Séance du jeudi 30 août 2018 à 17h
2e législature - 1re année - 2e session - 17e séance

P 2028-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour une régulation des feux mieux adaptée à la marche
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session II des 21, 22 juin et 30 août 2018.
Rapport de majorité de M. Guy Mettan (PDC)
Rapport de minorité de M. Olivier Baud (EAG)

Débat

Le président. L'ordre du jour appelle maintenant la P 2028-A, que nous traitons en catégorie II, trente minutes. Je passe la parole à M. le député Mettan.

M. Guy Mettan (PDC), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Je rappelle juste en quelques mots ce dont il s'agit: cette pétition d'actif-trafiC demande de favoriser les déplacements à pied. A cet effet, elle requiert que pour tous les passages piétons avec un feu, une phase de feu vert soit accordée aux piétons toutes les trente secondes au minimum et qu'après avoir appuyé sur le bouton-pressoir, ces derniers n'attendent pas plus de sept secondes pour traverser, qu'il y ait une meilleure régulation des carrefours pour que les piétons puissent les franchir en une seule fois, et enfin que le temps de feu vert soit mieux adapté à la vitesse de déplacement des usagers les plus vulnérables. On ne peut évidemment qu'être d'accord avec ce type de pétition et le fait que les piétons méritent de jouir de bonnes conditions de déplacement.

Le problème, c'est qu'en ville il n'y a pas que des piétons. Il y a aussi des usagers d'autres moyens de locomotion, qu'il s'agisse des transports publics, des vélos ou naturellement du transport privé motorisé. Il faut faire jouer tout ça ensemble, et c'est bien toute la difficulté de la mobilité à Genève. A partir de ce constat, nous avons procédé à des auditions et il est apparu que le système en cours permet, tel qu'il est appliqué, de garantir aux piétons une excellente sécurité. Il n'y a dès lors pas besoin d'appliquer les recommandations contenues dans cette pétition, parce qu'elles perturberaient les autres moyens de locomotion. Au fond, sous prétexte d'encourager un type de locomotion, on mettrait en difficulté les autres et on perturberait donc l'ensemble de la mobilité. Je n'en dirai pas plus, sinon pour vous inviter, sur la base de ces considérations, à vous rallier à la majorité de la commission et à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

M. Olivier Baud (EAG), député suppléant et rapporteur de minorité. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, on ne peut qu'être d'accord avec l'idée que les piétons ont la priorité ! C'est le rapporteur de majorité qui vient de le dire. On ne peut qu'être d'accord, mais voilà, dans les faits on a toujours tendance à ne pas vouloir accorder la priorité aux piétons alors que, fondamentalement, ils devraient absolument l'avoir. Mais ce n'est pas la logique actuelle puisque toute la circulation est pensée en fonction des véhicules motorisés. Les feux rouges existent par nature à cause des voitures - sans ça, il n'y en aurait pas - et on n'arrive pas à inverser la logique, à changer de paradigme.

Actif-trafiC a fait une étude très importante, qu'il vaut la peine de lire, et les propositions assez précises de l'association méritent d'être étudiées. C'est pourquoi Ensemble à Gauche pense que dans un canton et une ville comme Genève, où 45% des déplacements se font à pied - il faut le savoir - il est absurde que les piétons perdent 30% de leur temps à attendre bêtement que le feu veuille bien devenir vert. Ils passent plus de temps que les voitures notamment à attendre le feu vert ! On peut quand même essayer de changer de mentalité, de voir les choses sous un autre angle; essayer de penser la ville, la circulation et l'accès aux routes en fonction des piétons et non pas du trafic. C'est pour toutes ces raisons qu'Ensemble à Gauche estime que cette pétition vaut la peine d'être renvoyée au Conseil d'Etat. Merci.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. La parole est maintenant à M. le député Aellen.

M. Cyril Aellen. C'est une erreur, Monsieur le président.

Le président. La parole va donc à M. Jean Burgermeister.

M. Jean Burgermeister (EAG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le rapporteur de minorité l'a dit, 45% des déplacements en ville de Genève se font à pied. C'est donc un mode de déplacement extrêmement important pour la population, et force est de constater que Genève, en matière d'aménagements, est à la traîne en comparaison de nombreuses autres villes. En particulier, la question du temps d'attente entre les feux pose de sérieux problèmes, puisque l'on sait que passé le délai de trente secondes, les personnes sont susceptibles d'adopter des comportements dangereux. Et puis il y a évidemment la question d'un mode de déplacement qui soit accessible également aux personnes à mobilité réduite, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle - les personnes concernées l'ont souligné à plusieurs reprises.

