Séance du vendredi 18 septembre 2015 à 20h30
1re législature - 2e année - 8e session - 53e séance

M 2026-A
Rapport de la commission des travaux chargée d'étudier la proposition de motion de Mmes et MM. François Lefort, Olivier Norer, Anne Mahrer, Emilie Flamand, Sophie Forster Carbonnier, Mathilde Captyn, Roberto Broggini, Brigitte Schneider-Bidaux, Miguel Limpo pour des voies de tramway perméables, engazonnées et fixatrices de carbone
Ce texte figure dans le «Recueil des objets déposés et non traités durant la 57e législature».
Rapport de majorité de M. Michel Ducret (PLR)
Rapport de minorité de M. Stéphane Florey (UDC)

Débat

Le président. Nous passons à la M 2026-A. Nous sommes en catégorie II, quarante minutes. Je passe la parole au rapporteur de majorité, M. Michel Ducret.

M. Michel Ducret (PLR), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, la proposition que nous traitons là était en réalité légèrement superfétatoire, en ce sens que le Conseil d'Etat avait déjà pris la décision d'aller dans la direction demandée au moment où cette proposition de motion a été traitée par la commission des travaux. A vrai dire, en plus de la motivation environnementale et des avantages qui y sont liés, il existe d'autres avantages importants engendrés par cette manière de procéder qui, je le rappelle, est pratiquée actuellement par toutes les villes d'Europe et même du monde, mais essentiellement en Europe, et en Suisse également. Nous avons encore affaire ici à une «Genferei» supplémentaire: on ne sait pas faire comme partout ailleurs et on ne sait pas tirer les leçons de ce qui se fait chez nos voisins. Les avantages évidents sont, d'une part, la réelle préservation du site de circulation des tramways qui leur assure une garantie de voie libre et permet donc d'augmenter la vitesse commerciale et par là de générer des économies sur les coûts d'exploitation: en effet, chaque seconde gagnée se traduit par de nombreux francs économisés au bilan annuel. D'autre part, cela comporte des qualités esthétiques non négligeables. J'ajouterai encore un avantage qu'il ne faut pas oublier, à savoir l'absorption non seulement des bruits de roulement des véhicules qui y circulent, mais aussi des bruits de la rue en général, grâce à des surfaces poreuses absorbant les phénomènes d'écho. (Commentaires.) Les raisons d'appuyer ce genre de proposition et d'idée sont donc très nombreuses bien que, encore une fois, ce ne soit pas vraiment nécessaire, les décisions ayant été prises. J'aimerais aussi relever que c'est vraiment particulier qu'à Genève on doive en arriver à une intervention parlementaire pour réaliser ce que tout le monde a déjà fait partout ailleurs avec succès depuis plus de vingt ans. Voilà pour l'instant, Monsieur le président.

M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de minorité. Chers collègues, ce débat est totalement surréaliste: la simple lecture du courrier joint à mon rapport aux pages 18 et 19 aurait dû conduire au retrait de la motion par ses auteurs. En effet, il est stipulé dans ce courrier, dont je vous lis un bref passage: «En regard de ce qui précède, il convient de rappeler l'importance primordiale pour le déploiement des moyens d'intervention de pouvoir emprunter les voies de circulation réservées, en tout temps et avec tous les moyens, lorsque les conditions de la circulation l'exigent. A défaut, le SIS ne serait plus en mesure d'assurer les interventions de protection et de sauvetage au profit des personnes et des biens.» C'est là que réside tout le problème de cette motion ! Car les structures de nos routes, de nos villes et de nos communes dans notre canton ne permettent tout simplement pas l'engazonnement des voies de tram ! Comment voulez-vous installer des voies engazonnées alors qu'en cas d'accident et de problème dans la circulation, si les voies de tram sont engazonnées, les véhicules de secours ne peuvent pas rouler sur celles-ci et ne peuvent donc plus circuler correctement, puisque forcément ils resteront bloqués dans les bouchons ? (Commentaires.) Vous le savez très bien ! Ce que vous proposez est purement idéologique ! La seule chose que nous allons obtenir, c'est le risque d'avoir des morts ! Des morts, pourquoi ? Parce que les véhicules de secours seront bloqués dans les bouchons ! (Remarque.) Est-ce cela que vous voulez ? En tout cas nous, nous n'en voulons pas ! Pour cette raison - et nous vous ramenons à la simple lecture du courrier du SIS - il faut absolument retirer cette motion et en tout cas voter contre si nous ne voulons pas mettre en péril les moyens de sécurité de notre canton. Je vous remercie.

