exigeante, qui fasse qu'à la sortie, les enseignants primaires soient de bon niveau. Parce que oui, les premières années de formation pour nos enfants sont déterminantes, et il ne s'agit en aucun cas de brader ici la qualité de la formation et la qualité de l'enseignement primaire; le PLR est très attaché à la formation et veillera à ce que si cette réforme a lieu, elle se fasse dans le sens d'améliorer la qualité de la formation des élèves du primaire. Je vous remercie.
Une voix. Très bien.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Je passe la parole à M. le député Pierre Vanek, pour une minute et vingt secondes.
M. Pierre Vanek (EAG). Merci, Monsieur le président. L'un de mes préopinants, au fond à gauche, demandait à quoi jouait cette majorité; personnellement, je sais à quoi elle joue. (Commentaires.) Elle joue à faire des économies sur le dos de la formation, la formation des enseignants primaires en l'occurrence. Je sais que c'est ça, la constante dans leur position, parce que j'étais dans cette salle, ici, quand le PLR et le gouvernement monocolore, avec Mme Martine Brunschwig Graf au département, ont dynamité les Etudes pédagogiques de l'enseignement primaire, a dynamité une école précisément professionnelle en trois ans, pour faire des économies ! Notamment parce que les candidats aux études pédagogiques étaient payés, Mesdames et Messieurs ! Il y avait un concours d'entrée, et on était payé pendant trois ans. M. Conne parlait de petits jobs: je vous jure qu'on n'avait pas le temps d'en prendre, des petits jobs ! On bossait comme des bêtes et on se formait...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Pierre Vanek. ...dans des conditions qui étaient, disons, difficiles, mais avec une formation de qualité. Et ça, c'est vous qui l'avez dynamité ! Et on entend, du côté du MCG, qu'il faudrait que les gens passent leur matu à 18 ans et qu'à 21 ans ils puissent enseigner. Mais à l'époque, justement parce que les étudiants étaient payés, on avait...
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.
M. Pierre Vanek. ...la possibilité - je conclus - d'engager des gens qui avaient une expérience de vie ! Une expérience familiale ! Et précisément, ils n'avaient pas 18 ans. Moi, par exemple, j'ai commencé mes études pédagogiques...
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député !
M. Pierre Vanek. ...à 28 ans ! Et bien évidemment...
Le président. S'il vous plaît !
M. Pierre Vanek. ...avec le système que vous proposez, on ne pourrait pas le faire.
Le président. Merci beaucoup !
M. Pierre Vanek. Donc la constante, dans la position de la droite, c'est de limiter... (Commentaires.)
Le président. Merci, Monsieur le député !
M. Pierre Vanek. ...l'investissement dans la formation des enseignants, et en conséquence...
Le président. Je vous remercie !
M. Pierre Vanek. ....des enfants ! Je vous remercie aussi, Monsieur le président ! (Brouhaha.)
Le président. La parole est à M. Patrick Lussi, pour quarante-cinq secondes.
M. Patrick Lussi (UDC). Ouh là là, Monsieur le président, c'est court ! Je reprendrai juste un petit bout du discours de M. Vanek: oui, je suis de la génération des Etudes pédagogiques, oui, j'ai eu beaucoup d'amis - et même une personne proche - issus des Etudes pédagogiques, qui maintenant sont à la retraite. Alors j'aimerais quand même demander à Mme la conseillère d'Etat si ce cursus des Etudes pédagogiques était vraiment catastrophique, puisque tous ont rempli leur mission plus qu'à satisfaction, selon les parents d'élèves. Et puis j'aimerais dire à M. Frey - parce que je le tiens aussi de bonne souche - que je crois qu'il a commis une erreur: quand les Etudes pédagogiques ont été dynamitées, comme le dit M. Vanek, et quand les enseignants sont entrés dans un cursus universitaire, sauf erreur - Mme la conseillère d'Etat me contredira - ils ont gagné deux classes de traitement de salaire. Donc peut-être qu'on devrait rediminuer...
Le président. Il vous faut conclure.
M. Patrick Lussi. ...si ça passait à trois ans. Je vous remercie.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Je passe la parole à Mme la rapporteure de minorité, Caroline Marti, pour trente secondes.
