République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 2148-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Que le tableau « L'Approche éblouie » retrouve sa place à l'Hôtel de Ville !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session IX des 26, 27 janvier, 2 et 3 février 2023.
Rapport de Mme Corinne Müller Sontag (Ve)

Débat

Le président. Nous arrivons au traitement des points fixes et nous commençons immédiatement avec la P 2148-A, classée en catégorie II, trente minutes. Le rapport est de Mme Corinne Müller Sontag, à qui je passe la parole.

Mme Corinne Müller Sontag (Ve), rapporteuse. Merci, Monsieur le président. Chères et chers collègues, «L'Approche éblouie» est un tableau du peintre genevois Pierre Montant, un tableau de grandes dimensions - près de 4 mètres de large sur 2,40 de haut - offert comme cadeau protocolaire pour la salle des Pas-Perdus du Grand Conseil en 1990, lors du 175e anniversaire de l'entrée de Genève dans la Confédération. Lors de la rénovation de l'Hôtel de Ville, ce tableau a été enlevé. Puis, il n'a tout simplement pas été raccroché à l'issue des travaux, à la stupéfaction - on peut le comprendre - du peintre et de ses proches, qui ont été mis devant le fait accompli lors des portes ouvertes de l'Hôtel de Ville. On a parlé d'outrage à l'artiste, de déni de mémoire; certains ont même voulu y voir le signal d'un refroidissement alarmant entre Genève et la Suisse. Cependant, je vous rassure: lors de ses auditions, la commission des pétitions n'a rien relevé de tel.

«L'Approche éblouie» n'a pas été remis en place pour la simple raison que le cahier des charges des architectes ne prévoyait pas qu'un tableau de cette taille figure à cet endroit. Et, en fin de compte, cet élément ne s'accorde plus avec les choix actuels d'aménagement. Est-ce un oubli ? Est-ce un choix ? Existe-t-il un devoir de garder au mur un cadeau d'anniversaire ? Qui décide de la décoration de la salle des Pas-Perdus ? Est-ce qu'il existe quelque chose comme un devoir, ou un droit, à être exposé ? Quelle est la valeur patrimoniale de tel ou tel vestige du temps ? Comme vous pouvez le constater, cette pétition a soulevé nombre de questions intéressantes, allant des goûts et des couleurs en matière d'art contemporain jusqu'aux prérogatives du Grand Conseil pour décider des aménagements de l'Hôtel de Ville.

En fin de compte, la commission a jugé qu'il n'est pas de son ressort de procéder à des choix artistiques, bien que les idées autour de la table n'aient pas manqué. Dans le même ordre d'idée, la commission a considéré qu'on ne peut pas entrer en matière sur le droit d'une oeuvre, quelle qu'elle soit, à rester exposée. Le fait de ne pas avoir raccroché ce tableau ne doit cependant pas non plus être interprété comme un signe quelconque, ni à l'égard de l'artiste ni de la Confédération. Si le nouvel aménagement de l'Hôtel de Ville n'a pas prévu l'intégration de ce tableau, cela n'exclut pas qu'une future oeuvre y trouve un jour sa place. Cela dit, la commission a regretté le manque de tact dans le suivi du projet de rénovation, ce qui a fait que l'artiste n'a découvert le décrochage de son oeuvre qu'à l'occasion des portes ouvertes.

Le destin de «L'Approche éblouie» a également été abordé en commission. Ce tableau va-t-il rester dans une cave ? Ou trouver une autre place à la vue du public ? Aucune solution satisfaisante ne s'est dégagée lors des auditions, notamment en raison des dimensions exceptionnelles de l'oeuvre, qui rendent difficile son accrochage ailleurs, même dans un musée. Cela étant, la commission a décidé de ne pas accepter cette pétition, tout en se montrant reconnaissante et sensible à l'intérêt des questions qu'elle a soulevées. Je vous remercie.