M. François Lefort (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, ce que propose cette motion, c'est d'abord une action concrète pour embellir et rafraîchir la ville. (Commentaires.) C'est une participation à la construction de la ville climatique. Cela a d'autant plus de sens si on pense à la longue canicule que nous avons connue cet été 2015. (Brouhaha.) Cette action concrète consiste en l'engazonnement des voies de tramways, ce qui se développe partout en Europe et en Suisse, mais pas encore à Genève, comme l'a rappelé le rapporteur de majorité. Outre l'aspect esthétique mentionné, l'engazonnement comporte de très nombreux avantages: amélioration de la perméabilité des sols, ce qui veut dire suppression du ruissellement sur les surfaces imperméables; fixation des poussières urbaines; filtration et dégradation des polluants urbains; rafraîchissement de l'air et stabilisation de la température ambiante simplement par l'évapotranspiration du gazon. Des voies de tram engazonnées, Mesdames et Messieurs les députés, ce sont de gigantesques climatiseurs en ville. Il n'y a donc pas lieu de construire des voies de tram engazonnées à la campagne, chose qui avait été envisagée. (Brouhaha.) Le rapporteur de majorité a relevé qu'à l'époque, le Conseil d'Etat envisageait de faire un essai; effectivement, un essai est prévu, mais en pleine campagne, et ce n'est pas ce que nous demandons ! Ce que nous demandons et ce qui est soutenu d'ailleurs par la Ville de Genève, ce sont des voies de tram engazonnées en ville, parce que c'est là qu'elles ont un impact. (Commentaires.) Un autre impact avantageux est l'amortissement du bruit. C'est un grand avantage en milieu urbain car le bruit est la première nuisance ressentie par la population. Bien sûr, il ne sera pas possible d'installer des voies de tram engazonnées partout en ville... (Remarque.) En effet, Monsieur le conseiller d'Etat, ce ne sera pas possible partout, je sais, vous êtes déçu ! (Commentaires.) ...et dans ces cas-là, cette motion demande que des matériaux recyclés locaux soient utilisés pour réaliser un ballast et des revêtements perméables, justement pour limiter le ruissellement. Donc priorité à l'engazonnement et priorité aux matériaux recyclés localement. Voilà une façon d'établir localement des emplois durables ! Cette longue liste d'avantages plaide finalement pour un très grand avantage en comparaison des inconvénients mentionnés par le rapporteur de minorité. (Commentaires.)

Si vous avez bien écouté le rapporteur de minorité, il n'y a qu'à Genève que des véhicules de secours équipés de grosses roues, des véhicules de secours 4x4 ne peuvent pas rouler sur du gazon ! Ce n'est qu'à Genève ! (Commentaires.) En comparaison de ce modeste désavantage, il y a donc un très grand avantage à faire des voies de tram engazonnées. (Brouhaha.) Les Verts sont finalement satisfaits de la décision de la très grande majorité de la commission, puisqu'il n'y a en fait que l'UDC qui s'y est opposée. Les Verts sont satisfaits de cette décision de la commission des travaux, vous remercient bien sûr de suivre les conclusions de celle-ci et d'accepter le renvoi au Conseil d'Etat. Enfin, même si le rapporteur de majorité regrette que nous ayons été obligés de commettre une motion pour demander au Conseil d'Etat d'installer des voies de tram engazonnées, nous rappelons quand même que nous avons déposé cette motion en 2011 et que si le Conseil d'Etat pouvait le faire, cela se saurait; si nous n'avions pas besoin de le demander au Conseil d'Etat et s'il avait envie de le faire, il existerait déjà des voies de tram engazonnées partout à Genève ! Malheureusement, il n'y en a pas. Cette motion a donc encore tout son sens. Pour cette raison, nous vous remercions, Mesdames et Messieurs, de suivre les conclusions de la commission des travaux.

