Recensement architectural du canton de Genève (RAC-2015). Mandataires: Frédéric Python, Natalie Rilliet. Auteurs: Deborah Chevalier, Lola Cholakian-Lombard, Mélanie Delaune, Nathalie Desarzens, Frédéric Python, Natalie Rilliet. Evaluation patrimoniale: commission scientifique de suivi, 23 janvier 2018. © Office du patrimoine et des sites.
Versoix
Route de Saint-Loup 3
Parcelle: 47:6999
Bâtiment GE: 41
EGID: 1030613
Versoix
Parcelle: 47:6999
Bâtiment GE: 47:3026
EGID: 295088754
Valeur: Intéressant
Ancienne dépendance de la villa voisine (cf. fiche Chemin des Colombières 3), construite à la place d’un autre bâtiment par le fils du commanditaire de la villa, Auguste Henri Wartmann, en 1887.
Situé à l’intérieur d’une courbe formée par la route de Saint-Loup, face au quai de la gare, ce bâtiment est bien visible depuis l’espace public. Il est implanté sur une parcelle de petite taille : les morcellements l’ont séparé de la villa principale et lui ont donné pour voisin un groupe de maisons jumelées, au sud. Le jardin est cependant encore ceint d’un mur en pierres grises soigneusement assisées (nord et est) et planté au sud-est d’une bande de pins de haute stature. De plan rectangulaire, l’édifice est complété par un avant-corps perpendiculaire centré sur la façade jardin (est). Rachetant la pente par un soubassement situé à l’aval (nord, est, sud), son volume comprend deux niveaux surmontés d’une toiture à demi-croupes comportant des pignons transversaux. La façade d’entrée (ouest) s’articule autour d’une travée centrale composée de baies vitrées encadrées de deux pilastres portant les armes des propriétaires (Wartmann et Perrot) au rez-de-chaussée et d’une loggia au premier étage. Celle-ci est entièrement lambrissée et abritée d’un avant-toit soutenu par deux puissantes paires de bras de force sculptés. De part et d’autre, le niveau inférieur s’ouvre par des portes (piétonnes, garage, remise et porte-fenêtre) et des fenêtres de tailles diverses, tandis que l’étage est symétriquement percé de deux fenêtres. Côté jardin (est), deux larges ouvertures axiales (un triplet à l’étage) mettent en valeur l’avant-corps, qui est ceint à l’étage par un balcon en bois, débordant sur le corps principal au nord. Sur la façade nord, deux avant-corps distinguent, au rez-de-chaussée, une zone de service (aveugle et couverte d’un toit plat) et un petit kiosque (s’ouvrant par une porte sur le jardin et une fenêtre sur la route de Saint-Loup, couvert d’un toit en pavillon octogonal). Au sud, la composition parfaitement symétrique est dominée au premier étage par un balcon en bois soutenu par deux poteaux. La pierre est mise en oeuvre en appareil rustique en soubassement et pour certains trumeaux (probablement pour souligner les zones de service, au nord du corps principal), soigneusement taillée et bouchardée pour les chambranles des baies du rez-de-chaussée (sauf exception) et les pilastres armoriés. A l’étage, c’est le bois qui prédomine, autant en structure (pan-de-bois, balcons avec leurs consoles, aisseliers de l’avant-toit et éléments de charpente apparente) que pour l’ornement (cordon mouluré, garde-corps en bois découpé, lambrissage mouluré et découpé, frises). Certaines des huisseries possèdent des carreaux de plus ou moins petite taille et sont probablement anciennes ; d’autres, à carreau unique, ont manifestement été remplacées. Dans le jardin, on trouve des fragments de colonnes, peut-être les restes d’un ancien portail.
L’architecture de ce bâtiment témoigne de la vogue du style “chalet suisse” ou “Schweizerischer Holzstil” dans la seconde moitié du XIXe siècle. Par son esthétique particulièrement pittoresque et ses références géographiques, il était considéré comme étant particulièrement adapté aux programmes de dépendances dans des grands domaines. Ici, l’ornementation est d’une grande richesse, s’associant à des ouvertures généreuses et des équipements destinés à jouir de la vue : ces éléments font supposer que la dépendance Wartmann possédait une fonction de maison d’amis autant que de logement du personnel et des voitures (porte large non vitrée sur la façade ouest). Possédant d’admirables qualités architecturales, l’édifice se trouve en outre dans un remarquable état de conservation. Enfin, l’histoire unit cette ancienne dépendance à la villa voisine, comme le soulignent les divers conifères qui se font écho de part et d’autre des haies séparatrices, lui conférant une valeur patrimoniale exceptionnelle.