Séance du
vendredi 20 février 2015 à
17h15
1re
législature -
2e
année -
2e
session -
12e
séance
M 2151
Débat
Le président. Nous nous penchons à présent sur la M 2151 en catégorie II, trente minutes. La parole revient à son auteur, M. Roger Deneys.
M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le groupe socialiste a déposé ce texte en 2013, un certain temps s'est donc écoulé depuis lors. Mais la question reste d'actualité ! Les vacances et les rythmes scolaires genevois sont-ils appropriés ? Sont-ils bons pour nos enfants, sont-ils bons pour les rythmes d'apprentissage, sont-ils adaptés aux contraintes des parents, des grands-parents, de tous les professionnels qui travaillent avec nos enfants pour leurs loisirs, pour leurs activités éducatives ? Et puis simplement, les vacances permettent-elles de concilier les enjeux de la vie familiale avec ceux de la vie scolaire ? Mesdames et Messieurs les députés, on peut avoir des idées préconçues, penser que les vacances scolaires, aujourd'hui, à Genève, sont correctes, pratiques, utiles, pertinentes, mais on peut penser aussi qu'elles ne le sont pas totalement, ne serait-ce qu'en comparaison avec d'autres cantons suisses - parce qu'il y a des différences dans chaque canton. (Brouhaha.)
Pour ces raisons, Mesdames et Messieurs les députés, les socialistes auraient souhaité qu'une telle motion soit, si possible, comme cela a été dit tout à l'heure par mon préopinant MCG, renvoyée au Conseil d'Etat, pour qu'il rende un rapport sur cet objet et, le cas échéant, que nous puissions en débattre par la suite. Parce que, Mesdames et Messieurs les députés, cette question est d'actualité; on sait que les vacances d'été particulièrement longues peuvent être contraignantes pour les parents, grands-parents, proches, qui doivent s'occuper des enfants, alors que les parents n'ont pas de périodes de vacances aussi longues; on peut penser que les vacances d'automne ou de printemps sont trop courtes, peut-être pas suffisantes pour permettre aux enfants de récupérer des rythmes scolaires soutenus. Toutes ces questions méritent d'être étudiées attentivement avec les associations de parents d'élèves, avec les enseignants, avec les professionnels concernés, et évidemment aussi avec les milieux économiques, parce que je pense qu'il ne faut pas sous-estimer l'importance des rythmes scolaires sur le rythme des parents employés, et donc sur l'économie en général. Ces questions méritent d'être discutées sans tabou, et je pense aussi que si on est convaincu qu'il ne faut rien changer, eh bien c'est une raison supplémentaire de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat, parce que des faits devraient le démontrer. On ne peut pas se contenter de préjugés, de présupposés; il faut étudier sérieusement la pertinence des rythmes scolaires, des rythmes d'apprentissage, aujourd'hui, à Genève, par rapport à ce qui se passe ailleurs, en Suisse, et peut-être aussi au niveau international. Je pense que si l'on arrive à la conclusion qu'il ne faut rien changer, ce sera peut-être bien, et s'il faut rééquilibrer certaines périodes de vacances, ce ne sera certainement pas dramatique pour Genève que d'évoluer vers des solutions qui soient plus conformes aux besoins des enfants, des parents, des grands-parents et de la société genevoise en général. Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite donc à accueillir favorablement cette motion en la renvoyant au Conseil d'Etat.