M. Guy Mettan (PDC). J'ai écouté avec beaucoup d'attention le rapporteur de majorité et M. Lefort qui ont été très éloquents dans leur défense du bien-fondé de cette motion et de l'engazonnement des voies de tram. Pourquoi la soutenir ? Parce que c'est la pure logique ! Je ne partage pas tout ce qui a été soulevé par M. Lefort, mais il est vrai que Genève est une des seules villes au monde où il n'existe pas de voies gazonnées pour les trams. Si vous vous rendez dans les villes françaises - Strasbourg, Toulouse, Bordeaux, même Paris maintenant, etc. - vous pouvez constater que la majorité des nouvelles voies de tram, dès qu'elles sont construites, comportent des pistes gazonnées. En effet, dans nos villes, surtout avec le réchauffement climatique, on doit faire face à des conditions de chaleur, surtout en été, qui deviennent intolérables pour la population, notamment pour les personnes âgées et les enfants. Il est donc logique que nous songions à rendre le transport par tram plus écologique. Je constate que M. Poggia s'intéresse aussi à cette idée et je l'en remercie. Cela me paraît de bon augure que de se lancer dans ce projet à Genève. Le parti démocrate-chrétien vous encourage donc à voter cette motion telle qu'elle vous est présentée. (Brouhaha.)

J'aimerais quand même juste indiquer à M. Florey qu'il ne s'agit pas de casser le revêtement des Rues-Basses ou celui de la rue de Lausanne. Cela a été construit et cela nous a déjà coûté assez cher. Il s'agit au contraire de promouvoir cet engazonnement pour les nouvelles voies de tram, et je suis sûr que M. Lefort sera d'accord sur ce point. Or nous avons beaucoup de projets dans ce domaine, pour aller à Saint-Genis, Ferney, Saint-Julien, Annemasse, pour nous approcher de la périphérie, de la campagne. Des voies de tram qui comporteraient des petites fleurs, du gazon, de l'herbe, ce serait quelque chose de tout à fait réjouissant pour les contribuables, pour les usagers et pour tous les passagers de ces futurs trams. Pour toutes ces raisons, nous vous invitons, chers collègues, à soutenir cette motion et à la voter avec enthousiasme.

M. Frédéric Hohl (PLR). Mesdames et Messieurs les députés, cette motion est plaisante, elle porte sur les futures voies de tram. Nous sommes complètement d'accord avec le rapporteur de majorité sur pratiquement tout ce qui a été soulevé ce soir, mais il subsiste quand même un doute lié à ce problème des véhicules d'urgence. Il est vrai que nous n'avons pas eu l'opportunité de recevoir le SIS en commission, et je n'ai pas obtenu de réponse claire de la part du conseiller d'Etat qui aurait pu nous assurer: «Aucun problème, les véhicules d'urgence pourront passer !» Il s'agit d'un petit risque. Je vous suggère, Mesdames et Messieurs les députés, de renvoyer ce projet en commission... (Exclamations.)

Une voix. Mais non !

M. Frédéric Hohl. Non, mais simplement pour une audition du SIS ! Je n'aimerais pas avoir cela sur conscience et j'aimerais être certain que les camions de pompiers puissent passer. (Commentaires.) Sauf, Mesdames et Messieurs, si le conseiller d'Etat peut nous garantir ce soir clairement que les véhicules du SIS pourront passer. Dans ce cas, aucun souci ! Mais, s'il n'est pas en mesure de nous fournir cette réponse... (Remarque.) Je constate à l'instant que ce n'est pas le cas; Mesdames et Messieurs, je vous demande donc de renvoyer cette motion en commission uniquement pour cette audition; il ne s'agit pas de redémarrer tous les travaux, mais uniquement de procéder à une audition du SIS.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Il est pris note de votre demande. Je passe la parole à M. le député Pascal Spuhler.