M. Rémy Pagani (EAG). Juste une petite larme de nostalgie, quand même: ce tableau a trôné dans la salle des Pas-Perdus durant vingt-cinq ou même trente, quarante ans - quarante ans ! C'est toute une histoire qui s'en va avec ce tableau; le lieu a été complètement transformé - et il plaît bien à la population, qui a été invitée à le visiter lors d'une journée portes ouvertes.

Cela étant, M. Montant est quand même, j'aimerais le rappeler, un des peintres genevois connus. Je regrette que Mme Boesch, par exemple, qui est une peintre genevoise qui a loupé une exposition au musée Rath, soit aussi peu connue. Même si on va dans des musées voir d'autres peintres exceptionnels, les peintres genevois méritent d'être exposés et valorisés, en fonction de leur talent. M. Montant a été un peu malmené, disons, d'un point de vue diplomatique: on aurait pu au moins l'avertir que son tableau ne serait pas remis à la salle des Pas-Perdus. Même si ce tableau ne représente pas l'histoire - il n'y avait par exemple pas le jet d'eau lorsque les Suisses, ou plus exactement les Bernois, sont arrivés au Port-Noir -, nous regrettons, pas vivement, mais... Toujours est-il que les propos de la rapporteuse sont l'expression des discussions et des réflexions de la majorité de la commission, et nous nous y rallions, je le disais en préambule, avec une certaine nostalgie. Je vous remercie de votre attention.

Mme Christina Meissner (PDC). Merci à la rapporteure, Mme Müller Sontag, pour sa description très précise du tableau et de nos travaux en commission. Mesdames et Messieurs, l'ancien vice-chancelier de la république, M. Claude Bonard, se plaisait à faire remarquer grâce à ce tableau, quand il y avait des visites protocolaires ou des visiteurs, quelques particularités de Genève - quelquefois elles étaient même liées à des erreurs dans le tableau, par exemple la présence du jet d'eau, effectivement, qui a bien entendu été installé après l'arrivée des Fribourgeois et des Bernois... C'est cela ? (Remarque.) Merci, Monsieur Guinchard. ...au Port-Noir.

Cela étant, cette pétition est l'histoire d'un oubli malheureux. La rénovation de notre salle du Grand Conseil a effectivement beaucoup occupé notre parlement et son Bureau. Tout le monde s'est affairé autour des travaux et personne n'a pensé au tableau ! Ensuite, lorsque nous avons réintégré notre salle, nous nous sommes affairés à notre ordre du jour, jusqu'à ce que vienne justement à l'ordre du jour cette pétition - pétition qui s'offusque en effet de la disparition de ce tableau. Nous avons toutefois appris en traitant cet objet que nous, Grand Conseil, pouvions et avions le droit de nous préoccuper de notre salle, mais pas des salles adjacentes, qui sont du ressort de la chancellerie. Que faire donc avec cette pétition ?

Nous comprenons bien que ce tableau, qui aurait parfaitement sa place à un emplacement où il est par ailleurs en harmonie avec les nouvelles couleurs choisies pour le mobilier, est monumental et qu'il y a l'espace pour le remettre à cet endroit, mais difficilement à un autre. En ce qui nous concerne, au PDC, nous considérerions que sa place est effectivement là, mais la commission a décidé d'une part de ne pas renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, d'autre part de la renvoyer. Au final, le texte s'est retrouvé classé, ce qui est vraiment très peu respectueux vis-à-vis du peintre et de ce cadeau que les autres cantons ont fait à Genève.

Dès lors, le vote d'aujourd'hui pourrait être l'occasion de se demander si on veut véritablement classer cette pétition et infliger une claque à ceux qui nous ont offert le tableau; n'y a-t-il pas un autre choix ? A choisir, le PDC opte pour le renvoi au Conseil d'Etat. Pour nous, il est évident que ce tableau a sa place à cet endroit, qui est désespérément blanc et vide !