Mme Lisa Mazzone (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, cette motion a éveillé des passions que je ne m'attendais pas à voir surgir de cette manière-là au sein du groupe parlementaire des Verts, et c'est dans un esprit pacifique que je prends moi-même la parole ce soir, puisque je n'ai pas d'avis arrêté, ou en tout cas pas d'avis qui suscite de réactions virulentes comme on a pu en entendre dans notre groupe. Nous avons notamment évoqué la problématique de la chaleur en été, de l'incapacité de réfléchir pendant les périodes estivales... (Commentaires.) ...mais aussi l'épuisement insupportable des élèves à la mi-octobre, quand ils n'ont qu'une semaine pour récupérer, la nécessité d'avoir deux mois d'été pour se reposer pleinement... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...et avoir le temps à la fois d'aller au centre aéré et de ne rien faire, puisque c'est aussi important pendant les vacances; on a encore évoqué le risque, si l'on augmente les vacances à Pâques ou en automne, de voir les familles s'envoler en avion vers des destinations lointaines, à la recherche d'un soleil radieux. En fait, le caucus était largement divisé, et nous estimons par conséquent que cette motion doit être étudiée, doit être étayée par des arguments qui seraient un tant soit peu scientifiques, ou qui toucheraient de plus près aux réalités de l'enfant - pourquoi ne pas auditionner les enfants eux-mêmes dans le cadre de la commission ? (Brouhaha.) Quoi qu'il en soit, nous vous proposons de renvoyer cette motion à la commission de l'enseignement et vous invitons à suivre cette proposition. Je vous remercie.
M. Stéphane Florey (UDC). S'il y a une chose qui fonctionne à merveille, dans cette république, c'est bien le système de vacances genevois ! (Brouhaha.) Alors pourquoi vouloir réinventer la roue sans cesse, à propos d'une chose qui fonctionne ?! Je pousserais même l'ironie en disant que quand vous faites des enfants, vous prenez les vacances qui vont avec ! Ma foi, il y a une organisation à mettre en place, ça oui, au niveau des familles, des parents et des élèves... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...mais chacun s'organise et s'est toujours organisé en conséquence ! Donc ne venons pas casser ce système qui fonctionne. Les vacances à la sauce Deneys, le groupe UDC n'en veut pas, donc nous refuserons à la fois le renvoi en commission et la motion en elle-même. Je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le député. Est-ce que je peux demander à la salle de baisser un tout petit peu le volume pour écouter les orateurs ? Je vous remercie. Je passe la parole à M. le député Jean Romain.
M. Jean Romain (PLR). Monsieur le président, chers collègues, lorsqu'on lit l'intitulé de cette motion, «Vacances scolaires genevoises plus équilibrées», personne ne peut le contrer, parce que personne ne demande de déséquilibrer les vacances. Mais il faut inverser le point de vue socialiste... (Brouhaha. L'orateur s'interrompt.) Merci. Mais il faut inverser le point de vue socialiste; ce qu'il faut équilibrer, ce sont surtout les périodes de travail, parce que c'est le travail scolaire qui compte ! Et c'est par rapport à ce travail, s'il existe encore à Genève, qu'il faut considérer les choses. Les vacances, comme leur nom l'indique, sont les moments où l'on vaque, c'est-à-dire où l'on ne travaille pas. Et c'est cet ordre-là qui compte. Puisse notre école ne pas vaquer encore un peu plus au lieu de permettre le travail !
Cela étant, les périodes durant lesquelles on vaque sont déterminées par de multiples facteurs - historiques, géographiques - dont la proposition de motion ne parle pas. Par exemple, qu'il est déséquilibré ce Jeûne genevois ! Quelle horreur ! Ah, Jeûne genevois qui ne se plie pas à l'équilibre ! Il surgit malencontreusement à peine la rentrée entamée ! Pourquoi ne pas se régler sur le Jeûne fédéral, beaucoup plus équilibré ? Par ailleurs, certaines années, les vacances de Pâques sont de nature à allonger démesurément la fin de l'année scolaire; quel déséquilibre dommageable. Si je peux certes, Monsieur Deneys, entrer en matière pour prolonger de trois jours les vacances de Pâques, et passer d'une semaine et demie à deux semaines, parce que c'est le bon sens... (Commentaires.) ...je ne partage pas l'idée que les vacances d'été de huit semaines sont trop longues. Oh que non ! Non seulement la chaleur de l'été sous nos climats rend les cours plus pénibles, et leur efficacité est moindre, mais encore, c'est la - la ! - période qui permet les échanges linguistiques, les voyages, les jobs d'été, et qui laisse encore suffisamment de temps pour vaquer ensuite. (Brouhaha.)