M. Pascal Spuhler (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, si vous désirez renvoyer la motion en commission, pour nous, il n'y a aucun problème. Nous étudierons volontiers encore cet objet qui est en fait une fausse bonne idée. Si effectivement cela peut contribuer à mettre un peu de gaieté en ville comme le sous-entendait M. Lefort, je me réjouis de le voir avec la tondeuse à gazon pour égaliser l'herbe au milieu de ces rails de tram ! Je me réjouis aussi de voir tous les vélos dont les Verts aiment bien faire la promotion se casser la figure; déjà que les rails de tram, c'est casse-gueule, avec le gazon mouillé au milieu, je n'imagine même pas; ça risque de ne pas être triste ! La débandade ! (Commentaires.) Non, Mesdames et Messieurs, c'est effectivement une fausse bonne idée. Si on peut imaginer engazonner les éventuelles futures voies que nous allons installer sur certains sites propres... (Commentaires.) ...c'est-à-dire où aucun autre véhicule que le tramway ne circule, aujourd'hui en ville, c'est évidemment impossible à imaginer. En effet, c'est dangereux d'une part pour les véhicules d'urgence; je vous rappelle, Mesdames et Messieurs, que nous avons voté un projet de loi qui autorise tous les véhicules d'urgence à utiliser les voies de bus et de tram dans la mesure de la nécessité. Cela représente donc évidemment un risque potentiel pour eux lorsqu'ils se déplacent. D'autre part, je viens de le dire, cela comporte éventuellement un risque pour tous les vélos qui se font un grand plaisir d'utiliser les voies de bus et celles de tram pour circuler. (Commentaires.) Donc, avec de l'herbe, je sais, Mesdames et Messieurs, que vous aurez beaucoup de peine à utiliser vos vélos ! Même si nous avions pensé en commission que cela pouvait être une bonne idée, je le répète, sur les futures voies en sites propres qui rejoindront l'extérieur moins fréquenté et donc pas en ville, on pourrait l'imaginer, mais en ville, évidemment, ce n'est pas faisable. Par conséquent, si vous voulez renvoyer la motion en commission, nous vous soutenons. Sinon, ce sera non à la motion. Merci, Monsieur le président. (Brouhaha.)

Mme Lydia Schneider Hausser (S). Mesdames et Messieurs les députés, mon préopinant a soulevé le seul point qui pourrait éventuellement sembler négatif, c'est-à-dire que les vélos ne pourraient plus circuler entre les voies de tram. Mais justement, c'est peut-être un avantage finalement, parce que les vélos pourront circuler ailleurs; ce sont des habitudes qui peuvent se changer. (Commentaires.) Qu'aurons-nous à y gagner ? Nous y aurons gagné de suivre le mouvement que l'administration et le Conseil d'Etat ont déjà entamé. (Brouhaha.) Par exemple, les nouveaux projets d'extension des voies du tram à Bernex sont déjà pensés en voies propres et avec de l'engazonnement. Si on ose imaginer que les trams vont se développer à Genève et que d'autres lignes vont être créées, il est clair qu'une motion de ce type donnerait le feu vert pour qu'on recherche d'emblée les possibilités d'engazonnement dans le cadre des travaux d'étude de ces nouveaux tronçons. Pourquoi ? Parce que, comme cela a été relevé, vous avez probablement toutes et tous ici visité des villes ou des îles - je pense à Tenerife - qui ont de grands parcours de trams engazonnés, et j'imagine que nul d'entre vous ne pense que ce n'est pas une bonne idée. (Brouhaha.) C'est une bonne idée parce que nous vivons dans une ville dense, dans un canton dense, dans un paysage de plus en plus minéral, où il y a du béton, du bitume, des routes, des voitures, et beaucoup de monde. Pouvoir disposer de zones plaisantes et engazonnées constitue un gain de qualité de vie en termes d'esthétique et de diminution du bruit, cela embellit la ville et ce n'est pas négligeable.

