Séance du
vendredi 28 mars 2014 à
14h
1re
législature -
1re
année -
6e
session -
39e
séance
M 2118
Débat
Le président. Nous passons maintenant à la proposition de motion 2118. Nous sommes en catégorie II, trente minutes. Monsieur Cerutti, vous avez la parole.
M. Thierry Cerutti (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, voilà une motion intéressante... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...puisque nous parlions justement de police de proximité; nous mentionnions à l'instant que la police joue aussi un autre rôle que celui de courir après les manants et les vilains. Elle a également un rôle de rapprochement avec ladite population. Je rappelle que nous tenions tout à l'heure une discussion quant à savoir si on devait intégrer ou non les détenteurs de permis C à la police genevoise. Pourquoi cette motion est-elle intéressante ? Parce que la gendarmerie va fêter ses 200 ans d'histoire. Certains esprits malins et chagrins vont vouloir la démanteler, puisque la gendarmerie telle que vous la connaissez aujourd'hui n'existera plus demain. Par contre, il y a un nouveau concept qui sera mis en application, notamment la police de proximité, cette fameuse police proche de la population, à l'écoute des gens et rassembleuse.
Aujourd'hui, les hommes de la police cantonale genevoise sont les seuls au monde à devoir passer quotidiennement devant le miroir et se raser, à devoir commencer le service fraîchement rasé; ne sont tolérés ni barbe ni bouc. Je pense que c'est une aberration. Nous devons être au goût du jour et au reflet de la population que nous côtoyons quotidiennement et régulièrement. Je rappelle aussi que si, à une certaine époque, le port de la barbe ou du bouc n'était pas envisageable, c'était notamment lié aux services particuliers que la police cantonale mène, notamment la gendarmerie, qui est le maintien de l'ordre. Dans ce cas-là, on nous disait qu'il était obligatoire de pouvoir porter notre masque anti-gaz. Celles et ceux du banc d'en face ont certainement dû connaître le goût amer de ce fluide lorsqu'ils participaient à des manifestations musclées. Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, nous ne travaillons plus avec ces masques, nous travaillons simplement avec de vulgaires groins, comme on les appelle dans le jargon policier. C'est pour cela, Mesdames et Messieurs, que je pense qu'il n'y a pas lieu de renvoyer cette motion dans l'une de nos commissions. Il faudrait plutôt la renvoyer au conseiller d'Etat qui se fera un plaisir de la traiter puisque, à l'époque déjà où il était magistrat en charge de la sécurité municipale, il avait accepté le fait que les agents puissent porter le bouc, la barbe et autres.
Par ailleurs, il n'y a pas si longtemps, des policiers de toute la Suisse sont venus à Genève pour une énième manifestation que Genève connaît. Il était assez intéressant de constater que nos collègues des autres cantons étaient tous barbus, poilus, alors que notre gendarmerie était rasée, fraîche au corps. Mesdames et Messieurs, je vous invite à accepter cette motion et à la renvoyer au Conseil d'Etat, à moins que certains ne veuillent l'étudier en commission pour voir quels sont les us et pratiques dans d'autres cantons, ce qui n'est pas ma demande actuelle. Merci beaucoup.
M. Raymond Wicky (PLR). Chers collègues, en ce qui concerne votre serviteur et le PLR, on ne partage pas du tout ce point de vue, puisqu'on estime que la thématique abordée dans le cadre de cette motion relève largement de la compétence de la direction de la police et du magistrat de tutelle. On se voit très mal intervenir directement dans d'autres départements comme l'instruction publique pour influencer les ordres de service par exemple. Pour nous, il est clair qu'on ne doit tout simplement pas entrer en matière. Pourquoi ne doit-on pas entrer en matière ? Parce que quand on embrasse une profession... (Remarque. Exclamations. Rires.) Je disais donc que quand on embrasse une profession uniformée, on s'astreint à un certain nombre de contraintes. Ces contraintes sont librement consenties. Ce sont des contraintes de comportement, d'habillement et aussi d'image. En ce qui concerne l'image, je verrais assez mal certaines hautes personnalités que nous recevons à Genève - par exemple Ban Ki-moon ou M. Obama - entourées par des gens avec des barbes de Waldstätten. (Commentaires.) Forts de ces considérations, nous estimons que nous ne devons pas entrer en matière et vous recommandons de refuser purement et simplement cette motion. Merci de votre attention.