Mme Caroline Marti (S), rapporteuse de minorité. Merci, Monsieur le président. Je voudrais simplement répondre à ce qui a été évoqué et au fait que les étudiants des HEP de Suisse romande gagnent une année par rapport aux étudiants genevois parce qu'ils ont une formation en trois ans plutôt qu'en quatre ans. La minorité de la commission refuse d'entendre et de penser qu'une année passée à étudier est une année perdue; une année passée à étudier est une année gagnée, une année qui vous sera bénéfique pour le restant de votre vie professionnelle comme personnelle. Je vous remercie.
Le président. Je vous remercie, Madame la rapporteure. Je passe la parole au rapporteur de majorité, M. Jean Romain, pour une minute.
M. Jean Romain (PLR), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Je ne pourrai pas tout dire et corriger toutes les sottises que j'ai entendues. J'aimerais juste en évoquer trois ou quatre. M. Baud nous a brossé un tableau terrifiant en disant que si on supprimait une année de formation, il n'y aurait plus d'enseignement à Genève ! Mais curieusement, passé la Versoix, les choses changent alors que nous avons finalement la même population. Pourquoi de l'autre côté de la Versoix on peut faire ce qu'on nous dit être impossible de ce côté-ci ?
Acharnement, Monsieur Frey ? Mais non, détermination ! Je suis déterminé à défendre les dossiers... (Remarque.) ...dès lors que je les trouve importants - en tout cas c'est ma position. Je pense qu'il n'est pas bon de discréditer les auditionnés; il y a eu un vote pour les faire venir, et la personne qui venait de Lausanne avait le droit de parler.
Le merveilleux monde que nous décrit M. Bugnion, ah ! ce merveilleux monde qu'il nous présente comme indiscutablement désirable ! Eh bien je me permets d'y ajouter tellement de bémols que cela devient, à mon sens, une vraie cacophonie.
Le président. Il vous faut conclure !
M. Jean Romain. Je conclus en disant qu'on est en train de réformer l'IUFE secondaire; profitons justement de cet élan pour donner à l'IUFE primaire cette densification...
Le président. Je vous remercie.
M. Jean Romain. ...que le PLR, et tout à l'heure M. Conne, appelait de ses voeux. Je vous remercie !
Mme Anne Emery-Torracinta, conseillère d'Etat. Quelques remarques pour répondre aux interventions des uns et des autres. Concernant la durée des études pour les enseignants primaires, il faut savoir que la tendance, aujourd'hui, est à l'augmentation sur le plan international; les HEP, notamment les recteurs des HEP, auraient souhaité qu'on passe à quatre ans, et si cela n'a pas été fait, c'est pour des raisons bassement financières - comme vous le savez, tous les cantons, romands notamment, connaissent des problèmes budgétaires. Mais la tendance est plutôt à la hausse. Pourquoi ? Tout simplement parce que la société a changé ! L'école a changé, on demande toujours plus aux enseignants. Quelques exemples: on demande maintenant aux enseignants d'enseigner des langues étrangères; cela demande des compétences que peut-être, Monsieur Girardet, quand vous avez fait votre formation, on ne demandait pas, et il faut donc un certain temps d'apprentissage; on demande aux enseignants de s'occuper d'élèves qui viennent parfois des quatre coins de la planète, qui parlent des langues étrangères, qui viennent de cultures différentes, ce qui nécessite aussi d'avoir des compétences dans ce domaine; on demande aux enseignants de s'occuper d'élèves qui ont des handicaps, des besoins particuliers, qui demandent des aménagements parce qu'ils ont par exemple des problèmes de dyscalculie, de dysorthographie, etc. Tout cela s'apprend, et le risque qui existe si l'on opte pour une formation qui serait trop courte, c'est qu'on laisse sur le bord du chemin les élèves les plus fragiles, parce qu'on n'aurait pas les compétences pour s'en occuper.
