Séance du vendredi 14 mars 2014 à 15h
1re législature - 1re année - 6e session - 30e séance

M 2000
Proposition de motion de Mmes et MM. Alain Meylan, Anne Marie von Arx-Vernon, Vincent Maitre, Bertrand Buchs, Michel Forni, Francis Walpen, Daniel Zaugg, Jacques Jeannerat, Christophe Aumeunier, Gabriel Barrillier, Beatriz de Candolle, Antoine Barde, Ivan Slatkine, Jacques Béné, Charles Selleger, Philippe Schaller, Guillaume Barazzone, Pierre Conne, René Desbaillets, Pierre Weiss, Fabiano Forte, François Gillet, Fabienne Gautier pour un encouragement de l'électromobile à Genève
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes» de la session II des 1er et 2 décembre 2011.
Délai de traitement en commission dépassé (cf. article 194 LRGC)

Débat

Le président. Nous arrivons à la M 2000. La parole est à M. Ivan Slatkine.

M. Ivan Slatkine (PLR). Merci, Monsieur le président. La commission des transports a été surchargée ces derniers mois avec des dossiers très importants. On en a débattu il y a un mois par exemple, avec la traversée de la rade. Pour le groupe PLR, l'encouragement de l'électromobile à Genève reste une priorité, raison pour laquelle je vous suggère de renvoyer cette motion à la commission des transports. Je vous remercie.

Mme Lisa Mazzone (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, visiblement les signataires de cette motion ont découvert la peinture verte, très pratique ! Vous prenez une voiture, lourde, massive, encombrante, dangereuse, etc., vous la peignez en vert, et voilà, c'est fait: tous ses défauts sont masqués en un seul coup de pinceau ! On en oublierait presque la place qu'elle occupe sur l'espace public, camouflée dans sa nouvelle robe verte, jolie couleur au demeurant. Mais rapidement, la peinture s'écaille et réapparaissent les nuisances: ainsi, les enjeux de mobilité ne se réduisent pas aux gaz qui émanent des pots d'échappement. En ville, l'encombrement que crée le parc automobile est un élément central sur lequel il faut aujourd'hui travailler pour permettre aux habitants de réinvestir la rue, pour plus de convivialité et de lien social dans les quartiers.

Quelques chiffres. Rappelons que les quelque 300 000 véhicules que compte le canton de Genève restent immobiles presque 95% du temps. Pourtant, on leur consacre à peu près 70% de l'espace public urbain, ainsi confisqué à la collectivité. Pour stocker tous ces véhicules - pour entreposer de la tôle - c'est l'équivalent de 280 terrains de football qui est nécessaire. Dans cette motion, on parle notamment d'offrir gratuitement notre précieux espace public pour le stationnement de ces voitures: cette option pour le stationnement de véhicules, fussent-ils électriques, est une voie dans laquelle il faut se garder de s'engouffrer, alors que les habitudes de mobilité doivent se transformer pour un transfert vers des véhicules plus durables à long terme comme les transports publics et la mobilité douce. D'ailleurs, c'est une tendance qu'on constate déjà, puisqu'on voit que les jeunes sont toujours moins nombreux à passer le permis de conduire, ou que le Salon de l'auto ne rencontre qu'un succès modéré auprès des jeunes générations. (Remarque. Rire de l'oratrice.)

Le président. Il vous reste trente secondes.

Mme Lisa Mazzone. Je profite du temps qui me reste pour noter que l'énergie nécessaire à la construction et à l'élimination de ces voitures électriques reste un écueil majeur, non dépassé avec ce type de proposition.

Le président. Il vous faut conclure.

Mme Lisa Mazzone. C'est pourquoi nous vous engageons à refuser cette motion. Je vous remercie.

Mme Christina Meissner (UDC). Monsieur le président, vous transmettrez à ma préopinante que décidément, elle n'est pas en phase avec les Verts, mais c'est vrai qu'aujourd'hui elle porte du rouge: ce doit en être une des raisons. Parce que d'ici que les voitures électriques encombrent notre espace, il y a encore du temps ! Au contraire, il faut inciter la population, vraiment, les gens qui ont besoin de pouvoir se déplacer en véhicule - parce que tout le monde n'est pas forcément «fit» de manière à pouvoir circuler à vélo - à faire le changement et à adopter la voiture électrique, le 100% électrique. Nous pensons qu'il y a nécessité d'encourager, pour qu'on fasse le pas, et cet encouragement passe notamment par cette motion. Nous aurions même été prêts, Monsieur Slatkine, à renvoyer directement cette motion au Conseil d'Etat, puisque la commission des transports est très encombrée, et que nous ne voulions pas l'encombrer davantage avec une voiture électrique - mais nous suivrons la recommandation de renvoyer cette proposition de motion en commission.