Concernant les risques que cela coûte plus cher: non, ce n'est pas plus cher; du gazon ou des végétaux sur les lignes de tram coûtent même 60% moins cher que du bitume. C'est un peu plus cher à l'entretien - encore que cela dépend de quand cela se fera, car il y a sans cesse de nouvelles expériences dans de nouveaux lieux, dans d'autres villes, d'autres pays, et on est en train de découvrir des végétaux qui tiennent le coup, qui n'ont pas besoin d'être arrosés, qui ne poussent pas trop, etc. Pour ce qui est de cette végétalisation, de véritables évolutions sont en train d'apparaître dans différents endroits. (Brouhaha.)

En ce qui concerne les véhicules du SIS, il est vrai que nous n'avons pas auditionné ce service, mais il est vrai aussi que la chaussée, dans la plupart des cas, devrait être à même de pouvoir supporter des véhicules d'urgence. Par ailleurs, comme le disait M. Lefort, des véhicules 4x4 doivent normalement pouvoir rouler sur du gazon ! Je pense que chaque personne du SIS et de la population garde un sens des proportions ! Si un immeuble brûle à 200 mètres et qu'on n'arrive pas à passer dans la circulation, on ne va pas s'empêcher de rouler sur les voies engazonnées pour éviter d'endommager le gazon ! C'est une question de bon sens. Il faut faire confiance aux personnes des services d'urgence comme des transports publics d'ailleurs. (Brouhaha.)

Je ne vais pas rappeler tous les bienfaits en termes de vitesse technique, d'entretien, de perméabilité du sol et de fraîcheur. Il est vrai que nous allons être de plus en plus confrontés à des étés très chauds ou à des périodes de canicule; c'est en tout cas ce que les météorologues nous annoncent pour ces prochaines années. Il n'est pas dédaignable d'avoir de petits conforts en ville, et pourquoi pas au centre-ville, si on arrive à le faire ? Je crois que la population ne demanderait pas mieux et les bus et les trams ne s'en trouveraient pas gênés. Pour toutes ces raisons, le parti socialiste soutiendra cette motion qui nous semble être un très bon message au Conseil d'Etat pour qu'il poursuive dans la voie qu'il nous a déjà présentée, à savoir de procéder de plus en plus souvent à ces aménagements végétaux. Merci beaucoup.

M. Christo Ivanov (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, cette motion pose un problème: elle fait prendre des risques aux véhicules de secours du SIS, et cela est confirmé dans le courrier joint au rapport aux pages 15 et 16 - je fais référence à M. Moreno, directeur du SIS. J'ai bien entendu que dans cette motion il est question de l'engazonnement, qui permettrait de diminuer le bruit et les impacts, c'est ce qu'a d'ailleurs soulevé notre éminent collègue François Lefort. Vous me permettrez, Monsieur le député, de rire sous cape - vous transmettrez, Monsieur le président. En effet, aujourd'hui, ce qui diminue le bruit dans nos quartiers, c'est l'utilisation d'un nouveau revêtement phono-absorbant et rien d'autre ! C'est ce que font d'ailleurs très bien la Ville de Genève et de nombreuses communes, et il faut l'encourager. Le danger est donc, en cas de bouchons, que le SIS soit retardé lors d'interventions urgentes. Le groupe UDC soutiendra un renvoi à la commission des travaux pour auditionner le directeur du SIS. Je vous remercie. (Commentaires.)