M. Stéphane Florey (UDC). Tout d'abord, je précise que les propos tenus par la rapporteuse n'engagent qu'elle et sa majorité, puisqu'elle a oublié de le mentionner: une minorité soutenait malgré tout l'idée du retour du tableau. Oui, Mesdames et Messieurs, parce que la seule question qu'on devrait à mon sens se poser, s'agissant de ce cadeau... J'y vois un total manque de respect des institutions. Ce tableau a été offert par la Confédération pour une raison bien précise, on l'a déjà dit; pour moi, la seule chose à faire aurait tout simplement été de le remettre à sa place.

Maintenant, on voit bien qu'il y a deux visions qui s'affrontent dans les travaux: la vision architecturale et la vision artistique. Parce que les architectes avaient déjà, dès le départ, la vision qu'il n'y aurait pas de tableau - il faut aller voir le mur pour vous en rendre compte ! Et la preuve, c'est que si vous allez regarder les dimensions du tableau par rapport au mur, on y a volontairement collé des interrupteurs, une lampe pour justement signifier que l'architecte a purement et simplement décidé que non, il n'y aurait plus de tableau à cet endroit-là ! Et ça, je suis désolé de le dire, ça a été fait volontairement, uniquement dans un esprit torturé d'architecture.

C'est pour ces raisons que je vous propose plutôt un renvoi en commission - je me suis fait glisser ça à l'oreille pas plus tard qu'il y a cinq minutes -, de convoquer qui de droit pour une discussion et de faire un essai du retour du tableau à l'endroit qui est le sien ! On peut attendre un ou deux mois pour voir ce que ça donne, ce que les gens en pensent - ce que vous, vous en pensez ! - et ensuite, si vraiment il y a une majorité qui ne veut plus de ce tableau, eh bien, ma foi, on essaiera de lui trouver une autre place. Mais si on se rend finalement compte que c'est là, et uniquement là, qu'est sa place, on l'y laisse: on fait simplement les transformations nécessaires pour les interrupteurs et la lampe, et on laisse le tableau où il est. C'est pour ça que je demande le renvoi de cette pétition à la commission des pétitions: pour qu'on puisse étudier la question d'un essai concernant ce tableau. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. Nous sommes saisis d'une demande de renvoi en commission. Je pose donc la question à la rapporteure: quelle est votre position sur cette proposition ?

Mme Corinne Müller Sontag (Ve), rapporteuse. Merci, Monsieur le président. La question du raccrochage a également été abondamment discutée lors des auditions: il était jugé impossible du fait des dimensions et du poids de l'oeuvre. Quand le préopinant dit que c'était une volonté délibérée des architectes d'empêcher le retour du tableau, ça n'engage que lui; ce n'est pas du tout ce qui a été exprimé en commission. Par contre, le raccrochage n'a pas été jugé faisable, il faut donc refuser le retour en commission.

Le président. Merci, Madame la rapporteure. Le Conseil d'Etat souhaite-t-il s'exprimer sur le renvoi en commission ? (Remarque.) Non, nous passons donc au vote. (Brouhaha.)

Mis aux voix, le renvoi du rapport sur la pétition 2148 à la commission des pétitions est rejeté par 60 non contre 11 oui et 1 abstention.

Le président. Nous poursuivons nos débats, pour autant qu'il y ait un petit peu de calme dans la salle, sinon on n'entendra pas la suite des interventions. (Brouhaha. Un instant s'écoule.) Monsieur Jean Romain, vous avez la parole.

M. Jean Romain (PLR). Merci, Monsieur le président. Ecoutez, je ne crois pas qu'il y ait eu une volonté délibérée des architectes de ne pas remettre ce tableau.

Une voix. Je maintiens !