Le président. Merci, Monsieur le député, pour ces propos piquants. Je passe la parole à Mme la députée Isabelle Brunier.
Mme Isabelle Brunier (S). Merci, Monsieur le président. Selon la motion, on fait remonter cette interdiction à l'époque de Napoléon. Il semblerait que ce soit plutôt un mythe. A vrai dire, si le premier consul puis empereur des Français était absolument glabre, ses fameux grognards, eux, portaient et arboraient de magnifiques moustaches. L'appréciation des poils sur le visage des hommes en général et des représentants de l'autorité en particulier a fluctué avec le temps pendant ces deux derniers siècles - XIXe et XXe siècles. A certaines périodes, la barbe a été tolérée; à d'autres, elle a été interdite. Concernant la moustache, c'est beaucoup plus clair. A certaines époques, elle a carrément été imposée. Cela faisait quasiment partie de l'uniforme du gendarme - c'est même rentré dans l'imagerie populaire - que d'arborer une magnifique moustache. On en a d'ailleurs un exemple dans notre enceinte ! (Quelques applaudissements.) En France, l'obligation de porter la moustache a été abrogée seulement en 1933. Concernant la barbe, c'est moins clair. Mais il est vrai que l'interdiction de porter la barbe parmi les forces de l'ordre a subsisté dans un certain nombre de pays européens. La Belgique a supprimé cette interdiction en l'an 2000, et nos voisins vaudois, eux, en 2012. Tout cela pour dire que si le règlement devait changer suite à cette motion - que le parti socialiste soutiendra et renverra également au Conseil d'Etat - on pourrait dans un premier temps regretter que la gendarmerie genevoise ne dispose plus de moyen de pression sur son magistrat puisque, en 2011, on avait assisté à la grève des rasoirs pour essayer de faire fléchir Mme Isabel Rochat. Autres temps, autres moeurs ! En tout cas, nous abondons dans le sens de supprimer cette interdiction de la barbe. Cela encouragera peut-être de nouvelles candidatures - si tant est que cet aspect de l'uniforme soit un empêchement pour de jeunes futurs policiers à s'engager - et facilitera un peu le recrutement. Enfin, on pense à la gent féminine, qui aura peut-être bientôt le grand plaisir de croiser des représentants de la loi qui allieront le prestige de l'uniforme au charme viril de la barbe. (Rires. Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la députée, pour ces charmants propos. La parole est à M. le député Jean Romain.
M. Jean Romain (PLR). Merci, Monsieur le président. Chers collègues, après M. Wicky qui nous a fait un exposé tout à fait intéressant, je remonterai encore plus loin que les Waldstätten puisque, depuis la haute Antiquité, chers collègues, la barbe a signifié deux choses pour l'être humain, deux choses qui allaient de pair à l'époque. D'une part, la puissance du prince, celle du roi - songez aux pharaons d'Egypte ! - et d'autre part - vous n'en serez pas étonnés - la sagesse. Si les enfants n'ont pas de barbe, c'est qu'ils n'ont pas encore atteint l'âge de raison. La barbe représente le temps. Plus elle est longue, plus l'homme est vieux et sage, plus sa dimension intérieure prime sur son simple paraître. L'homme barbu au pouvoir affiche à la fois sa puissance et sa sagesse. Si Socrate est au pouvoir, la vérité règne, et nous nous retrouvons bien en l'occurrence - convenez-en - dans notre situation genevoise. La barbe est aussi le symbole de l'ermite, isolé de la société et de sa dictature matérialiste et qui, pour méditer et avoir droit à la révélation, restera assis au pied d'un arbre, se nourrissant à peine et se contentant d'un minimum vital pour assurer son élévation spirituelle. La barbe se voit. Elle est un attribut du visage. Avec la barbe, le visage de l'autre ne se représente plus tout à fait dans sa nudité originelle. Derrière la barbe, le visage disparaît un peu, beaucoup, passionnément...
Une voix. A la folie !