Le président. S'il vous plaît, un peu de silence !
M. Jean Romain. Trente-huit semaines et demie de cours, si l'école fait correctement son travail, c'est suffisant pour transmettre l'héritage de nos connaissances. Les pauses sont nécessaires pour que la transmission soit plus efficace, c'est évident.
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Jean Romain. A part pour la pause pascale, les choses ne doivent donc pas être modifiées. Mais peut-être faut-il renvoyer tout de même cette pétition en commission si l'on peut justement parler de ces vacances de Pâques, dont tout le monde aimerait qu'elles soient prolongées de deux jours et demi, de façon que nous ayons deux semaines complètes. Je vous remercie.
Mme Danièle Magnin (MCG). Personnellement j'ai un avis légèrement différent. Le MCG soutiendra bien sûr le renvoi de la motion au Conseil d'Etat. Mais ce que je voudrais vous indiquer, c'est qu'au travers des bientôt quarante ans de basoche que j'ai derrière moi, j'ai vu nombre de familles qui ne savaient comment organiser le temps, très long pour eux, des vacances de leurs enfants. Dans certains groupes familiaux, chaque parent doit travailler pour gagner sa vie, ce qui implique qu'ils ne sont pas là pour aller, comme disait mon préopinant Jean Romain tout à l'heure, se balader avec leurs enfants, leur offrir un séjour linguistique ou un travail. Il y a toute une période, depuis le moment où l'enfant quitte la crèche jusqu'à celui où il peut avoir de l'autonomie, que je situerais vers quinze ou seize ans, où les vacances sont extrêmement longues et où il faut les prendre en charge. Personnellement, je n'apprécie pas tellement les colonies de vacances ou ce genre de choses. (Remarque.) Il y a des centres aérés, il y a tout cela, mais on pourrait faire en sorte que le temps soit mieux organisé, que les vacances de Pâques soient comme elles l'étaient par le passé, de deux semaines et pas de dix jours, que celles de Noël aussi soient de deux belles semaines, ce qui permettrait d'une part à chaque parent, gardien et non gardien, d'avoir les enfants pendant une semaine au lieu de se partager des petits bouts de quatre ou cinq jours ou d'alterner d'une année à l'autre, et d'autre part de faire de vrais ponts lorsqu'il s'agit de l'Ascension ou du Jeûne genevois. Je me rappelle un très beau week-end du Jeûne où j'avais emmené mes enfants en train de nuit à Venise, où on avait eu un week-end de quatre jours qui était vraiment très riche; ça, c'est quelque chose que les horaires scolaires empêchent pendant la période où les enfants sont au cycle d'orientation ou au collège, puisqu'une absence d'un jour peut leur coûter très cher. Je souhaiterais encore vous dire que... (Remarque.) Tu feras le reste, ok, très bien ! (Brouhaha.) Donc il y avait les voyages lointains, le décalage horaire, et pour tout ça il faut un petit peu plus de temps. Nous souhaitons donc que le Conseil d'Etat établisse un rapport sur lequel nous pourrons ensuite travailler en commission. Je vous remercie.
Mme Béatrice Hirsch (PDC). S'il est un sujet qui suscite bon nombre de commentaires plus ou moins virulents, comme chez les Verts, ce sont certainement les vacances, et l'idée que chacun et chacune s'en fait. Le titre de cette motion nous dit: «Bon pour les enfants, les parents et les enseignants. Bon pour Genève.» C'est un sacré défi. Le problème, c'est que les vacances pour les enfants commencent à partir de ce qu'on appelait la première enfantine, donc le cycle élémentaire I maintenant, et vont jusqu'à l'âge de 18 ans. Les besoins des enfants, puis des jeunes, ne sont clairement pas les mêmes. Et si je peux assez facilement me souvenir du moment où mes enfants étaient petits, et me rappeler que les vacances scolaires d'été pouvaient paraître longues, il n'en est rien aujourd'hui. Parce que comme l'a rappelé M. Jean Romain, à un certain moment, les enfants sont occupés par des jobs d'été, par des séjours linguistiques, qui prennent une partie des vacances. Et même si c'est autre chose, ce ne sont pas forcément des vacances. Or, si on ne leur donne plus que six semaines, à ce moment-là ce sera beaucoup plus difficile d'obtenir un job d'été ou de partir pour des séjours linguistiques.
