Séance du jeudi 29 janvier 2015 à 14h
1re législature - 2e année - 1re session - 6e séance

P 1852-D
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition concernant la modification de la circulation boulevard Jaques-Dalcroze, quartier de Rive
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session XV des 18 et 19 décembre 2014.

Débat

Le président. Nous passons à la P 1852-D. (Brouhaha.) M. Romain a demandé la parole, mais il n'est pas là. La parole n'étant pas demandée, il est pris acte... Désolé, Monsieur Wenger, je vous passe la parole.

M. Thomas Wenger (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés... (Brouhaha.)

Le président. Mesdames et Messieurs, s'il vous plaît ! (Un instant s'écoule.) Merci.

M. Thomas Wenger. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, nous revenons sur cet objet qui traite du rond-point de Rive et de la modification de la circulation à cet endroit. J'avais fait, à l'époque, un rapport de minorité sur cette pétition, et je pense que c'est important de continuer à s'exprimer là-dessus parce qu'il s'agit d'un objet symbolique en termes de mobilité. Il y a eu là, pendant une année, une mise à l'essai d'un nouveau schéma de circulation. Au bout d'une année, certaines conclusions, certaines observations ont été faites par le canton, par la Ville de Genève, par les TPG et par certaines associations. Quelles ont-elles été ? D'abord, une amélioration nette de la progression des véhicules de transports publics - il y a 110 véhicules TPG par heure qui passent par le rond-point de Rive; gain de temps de parcours de 9% pour les trams, et d'une minute aux heures de pointe pour la ligne 7. Un gain très clair, donc, pour les transports publics. Ensuite, création de 41 places pour les deux-roues motorisés, scooters ou motos, et création de 152 places pour les vélos autour du rond-point en remplacement de seulement 19 places pour les voitures, compensées pour leur part dans le parking de Saint-Antoine qui, comme on le sait, est sous-utilisé, en tout cas à certaines heures. En plus de cela, le temps de parcours des véhicules individuels, donc notamment des voitures, a été amélioré. On disait à l'époque que c'était vraiment une solution gagnante-gagnante-gagnante - pour les véhicules motorisés, pour les deux-roues, pour les transports publics, etc. Mais que nous répond le Conseil d'Etat, puisqu'on lui avait déjà renvoyé cette pétition? Il nous parle de la rue Ami-Lullin, remise en circulation en octobre du côté de la descente sur le rond-point de Rive, à la demande de M. Barthassat. Et qu'est-ce que cela a comme incidence ? Il y a de nouveau plus de voitures qui arrivent sur ce rond-point de Rive... (Brouhaha.) ...ce qui bloque de nouveau les TPG parce que ces voitures arrivent en masse, essaient de chercher une place, freinent, etc.

Le président. Il vous reste vingt-cinq secondes, Monsieur le député.

M. Thomas Wenger. ...ce qui est de toute façon négatif pour l'ensemble de la mobilité autour de ce rond-point. Et alors le pompon, si vous me permettez, c'est que dans sa réponse, le Conseil d'Etat nous parle des zones piétonnes que nous attendons tous, Mesdames et Messieurs, aujourd'hui, autour de ce rond-point de Rive, mais aussi du parking des Clés-de-Rive. Ce parking n'a pour l'instant pas du tout été accepté, les études sont en cours au niveau de la Ville et du canton, et, avec le groupe socialiste, nous refusons ce rapport qui mentionne le parking des Clés-de-Rive comme quasiment déjà construit. C'est pour cela que nous renverrons cette réponse au Conseil d'Etat. Merci, Monsieur le président.

Mme Lisa Mazzone (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, je ne vais pas répéter ce qu'a très bien dit mon préopinant concernant le changement de schéma de circulation à cet endroit-là, mais uniquement revenir sur la forme, puisque effectivement, en termes de mesures, tout le monde y a gagné, en particulier les transports publics qui étaient vraiment bloqués dans leur progression en raison de la circulation telle qu'elle était conçue avant la modification du schéma de circulation. Mais ce qui m'a particulièrement étonnée dans ce rapport, c'est que jusqu'aux deux tiers, on lit qu'on a eu raison de changer le schéma de circulation parce que tout le monde y gagne; tout le monde y gagne parce qu'on a créé des places pour les deux-roues motorisés, qui en manquent particulièrement à Genève, tout le monde y gagne parce qu'on a créé des places vélo, tout le monde y gagne parce que le temps de parcours des automobiles est amélioré, et enfin tout le monde y gagne parce que les trams ne sont plus bloqués par des véhicules individuels qui coincent 200 à 300 personnes à chaque passage de tram. On lit donc que tout le monde y gagne, et puis tout à coup, retournement de situation puisque M. Barthassat a unilatéralement décidé de changer d'avis, et qu'on nous dit qu'on va revenir à l'ancien schéma de circulation et rouvrir la rue Ami-Lullin, avec les nuisances que l'on sait. (Brouhaha.) Je dois donc dire que je suis pour le moins étonnée par ce rapport; je le trouve insatisfaisant puisque les arguments développés dans les deux premiers tiers n'amènent pas à la conclusion qui s'imposerait. Par conséquent, le groupe des Verts va également renvoyer ce rapport au Conseil d'Etat - qui s'intéresse peu à la question visiblement, comme le reste de ce parlement d'ailleurs ! (Brouhaha.)