M. Raymond Wicky (PLR). J'ai entendu beaucoup de choses qui, je dois dire, ont fait un peu grimper ma tension artérielle ! J'aimerais juste... (Commentaires.) Ah oui, mais je commence à avoir un certain âge et cela devient dangereux ! (Remarque.) Ah ! Buchs est là, alors ça va ! J'aimerais juste dédramatiser un peu la situation. Je crois qu'on a passablement interprété les propos de la lettre du SIS. J'ai travaillé sur ce projet quand j'étais encore en activité... (Commentaires.) ...et je crois que sur le fond, les voies engazonnées ne représentent pas de problème si elles sont carrossables. (Commentaires.) Laissez-moi peut-être juste finir ! Le problème qui s'est présenté dès le début, lorsque nous discutions avec les ingénieurs du canton, c'est qu'ils ont fait de très mauvaises expériences au Bachet-de-Pesay où une voie engazonnée, dont l'accessibilité est très simple, est foutue en l'air régulièrement, en français dans le texte ! Forts de ces considérations, les ingénieurs du canton disaient qu'il fallait placer des bordures en granit de peut-être dix centimètres de haut; et à ce moment-là, cela changeait la donne: parce que quand un patient avec une certaine pathologie, par exemple un polytraumatisé, se trouve dans une ambulance - je prends à témoin le docteur Buchs - si vous grimpez sur les trottoirs à 60 km/h, cela risque de causer des dégâts ! Le véritable problème n'est donc pas d'être pour ou contre - je crois que, dans l'esprit, tout le monde est pour - mais il s'agit simplement de vérifier que des garanties soient données en matière de réalisation, de manière qu'on ne soit pas confronté à ce genre de problème ! Merci de votre attention.

Une voix. Bravo ! (Commentaires.)

M. François Lefort (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, certains voulaient nous faire croire que le gazon mettait en danger les véhicules de secours du SIS. Heureusement que le député Wicky a ramené un peu de raison dans cette enceinte en rappelant qu'il y avait des préventions, et que celles-ci étaient basées sur une mauvaise expérience, qui est toujours d'actualité et qui continue, sur quelques centaines de mètres de mini-voies de trams engazonnées au Bachet-de-Pesay; mais cela n'a évidemment rien à voir avec les solutions modernes qui prévalent dans toute l'Europe et qui n'empêchent pas les véhicules de secours de passer.

Le président. Il vous reste trente secondes.

M. François Lefort. Merci, Monsieur le président. Sur ce sujet, c'est donc une question d'ingénierie, comme M. Wicky vient de le mentionner. Nous n'allons pas la régler en commission des travaux et ce retour est absolument inutile. C'est au département, lorsqu'il créera ces voies de tram engazonnées, de choisir les meilleures solutions. Pour le reste, un petit mot que vous transmettrez à M. Spuhler: dans cette motion, il est bien question de sites propres, Monsieur Spuhler ! On parle de voies de tram engazonnées en sites propres et pas d'autre chose. Voilà, je vous remercie, et je vous remercie également de ne pas la renvoyer en commission des travaux mais directement au Conseil d'Etat.

Une voix. Bravo !

M. Guy Mettan (PDC). J'interviendrai simplement pour vous signifier que le parti démocrate-chrétien s'opposera au renvoi en commission. Les propos de M. Wicky ont été assez clairs. Par ailleurs, il est possible de circuler sur des voies engazonnées dans d'autres villes: je suis donc certain que Genève trouvera les compétences pour construire des voies gazonnées qui permettront aux véhicules des services de sécurité, pompiers et ambulances de circuler sur ces futures voies. Nous ne voyons donc pas la nécessité de renvoyer cette motion en commission. Bien, je vais m'arrêter là, je me réjouis d'entendre aussi le conseiller d'Etat sur ce sujet. Peut-être aura-t-il des précisions à apporter et des arguments éventuellement aussi en faveur de cette motion.