M. le rapporteur de majorité disait que le système actuel garantit une excellente sécurité et qu'il ne faut pas perturber les autres moyens de locomotion, sans quoi ils seraient mis en difficulté et on perturberait ainsi l'ensemble de la mobilité. Or les études récentes montrent au contraire que le développement d'une mobilité douce et le ralentissement du trafic routier individuel au centre-ville permettent d'augmenter la fluidité des déplacements. J'aimerais aussi insister sur une chose: le PLR nous dit souvent qu'il faut chercher des pistes d'économies. Eh bien force est de constater qu'une telle mesure, qui encourage la mobilité douce, aurait des conséquences positives non seulement sur l'environnement et la qualité de vie des habitantes et des habitants - il faut le rappeler, c'est important - mais aussi sur les coûts de la santé ! C'est là une piste d'économie tout à fait accessible pour une bonne partie de la population. Et je rappellerai enfin que le rapport Mobilités 2030, accepté par le Conseil d'Etat, fixe notamment comme objectif d'accorder une priorité maximale à la mobilité douce. Il est donc logique, Mesdames et Messieurs les députés, que nous renvoyions cette pétition au Conseil d'Etat. Je vous remercie.

Mme Danièle Magnin (MCG). Il ressort du rapport de commission que les trois membres du MCG ont voté non à cette pétition et demandé son dépôt sur le bureau, mais je voudrais quand même ajouter quelques petites remarques. Une vieille dame de ma connaissance me disait qu'elle mettait désormais le double de temps pour se rendre d'un endroit de la ville à un autre, alors qu'elle a l'habitude de marcher, cela simplement parce que les feux sont mal réglés, qu'elle doit s'arrêter à tout moment et qu'elle perd plusieurs minutes à attendre. La situation ne s'est pas forcément améliorée depuis, et je voudrais parler de tous ces gens qui n'arrivent pas à attraper un bus, par exemple à l'arrêt du Palais Eynard - c'est bien connu. On n'arrive pas à traverser; il y a les avocats, les conseillers municipaux, bref, plein de gens ne peuvent pas attraper leur bus parce que les feux ne répondent pas ! Parce qu'ils sont mal réglés ! Il ne s'agit donc pas forcément de régler la mobilité piétonne, mais bien les feux dans le canton et la ville de Genève. Et je voudrais rappeler qu'un député UDC racontait il y a quelques jours, lors d'une séance, qu'il avait attendu au feu cinq minutes en tout début de matinée, au début de son trajet - ce qu'il a signalé ! Tout ça, ça ne va pas... On a besoin d'une circulation fluide pour tous les usagers du domaine public et des voies routières - les rues, les trottoirs, etc. Il faudra donc peut-être qu'on revienne sur la manière dont les feux sont réglés à Genève, même si cette pétition devrait logiquement être déposée sur le bureau puisque les membres de mon groupe l'ont voté ainsi en commission. Merci.

Mme Delphine Klopfenstein Broggini (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, il arrive aux piétons d'attendre au feu rouge trois fois plus longtemps que les automobilistes. C'est le cas au passage pour piétons à Cornavin, au coeur de la ville, précisément là où les piétons sont les plus nombreux. Un autre exemple tout aussi éloquent, également au centre-ville: le passage pour piétons au bas de la rue du Mont-Blanc, avec une phase verte de 17% contre une phase rouge de 83%. Les temps d'attente sont trop longs et le passage au vert trop court ! Avec une moyenne de près de 28% d'attente aux feux rouges, on peut dire que les marcheurs et marcheuses passent en moyenne près d'un tiers de leur temps de trajet à attendre que le feu passe au vert et que le trafic des véhicules motorisés s'arrête. Pourtant, on ne parle pas d'une minorité silencieuse, mais bien des habitants et habitantes de la ville et du canton. On sait qu'en ville de Genève les trajets à pied représentent précisément 45% des déplacements, c'est donc près de la moitié de la population qui est concernée. L'Office fédéral de la statistique le confirme: les habitants de la Suisse se déplacent chaque jour, en moyenne, une demi-heure à pied.