M. Jean Romain. Enfin, la barbe est aussi un symbole d'énergie spirituelle. Les guerriers grecs non moins que les philosophes de l'époque portaient la barbe, comme les citoyens. Une barbe courte, taillée, domestiquée. C'était le bon temps, me direz-vous, le temps d'avant internet et Facebook ! Aujourd'hui, le port de la barbe dans un corps constitué comme la police relève d'un règlement interne. Or, bien que je sois un défenseur de la liberté individuelle et un grand amateur des suppressions de directives, je préfère m'en remettre, en l'occurrence, audit règlement. Laissons la police, chers collègues, régler à l'interne toutes les options pileuses et refusons cette motion !
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Vincent Maitre. (Remarque.) Très bien, vous renoncez. La parole est alors à M. Michel Ducommun.
M. Michel Ducommun (EAG). Merci, Monsieur le président. Je constate que les références historiques sont assez nombreuses sur ce sujet. Je vais donc continuer dans ce sens-là en réagissant à l'intervention selon laquelle on ne peut pas traiter ce sujet au Grand Conseil et entrer en matière à cause du règlement. Je sais - et je vais expliquer pourquoi - qu'il y a environ une soixante d'années, ce même Conseil a considéré et changé quelque chose quant à la tenue des policiers. Le changement a été obtenu et a rendu une personne assez populaire parmi les gendarmes. Il s'agissait de leur permettre, lorsqu'il faisait chaud en été, de se promener sans veste et simplement en chemise. J'ai dit que j'y faisais allusion et que ce quelqu'un était devenu plutôt populaire parce qu'il avait proposé cela. Ce quelqu'un, c'était Maurice Ducommun, qui était député dans cette même salle et qui était mon père. Par filiation et par respect filial, je vais donc dans la même direction et vous propose d'accepter cette motion qui donne la liberté de la barbe à nos gendarmes. (Quelques applaudissements.)
Mme Lisa Mazzone (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, cette interdiction est en effet désuète et rétrograde. C'est pourquoi le groupe des Verts soutiendra la motion. Ce qui nous inquiète en revanche davantage que cette question de barbe, c'est plutôt l'absence de femmes dans les corps de la police, et non la surabondance de barbus. (Exclamations. Brouhaha.) Evidemment !
Le président. Chut ! Poursuivez, Madame.
Mme Lisa Mazzone. Merci beaucoup. La présence des femmes permettrait peut-être de faire évoluer les mentalités engluées en montrant qu'elles sont tout autant à même d'assurer l'autorité. C'est une tâche qu'ont tout autant à faire les femmes que les hommes, ce qu'on oublie parfois dans ce parlement, étant donné sa composition. Je vous remercie. (Quelques applaudissements.)
M. Patrick Lussi (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, il y a eu des envolées lyriques, il y a eu des envolées poétiques, il y a eu l'envolée romanesque de M. Romain. Avant toute chose, je dirai que l'UDC, ayant de la peine à se prononcer sur l'objet, laissera la liberté de vote. J'aimerais simplement vous donner quelques impressions qui me sont propres et qui n'engagent que moi. Comme ancien militaire et quand je fais référence à ce que nous répète à longueur de commissions M. le conseiller d'Etat qui entend avoir des policiers actifs, pluridisciplinaires et engageables partout, j'ai le vague souvenir - mais peut-être suis-je dépassé ? - qu'à l'armée, le port de la barbe était défendu parce qu'en mettant le masque à gaz, il risquait d'y avoir des fuites. Avec la barbe, nous aurions des manifestants qui seraient incapables de tenir le masque à gaz et d'aller sous les gaz lacrymogènes. Je précise que je suis dans l'humour ! (Commentaires.) Pour finir, je ne peux m'empêcher de me demander la chose suivante, quand j'entends l'envolée de ma préopinante socialiste... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...aussi belle rouquine soit-elle - qui souhaite des bataillons de Sébastien Chabal dans la police: devons-nous nous en réjouir ou pas ? (Rires.) Mesdames et Messieurs, je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Bernhard Riedweg.
Une voix. Ah ! (Brouhaha.)
M. Bernhard Riedweg (UDC). Merci, Monsieur le président.
Une voix. Des chiffres ! (Brouhaha. Un instant s'écoule.)
