Séance du jeudi 28 août 2014 à 8h
1re législature - 1re année - 10e session - 65e séance

R 768
Proposition de résolution de Mmes et MM. Lydia Schneider Hausser, Sophie Forster Carbonnier, Roger Deneys, Romain de Sainte Marie, François Lefort, Jean-Charles Rielle, Frédérique Perler, Boris Calame, Irène Buche, Christian Frey, Emilie Flamand-Lew, Jean-Michel Bugnion, Yves de Matteis, Salima Moyard, Lisa Mazzone, Michel Ducommun, Cyril Mizrahi, Caroline Marti, Pierre Vanek pour maintenir des emplois industriels à Genève
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session X des 26, 27 juin, 28 août et 9 septembre 2014.

Débat

Le président. Nous traitons le point suivant de notre ordre du jour, la résolution 768. Nous sommes en catégorie II, trente minutes. Je passe la parole à M. Romain de Sainte Marie.

M. Romain de Sainte Marie (S). Je crois que le cas de cette entreprise Parker Hannifin est le meilleur exemple des conséquences du libéralisme économique dans notre pays et dans le monde. (Commentaires.) Oui, Monsieur Medeiros, vous pouvez rigoler, mais il y a 107 personnes qui, elles, ne rigolent pas, puisque ce plan de licenciement... (Remarque.) ...concerne en effet 107 emplois, dont 59 plein-temps et 20 emplois temporaires. Cela aura des conséquences dramatiques pour le secteur secondaire, à Genève, qui souffre déjà beaucoup puisqu'il ne représente plus que 14% de notre économie seulement, contre 22% en 1985. Aujourd'hui, il est plus que nécessaire pour le gouvernement d'agir pour essayer de maintenir les emplois dans le secteur secondaire, pour maintenir une véritable diversité économique dans notre canton afin de ne pas reposer sur un seul secteur, à savoir le secteur tertiaire, comme cela est déjà le cas.

Cet exemple est typique des méfaits du libéralisme économique; une société qui réalise plus de 13 milliards de francs de bénéfices dans le monde, pour quelques broutilles, choisit de délocaliser 1500 emplois partout en Europe, dont cent et quelques personnes à Genève, tout ça pour effectuer des économies en matière de coûts de production. Je suis au regret de constater que nous avions beaucoup critiqué l'inaction de Pierre-François Unger en matière économique - on s'en souvient avec le cas Merck Serono - mais que M. Maudet ne fait guère mieux avec le cas Parker Hannifin, puisque l'absence du Conseil d'Etat dans ce conflit est notoire. Il est malheureux, en effet, de voir le manque de soutien au contre-projet présenté par le syndicat Unia et les employés de Parker Hannifin, qui proposait une relocalisation sur le canton pour faire des économies quant au lieu de production et, également, une modernisation de la production. Il est donc triste de constater l'absence du gouvernement quand il s'agit de protéger des emplois aujourd'hui, à Genève, dans un secteur qui pourtant a fait la richesse de notre canton. Je vous demande donc d'accepter cette résolution, d'accepter que le Conseil d'Etat se penche enfin sur ce dossier et essaie de tout faire pour que ce contre-projet, voulu tant par les syndicats que par les employés de l'entreprise, ici à Genève, puisse être accepté par la direction du groupe. Merci beaucoup. (Applaudissements.)

M. Bernhard Riedweg (UDC). Que l'Etat s'offusque du licenciement de 74% des collaborateurs et collaboratrices de cette très ancienne entreprise carougeoise est louable, mais cela ne justifie pas qu'il s'immisce dans sa gestion. (Brouhaha.) D'ailleurs, les décisions de rationalisation de la production sont certainement prises dans d'autres sphères de cette multinationale qui se situent vraisemblablement aux Etats-Unis. Cette société employait 20 collaborateurs temporaires pour faire face aux échéances rapprochées des commandes; cela veut dire que le système de production de valves et d'électrovannes est relativement simple, puisque des temporaires sont en mesure de réaliser une production ne nécessitant pas de connaissances techniques particulières. En outre, les salaires du département de production genevois sont certainement trop élevés en comparaison avec ceux d'autres sites de production sis à l'étranger. C'est et cela sera le grand problème de notre canton ces prochaines années, pour les emplois n'exigeant pas de compétences particulières. En procédant de la sorte, cette société veut optimiser ses coûts dans lesquels les salaires ont une part prépondérante, comme dans toute entreprise industrielle. Le personnel, aidé par les syndicats et l'Etat, a eu le mérite de présenter un contre-projet à la direction genevoise qui, malgré elle, a dû suivre les ordres de rationalisation venant d'une direction générale se trouvant à l'étranger. Etant donné que l'Etat n'est pas actionnaire de la société Parker, il n'a aucune influence sur la décision de délocaliser et n'a aucun moyen de pression. C'est la raison pour laquelle l'Union démocratique du centre vous demande de supprimer la deuxième invite de cette résolution, tout en étant solidaire de la première. Nos universités étant de qualité et formatrices et le potentiel intellectuel étant à disposition malgré les salaires élevés, le département «recherche et développement» restera dans le canton ou, pour le moins, en Suisse. Nous craignons que d'autres entreprises internationales prennent des décisions similaires à celles auxquelles le canton est confronté aujourd'hui. Nous vous demandons donc de soutenir la résolution, tout en acceptant notre amendement visant à supprimer la deuxième invite.

Fin du débat: Session 10 (août 2014) - Séance 66 du 28.08.2014

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, il est l'heure de faire la pause. Nous reprenons notre séance à 10h !