Pour l'heure, le piéton n'est maître qu'en théorie; en pratique, il est le parent pauvre des modes de déplacement. Genève souffre encore et toujours de sa tradition du «tout à la voiture». Le fait même d'avoir autant de feux de circulation en est la preuve: c'est bien parce qu'il y a autant de voitures dans notre canton qu'on a besoin d'autant de feux pour réguler le trafic et canaliser la circulation motorisée. Bienne, par exemple - la localité est plus petite, soit - a quasiment réussi à se passer de signalisation lumineuse en faisant simplement preuve de bon sens: priorité systématique des piétons aux passages piétons, augmentation des cédez-le-passage et des ronds-points, et surtout vitesse du trafic motorisé largement limitée sur l'ensemble du territoire. Oui, nous avons trop de feux, et des feux mal réglés ! La direction de la signalisation de la DGT le confirmait d'ailleurs il y a une année à peine et disait, je cite: «La plupart des feux ont été programmés il y a dix, voire vingt ans.» Ça montre donc à quel point on est en décalage s'agissant du grand nombre de feux existants, mais aussi de la manière dont ceux-ci sont réglés. Et ce ne sont pas les ondes vertes mises en place dernièrement et faisant converger les voitures des périphéries au centre urbain qui vont apporter des solutions - bien au contraire !

Nous avons pourtant des outils, qu'on rappelle régulièrement. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) Quels sont-ils ? La loi que la population a plébiscitée il y a deux ans à peine, et l'initiative 144 pour la mobilité douce. Il suffit aujourd'hui d'appliquer ces deux textes ! Dans ce contexte de «sursignalisation» lumineuse, il faut bien sûr absolument soutenir cette pétition et les pétitionnaires. Les Verts vous encouragent vivement à le faire et donc à renvoyer ce texte au Conseil d'Etat. Je vous remercie.

M. Raymond Wicky (PLR). Mesdames et Messieurs, chers collègues, je n'ai pas très bien compris les propos du rapporteur de minorité: il affirme que le rapporteur de majorité a dit que les piétons devaient être prioritaires, alors que ce n'est pas ce que j'ai entendu ! Le rapporteur de majorité a simplement souligné que les propositions qui figurent dans cette pétition devraient, dans un monde idéal, être appliquées. Et je crois que là-dessus, tous les membres de la commission peuvent être d'accord. Par contre, je constate qu'on oppose de nouveau les différents modes de transport. J'ai cru que cette guerre-là s'était estompée avec certains projets de lois que nous avons votés lors de la dernière législature, mais je constate malheureusement que ce n'est pas le cas.

Il est certes nécessaire d'améliorer certaines choses, mais je pense que notre fringant nouveau ministre des transports ici présent va prendre ce problème à bras-le-corps ! Il n'est effectivement pas normal que des personnes en situation de handicap physique doivent poireauter, si j'ose m'exprimer ainsi, ou ne puissent pas accomplir une partie du trajet - ne serait-ce qu'une partie du trajet - dans des conditions sécuritaires normales. Sur ce point, on est tout à fait d'accord. Mais je pense, encore une fois, que notre nouveau ministre va déployer toute sa science pour arriver à améliorer la situation.

Enfin, ce qui nous a conduits à proposer le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil, c'est tout simplement que la solution proposée dans la pétition prise telle quelle, à la lettre, n'est malheureusement pas applicable. Techniquement, c'est certain, on peut tout faire; ce n'est pas un problème technique. Mais on sait que ça conduirait à une immense gabegie, gabegie qu'une énorme partie de la population genevoise ne supporterait pas. Je confirme donc que le groupe PLR soutiendra le dépôt sur le bureau du Grand Conseil. Merci.

M. Sylvain Thévoz (S). Le groupe socialiste soutiendra le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat. Il fait siens les arguments des Verts et d'Ensemble à Gauche, notamment sur l'importance d'accorder une place plus grande aux piétons en ville et de leur assurer une plus grande sécurité. Le nombre de piétons décédés sur les routes augmente constamment: +2% en moyenne. Ces gens sont dans une position de grande vulnérabilité lors de leurs déplacements, tout comme les cyclistes. Il faut savoir que près de la moitié des accidents mortels impliquant des piétons ont lieu sur un passage pour piétons. La sécurisation de ces passages doit donc aussi nous interpeller, notamment le temps laissé aux piétons pour les traverser, durant lequel ils sont exposés aux risques; il s'agit du reste principalement des personnes âgées, puisque les trois quarts environ des personnes décédées sur des passages piétons avaient plus de 65 ans.