M. Pierre Weiss (PLR). Je crois qu'il y avait une solution simple qui aurait été de renvoyer directement en commission cette proposition de motion, comme le proposait M. Slatkine; d'autres ont préféré faire des interventions romantiques. Contrairement à Mme Meissner, je ne vois pas que du rouge dans les habits de Mme Mazzone, j'y vois du rouge et du noir: c'est un personnage stendhalien qui s'est exprimé. Eh bien, je dirai tout simplement à son égard qu'elle a préparé une intervention pour un sujet qui ne se traite pas aujourd'hui: elle a oublié que l'on demandait simplement le renvoi en commission et non pas de se prononcer sur le fond. (Protestations.) En ce qui me concerne, je pense qu'on peut effectivement renvoyer cette proposition de motion en commission. (Remarque.) Je vous remercie.

Mme Anne Marie von Arx-Vernon (PDC). En tant que cosignataire de cette motion, je vais aussi dire qu'elle est un peu repeinte en orange, et je pense que c'est vraiment, vraiment, mais vraiment l'avenir de n'avoir à Genève que des voitures électriques, s'il doit encore y avoir des voitures. Je ne vois donc pas pourquoi aujourd'hui on ferait un mauvais procès à cette possibilité qui nous permet de diversifier encore pour le moment, ni pourquoi on devrait s'opposer au renvoi à la commission des transports, car c'est vraiment le meilleur endroit pour continuer de proposer des solutions novatrices et avoir cette réelle vision qui nous permet de penser que l'avenir peut être encore en voiture - ce n'est pas un gros mot - mais électrique. Je vous remercie.

M. Pierre Vanek (EAG). Très peu de choses à rajouter à ce qu'a dit Mme Mazzone, c'était parfait. Cette motion est absurde, idiote, inutile: il faut limiter la mobilité inutile, il faut limiter le nombre de voitures, quelle que soit l'énergie qui les alimente... (Commentaires.) ...il faut globalement réduire notre consommation d'énergie, et ce n'est pas en envoyant des voitures à la casse et en les remplaçant par d'autres alimentées au nucléaire ou in fine à Dieu sait quelle autre énergie...

Une voix. Au chasselas !

M. Pierre Vanek. ...ou au chasselas, qu'on fera oeuvre utile. De ce point de vue là, cette motion est absurde. Je me réjouirais évidemment d'en discuter, et je pense que le problème essentiel est un problème de politique énergétique. Si l'on veut en débattre, faisons-le donc là où l'on discute précisément de tenter de réduire significativement, et pour des raisons écologiques, la consommation énergétique dans ce canton. (Commentaires.) Je rappelle que c'est un objectif de politique publique défini notamment par notre constitution. Renvoyons donc ce texte plutôt à la commission de l'énergie et des Services industriels... (Commentaires.) ...puisque in fine, ce sont bien les Services industriels qui seront appelés à fournir cette électricité que vous aspirez à injecter dans les réservoirs de ce flot de bagnoles électromobiles un peu absurdes que vous nous proposez.

Présidence de M. Antoine Droin, président

M. Ivan Slatkine (PLR). Je ne pensais pas ouvrir un débat pendant cette séance des extraits ! Je constate qu'Ensemble à Gauche et les Verts sont contre l'électrique aussi, donc contre le vélo électrique... Je me réjouis qu'ils déposent un texte pour interdire le vélo électrique à Genève, j'en prends bonne note. Maintenant, la demande de renvoi à la commission des transports est très simple: tout le travail a été fait, un rapporteur avait été nommé, il n'a pas été réélu et le rapport n'a jamais été déposé. Il s'agit donc de renvoyer ce texte à la commission des transports pour qu'un nouveau rapporteur soit nommé et que le rapport puisse être déposé, tout simplement. Je vous remercie, Monsieur le président.

M. Luc Barthassat, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je ne m'oppose pas au renvoi en commission de cette proposition de motion, pour la simple et bonne raison énoncée par M. Slatkine concernant le rapport. Cela nous permettra en même temps d'éclaircir peut-être certaines questions qui se posent autour de tous ces nouveaux projets, parce que c'est vrai que si aujourd'hui une certaine droite en parle, hier, c'était une certaine gauche. Je ne m'oppose donc pas au renvoi en commission de cette proposition de motion, simplement aussi pour éviter la guerre des pinceaux ! (Rires.)

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Je vous fais voter le renvoi à la commission des transports.

Mis aux voix, le renvoi pour six mois de la proposition de motion 2000 à la commission des transports est adopté par 52 oui contre 16 non et 4 abstentions.

Un rapport doit être rendu dans les six mois (article 194 LRGC).