De même, j'aimerais juste attirer votre attention sur quelque chose qui peut paraître négligeable et qui pourtant ne l'est pas: pendant l'été, bon nombre de communes - si je ne m'abuse quasiment toutes - organisent des camps d'été pour les enfants. Qui sont les moniteurs de ces camps d'été ? Ce sont des jeunes, et très souvent des universitaires. Malheureusement, en octobre et à Pâques, il n'y a pas de jeunes pour ces camps. Et il ne faut pas rêver: si c'est difficile pour les parents de gérer huit semaines de vacances en été - et je pense que tous ceux qui ont des enfants dans cette enceinte se sont amusés avec un plan B, parce qu'à part ceux qui ont la chance d'être enseignants, on n'a pas huit semaines de vacances en été - ils retrouveront exactement la même difficulté en automne et à Pâques, quand c'est peut-être moins facile qu'en été de caser ses enfants. Je pense donc qu'il faut vraiment faire attention, parce que je ne suis pas tout à fait convaincue que l'intérêt des différentes classes d'âge des enfants soit le même que celui des parents, que celui des enseignants.
Le président. Il vous reste trente secondes.
Mme Béatrice Hirsch. Je vais conclure, Monsieur le président. J'aimerais juste reprendre ce qu'a dit Mme Magnin tout à l'heure en parlant des ponts. C'est vrai que c'est plus agréable d'avoir quatre jours d'affilée que d'en avoir un, puis un jour de travail et deux jours de congé. Et pourtant, les enfants, les jeunes, aiment beaucoup ces semaines de quatre jours qui tout à coup, au milieu de rien, offrent un jour de congé, sans nécessairement qu'il y ait besoin de pont. Pour toutes ces raisons, le parti démocrate-chrétien n'entrera pas en matière sur cette motion et vous recommande d'en faire de même. Je vous remercie.
M. Patrick Lussi (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, comme on l'a dit, il est certain qu'en lisant l'intitulé, on peut se demander si des changements ne seraient pas adéquats, ne seraient pas nécessaires. Une chose qui n'a pas été dite quand même, même si cela a été effleuré, c'est que beaucoup de gens - et je le vois car je vis dans un quartier populaire - sont contents d'avoir des vacances d'été assez longues parce que des systèmes de centre aéré sont organisés pour que les enfants puissent s'occuper. S'il n'y avait pas cette durée, est-ce que l'on aurait toujours ces possibilités ?
La deuxième chose que je souhaite rappeler, Monsieur Deneys - c'est un bien, et c'est une chose pour laquelle l'Union démocratique du centre continuera à se battre - c'est que oui, les vacances sont différentes selon les cantons - on est déjà content d'avoir réussi à harmoniser les vacances de février pour que tout le monde n'aille pas en même temps dans la même station de ski - oui, il y a des questions économiques - rappelons-nous les vacances horlogères qu'on avait à l'époque, ou, à mon époque, ce qu'on appelait les vacances de patates en octobre: les vacances sont quand même liées à d'autres activités que simplement, excusez-moi de le dire, le repos de nos chères têtes blondes. Par rapport à cela, il est certain, comme l'a dit mon préopinant, que l'Union démocratique du centre a de la peine à percevoir la finalité de cette motion et à entrer en matière. Cependant, après avoir écouté les prises de parole et M. Jean Romain, et sans vouloir contredire ce qu'a dit mon préopinant...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Patrick Lussi. ...peut-être qu'il y aurait quelque chose à étudier sur la possibilité d'augmenter de trois jours les vacances de Pâques. Raison pour laquelle je laisserai le vote libre à mon groupe quant au renvoi en commission.