Il faut bien sûr que les feux pour piétons soient plus longs, mais ça ne résout pas tout. Les normes traditionnelles ne suffisent pas pour les personnes âgées ou à mobilité réduite. Il ne suffit donc pas d'avoir des temps de passage pour un piéton moyen, il faut bien entendu tenir compte de certaines spécificités. Nous disons oui à des temps de traversée plus longs sur les passages piétons, mais également à une réflexion poussée - j'espère que M. Dal Busco, qui prendra la parole, pourra nous éclairer là-dessus - avec des piétonnisations plus larges et moins de voitures, sans conflit d'usagers, pour des espaces pleinement sécurisés. Car si M. Wicky dit qu'on ne va pas rallumer la guerre entre les usagers des transports, il faut quand même bien signaler que ces usagers ne sont pas égaux. Entre une personne qui se trouve dans un véhicule de 3000 kilos roulant à 60 km/h et une petite dame qui traverse la route, sans parler de guerre des transports, il faut imaginer qu'il y a là deux rapports à la vitesse et à l'exposition radicalement différents. Je vous remercie donc, Monsieur Dal Busco, de nous éclairer sur la manière dont vous voyez la protection de ces personnes vulnérables lorsqu'elles se déplacent dans la ville.

Il y a bien évidemment aussi toute la dimension sociosanitaire: la marche, c'est bon pour la santé. On a la chance d'habiter, en ville de Genève - et même dans le canton - dans un espace plutôt restreint que l'on peut facilement traverser en peu de temps. Augmenter le nombre de piétons et réduire le nombre de véhicules contribue à fluidifier le trafic mais aussi à soutenir la santé publique, à réduire la pollution, et assure donc une meilleure respiration pour toute la ville. Pour l'ensemble de ces raisons, nous vous demandons, Monsieur Dal Busco - à vous et au Conseil d'Etat - d'agir et de soutenir l'application de cette pétition. Merci. (Quelques applaudissements.)

M. Patrick Dimier (MCG). J'aimerais juste ajouter, dans le fil de ce qu'a dit tout à l'heure ma collègue Danièle Magnin, qu'il n'est pas très très compliqué de régler et d'accélérer le passage des piétons. Je vous donne l'exemple de la ville de Stockholm, où un système extrêmement simple a été mis au point: les piétons appuient pour demander le passage - l'attente est de l'ordre de sept à dix secondes - puis lorsqu'ils arrivent de l'autre côté, s'ils sont seuls, ils rappuient sur le bouton. Le temps durant lequel le trafic automobile est bloqué est ainsi réduit de beaucoup. Par conséquent, la fluidité de la circulation est augmentée, aussi bien celle des automobiles que celle des piétons.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est au rapporteur de minorité, M. Olivier Baud, pour une minute dix.

M. Olivier Baud (EAG), député suppléant et rapporteur de minorité. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, je constate une forme d'hypocrisie - ou d'absurdité - de la part de ceux qui veulent classer ce texte et essaient d'opposer les usagers, ce qui n'est pas du tout l'objet de cette pétition. Que vise-t-elle ? A encourager les déplacements à pied. C'est tout ! Elle n'essaie pas d'opposer les automobilistes, les cyclistes et les piétons ! Objectivement, Mesdames et Messieurs les députés, même si vous êtes pro-voitures, vous devez vous réjouir s'il y en a moins et si certains citoyens optent à l'avenir pour les déplacements à pied parce qu'ils se sentent plus en sécurité, ou à vélo parce qu'il y a des voies cyclables sécurisées. C'est donc tout bénéfice pour tout le monde si on arrive à encourager les déplacements à pied, dans la ville et dans le canton. Si on lui renvoie cette pétition, le Conseil d'Etat sera à même, dans sa grande sagesse... J'ai dit que les revendications d'actif-trafiC étaient relativement précises, mais on peut les appliquer intelligemment. On peut par exemple s'inspirer du système finlandais, je crois. C'est un peu ce que demande le texte, à savoir que si on appuie pour traverser, le feu devienne vert pour les piétons au bout de sept secondes. Si en plus il y a en face un bouton pour permettre aux voitures de circuler à nouveau, eh bien tant mieux ! Adaptons ces mesures et laissons le Conseil d'Etat étudier cette pétition en la lui renvoyant, au lieu de la classer - même élégamment - en la déposant sur le bureau. Merci.

