Séance du
vendredi 14 février 2014 à
15h
1re
législature -
1re
année -
5e
session -
25e
séance
M 2078-B
Débat
Le président. Nous passons à la M 2078-B. Je vous signale une erreur dans le titre sur le tiré à part: il s'agit d'un rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil et non d'un projet de loi. La parole est à M. Spuhler.
M. Pascal Spuhler (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, cette réponse arrive très vite après notre renvoi de la motion au Conseil d'Etat, renvoi qui, je vous le rappelle, a été voté à l'unanimité moins une abstention. La motion avait aussi été acceptée par l'entier de la commission qui l'a traitée.
La réponse est un peu laconique, c'est une sorte d'inventaire à la Prévert des actions du Conseil d'Etat, ou plutôt du département de justice et police, entre la période du dépôt de la motion et aujourd'hui: on a toute une kyrielle de noms d'actions et d'opérations - «Mousquetaires», «School» - pour nous dire finalement que tout va bien, qu'on n'a plus entendu de réclamations. J'aimerais tout de même faire quelques remarques. (Brouhaha.)
D'abord, cette motion a été déposée le 2 avril 2013. L'action «School» a démarré en septembre, elle a duré assez peu de temps. Si, aux premiers jours de cette action, on a effectivement constaté une petite amélioration aux Pâquis, très vite, les dealers sont revenus sur le terrain, ont même augmenté en nombre, ont même envahi plus de terrain. Actuellement, on en a jusqu'aux rues Jean-Jaquet, Gautier, du Prieuré et, bien entendu, autour de l'école de la rue de Zurich et autour de celle de Pâquis-Centre. Aujourd'hui, la situation est donc pire qu'avant, ça n'a rien changé: les dealers se cachent derrière les voitures quand la police passe et réapparaissent ensuite comme par enchantement pour vendre leur saloperie.
Dans le rapport, on nous dit qu'on n'a plus entendu parler de l'école et de problèmes autour des écoles alors que personnellement, en tant que parent d'élève, j'ai reçu en date du 20 septembre 2013 une circulaire signée par le directeur de l'école de la rue de Zurich, qui nous informe qu'un enfant a trouvé un sachet de drogue et se promenait dans la cour de récréation en le montrant à ses petits camarades parce qu'il trouvait ça très drôle. Evidemment, ce sont les maîtresses qui ont dû intervenir pour prendre le sachet et lui expliquer qu'il ne fallait pas toucher ce genre d'objet. Ça fait toujours plaisir, quand on est parent d'élève, d'apprendre que nos enfants peuvent incidemment trouver des sachets de drogue dans la cour d'école alors que justement, on a informé les autorités en leur disant: «Attention, il y a des dealers ! Ouvrez les yeux, faites quelque chose !» Et on nous répond: «Tout va bien, il n'y a plus de réclamations !»
Mesdames et Messieurs, la réponse est laconique et pleine de... allez, de petites fleurettes: «On est formidables, vous êtes formidables, tout le monde est formidable !» - c'est à la mode en ce moment, c'est dit dans une chanson qui passe à la radio. Non, Mesdames et Messieurs, sérieusement, je vous demande de renvoyer ce rapport au Conseil d'Etat pour qu'une action, une vraie action avec des résultats, soit entreprise. Je vous remercie. (Applaudissements.)
M. Patrick Lussi (UDC). J'ai peu à ajouter à ce qu'a dit mon préopinant. Il faut non seulement une action, il faut de la durée dans les actions et qu'elles soient permanentes. Le groupe UDC demande aussi le renvoi de ce rapport au Conseil d'Etat. (Remarque.)
M. Antonio Hodgers, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, le Conseil d'Etat est heureux d'entendre qu'il est formidable, mais le Conseil d'Etat, comme vous, malgré les efforts entrepris, n'est pas encore satisfait de la situation aux Pâquis. Néanmoins, ces efforts ont été faits, vous l'avez dit: l'opération «School» a été mise en place, elle a mené à un renforcement des patrouilles notamment durant les horaires scolaires, elle a mené à un travail avec la police municipale sur ces questions-là, elle a mené à la conclusion d'un contrat local de sécurité avec la Ville de Genève. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) L'Etat intervient, la situation s'est améliorée, selon les acteurs avec lesquels la police est en contact, mais la situation n'est pas gagnée car la lutte contre la criminalité est une lutte constante, un travail de Sisyphe que nous devons toujours reprendre. Dans ce sens-là, Mesdames et Messieurs les députés, je peux entendre la critique selon laquelle nous devons encore améliorer la situation aux Pâquis.
Cette amélioration doit se faire par la mise à disposition de moyens et de policiers supplémentaires - et vous savez que c'est l'objectif du Conseil d'Etat pour ces prochaines années - ou par le système de caméras de vidéosurveillance que le Conseil d'Etat, dans un projet pilote, entend mettre en place aux Pâquis. Mais vous comprendrez, Mesdames et Messieurs les députés, que vous pouvez renvoyer ce rapport, le renvoyer une deuxième fois, une cinquième fois, une dixième fois: ce n'est pas cela qui améliorera la sécurité aux Pâquis. (Remarque.) Nous sommes d'accord sur le problème, nous sommes d'accord d'aller de l'avant; nous avons décrit, dans la réponse à cette motion, ce que nous avons déjà entrepris, qui a déjà eu des effets, et nous nous engageons pour que par la suite, avec l'augmentation de nos effectifs de police et une collaboration avec la police municipale, nous puissions encore améliorer la situation. En attendant, si vous voulez créer encore plus de paperasse, libre à vous de renvoyer ce rapport; sinon, je vous invite à soutenir le travail de la police sur le terrain. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous sommes saisis d'une demande de renvoi au Conseil d'Etat, que je mets aux voix.
Mis aux voix, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur la motion 2078 est adopté par 34 oui contre 31 non et 4 abstentions.
Le rapport du Conseil d'Etat sur la motion 2078 est donc refusé. (Commentaires et exclamations durant la procédure de vote.)