Recensement architectural du canton de Genève (RAC-2015). Mandataires: Frédéric Python, Natalie Rilliet. Auteurs: Deborah Chevalier, Lola Cholakian-Lombard, Mélanie Delaune, Nathalie Desarzens, Frédéric Python, Natalie Rilliet. Evaluation patrimoniale: commission scientifique de suivi, 23 janvier 2018. © Office du patrimoine et des sites.
Versoix
Route de Saint-Loup 93
Parcelle: 47:7054
Bâtiment GE: 181
EGID: 1029990
Valeur: Intéressant
Ancienne orangerie du château de Saint-Loup, attribuée à Jacques Van Leisen en 1894 (Deuber-Pauli 1992) et cadastrée en 1906 pour Jean François Conti. Elle a été transformée en habitation en 1982 par l’architecte Félix Muller.
Bâtiment établi perpendiculairement à la route de Saint-Loup, sur une vaste parcelle agricole bordée au nord par la route, à l’est par des villas, au sud par la Versoix, et à l’ouest par la route de l’Etraz. On y accède par un portail dont les deux piliers à section rectangulaire possèdent un fût en bossage rustique un sur deux ; deux grilles en fer forgé y sont accrochées. La composition de l’édifice est symétrique: elle se décline en un corps central de cinq travées flanqué de deux pavillons latéraux, légèrement en saillie, de une travée sur deux. Elevé sur deux niveaux (rez-de-chaussée et premier étage), le corps central est percé par des ouvertures rectangulaires au niveau inférieur et par des fenêtres en demi-cercle au niveau supérieur. Quant aux pavillons, ils présentent chacun une porte surmontée d’une fenêtre sur les façades est et ouest et des fenêtres alignées sur les façades nord et sud. La toiture, associant trois toits à croupes, est ceinte d’un parapet et couverte en écailles d’ardoise; elle est ornée, sur les pavillons, d’épis de faîtage à motif de vases à bouquet de fleurs. Les façades sont structurées par des chaînes d’angle harpées surmontées de consoles, par un cordon et par un entablement mouluré, tous exécutés en pierre grise. Sur les côtés est et ouest du corps central, les arcs des fenêtres du premier étage, aux claveaux saillants un sur deux, reposent sur des piles montant de fond, alternant des lits de pierre et de brique. On distingue divers autres éléments décoratifs en fer forgé et verre, tels que des marquises (au-dessus des portes d’entrée des pavillons latéraux, à l’est) et des vérandas (devant les pavillons, à l’ouest).
La structure classique de l’édifice est animée par un traitement coloriste des façades, caractéristique du style Beaux-Arts en vigueur dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le lien établi entre les deux étages, sur le corps central, évoque une arcature en plein cintre : malgré une structure interne traditionnelle, ce subterfuge confère un caractère monumental au bâtiment. Présentant un état de conservation très satisfaisant (malgré des transformations internes reflétées en façade par des huisseries récentes), il s’offre comme rare témoin d'une orangerie, l’un des types les plus luxueux de dépendances dans les grands domaines de son époque.