M. Serge Dal Busco, conseiller d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, quel que soit le sort réservé à cette pétition, le Conseil d'Etat a des idées très claires - et celui qui vous parle également - sur le devenir de la mobilité à Genève et sur les égards que l'on doit avoir pour la mobilité piétonne. J'ai reçu l'association actif-trafiC durant l'été, à l'instar de tous les acteurs de la mobilité, et en écoutant ses représentants, comme d'ailleurs ceux de tous les autres acteurs, j'ai pu mesurer l'importance que revêt la marche dans notre cité, dans notre espace urbain, dans notre espace public. Notre nouvelle ministre des finances et celui qui s'occupait des finances publiques jusqu'à récemment prennent aussi en considération le fait que la mobilité piétonne est certainement celle qui, en plus d'être efficace et bonne pour la santé, coûte le moins cher aux contribuables en matière d'aménagements. Il suffit de prévoir des cheminements sécurisés, continus et si possible peu interrompus par la signalisation. On a donc tout intérêt - véritablement tout intérêt - à favoriser cette mobilité piétonne.

Les citoyens pratiquent d'ailleurs de plus en plus la marche; on a entendu les chiffres. Le pourcentage est très élevé, et je pense qu'on ne peut que les encourager. Il y a des questions techniques qu'il faut résoudre, après quoi on doit mettre en application les solutions. Votre Grand Conseil a voté il y a deux ans, si je me souviens bien, un crédit permettant de rénover complètement la signalisation lumineuse et donc de la rendre plus performante. J'attire d'ailleurs votre attention sur le fait qu'un chantier de la ville de Genève va démarrer la semaine prochaine sur le quai Gustave-Ador. La mobilité des véhicules motorisés individuels sera favorisée sur le «U lacustre», sans que cela soit incompatible avec la création de passages piétons sécurisés, grâce justement à une nouvelle régulation des feux pour piétons. C'est donc possible.

Je voudrais dire aussi que j'ai eu le sentiment, à un moment de ce débat, que les discussions stériles que l'on avait connues par le passé avaient été apaisées à la faveur du compromis de votre parlement - compromis historique, disait-on à l'époque, et je pense qu'il l'était. Celui-ci a été entériné de manière massive par le peuple en juin 2016 et constitue désormais la base de la discussion et de la planification - les lignes directrices de la mobilité, en quelque sorte, pour ces prochaines années et durant cette législature. Le Conseil d'Etat considère qu'il est maintenant extrêmement important, et même primordial, d'accélérer la mise en place des préceptes contenus dans cette fameuse loi pour une mobilité cohérente et équilibrée. C'est absolument clair: la mobilité douce - les cyclistes, les piétons - doit être prioritaire dans les zones urbaines, c'est-à-dire le centre-ville et les centres urbains. C'est ce que nous entendons faire, mais il y a évidemment une contrepartie, sinon le compromis n'aurait pas pu être trouvé. Elle consiste à faire en sorte que des axes soient affectés au trafic motorisé individuel et que sur ceux-ci la fluidité soit de mise.

Vous aurez prochainement l'occasion de voir plus précisément quelles seront, au cours de cette législature, les lignes directrices de mon action, de celle de mon département et de celle du Conseil d'Etat. Mais je peux déjà vous indiquer que la volonté du gouvernement est absolument ferme: il s'agit d'appliquer cette loi votée par une large majorité de notre population, et cela rapidement, de manière décisive. Vous le savez très bien, la priorité sera mise sur la mobilité douce et en particulier sur la marche sur une large partie du territoire, notamment urbain, comme le parlement l'a voulu et comme le peuple l'a confirmé. Merci de votre attention.

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vais maintenant vous faire voter sur les conclusions du rapport de majorité, à savoir le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2028 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 45 oui contre 39 non et 3 abstentions.