M. Jean Romain. Oui, bien entendu que tu maintiens, mais j'aimerais juste pouvoir parler, même si tu maintiens ! (Rires.) Par une manoeuvre un petit peu bizarre, cette pétition a été classée; on vous expliquera peut-être pourquoi tout à l'heure. La commission a toutefois pris en compte tous les intérêts exprimés, y compris bien sûr - et surtout - celui du peintre lui-même, à qui cette oeuvre a été commandée. Mais il n'y a aucune raison de mettre l'accent sur ce tableau-là plutôt que sur d'autres objets disparus lors de la rénovation ! Je pense aux vitraux: les vitraux qui nous ont aussi été offerts, les vitraux que l'on n'a pas pu remettre. Alors on peut évidemment regretter le passé, n'est-ce pas; on peut se dire que, d'une certaine manière, on n'est pas assez moderne, mais je suis, moi, contre le fait d'être moderne jusqu'à manger du foin !

Ce que nous devons faire, c'est considérer que la rénovation de cette salle a - malheureusement - nécessité de se départir d'un certain nombre d'objets, mais nous ne pouvons pas y faire pièce et, surtout, nous ne pouvons pas prendre en compte les desiderata de tout le monde. Je ne vois pas comment revenir sur des positions claires de la commission. Il y a eu un micmac avec un double refus, et cela a automatiquement abouti au classement de cette pétition: c'est dommage, mais soyons sages, chers collègues, on ne va pas ouvrir tout un débat là-dessus. Soyons sages et traitons l'objet comme décidé. Je vous remercie.

Mme Danièle Magnin (MCG). Chères et chers collègues, dans cette nouvelle salle, à force de faire du conceptuel, on a totalement oublié le réel ! Et il n'y a pas que cette salle, il y a aussi la salle des Pas-Perdus, qui est devenue un endroit non convivial, complètement froid; nous n'avons plus nos petites tables, nos petits fauteuils pour discuter. On a fait disparaître la buvette: il faut descendre deux étages pour aller boire un verre et discuter de quelque chose. C'est absolument lamentable ! On ne peut pas passer les uns derrière les autres; il suffirait qu'il y ait le feu dans cette salle et la moitié périraient grillés, très franchement ! (Rire.)

Je voulais demander, comme M. Romain tout à l'heure: où est donc passée la tapisserie de M. Lurçat - feu M. Lurçat ? Où sont passés les vitraux ? Et pourquoi n'a-t-on plus de vitraux ? Pour pouvoir électrifier les vitres, si vous voulez mon avis ! Pour qu'elles puissent monter et descendre sans l'ennui de vitraux qui pourraient se casser. Franchement, on a une vision architecturale, une vision artistique, mais aucun symbole ! On ne se voit plus: pour savoir qui d'entre nous est en train de parler, il faut regarder sur le tableau où se trouve la petite lumière rouge. On n'arrive plus à discuter comme on discutait avant; nous sommes un pays de compromis et c'est en cela que c'est une absurdité d'avoir conçu cette salle ainsi. Ça fait très longtemps que j'ai envie de le dire; je suis ravie d'avoir cette opportunité !

Je connais bien Pierre Montant: il est effectivement extrêmement déçu et affecté par la disparition de son tableau. Je pense qu'il nous faudrait trouver une solution pour le mettre quelque part, quitte à égratigner le concept de ces messieurs les architectes qui ne comprennent pas l'importance des symboles. Le MCG soutiendra donc le retour de «La Ville éblouie» - je ne me rappelle plus - sur nos murs. Merci.

Une voix. Bravo !

Mme Katia Leonelli (Ve). Mesdames les députées, Messieurs les députés, lors des auditions concernant cette pétition, nous avons pu constater que la décision de ne pas raccrocher ce tableau n'était ni la conséquence d'une faille démocratique ni celle d'un projet architectural élitiste. Comme nous l'a rappelé M. le sautier lors de son audition, la transformation de l'aile sud-ouest de l'Hôtel de Ville est en effet le résultat d'un concours architectural pour lequel les concurrents disposaient d'une grande liberté puisqu'il ne leur était pas imposé de maintenir le mobilier.