M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, j'ai accueilli avec intérêt toutes les remarques et observations. Comme je vous le rappelle, ce texte ne vise qu'à étudier la possibilité ou la nécessité d'effectuer des changements, de vérifier que les rythmes scolaires et les rythmes de vacances actuels sont pertinents. Comme je l'ai dit, je pense que même si nous sommes convaincus qu'ils sont adéquats, on aurait intérêt à le démontrer, on aurait intérêt à avoir des arguments scientifiques pour confirmer aux parents, aux enseignants et à tous les professionnels concernés que ces choix sont les bons pour Genève. Aujourd'hui on peut avoir des raisons d'en douter, parce que les arguments avancés selon lesquels les vacances d'été de huit semaines sont parfaites pour les séjours linguistiques et les activités de centre aéré... Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais vous dire que dans les autres cantons suisses, les séjours linguistiques et les activités de loisirs se font même quand les vacances scolaires durent six semaines. De plus, la motion propose de réorganiser les vacances ! Elle ne propose ni d'ajouter ni de supprimer des durées de vacances, elle propose simplement d'envisager l'hypothèse de réorganiser ces temps de vacances et de scolarité. Parce que c'est aussi ça qui a changé par rapport à l'époque des vacances de patates d'il y a quelques années: la vie scolaire est bien plus stressante et prenante pour les enfants qu'il y a quelques années. Il y a de l'agressivité, il y a une diversité de comportement très grande. Pour toutes ces raisons, avoir des temps de repos plus longs peut aussi être utile, notamment en automne ou au printemps quand on n'a qu'une semaine ou dix jours. (Brouhaha.) Et Mesdames et Messieurs les députés, même si au final les experts nous démontrent que ce n'est pas le cas, ça mérite qu'on se pose la question.
Enfin, j'aimerais insister sur une autre chose, c'est que huit semaines d'activité en été, même avec des centres aérés et d'autres activités sportives, ça coûte pour les parents ! Alors pour un enfant c'est une chose, mais quand vous en avez deux ou trois à charge...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Roger Deneys. ...je peux vous dire que c'est loin d'être évident pour les parents, aujourd'hui, à Genève, d'occuper leurs enfants pendant ces huit semaines. Par conséquent, je vous demande, Mesdames et Messieurs les députés, d'aller de l'avant pour Genève et en tout cas de ne pas refuser cette motion. Il faut la renvoyer idéalement au Conseil d'Etat pour qu'on ait des chiffres, et ensuite on pourra décider de ce qu'on en fait et s'il faut changer le système, ou non, en fonction des arguments proposés par l'étude faite par le Conseil d'Etat. Je vous invite donc à renvoyer cette motion au Conseil d'Etat !
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Je passe la parole à M. Jean-François Girardet, pour quarante secondes.
M. Jean-François Girardet (MCG). Merci, Monsieur le président. En quarante secondes, j'aimerais simplement vous dire que cette motion, qui nous a intéressés, a été déposée le 11 juin 2013, et que dans ses invites il y a des dates qui concernent la rentrée 2014-2015. Alors le MCG vous propose l'amendement qui vous est distribué maintenant, qui consiste à supprimer la dernière invite qui demande au Conseil d'Etat non seulement d'étudier ces nouvelles organisations de vacances, mais aussi de prévoir, à l'issue de la concertation, la mise en place rapide d'une nouvelle répartition. Non, ça, nous n'en voulons pas; nous voulons pouvoir en parler en commission au retour du rapport du Conseil d'Etat, pour voir quels sont les tenants et aboutissants de cette nouvelle proposition. Nous vous encourageons donc à voter...
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député !