Le président. Mesdames et Messieurs, un peu de silence ! Mesdames et Messieurs !

Mme Lisa Mazzone. Merci, Monsieur le président. Nous allons donc le renvoyer au Conseil d'Etat, parce qu'il faut que notre magistrat soit capable de prendre des décisions qui soient cohérentes, qui le soient avec les arguments qu'il a lui-même développés dans les deux premiers tiers de sa réponse, et qui ne soient pas sensibles à ce point...

Le président. Il vous reste trente secondes.

Mme Lisa Mazzone. ...aux voix de quelques commerçants qui font une pétition - «quelques» représente un chiffre très petit, d'ailleurs de l'ordre du chiffre et même pas du nombre. Par conséquent, j'invite le Conseil d'Etat à avoir une position et une vision un peu plus claires quand il s'agit d'aborder ce genre de problématique, et à ne pas se laisser porter à droite ou à gauche selon les vents qui auront soufflé dans son oreille. Je vous remercie.

M. Pascal Spuhler (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, effectivement, cette pétition a fait couler beaucoup d'encre et a fait beaucoup discuter notre parlement. C'est le quatrième retour, comme vous pouvez le constater, et ce n'est toujours pas satisfaisant, même si ce n'est pas forcément pour les raisons que viennent d'expliquer mon préopinant socialiste et ma préopinante Verte. Mais en effet, ce carrefour de Rive est une calamité au niveau du trafic. De nombreux transports publics y passent, vous le savez, il s'agit d'un carrefour au centre-ville, dans une zone très commerciale, et si vous avez le malheur - presque - de circuler dans ce coin-là en voiture, vous verrez ce qu'on y subit tous les jours.

Il y a tout de même eu une petite amélioration, qui n'est pas mentionnée dans ce rapport et que je tiens à souligner: quand on monte de la place des Eaux-Vives, il y a maintenant une facilité au carrefour entre la rue des Glacis-de-Rive et la place des Eaux-Vives, puisqu'il n'y a plus de possibilité de tourner à gauche sur la rue... euh... à gauche - excusez-moi, j'ai un blanc, ce n'est pas grave ! Bref, cela permet une plus grande fluidité à ce carrefour. Par contre, au carrefour avec la rue Ami-Lullin, alors là, effectivement on n'a toujours pas trouvé la bonne solution, ça coince toujours; certains tournent sans arrêt et n'ont toujours pas compris qu'on ne peut pas redescendre sur Rive, ce qui est un problème. On a la même difficulté avec le marché de Rive, qui fait obstacle au trafic, car renvoyer les véhicules dans cette direction pose aussi un problème. Enfin - c'est le point que j'avais soulevé quand nous avions lu cette pétition - les fameuses places pour deux-roues dont on se vante dans ce rapport, installées sur le carrefour de Rive, sont une vraie calamité parce qu'évidemment, les voitures ne trouvant pas de place se mettent en double file, et ceux qui ont un véhicule deux-roues un peu lourd se retrouvent coincés entre un trottoir et une voiture ! Les solutions ne sont donc pas trouvées. On nous parle du parking des Clés-de-Rive, mais même si on plantait le premier coup de pioche cette année - et c'est un doux rêve - vous savez très bien que ce parking ne serait pas terminé avant l'an 2020, voire 2025. Donc, Mesdames et Messieurs, c'est un peu d'une flûte enchanteresse qu'on joue dans ce rapport, et je suis assez d'accord avec mes collègues, même si ce n'est pas forcément pour les mêmes raisons, sur le fait qu'on nous roule légèrement dans la farine à propos de ce carrefour. Je soutiens donc le renvoi au Conseil d'Etat.

Le président. Merci, Monsieur le député. Nous avons été saisis d'une demande de renvoi au Conseil d'Etat, ce qui équivaut à refuser le rapport.

Mis aux voix, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur la pétition 1852 est adopté par 61 oui contre 12 non et 1 abstention.

Le rapport du Conseil d'Etat sur la pétition 1852 est donc refusé.