M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de minorité. En effet, il est plus sage de renvoyer à la commission des travaux ce projet qui n'est visiblement pas mûr pour enfin réaliser ce que j'avais déjà demandé par ailleurs, à savoir auditionner le SIS, ce que la majorité de la commission avait refusé. Je m'étais battu pour au moins obtenir une réponse écrite, or celle-ci est suffisamment claire pour justifier un renvoi en commission et procéder à cette audition afin de développer un peu le sujet, en lien avec les propos de M. Wicky. Il est en effet important de reprendre un peu ce thème, de remettre les choses à plat, de tout reprendre à zéro et, si on nous démontre et qu'on nous donne la garantie à 100% qu'il n'y a pas de problème, nous adopterons éventuellement la motion. Mais en premier lieu, pour les motifs que j'ai évoqués tout à l'heure, nous ne pouvons pas le faire. Je suis désolé, mais le groupe socialiste vient nous demander de faire confiance aux services de secours alors qu'ils sont eux-mêmes incapables de leur faire confiance en se fiant à la réponse donnée dans le courrier ! Il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles ! (Commentaires.) Soit vous leur faites confiance, vous acceptez la teneur du courrier et vous refusez la motion, soit vous ne leur faites pas confiance et vous acceptez la motion ! Mais ne venez pas parler de confiance alors que vous n'en avez même pas vous-mêmes ! Et voies engazonnées ou non, je suis désolé, mais soutenir que la vitesse commerciale va être améliorée... Arrêtez ! Les effets sont complètement nuls sur la vitesse commerciale, parce que la majorité des sites de tram sont déjà des sites propres, engazonnés ou pas ! Ce n'est pas le gazon qui me fera aller plus vite le matin quand je sors mon tram du dépôt ! (Commentaires.) Alors ne racontez pas n'importe quoi et renvoyez cette motion en commission ! Nous tiendrons le débat une nouvelle fois, nous reprendrons les choses à zéro et peut-être arriverons-nous à nous mettre d'accord. Je vous remercie.

Une voix. A bon entendeur ! (Commentaires.)

Le président. Merci, Monsieur le député. (Remarque.) Monsieur Stauffer ? (Remarque de M. Eric Stauffer.) Alors après le vote, si vous voulez. Monsieur Michel Ducret, rapporteur de majorité, vous avez la parole.

M. Michel Ducret (PLR), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. On voit que le conducteur Florey n'a pas l'habitude de rouler sur un véritable site propre entièrement réservé. Il constaterait la différence de confort que cela représente et la vitesse commerciale qu'il pourrait atteindre par rapport à ce que nous connaissons à Genève. (Commentaires.)

On dit que le projet n'est pas mûr; excusez-moi, Mesdames et Messieurs les députés, mais ce projet est blet ! Cela fait quatre ans ! Quatre ans qu'on le traite, trois ans qu'il est sur la liste d'attente du Grand Conseil ! D'ailleurs, si tout s'était passé normalement, je crois que les réalisations liées à ce projet seraient déjà effectuées et terminées. (Brouhaha.) Il faut maintenant aller de l'avant ! Si la commission n'a pas jugé utile d'auditionner le SIS - pas plus d'ailleurs que les autres intervenants d'urgence - c'est que la réponse était évidente. Vous demandez à quelqu'un: «Voulez-vous plus de facilité pour circuler ?» Connaissez-vous quelqu'un, surtout à Genève, qui réponde: «Non, on préfère les arbres et les fleurs !» Ecoutez, je suis désolé, mais je ne connais personne qui donnerait une réponse différente ! Alors renvoyer la motion en commission pour obtenir la même réponse que vous avez déjà par écrit dans le rapport grâce à M. Florey, moi je veux bien, mais c'est de la perte de temps ! De toute façon, il ne sera plus blet, ce projet, il sera décomposé au moment où on le traitera, quand il reviendra dans trois ans ! Dans ce cas-là, c'est surtout montrer la parfaite ineptie de ce genre de travail au Grand Conseil !

J'aimerais quand même ajouter deux ou trois éléments concernant le fond. C'est bien connu que la conception urbanistique de Bâle, Berne et Zurich est semblable à celle de Los Angeles, avec des autoroutes à huit voies, ce qui fait qu'ils ont pu se permettre de créer des voies engazonnées, puisque la police, les gendarmes et les pompiers peuvent passer partout ! Non, mais arrêtez ! Ce sont des villes dont la situation est semblable à la nôtre et qui connaissent les mêmes embouteillages qu'à Genève, voire peut-être pires parfois - à Zurich en tout cas - je peux vous le dire ! Ce n'est pas si différent de ce que nous connaissons, mais eux peuvent le faire ! M. Mettan l'a souligné à juste titre: ce projet n'est pas prévu pour le centre-ville; c'est destiné aux extensions du réseau à l'extérieur. Je remercie M. Wicky pour son intervention au cours de laquelle il a rappelé qu'on peut aménager cela de manière que, en cas d'urgence extrême, on puisse quand même circuler avec les véhicules de secours sur la partie engazonnée. Cela reste tout à fait possible. Ce ne sont pas des voies ballastées ou ferrées comme celles des CFF. Il faut savoir un peu raison garder, maintenant, et garder les pieds sur terre. Genève n'est pas un monde en soi si différent du reste de la planète, et nous devons aller de l'avant ! M. Florey nous propose un monde ultra-sécuritaire et, si on le suit, il faudra bientôt distribuer des bouées pour traverser le pont du Mont-Blanc ou éventuellement porter des semelles isolantes pour monter dans son tram parce que c'est peut-être dangereux et qu'on risque de prendre du courant électrique, et autres fariboles de ce type ! (Commentaires.)

