Séance du vendredi 27 novembre 2020 à 14h
2e législature - 3e année - 7e session - 37e séance

P 2085-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Caserne des Vernets : pour un projet à taille humaine
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session IV des 27 et 28 août 2020.
Rapport de majorité de M. Sylvain Thévoz (S)
Rapport de minorité de Mme Françoise Nyffeler (EAG)

Débat

Le président. Nous passons au point suivant de l'ordre du jour, dont nous débattons en catégorie II, trente minutes. Je donne la parole au rapporteur de majorité.

Présidence de M. Diego Esteban, premier vice-président

M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. La commission des pétitions a traité en deux séances, le 25 mai et le 22 juin derniers, cette pétition concernant le site de la caserne des Vernets «pour un projet à taille humaine». La première séance a été consacrée à l'audition du collectif Rassemblement pour une politique sociale du logement, la deuxième à celle du magistrat chargé du département du territoire, M. Antonio Hodgers, ainsi que de ses collaboratrices. Les pétitionnaires ont pu nous dire le mal qu'ils pensent du projet actuel. Pour eux, ce projet bourre la parcelle, crée des îlots de chaleur et va conduire à l'abattage complet des cent arbres existants; les architectes se sont acharnés pour caser l'école dans le périmètre au vu de la densification envisagée pour ce dernier. Le collectif estime que le projet est mauvais, comme le démontrent d'ailleurs à leurs yeux les images de synthèse, et qu'il faut donc recommencer, remettre l'ouvrage sur le métier, et surtout ne pas aller de l'avant avec ce projet. Cette pétition contient plus de 1100 signatures.

Pour le magistrat, M. Antonio Hodgers, ce projet est non seulement à défendre mais à promouvoir. Il est soutenu par la majorité. Il a été rappelé que 68% de la population a voté en 2016 pour la construction du quartier des Vernets, que le peuple a voté pour une certaine quantité de logements: il serait peu démocratique d'abaisser aujourd'hui ce nombre de logements. Il faut aussi rappeler que le projet est en vigueur, il faudrait prévoir des expropriations pour le revoir. Le PLQ, voté par l'unanimité du Conseil municipal de Genève en 2017, n'a été attaqué par aucun référendum: il est donc bien tard pour essayer aujourd'hui de stopper ce projet qui se trouve à bout touchant.

Il aurait été possible de délivrer les autorisations voici une année, mais on a fait le choix de mener à nouveau des analyses, de revoir en partie l'urbanisation: ce projet a donc été amélioré en même temps. Il faut rappeler que ce périmètre sera moins dense que la vieille ville, la densité est plus ou moins équivalente à celle des Pâquis.

Concernant le coeur du projet, soit les bâtiments, je rappellerai que 1500 logements verront le jour, tous en location et en loyers contrôlés, dont 66% de logements d'utilité publique, une école flambant neuve, 22% de HBM, Mesdames et Messieurs les députés, qui permettront par exemple de proposer des quatre-pièces entre 1200 et 1600 francs par mois - qui dit mieux à Genève aujourd'hui ? Des accès aux toitures sur les îlots seront créés, les édicules seront végétalisés, on créera 5600 mètres carrés de toitures végétalisées; ce sera le premier ensemble certifié 2000 watts dans le canton.

Le président. Vous parlez sur le temps du groupe.

M. Sylvain Thévoz. Merci, Monsieur le président. Concernant les aménagements extérieurs, le quai des Vernets sera piétonnisé, un parc public sera créé en lieu et place du parking de la patinoire, 12 600 mètres carrés d'espaces publics, dont 3600 plantés et 3200 en pleine terre. Les cours intérieures comprendront 5200 mètres carrés d'espaces plantés, il y aura environ 800 mètres carrés de potagers, et puis, Mesdames et Messieurs les députés, 140 nouveaux arbres seront plantés, tilleuls, micocouliers, chênes verts, essences qui résistent mieux à la sécheresse du climat urbain.