Les architectes chargés du projet, également auditionnés, nous ont assuré que la valeur symbolique de ce tableau n'avait jamais été soulevée. Par conséquent, comme cela a été le cas pour un grand nombre d'objets présents sur les lieux avant les travaux, sa réintégration n'a pas été incluse dans l'étude. Les architectes nous ont fait part de leurs recommandations d'experts et nous ont conseillé de ne pas raccrocher ce tableau ainsi que le demande la pétition, car il risquerait d'écraser l'espace et serait peu valorisé dans ce contexte; autrement dit, une «lose-lose situation». M. Koelliker nous a assuré que personne, au sein du comité de pilotage, n'avait requis sa réinstallation, l'oeuvre ne revêtant pas un intérêt patrimonial particulier.

Vous le comprenez, Mesdames et Messieurs les députés, tout a été fait dans les règles de l'art. Le sautier ayant confirmé que la décoration des espaces consacrés au Grand Conseil est une prérogative du Bureau, nous estimons que les murs vierges de nos salles pourraient faire l'objet d'autres interventions artistiques contemporaines. Nous espérons de tout coeur que «L'Approche éblouie» trouvera sa place dans une collection qui sera digne et à la hauteur de sa qualité, et qui saura la conserver, l'exposer et la valoriser - et en parler à un public élargi dans de meilleures conditions que celles que pourrait proposer un parlement cantonal.

Pour toutes ces raisons, Mesdames et Messieurs les députés, nous avons décidé de nous opposer à cette pétition. Cependant, alors que nous avions voté son classement en commission, notre groupe se ralliera au dépôt sur le bureau du Grand Conseil pour se ranger aux côtés des partis partageant notre position. Je regrette par ailleurs sincèrement que le processus de vote des pétitions permette d'avoir une majorité pour deux positions parfaitement opposées, mais nous aurons l'occasion d'en parler tout prochainement au Bureau. Je vous remercie.

M. Diego Esteban (S). Un petit mot pour dire que le groupe socialiste soutiendra le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Si nous soutenons effectivement toute initiative qui vise à valoriser notre patrimoine culturel, artistique comme historique, il ne faut pas dépendre de la salle des Pas-Perdus pour atteindre cet objectif: c'est plutôt le rôle et la vocation des musées et des espaces dédiés à l'exposition d'oeuvres artistiques.

Je rappelle que le Musée d'art et d'histoire ne peut exposer qu'environ 10% de ses collections, le 90% restant devant faire l'objet d'une certaine rotation; nous ne bénéficions donc pas pleinement de ce que les musées auraient aujourd'hui la capacité de nous montrer. Il est un petit peu curieux de se pencher ici sur une oeuvre en particulier et pas sur une autre, qui ne serait pas, elle, soutenue par le biais d'une pétition. L'ensemble de ces raisons fait que nous déposerons cette pétition.

Le président. Merci, Monsieur le député. Madame Nicole Valiquer Grecuccio, vous avez la parole pour deux minutes.

Mme Nicole Valiquer Grecuccio (S). Merci, Monsieur le président. En complément de la prise de parole de mon collègue Diego Esteban et de l'excellente intervention de ma collègue Katia Leonelli, j'aimerais juste réagir à deux propos que j'ai entendus. Plus personne n'oppose aujourd'hui une démarche architecturale à une démarche artistique; vous transmettrez donc à l'UDC que les artistes travaillent généralement de concert avec les architectes. Et c'est pourquoi on arrive finalement à montrer que tant les démarches artistiques que les démarches architecturales font partie de la culture.

J'ai par ailleurs entendu Mme Meissner dire qu'il serait bon de remettre le tableau parce que sa couleur s'accorde à celle du mur. Excusez-moi, si on veut valoriser une démarche artistique, on ne va pas dire qu'on accroche un tableau parce qu'il va bien avec la couleur du mur, des coussins ou des sièges ! Je pense qu'on pourrait avoir un discours un petit peu plus élevé.