Le président. Allez-y, Monsieur le député.
M. Bernhard Riedweg. J'y vais, j'y vais ! Le plus difficile est de fixer la limite entre une barbe revalorisante et une barbe dévalorisante. Quelle image notre gendarmerie veut-elle donner à la population ? Une barbe mal entretenue voire hirsute pourrait rendre le citoyen lambda méfiant, car il aurait l'impression d'avoir affaire à un «casseur», ce qui risque de l'effrayer et de le rendre agressif. Le fait de s'aligner sur les autres cantons qui autorisent les gendarmes et les corps de police à porter une barbe n'est pas un argument valable. Je ne pense pas que le port d'une barbe motive davantage les forces de l'ordre à améliorer leurs engagements tant à l'interne que sur le terrain. Le groupe UDC s'abstiendra. Merci, Monsieur le président. (Brouhaha.)
M. Pierre Vanek (EAG). Beaucoup de choses ont été dites au cours de ce débat important. Je ne sais pas si, en tant qu'ancien barbu, j'ose m'exprimer. J'ai en effet porté la barbe pendant une dizaine d'années. L'article 24 s'applique peut-être ! Monsieur le président, je me permets quand même d'intervenir avec tout le doigté nécessaire eu égard à ce lien d'intérêt. Par ailleurs, les questions capillaires me sont très... (Rires.)
Le président. ...étrangères !
M. Pierre Vanek. Je comprends le caractère délicat de ce genre de questions. On pourrait s'interroger. C'est vrai que si on devait exiger le maintien de l'absence de cheveux au menton, on pourrait, dans la même logique, exiger que les gendarmes soient brillants, pas seulement sur le plan intellectuel - ce qui est déjà le cas...
Des voix. Roh !
M. Pierre Vanek. ...mais aussi sur le plan du crâne. Bref, j'ai hésité sur cette question mais, in fine, ma religion est faite et celle de mon groupe a été exprimée par Michel Ducommun. Nous soutiendrons bien sûr la liberté individuelle des gendarmes de porter la barbe, la liberté individuelle de l'ensemble des fonctionnaires de faire tout ce qui n'entre pas en contradiction avec la politique publique et la bonne marche de l'Etat et de siéger dans ce Grand Conseil sans avoir à obtenir d'autorisations de la part du Conseil d'Etat.
La seule réserve que j'avais encore - le point a été soulevé par Mme Brunier tout à l'heure - concerne les droits syndicaux. Il y a deux ou trois ans, l'UPCP avait en effet utilisé comme moyen d'action le renoncement au rasoir, la grève du rasoir comme moyen de pression syndicale face à Mme Rochat. Mais si, du côté de l'UPCP, il n'y a pas d'objection à cette restriction de leurs moyens d'action syndicaux, nous serons prêts à suivre cette proposition et à la voter dans l'enthousiasme et la bonne humeur.
M. François Baertschi (MCG). Je crois que je ne vais pas m'exprimer en «chauve qui peut» aujourd'hui ! (Exclamations. L'orateur rit.) M. Vanek l'a déjà fait. Sans entrer dans les pilosités respectives des uns et des autres, nous avons affaire ici à une genevoiserie, une de plus. C'est vrai que dans les autres cantons, on a la liberté de porter la barbe quand on est fonctionnaire de police. Une barbe soignée, cela va sans dire. Une barbe qui permet de faire le service. Comme commentaire, je dirais que demain, on rase gratis ! (Rires.)
M. Pascal Spuhler (MCG). Finalement, quelques propos sympathiques avec un peu d'humour ne font pas de mal, et on aura peut-être des barbes fleuries comme ça ! Je salue quelques propos historiques sur les barbus, et je pense surtout à mon collègue et ami Raymond Wicky, qui a peur d'embrasser un gendarme barbu, ce que je peux comprendre aussi. Je voulais simplement vous dire ceci: le rôle de ce parlement n'est peut-être pas de régler des ordres de service, mais quand on pense qu'un ordre de service est obsolète, on peut aussi demander au Conseil d'Etat de le faire supprimer. Je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Michel Amaudruz pour cinquante-sept secondes.