Mesdames et Messieurs les députés, ce projet est bon, il permet de créer du logement en ville de Genève, il est écologique et permet d'éviter à des familles et à des Genevoises et Genevois d'aller se loger à soixante kilomètres; il occasionne certes des coupes d'arbres, mais davantage d'arbres sont replantés; le peu de places de parking sur le périmètre permet de planter des arbres à hautes branches. La majorité ne peut que vous enjoindre de classer cette pétition ou tout du moins de la déposer sur le bureau du Grand Conseil afin que le projet puisse véritablement démarrer. Merci. (Applaudissements.)

Mme Françoise Nyffeler (EAG), députée suppléante et rapporteuse de minorité. C'est bizarre, à entendre tout ce qui est dit là, on a l'impression que c'est la perfection, ce que tout le monde attend ! Il se trouve qu'une forte minorité de la commission des pétitions, c'est-à-dire six personnes face à sept, a voulu renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. Cette forte minorité a considéré que le projet d'aménagement du site de la caserne des Vernets ne correspond pas aux besoins des futurs habitants de ce quartier et comporte de nombreux problèmes, comme l'ont aussi estimé les signataires de la pétition du collectif des habitants du quartier et le Rassemblement pour une politique sociale du logement, ainsi que les cinquante architectes, urbanistes et historiens qui ont signé une lettre ouverte adressée à M. Hodgers et au Grand Conseil. Parmi eux figurent d'anciens membres de la direction du service de l'architecture de la Ville de Genève ou du service des autorisations de construire, des collaborateurs du service du plan directeur cantonal ainsi que des historiens et des géographes, anciens responsables notamment du service cantonal des monuments et des sites. Comme toutes ces personnes concernées et très compétentes, une forte minorité de la commission s'est prononcée pour une révision du projet d'aménagement. Nous savons aussi qu'un recours a été déposé contre l'autorisation de construire et l'abattage des arbres.

Force est de constater que ce projet, commencé il y a de nombreuses années, ne correspond plus à la situation de crise climatique et donc aux nouvelles préoccupations de la population qui en découlent: ainsi du manque d'espaces verts, des arbres qui devront pousser sur des constructions, ce qui les empêchera de devenir des sujets remarquables, comme on dit, c'est-à-dire de grands arbres, et encore de la voie verte prévue, qui sera toujours dans l'ombre des constructions. Ce projet doit être revu car la hauteur des bâtiments met dans l'ombre aussi bien les espaces publics, les cours que les logements, ainsi que la fameuse école primaire. Les cours fermées empêchent la ventilation et seront très bruyantes, par réverbération sur les façades.

Ce projet doit être revu, car les logements, dont de nombreux sont mono-orientés, manquent de lumière naturelle et ont des plafonds trop bas. Enfin, le coût de construction est beaucoup trop élevé. Nous demandons de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat afin de le réviser...

Le président. Vous parlez sur le temps du groupe.

Mme Françoise Nyffeler. ...et de l'adapter aux besoins actuels de la population genevoise dans le contexte de la crise climatique que nous vivons. Merci. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la députée. Mesdames et Messieurs, je vous rappelle que cette salle est équipée de microphones performants, qui ne rendent pas nécessaire qu'on s'exprime trop près d'eux. Je vous remercie. Monsieur Bertrand Buchs, je vous cède la parole.