Le président. Il vous reste trente secondes.

M. Michel Ducret. Ce sont des fantasmes, Mesdames et Messieurs ! C'est un faux problème, il faut maintenant aller de l'avant avec un tel projet qui ne fait d'ailleurs qu'appuyer une décision déjà prise par le Conseil d'Etat.

M. Luc Barthassat, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, comme vous l'avez relevé, il y a des points positifs et négatifs. Il est vrai qu'on rencontre de gros problèmes avec les services d'urgence, cela s'est d'ailleurs déjà manifesté à certains endroits. Il existe des problèmes aussi au niveau de l'entretien, parce que cela nécessite du matériel spécifique. En même temps, c'est vrai que c'est plus joli, cela plaît à certaines personnes et à certains quartiers. Il est vrai également que jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas eu de velléité d'en créer au centre-ville. Nous avons réalisé quelques essais entre autres sur la montée du Bachet-de-Pesay. On peut le faire en pleine terre ou à travers des grilles en béton. Aujourd'hui, la question qui se pose est de savoir si le département étudie la façon de procéder à chaque fois: eh bien oui, systématiquement. Nous nous posons la question dès qu'il s'agit d'une nouvelle ligne ou d'une réfection en dehors des zones très urbaines. Le SIS, le génie civil, la DGT et bien sûr les TPG se posent à chaque fois la question sur les nouvelles lignes, surtout celle qui va passer par les Palettes, la route du Camp, voire jusqu'à Saint-Julien. Maintenant, il faut retenir la position de la majorité de cette commission, qui soutient cette version amendée. Je vous remercie.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le conseiller d'Etat. Je fais d'abord voter l'assemblée sur la demande de renvoi à la commission des travaux.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2026 à la commission des travaux est adopté par 47 oui contre 42 non.

Le président. Monsieur Stauffer, vous avez la parole.

M. Eric Stauffer (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vous demande dix minutes de votre attention pour...

Des voix. Non ! (Exclamations.)

M. Eric Stauffer. ...une action positive, s'il en est.

Des voix. Non !

M. Eric Stauffer. Je demande... (Exclamations.)

Le président. Il n'y a pas de débat ! (Exclamations.) S'il vous plaît, Monsieur Mizrahi ! (Commentaires.)

M. Eric Stauffer. Je demande une modification de l'ordre du jour... (Exclamations.) ...et l'ajout de la résolution 792 «Aidons les réfugiés sur place ! Ils sont mieux chez eux plutôt que chez nous» - et vous le savez ! Dix minutes de votre temps... (Le micro de l'orateur est coupé.)

Le président. Je vous remercie. Mesdames et Messieurs, avant de vous faire voter sur cette demande, je vous lis l'article 97, alinéa 2 de la LRGC: «Exceptionnellement, le Grand Conseil peut, sur proposition d'un député, décider, à la majorité des deux tiers des députés présents, de modifier en tout temps l'ordre du jour [...]»

M. Eric Stauffer. Vote nominal !

Le président. Etes-vous soutenu ? (Plusieurs mains se lèvent.) Très bien, je fais donc voter l'assemblée sur l'ajout de cette proposition de résolution à l'ordre du jour.

Mis aux voix, l'ajout à l'ordre du jour de la proposition de résolution 792 est rejeté par 54 non contre 27 oui et 8 abstentions (vote nominal).

Vote nominal