M. Michel Amaudruz (UDC). J'aimerais juste vous dire, Monsieur le président, que comme on a la liberté de vote, je renonce à vouloir me laisser pousser la barbe.
Mme Marie-Thérèse Engelberts (MCG). Je vais un peu détonner au milieu de tous ces discours. Non pas du tout que je déteste les barbus, bien au contraire ! (Exclamations.) Et la tradition filiale, je trouve que c'est formidable. Mais il y a un mot que je n'ai pas entendu: c'est une certaine tenue et une certaine esthétique. Je ne sais pas si vous vous souvenez - probablement pas ! - de l'époque où on a supprimé les uniformes des infirmières dans les hôpitaux. C'est le jour où on a vu débarquer des gens qui s'habillaient avec des sacs, transparents en plus ! (Exclamations.) Voilà qui était peut-être très agréable pour certains patients... (Commentaires.) ...mais, pour nous, ce fut - plus sérieusement - extrêmement dégradant. Et c'est insupportable ! J'ai envie de vous dire que les savates dans les services, les blouses taillées n'importe comment et le fait d'aborder un patient avec les cheveux qui tombent, d'essayer de le tourner ou de le soigner avec les bijoux qu'on a sur les mains...
Une voix. Quelle horreur !
Mme Marie-Thérèse Engelberts. ...c'est détestable ! Il y a un minimum... Je ne vais pas revenir sur l'uniforme. Mais si je rencontre un monsieur que je ne peux pas reconnaître sous sa barbe - et souvent, la barbe s'allie aussi à d'autres choses... (Commentaires.)
Une voix. Bêh !
Mme Marie-Thérèse Engelberts. Je suis désolée mais...
Une voix. Les détails ! (Commentaires.)
Mme Marie-Thérèse Engelberts. D'accord pour avancer, pour faire des progrès, mais restons quand même dans une certaine esthétique et gardons un minimum de tenue pour que ce soit agréable pour l'autre ! On est quand même dans des professions de service, et je trouve que quelquefois, ce n'est pas très ragoûtant.
Une voix. Bravo !
Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. le député Jean-Charles Rielle. Il vous reste vingt-six secondes.
M. Jean-Charles Rielle (S). Merci, Monsieur le président. Je n'aurai pas besoin de plus. Mesdames et Messieurs les députés, après la journée pénible d'hier, l'ambiance relationnelle d'aujourd'hui est exceptionnelle. Je propose une motion d'ordre pour qu'on revienne ce soir à 20h30 ! (Rires. Quelques applaudissements.)
M. Pierre Maudet, conseiller d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs, je n'étais pas certain de m'exprimer au terme de ce débat dont je m'attendais au caractère barbant, voire rasoir ! Mais je ne peux pas exclure le fait que la proximité du 1er avril ait contribué à rendre ce débat plus léger. Puisque l'on parle ici de sécurité, je ne vous cacherai pas que mes préoccupations vont moins à la pilosité de nos forces de l'ordre qu'à l'action qu'elles doivent mener tous les jours. La doctrine que le Conseil d'Etat a suivie jusque-là et qu'il va continuer de suivre consiste à dire - et je rejoins en ce sens les propos de Mme Engelberts - que nous voulons des pandores qui aient de la tenue et du panache, ce qui peut s'accommoder çà et là d'une pilosité plus exubérante. Mais cela consiste aussi à respecter un principe cardinal, qui vient d'être rappelé aux premiers articles de la nouvelle loi sur la police que nous traitons actuellement au sein de la commission judiciaire et de la police. La police et en particulier son expression uniformée - la gendarmerie - est un corps d'inspiration militaire. De ce point de vue là, il se cale sur le chef, il s'identifie au chef. Comme vous le savez, nous avons aujourd'hui une cheffe de la police. (Rires.) Je pense que vous pouvez déduire... (Applaudissements.) Vous pouvez déduire de ce propos que, tant que nous aurons une cheffe de la police, nous aurons des policiers glabres ou, à tout le moins - et c'est le compromis que l'on peut admettre - éventuellement avec une moustache. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous passons maintenant au vote sur cette motion.
Mise aux voix, la motion 2118 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 42 oui contre 38 non et 5 abstentions.