M. Bertrand Buchs (PDC). C'est très aimable, Monsieur le premier vice-président. Les deux commissaires PDC ont voté d'abord pour le renvoi au Conseil d'Etat, puis le dépôt, car si on ne votait pas le dépôt, cette pétition était classée. Lorsque nous avons pu voir les plans, nous avons été effarés par la densité, la mauvaise disposition des appartements et l'étroitesse du projet. Le fait est qu'on se demande comment les gens pourront vivre correctement dans un tel quartier, dans de tels îlots. Nous demandons donc le renvoi au Conseil d'Etat pour discuter sur un changement dans cette façon de construire à Genève et cet urbanisme. Même si tout a été décidé dans un projet, il faut avoir le courage de se dire: est-ce que c'est ça que l'on veut pour les nouveaux quartiers qu'on est en train de construire dans le périmètre Praille-Acacias-Vernets ? Si Praille-Acacias-Vernets, c'est ce genre d'ensemble, j'ai de grands soucis pour la suite de la densification de la ville de Genève, qui entraînera probablement de gros problèmes sociaux, de gros problèmes de santé - parce qu'il n'y a aucune ventilation, rien pour le passage de l'air. On sait - M. Saudan l'a dit hier - que si on a autant de cas de covid actuellement à Genève, c'est lié à la densité de la ville, à la densité de la population. Ça ne sert à rien de dire que c'est comme les Pâquis, comme la vieille ville: on peut construire de manière dense avec des espaces beaucoup mieux conçus. Là, honnêtement, ce qu'on nous montre et démontre n'est pas acceptable. Le parti démocrate-chrétien renverra donc cette pétition au Conseil d'Etat. Je vous remercie. (Applaudissements.)

M. Rémy Pagani (EAG). J'aimerais infirmer une déclaration de M. Thévoz, selon qui le peuple du canton s'est déjà prononcé: le corps électoral ne s'est pas prononcé sur le fait de construire des logements; je vous rappelle, Monsieur Thévoz, que le référendum portait sur le prix du déplacement de l'armée à un autre endroit que la caserne des Vernets. Le corps électoral a accepté ces 20 millions, mais on ne peut pas dire qu'il ait validé la densité de ces constructions, premier point.

Deuxième point, on nous parle d'une densité de 2,6, or c'est 3,4, la même que les Pâquis, voire pire, parce qu'on a intégré dans ce calcul la voie verte et le parking de la patinoire des Vernets, pour baisser la densité. Cet aménagement ne présage donc rien de bon. Je vous remercie de votre attention.

M. Stéphane Florey (UDC). Le groupe UDC soutiendra cette pétition en la renvoyant au Conseil d'Etat pour une simple raison: ce projet est totalement démesuré, personne ne veut de ce type de projet aujourd'hui. On a déjà eu ce genre d'expérience: regardez le quartier de l'Adret, situé vers la rampe du Pont-Rouge. Les gens ont compris ce qu'était le développement de Genève actuellement et ce type de projet pose problème à ceux qui l'ont voté à l'époque et aux habitants eux-mêmes. Ils ne veulent plus de cette densification. Tout le monde est horrifié de voir ce qu'on a fait à l'Adret. C'est la même chose à La Chapelle-Les Sciers: on a voulu créer des quartiers soi-disant sympas, jolis, mais en fait, ça ressemble bientôt plus à des ghettos qu'à autre chose. C'est pareil pour tous les projets qui ont été votés dernièrement dans ce canton, personne n'en veut, personne ne veut plus de ce genre d'ensemble. Ils sont trop grands, les gens ne vont pas s'y plaire; une fois que tout sera construit, il y aura toujours, de toute façon, quelque chose qui n'ira pas dans ce genre de construction.

On ne peut pas parler de qualité de vie avec ces immeubles - on peut parler certes de qualité architecturale, et encore, mais pour la qualité de vie, tout est à revoir dans ce type de densification. C'est pour cette raison que le groupe UDC vous recommande de soutenir cette pétition en la renvoyant au Conseil d'Etat. Je vous remercie de votre attention.

Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)

M. Daniel Sormanni (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, les opposants à ce projet des Vernets viennent un peu tard. Ce projet a passé toutes les étapes nécessaires, aussi celle de la commune, qui, à l'époque, n'a pas émis de remarques concernant le PLQ. Les quelques remarques faites ont été prises en compte, ce projet est bien ficelé. Les participants ne sont que des institutionnels, des caisses de retraite, des coopératives ou des fondations communales qui font des LUP. A mon avis, ce projet est tout à fait équilibré. Quant à l'implantation de l'école, elle a été décidée par l'exécutif puis approuvée par le Conseil municipal; maintenant, on nous dit qu'elle prend trop d'espace, qu'il n'y a plus d'espace vert. On entend plein de contradictions. Les autorisations de construire sont en vigueur, on devra bien sûr attendre les décisions de la justice puisqu'un recours a été déposé, mais il est trop tard pour intervenir ! Ce projet est tout à fait légal, tout à fait bien. Les plafonds se trouvent à des hauteurs parfaitement réglementaires, à 2,50 mètres; je vous rappelle que la loi indique qu'ils ne doivent pas être inférieurs à 2,40 mètres, on se situe donc tout à fait dans la norme. Je vous invite dès lors à soutenir le rapport de majorité et à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Alberto Velasco pour deux minutes quarante.

M. Alberto Velasco (S). Merci, Monsieur le président. A entendre M. Buchs et d'autres, on est en train de construire un bidonville. Mais comme l'a dit M. Sormanni, ce projet est en totale adéquation avec la LCI, et je ne comprends pas qu'on vienne à ce stade d'avancement avec ce type d'arguments. Il ne faut quand même pas oublier qu'à Genève, huit mille personnes attendent de se loger, n'est-ce pas ! Pour ces personnes-là, Mesdames et Messieurs, pouvoir se loger dans ces immeubles sera une chance, ça va leur permettre d'avoir des chambres pour leurs enfants. Ça, c'est hyper important ! Vous voulez attendre quoi, qu'on bloque le projet, qu'on le revoie et qu'on construise dans cinq, six ou sept ans ? Mais, Mesdames et Messieurs, il y a un besoin urgent de plus de logements à Genève ! Et qui paiera ce retard ? Ce n'est pas la majorité des personnes ici, qui sont bien logées ! Ce sont ceux qui attendent pour pouvoir se loger ! C'est ça, la vérité. Mesdames et Messieurs, quand on veut construire chez vous, à la campagne, vous refusez d'avoir des logements sociaux. C'est ça, la vérité ! Et alors qu'on va construire cinq cents logements sociaux sur ce périmètre, vous voulez renvoyer ce projet ? Demander au Conseil d'Etat qu'il arrête les travaux ? Mais vous vivez où ? On n'est pas dans un canton où les logements abondent, où il y a plus de 4% de vacance. On n'en est pas là, Mesdames et Messieurs, on est dans une situation extrêmement grave avec le logement, extrêmement grave ! Je ne comprends pas ce discours, alors que le projet est élaboré depuis des années; on vient au dernier moment, quand on va donner le premier coup de pelle et commencer à construire, pour dire de tout arrêter et de tout recommencer.

Une voix. Non !

M. Alberto Velasco. Allez dire ça aux gens qui attendent un logement ! Allez dire ça aux gens qui attendent un logement d'urgence ! Regardez ce qui se passe avec la pandémie: des gens sont dehors, dans la rue, et on ne sait même pas où les loger. Franchement, je ne comprends pas ce discours qu'on entend au sein de ce Grand Conseil, je ne le comprends pas. Mesdames et Messieurs, il ne faut pas renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, il faut la déposer et basta ! Merci. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur François Baertschi, c'est à vous pour une minute trente.