Et puis au fond, comme l'a dit mon collègue Diego Esteban, cela participe aussi de la volonté de mettre des tableaux dans des musées. Alors j'espère que les partis qui aujourd'hui, en substance, ont prôné le soutien muséographique sauront également soutenir, le moment venu, les musées qui vont avec et dans lesquels les oeuvres d'art sont exposées. Merci beaucoup.

Le président. Merci, Madame la députée. Je passe maintenant la parole à M. Daniel Sormanni pour cinquante-quatre secondes.

M. Daniel Sormanni (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, je trouve vraiment ce débat assez étonnant. Je crois qu'il y avait ici une chose simple, qu'une question simple était posée, c'est-à-dire... Et j'ai entendu tout à l'heure - vous transmettrez, Monsieur le président, à la rapporteuse - que l'architecte répond que ce n'était pas dans son cahier des charges ! Avec un budget de 20 millions, il n'avait pas trois clous pour accrocher un tableau, même s'il est grand ! S'il avait besoin d'un coup de main, on venait volontiers avec une échelle. Non, vraiment, c'est se moquer du monde que d'avoir fait ce type de réponse.

Je crois que ce tableau a tout à fait sa place ici, et nous voterons bien sûr le renvoi au Conseil d'Etat, puisqu'on n'a pas tellement le choix, ma foi; c'est le Conseil d'Etat qui prendra ses responsabilités. Je trouve qu'on peut quand même décorer cette salle et les salles adjacentes...

Le président. Merci.

M. Daniel Sormanni. ...sans pénaliser la vision, qui serait écrasée...

Le président. Merci, Monsieur le député.

M. Daniel Sormanni. ...dans la salle où il y aura ce tableau. C'est parfaitement ridicule; autrement...

Le président. Merci, il vous faut conclure.

M. Daniel Sormanni. ...ce tableau va malheureusement finir, comme 97% des oeuvres du Musée d'art et d'histoire, dans les caves !

Le président. Merci, Monsieur le député.

M. Daniel Sormanni. Et ça, c'est dommage ! Alors si c'était un plaidoyer pour rénover le Musée d'art et d'histoire...

Le président. C'est terminé, Monsieur le député.

M. Daniel Sormanni. ...vous direz à Mme Valiquer que c'est raté, parce qu'en ce qui nous concerne, nous trouvons le projet présenté démesuré. Merci de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole va à M. David Martin pour vingt secondes.

M. David Martin (Ve). Juste à titre de boutade: je propose que nous fassions, lors de la prochaine session, un débat libre pour une refonte générale de chaque élément de décoration de la nouvelle salle, parce que c'est véritablement ce qui préoccupe notre canton et la population. Merci beaucoup. (Remarque. Applaudissements.)

Mme Corinne Müller Sontag (Ve), rapporteuse. Très brièvement, le renvoi de la pétition au Conseil d'Etat a en effet été refusé en commission par huit voix contre quatre, avec deux abstentions. Ensuite, le dépôt sur le bureau a malencontreusement été refusé également, par six voix contre six, ce qui a abouti à ce classement par défaut. C'est pourquoi nous vous proposons aujourd'hui de voter le dépôt sur le bureau du Grand Conseil, pour éviter la malencontreuse claque qui a résulté en réalité d'une erreur de procédure. Je vous remercie.

Le président. Merci, Madame la rapporteuse. La parole n'étant plus demandée, j'invite l'assemblée à se prononcer sur la proposition de la commission, à savoir le classement.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (classement de la pétition 2148) sont rejetées par 78 non (unanimité des votants).

Le président. Je vous fais maintenant voter sur le renvoi au Conseil d'Etat.

Des voix. Non !

D'autres voix. Oui !

Une voix. Le PLR, mais réveillez-vous ! (Commentaires.)

Mis aux voix, le renvoi de la pétition 2148 au Conseil d'Etat est rejeté par 52 non contre 24 oui et 5 abstentions (vote nominal).

La pétition 2148 est donc déposée sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement.

Vote nominal