Certains d'entre vous ont parlé des échecs de l'école genevoise. Personnellement, je ne ferais pas le lien entre les résultats, PISA par exemple, qu'obtiennent nos élèves, ou leurs échecs dans les écoles, et la formation des enseignants. En revanche, je ferais beaucoup plus le lien avec les mesures de soutien qu'on met en place, ou pas, à l'école genevoise. Et j'aimerais à ce propos vous rappeler un chiffre que j'ai déjà eu l'occasion de donner ici ou là à la commission de l'enseignement: au début des années 90, il y avait 216 enseignants qu'on appelait des GNT, des généralistes non titulaires, qui étaient des enseignants chargés de soutien pédagogique, c'est-à-dire sans charge de classe mais qui allaient aider les élèves, notamment pour l'apprentissage des fondamentaux, la lecture et les maths. Début des années 90, donc, 216 GNT. Au milieu des années 90, la dette commence à augmenter à Genève, tous les départements cherchent des mesures d'économie; qu'est-ce qu'on fait alors au DIP ? Eh bien on baisse les postes de soutien. Ces postes de soutien sont passés, il y a quelques années, à 100: on est descendu jusqu'à seulement 100 enseignants chargés de soutien, alors qu'on a aujourd'hui 5000 élèves de plus. On a réussi, juste à la fin de la législature, à remonter à 111 et, grâce au vote populaire sur le mercredi matin, qui prévoyait 30 postes de soutien supplémentaires pour l'apprentissage de la lecture et du calcul chez les tout-petits, on est passé à 140 enseignants chargés de soutien. Il ne faut peut-être pas chercher plus loin les difficultés des élèves dans nos écoles; on a tout simplement baissé les moyens accordés à l'école primaire, et notamment aux élèves les plus fragiles. A mon avis, ça n'a donc pas de lien avec la formation des enseignants, qu'elle ait lieu en trois, quatre ou cinq ans. J'aimerais d'ailleurs vous dire à ce propos que les pays qui ont des bons résultats PISA, comme la Corée du Sud ou la Finlande, ont une formation d'enseignant en cinq ans.
Vous nous avez dit que les étudiants genevois partaient se former à la HEP Vaud. C'est vrai qu'un certain nombre d'entre eux le font, mais cela concerne notamment les élèves de l'Ecole de culture générale. Pourquoi ? Parce que dans les autres cantons, les élèves des Ecoles de culture générale qui ont pris l'option pédagogique peuvent ensuite entrer dans une HEP. Or, à Genève, nous n'avions pas d'option pédagogique jusqu'à cette année scolaire. Qu'est-ce qui passait alors ? De jeunes Genevois qui avaient obtenu un diplôme de culture générale partaient faire la passerelle option pédagogique à Yverdon ou à Morges - je ne sais plus si c'est l'un ou l'autre - et rejoignaient ensuite la HEP Vaud pour venir, enfin, enseigner à Genève. J'ai donc le plaisir de vous annoncer que dès la prochaine rentrée, nous mettons en place, à Genève, une option pédagogique pour l'Ecole de culture générale, ce qui évitera le départ de certains jeunes de chez nous vers le canton de Vaud.
Enfin, nous n'avons pas attendu non plus le vote de cette motion, quel que soit le résultat du débat parlementaire, pour travailler sur une réforme de l'institut de formation des maîtres. Une réforme a lieu dans le secondaire, mais j'ai mandaté un groupe de travail, pas plus tard qu'il y a quelques semaines, pour réfléchir à la formation pour l'école primaire, étant entendu que même si je reste persuadée que cette formation doit être de qualité, et que compte tenu des contraintes et des problèmes que connaît notre société, ce sera difficile de la faire en trois ans et qu'il faudra maintenir quatre ans, je suis persuadée aussi qu'on peut améliorer la formation actuelle, qu'on peut introduire davantage de pratique - là je rejoins les motionnaires - et qu'on peut aussi se poser la question de l'enseignement des langues. A Genève, vous savez qu'on exige simplement le niveau B2, c'est-à-dire qu'un 4 à la maturité suffit. Or, je pense qu'on peut se demander si c'est suffisant d'avoir obtenu simplement le seuil minimal à la maturité pour enseigner les langues; c'est une vraie question qu'on doit se poser. J'aimerais aussi qu'on réfléchisse à la question de l'école inclusive et à la manière de former nos futurs enseignants à la prise en charge d'élèves à besoins particuliers ou handicapés. J'aimerais également qu'on se pose la question du lien entre l'enseignement spécialisé et l'enseignement ordinaire, puisque actuellement il y a deux voies, je dirais parallèles; est-ce qu'on ne devrait pas aussi rapprocher ces voies et peut-être considérer qu'on puisse se spécialiser un moment mais avec davantage de formation commune au départ ? De toute façon, quoi qu'il advienne du vote de cette motion, le département va réfléchir à une formation qui puisse répondre au mieux aux besoins des élèves du canton. (Applaudissements.)
Le président. Je vous remercie, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous fais voter sur la prise en considération de cette motion 2194.
Mise aux voix, la motion 2194 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 52 oui contre 32 non et 1 abstention.
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission de l'enseignement supérieur (dépôt de la pétition 1900 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 53 oui contre 32 non.