M. François Baertschi (MCG). Merci, Monsieur le président. C'est vrai que ce projet n'est pas idéal, mais il faut des logements, comme l'a très bien dit le député Velasco. On se trouve actuellement dans une situation où de nombreuses personnes n'ont pas de logement. Des jeunes doivent s'expatrier, doivent aller dans le canton de Vaud, doivent aller en France voisine: ça, c'est inacceptable. Je comprends que certains députés refusent le développement des Vernets, je peux le comprendre à une condition: les députés qui ont refusé le plan directeur cantonal... Bon, il n'y a pas grand monde dans cette enceinte qui l'a refusé. On se situe quand même dans la logique de ce plan, il faut oser le dire, il faut vraiment avoir le courage de le dire. Ces députés-là sont aussi ceux qui refusent le travail au noir, parce que ce n'est pas en remplissant Genève de personnes illégales qu'on aura suffisamment de logements et qu'on pourra construire de manière idéale. Il y a des choix de société à faire, on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Merci, Monsieur le président.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je cède la parole à Mme Nicole Valiquer Grecuccio, à qui il reste une minute quinze.

Mme Nicole Valiquer Grecuccio (S). Merci, Monsieur le président. Je voulais dire brièvement que ce projet correspond à la loi PAV votée par la population, aux accords passés par plusieurs signataires lors du premier référendum, y compris par M. Pagani alors qu'il était conseiller administratif de la Ville de Genève. Il faut savoir rester cohérent sur l'ensemble. Pour ma part, je rejoins évidemment ce qu'ont dit mes collègues Sylvain Thévoz et Alberto Velasco, et je demande le vote nominal.

Le président. Merci, Madame la députée. Etes-vous soutenue ? (Plusieurs mains se lèvent.) Vous l'êtes. La parole est à M. Sandro Pistis pour... (Remarque.) Mes excuses, Monsieur Pistis, il ne reste plus de temps de parole au groupe MCG. Monsieur Alexis Barbey, je vous cède la parole.

M. Alexis Barbey (PLR). Merci, Monsieur le président. Pour le PLR, ce projet est arrivé au terme de la réflexion, il est à maturité et répond aux besoins que la Ville de Genève a exprimés. Il se trouve en plein centre-ville, proche des transports publics; on construit la ville en ville, ainsi que le PLR a toujours recommandé de le faire. On va ainsi diminuer l'impact écologique grâce au fait que les travailleurs habitent à proximité de leur lieu de travail. Ce projet est économique, dans le sens où sa densité permettra de loger des familles à relativement bon marché. Financièrement, le projet tient la route. Il est donc valable à la fois du point de vue économique, écologique et financier, il est tout à fait durable aussi. Le parti libéral-radical le soutient sans aucune arrière-pensée, dans l'idée également de faire enfin un premier pas vers la fondation de ce grand quartier Praille-Acacias-Vernets appelé à être un nouveau développement majeur pour la ville de Genève. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur Vincent Subilia, je vous cède la parole pour une minute quarante.

M. Vincent Subilia (PLR). Et je serai bref, Monsieur le président, mon préopinant a tout dit au nom du PLR. Je souhaitais rappeler qu'au-delà de la santé, la priorité consiste aussi à nous loger. Aucun projet ne fait jamais l'unanimité - pour rester dans la rime. Certes, l'on peut se plaindre, et cela a été le cas, d'un certain nombre d'externalités imputables à la forte densité; certes, l'on peut regretter un certain nombre d'éléments dans ces travaux. Mais ce projet a le mérite d'exister, il est le résultat d'une concertation et d'un compromis très larges. Il inscrit la pierre angulaire de cette nouvelle centralité qu'est le PAV, et à ce titre, il nous paraît dangereux de vouloir rouvrir aujourd'hui la boîte de Pandore. Nous nous sommes manifestés durant de nombreuses années pour voir cet ensemble aboutir, il présente à nos yeux toutes les garanties de durabilité requises, et à ce titre, il nous paraîtrait regrettable que nous reculions alors que nous étions tous résolus à avancer. Pour ces raisons, nous le soutiendrons naturellement. Je vous remercie, Monsieur le président de séance.

Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur Stéphane Florey, c'est à vous pour une minute trente.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Je trouve assez regrettable de se cacher derrière des pseudo-accords entre petits copains, entre petits partis et tout ce que vous voulez. A chaque fois, on nous sort le même discours: «Ça correspond au plan directeur cantonal, gnagnagna, gnagnagna...» Il faut juste arrêter ! Il faut juste arrêter de se moquer de la population. Parce que c'est de cela qu'il s'agit ! Aujourd'hui, la population en a marre; elle ne veut plus de ces projets. C'est ça qu'il faut apprendre à écouter aujourd'hui, c'est le pouls de la population ! Ce n'est pas venir avec vos petits accords de petits copains et je ne sais quoi. On n'en veut plus ! La population n'en veut plus, elle ne supporte plus cette manière de faire, et c'est avec grand plaisir et conviction que je voterai. La population pourra voir grâce au vote nominal qui la défend véritablement et qui sait l'écouter. Je vous remercie.

Une voix. Bravo ! (Commentaires.)

Le président. Voilà. Monsieur Bertrand Buchs, je vous cède la parole pour une minute dix.

M. Bertrand Buchs (PDC). Merci beaucoup, Monsieur le président. Je ne reprendrai pas les «gnagnagna» de M. Florey, mais je pense comme lui. J'ai vraiment l'impression qu'on est dans l'entre-soi. Le problème est que quand on vote des projets et des densités, pour l'ensemble de la population, ça ne veut pas dire grand-chose; mais quand on voit les immeubles, c'est autre chose. A Carouge, où j'habite, on nous a vendu un ensemble magnifique au Val d'Arve, en face de la piscine, avec des photos de synthèse absolument extraordinaires; quand la construction a été finie, on s'est aperçu que c'était une catastrophe. A Lancy-Pont-Rouge, c'était la même chose: quand on nous l'a expliqué, c'était magnifique, et quand on va s'y promener maintenant, ça fait peur, c'est une catastrophe. J'ai un peu l'impression qu'on est dans l'entre-soi de certaines personnes, dans l'entre-soi des concours d'architecture, dans l'entre-soi des gens qui gagnent toujours ces concours: on fait toujours la même chose, il n'y a aucun changement, aucune idée. On va droit dans le mur avec ce magnifique projet que devrait être Praille-Acacias-Vernets. Je vous remercie.

Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)

Présidence de M. François Lefort, président

Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à Mme Françoise Nyffeler pour une minute dix.

Mme Françoise Nyffeler (EAG), députée suppléante et rapporteuse de minorité. Merci, Monsieur le président. Je reviens sur l'idée qu'il faut tout refaire et reprendre à zéro. C'est faux ! Le projet de la pétition est une révision, les architectes ont fait des propositions, il s'agit de revoir certains aspects et de les mettre en valeur par rapport aux exigences actuelles de la population et surtout aux conditions climatiques qui ont changé. Nous avons besoin de lumière, il s'agit d'éviter l'ombre répandue sur l'espace public par les bâtiments, il s'agit de permettre la ventilation à l'intérieur d'une cour, c'est élémentaire; il s'agit enfin, évidemment, d'avoir des appartements pourvus le plus possible de lumière naturelle. Nous savons que ce sont les préoccupations des gens aujourd'hui et il faut en tenir compte.

Je m'interroge un peu sur la prise de position de M. Sormanni, qui a des intérêts personnels, notamment en tant que président de la Fondation de la Ville de Genève pour le logement social, qui a des intérêts directs dans cette affaire et qui ne devrait pas, selon la LRGC, prendre position. (Protestations.)

Le président. S'il vous plaît ! La parole est à M. le député Vincent Subilia.

M. Vincent Subilia (PLR). Monsieur le président, il doit me rester très exactement...

Le président. Pour trente secondes !

