Le modèle parisien des hôtels "entre cour et jardin"
"Entre cour et jardin" désigne un type d’hôtels particuliers élaboré à Paris au cours du XVIIe siècle. Bâtis pour une clientèle noble, ces hôtels se dressent au centre de la parcelle et présentent un plan en U. Deux ailes bordent une cour fermée par un grand portail, qui isole l’hôtel des nuisances de la rue tout en magnifiant le corps de logis. A l’arrière de la parcelle, les appartements donnent sur un jardin d’agrément. A l’intérieur, les pièces sont généralement distribuées en enfilade et de façon symétrique.
La vogue des hôtels "entre cour et jardin" à Genève au Siècle des Lumières
Ce modèle parisien de l’hôtel particulier "entre cour et jardin" se diffuse en Europe et atteint Genève dans les toutes dernières décennies du XVIIe siècle, où il va séduire les bourgeois les plus fortunés. L’hôtel Buisson, rue Calvin, érigé en 1699, en est la première occurrence.
Entre 1700 et 1747, onze hôtels particuliers "entre cour et jardin" sont bâtis dans la vieille ville. Les trois hôtels de la rue des Granges marquent l’apogée de cette vogue. Ce lotissement, qui compte en outre quatre immeubles bourgeois, forme l’un des plus ambitieux projets architecturaux de Genève au XVIIIe siècle. Leur élévation classique et harmonieuse en fait, aujourd’hui encore, un des joyaux de la cité.
Embellir la ville
Cette mode architecturale cependant de relative courte durée: le modèle de l’hôtel particulier "entre cour et jardin", qui trahit une forte volonté de distinction sociale, est mal perçu dans une ville protestante, calviniste et réformée, où toutes les maisons, mêmes les plus luxueuses, doivent s’aligner sagement sur la rue. De plus, les hôtels particuliers "entre cour et jardin" exigent de trop vastes parcelles dans une cité encore enceinte de ses murailles médiévales et où la place est logiquement comptée.
Néanmoins, ces hôtels somptueux font la fierté de la ville par les embellissements qu’ils apportent au paysage urbain. La visite du musée de la fondation Zoubov est l’occasion de pénétrer dans l’une de ces demeures luxueuses, reflet de la prospérité de Genève au XVIIIe siècle.