M. Jean-François Girardet. ...avec l'amendement.
Mme Salika Wenger (EAG). Chers collègues, j'ai bien entendu tout ce qui a été discuté ce soir à propos de la répartition des vacances. Néanmoins, j'aimerais vous rappeler à tous - et vous semblez l'oublier - que toutes les vacances, en tout cas en Occident, sont calquées sur les fêtes religieuses. Or, j'imagine mal qu'on déplace Pâques, qu'on déplace Noël ou qu'on déplace l'Ascension ! (Brouhaha.) Alors soit nous faisons abstraction des fêtes religieuses, et dans ce cas il est possible de répartir le temps de vacances des enfants de manière plus judicieuse afin que cette répartition soit plus adaptée au travail, aux familles, etc. Mais si nous nous en tenons à la tradition qui est la nôtre, c'est-à-dire pas de travail le dimanche, à Pâques, à Noël, à l'Ascension, le 15 août, etc., il n'y a aucun moyen de changer ces dates ! Aucun, tout simplement ! Effectivement, on peut mettre un peu plus de jours ici, un peu plus de jours là, il n'empêche que cette année, par exemple, nous avons Pâques au tout début du mois d'avril; ce n'est pas très pratique mais néanmoins c'est une obligation, j'ai envie de dire, c'est une coutume ! Parce que nous fêtons Pâques, tout simplement. Alors c'est une hypothèse, mais il faudrait peut-être repenser tout ça; je me dis que si nous devions le faire, il y aurait un certain nombre de choses importantes que nous devrions revoir aussi dans cette perspective.
M. Olivier Baud (EAG). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, cette proposition de motion doit être rejetée sans équivoque. Elle ne dit pas la vérité; les vacances sont équilibrées à Genève, j'ai assez étudié, au sein du syndicat des enseignants romands, toutes les pratiques au niveau suisse pour le savoir. On ne peut pas prétendre, comme ça, que Genève, une fois de plus, se distingue de tous les autres cantons et aurait beaucoup plus de vacances en été, ou beaucoup moins, etc. Non ! Huit semaines de vacances en été, c'est à peu près la norme; la période estivale est agréable, alors que deux semaines en automne, excusez-moi, mais pour faire quoi, puisque la plupart ne partent pas ? Les vacances de patates, c'est assez amusant, bucolique et sympathique de les évoquer, mais elles sont révolues depuis longtemps parce que les enfants ne vont plus aider leurs parents à ramasser des pommes de terre dans les champs ! (Brouhaha.) Peut-être dans certains cantons, très loin là-bas, mais à Genève c'est fini, et deux semaines ne serviraient à rien. Aujourd'hui...
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.
M. Olivier Baud. ...les vacances sont ce qu'elles sont et, ma préopinante Salika Wenger l'a dit, on a, à Genève, de nombreux élèves étrangers qui, lorsque les vacances de Pâques tombent réellement sur les fêtes de Pâques, peuvent retourner dans leur pays pour fêter...
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député.
M. Olivier Baud. ...et si ça tombait à un autre moment, cela n'aurait plus aucun sens. Il faut donc rejeter cette motion.
Mme Anne Emery-Torracinta, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, la discussion que nous avons eue montre très bien que la problématique des vacances concerne tout le monde, mais qu'ouvrir le débat revient à ouvrir la boîte de Pandore. Vous voyez qu'il n'y a aucune solution qui semble réellement sortir du lot. Par rapport à ce qu'a dit Mme Wenger, qui n'était pas inintéressant, sur le fait qu'on était aligné sur les fêtes religieuses, j'aimerais dire que ce n'est pas forcément le cas chez nos voisins français. Vous savez que les Français ont des systèmes de zones qui diffèrent, mais ils ont choisi d'autres rythmes. Il y a effectivement mille et une possibilités pour imaginer les vacances. (Commentaires.) Mais j'ai envie de dire que la pire des choses que vous pourriez faire, ce soir, serait de renvoyer cette motion en commission. Parce qu'en commission, on ne serait pas plus avancé, et on ferait quoi ? Il y aura celui qui dira que ce serait bien que ci ou ça, parce que sa famille, parce que son enfant, et puis il y en aura un autre qui dira exactement le contraire. Alors de deux choses l'une: soit vous renvoyez cette motion au Conseil d'Etat, soit vous la refusez. Mais évitez si possible la commission.