M. Vincent Subilia. ...trente secondes, vous venez de le préciser, pour me navrer des propos consternants du député Florey, vous transmettrez. Il ne s'agit pas du tout ici de donner lieu à des arrangements, je le cite, «entre petits copains». Là n'est pas la logique du projet. Il s'agit simplement de respecter un processus démocratique qui, avec tous les rouages de haute horlogerie du fonctionnement helvétique que l'on connaît, veut qu'un ensemble de partenaires se soit mis d'accord au fil des années. Vous connaissez l'adage: le mieux est l'ennemi du bien. Tout est perfectible dans l'existence, à commencer par nous, mais vient un moment où il s'agit d'apporter sa première pierre à l'édifice, et nous nous réjouissons que cela puisse être le cas. Je vous remercie.

Le président. Merci. Monsieur Pistis, le MCG n'a plus de temps de parole. Monsieur Sylvain Thévoz, rapporteur de majorité, je vous donne la parole pour trente secondes.

M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de majorité. Merci beaucoup, Monsieur le président. Je voulais juste répondre à M. Pagani qui semblait dire que lorsqu'en 2016, 69% des votants de Genève disaient oui à la délocalisation de la caserne des Vernets, ils ne soutenaient pas par là l'idée de construire du logement sur le PAV: or, c'est évidemment le cas. Venant de M. Pagani, qui voulait construire une tour aux Grottes et qui reste pour partie en ville de Genève comme le grand minéralisateur, le propos est piquant.

Madame Nyffeler, je pense que c'est une erreur d'attaquer M. Sormanni en tant que président de la fondation genevoise pour le logement social: il est légitime dans son rôle de favoriser la construction du logement social.

Le président. Merci.

M. Sylvain Thévoz. Je terminerai en disant que la Ciguë et d'autres coopératives...

Le président. Il faut terminer.

M. Sylvain Thévoz. ...construisent des logements dans ce lieu. Il faut bien évidemment ne pas soutenir cette pétition. Merci, Monsieur le président.

Le président. Merci, Monsieur le rapporteur de majorité. Il n'y a plus de temps de parole pour les différents groupes qui se sont exprimés. (Commentaires. Protestations.)

Des voix. Il y a eu des mises en cause !

Le président. Monsieur Pistis, on change de mode d'expression, s'il vous plaît !

Une voix. Il a été mis en cause !

Le président. Qui a été mis en cause ? (Remarque.) M. Sormanni, effectivement. Monsieur Sormanni, vous avez la parole pour quinze secondes.

M. Daniel Sormanni (MCG). Merci, Monsieur le président. D'abord, de toute manière, on ne représente pas d'intérêts personnels quand on est membre d'une fondation, vous devriez le savoir. Qui plus est, je ne suis plus membre de cette fondation depuis le mois de septembre. Par conséquent, vous prierez Mme Nyffeler de retirer ses propos infamants.

Des voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur Sormanni. M. Pagani s'est inscrit, j'imagine pour la même raison. Monsieur Pagani, quinze secondes aussi ! (Commentaires.)

M. Rémy Pagani (EAG). S'il vous plaît ! J'aimerais pouvoir m'exprimer. Merci. Je signale que ce projet n'émane pas de la Ville de Genève mais de l'Etat. Le concours a été mené par l'Etat de Genève et la Ville a participé au début puis s'est retirée vu la densité. La Ville a eu une position de résistance, notamment par rapport à l'implantation de l'école. On avait prévu une place publique...

Le président. Merci.

M. Rémy Pagani. ...la place publique a été mise sous l'école. C'est le processus dont tout le monde dit qu'il s'est déroulé parfaitement, mais en fait...

Le président. Très bien.

M. Rémy Pagani. ...chacun a dû réduire ses besoins à cause du fonctionnement du plan financier qui était la seule préoccupation des promoteurs. (Applaudissements.)

Le président. Merci. Toutes les personnes mises en cause ont pu s'exprimer. Nous allons procéder au vote sur la position de la majorité, soit le dépôt.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2085 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 55 oui contre 22 non et 4 abstentions (vote nominal).

Vote nominal