Si vous nous renvoyez cette motion, ce que le Conseil d'Etat avait prévu... (Brouhaha.) ...afin de ne pas vous répondre sur du vent, c'est-à-dire pour ne pas ouvrir la boîte de Pandore sans arguments, c'était de lancer une enquête auprès des familles pour savoir si oui ou non il y a un besoin de changement. Ce serait une enquête faite par le SRED, donc de manière scientifique, et peut-être qu'en interrogeant les parents on s'apercevrait qu'il ne faut rien changer; peut-être qu'on s'apercevrait du contraire, et c'est éventuellement en fonction de cette étude qu'on vous renverrait, le cas échéant, un rapport pour vous dire que oui, ça a du sens de changer les choses, ou que non, ça n'a pas de sens. Si cela avait du sens, cela nécessiterait un très gros travail, un travail de concertation avec tous les partenaires, ce qui veut dire les associations de parents, les associations d'enseignants, mais aussi tous les centres de loisirs, tous ceux qui s'occupent de prendre en charge les jeunes, les communes... Parce que c'est clair que si on diminue les vacances d'été parce qu'elles sont - peut-être - trop longues, et que les parents n'ont pas de solutions de garde, ils n'auront pas plus de solutions de garde si on rallonge les vacances de Pâques ou les vacances de février. Tout cela fait donc partie d'un tout; alors à vous de vous déterminer, mais en tout cas, je vous en prie, ne votez pas le renvoi en commission.
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Dans un premier temps, nous allons nous prononcer sur le renvoi de cette motion en commission.
Des voix. Les votes ne marchent pas !
Le président. J'ai pris en compte vos voix, mais ça ne changera pas grand-chose au résultat. (Commentaires.)
Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2151 à la commission de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et du sport est rejeté par 70 non contre 5 oui et 5 abstentions.
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vais maintenant vous demander de voter sur l'amendement déposé par M. Girardet consistant à supprimer la deuxième invite de cette motion, à savoir: «à prévoir, à l'issue de cette concertation, la mise en place rapide d'une nouvelle répartition des vacances scolaires, idéalement dès la rentrée scolaire 2014-2015».
Des voix. Ça ne marche pas ! (Brouhaha. Un instant s'écoule.)
Le président. Puis-je avoir votre attention, Mesdames et Messieurs ? Nous sommes confrontés à un problème technique, et plusieurs d'entre vous ne peuvent pas voter. Je vais donc suspendre la séance quelques instants, le temps que tout ceci soit réglé. Nous revoterons la demande d'amendement tout à l'heure car certaines voix n'ont pas pu être comptabilisées à l'instant.
La séance est suspendue à 18h24.
La séance est reprise à 18h37.
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, la situation est la suivante: quand bien même nous sommes loin de l'obsolescence programmée, nous sommes très proches de l'obsolescence tout court. Afin de pouvoir poursuivre le scrutin, nous allons procéder en deux temps; je vous prie d'être attentifs, s'il vous plaît: tout d'abord, je lancerai le vote électronique comme à l'ordinaire pour tous ceux chez qui cela fonctionne; les autres s'exprimeront à mains levées. Nous ferons alors le décompte des voix et l'additionnerons au résultat électronique. Est-ce bien clair pour tout le monde ? (Commentaires.) Très bien, nous pouvons donc voter sur l'amendement.
Mis aux voix, cet amendement est adopté par 68 oui contre 9 non et 10 abstentions.
Le président. Il s'agit maintenant de voter le texte de la motion ainsi amendée, et nous procédons de la même manière...
M. Roger Deneys. Vote nominal ! (Exclamations. Protestations.)
Le président. Etes-vous soutenu ? (Quelques mains se lèvent.) Non, cela ne suffit pas, vous n'êtes pas soutenu. (Commentaires.)
Mise aux voix, la proposition de motion 2151 ainsi amendée est rejetée par 49 non contre 37 oui et 2 abstentions.