REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE

Département du territoire

Office du patrimoine et des sites

Versoix - Secteur Sud-Est

fiche RAC-VSX-0539

Recensement architectural du canton de Genève (RAC-2015). Mandataires: Frédéric Python, Natalie Rilliet. Auteurs: Deborah Chevalier, Lola Cholakian-Lombard, Mélanie Delaune, Nathalie Desarzens, Frédéric Python, Natalie Rilliet. Evaluation patrimoniale: commission scientifique de suivi, 23 janvier 2018. © Office du patrimoine et des sites.

Maison de maître anciennement dite Barakat - Route de Suisse 12A-14

Versoix

Parcelle: 47:1941

Bâtiment GE: 47:1492

EGID: 295075285

Versoix

Route de Suisse 14

Parcelle: 47:1941

Bâtiment GE: 267

EGID: 1030285

Versoix

Route de Suisse 12A

Parcelle: 47:1941

Bâtiment GE: 2443

EGID: 2043773

Versoix

Parcelle: 47:1941

Bâtiment GE: 47:2506

EGID: 295073293

Evaluation

Valeur: Intéressant

Description

Sur une parcelle acquise en 1869 par l'hôtelier domicilié au Caire Marius Certoncini et sa femme (Registres mutations parcelles, vol. 59, 136), une maison de maître est construite avant 1872. Elle subit deux phases de transformations au XXe siècle. Une dépendance est ajoutée avant 1906 (bât. 2443), un garage en 1952 (bât. 1492), puis une autre dépendance en 1979-80 (bât. 2506).

La parcelle est délimitée au sud par la Versoix, à l'ouest par la route de Suisse et au nord par la propriété Aigues-Bleues (aujourd'hui mairie de Versoix). La maison de maîtres occupe une place centrale et fait face au lac. L'accès à la propriété s'opère par un double portail : une porte cochère flanquée de sa porte piétonne sont supportées par trois piles en calcaire blanc, de plan carré, sculptées d'une base et d'un couronnement moulurés. Les vantaux en fer forgé sont arqués et ornés de trois frises de postes. Le parc montre plusieurs aménagements anciens : depuis le portail, flanqué par la dépendance la plus ancienne (avant 1906), deux allées courbes circonscrivent un bouquet de vieux arbres pour amener le visiteur devant la maison. Un pavillon métallique à vitraux colorés se dresse au bord du lac, à l'angle sud-est de la propriété (cadastré en 1992 seulement). La maison de maîtres se compose d'un corps central de plan rectangulaire, flanqué de plusieurs avant-corps: un bow-window à pans coupés à l'est, deux ailes latérales au nord et au sud et, à l'ouest, deux pavillons encadrant un auvent. Le volume, complexe, est juché sur un soubassement. Le corps central et les ailes latérales se déclinent en un étage sur rez-de-chaussée, le premier étant surmonté d'un niveau supplémentaire, traité en attique à l'ouest, mais éclairé par une lucarne à l'est. Le tout est coiffé de trois toits à croupes se fondant dans le versant est. Les façades sont structurées par les chaînes d’angle, qui distinguent le corps central d’origine des deux ailes latérales plus tardives. Sur le premier, elles sont traitées en deux piliers superposés, dont le couronnement inférieur est aligné sur la tablette saillante des fenêtres du premier étage. Sur les secondes, en revanche, les chaînes marquent une césure supplémentaire par la présence d’une corniche au niveau du plancher, alors que le niveau du mur d’appui est souligné par un bandeau. Sur la façade orientale, l’axe central est marqué par la présence d’un large bow-window à pilastres, supportant à l’étage une terrasse accessible par trois baies resserrées (probablement modifiées au moment de la construction du bow-window), le tout étant couronné par une lucarne à fronton dans le comble. Sur la façade occidentale, ce sont les travées latérales du corps central qui sont soulignées par deux pavillons bas : ceux-ci sont coiffés d’un toit-terrasse précédé par un fronton purement décoratif. Ils encadrent l'entrée, qui est protégée par un large auvent, dont la saillie centrale est supportée par deux colonnettes métalliques posées en diagonale. A l’étage, les fenêtres sont régulièrement espacées et surmontées par trois petites fenêtres semi-circulaires éclairant l’attique. Les chambranles des fenêtres et portes-fenêtres sont tous exécutés en molasse et moulurés à crossettes. Sur le corps central, une épaisse tablette d’appui saillante est supportée par des consoles ; un larmier y fait parfois écho (au rez-de-chaussée de la façade orientale, sur les deux étages des façades latérales et au seul premier étage de la façade occidentale). Les chambranles des ailes latérales sont similaires, mais traités avec quelques différences : le mur d’appui est revêtu de molasse à table sculptée, les chambranles dénués de consoles et de larmier. Enfin, un traitement en faux-appareil à refends unit les pavillons de la façade est aux travées centrales.

Cette villa s'inscrit parmi les villas néoclassiques construites dans la campagne genevoise pendant la première moitié du XIXe siècle et au-delà. Sur le territoire communal, on peut la comparer à l’ancienne villa Wartmann, construite quelques années plus tôt par Bernard Adolphe Reverdin (cf. fiche Chemin des Colombières 3). Si la pureté du volume originel n’est plus perceptible depuis les transformations, la structure constructive s’en distingue encore clairement par la conservation des chaînes d’angle et de la plupart des chambranles du corps central. Quoique les interventions du XXe siècle aient réduit la lisibilité première de l’architecture, en distribuant librement les motifs sur les nouveaux corps de bâtiment et en transformant assez profondément la façade ouest (ajout des avant-corps latéraux, traitement du rez-de-chaussée et ajout d’un attique), elles se sont inscrites dans le langage classique, dont elles ont repris tous les éléments. Malgré les transformations subies, l’édifice offre encore un exemple convaincant de ces luxueuses maisons élevées au bord du lac par une bourgeoisie internationale attirée par la vue du mont Blanc. Ses abords sont en outre conservés d’une manière presque parfaite avec le portail, les cheminements, les arbres et même un kiosque de bord de lac.

De nombreuses personnalités ont habité cette maison, qui a notamment été la résidence de l’Aga Khan III à la fin des années 1950.

Inscriptions

Ancienne plaque cadastarle sur la façade est de la dépendance "Cadastre 267 bis".

Chronologie

1872 - Cadastration

(le 27.07.1872) : 267, logement en maçonnerie, 152m50 et 267bis, logement en maçonnerie et bois, 62m20
Propriétaire(s): CERTONCINI Marius
Propriétaire(s): SEGARD Sidonie Valentine
Sources

DCMO, Archives du cadastre - Registres comptes bâtiments, Versoix, 376

1874 - Construction

TP 1874/470 (le 29.11.1874) : Ouverture d'une porte près de l'angle de sa propriété à l'embouchure de la rivière dans le lac
Propriétaire(s): DE STOUTZ Louis
Sources

AEG - TP 1874/470

1875 - Transformation

TP 1875/63 (le 16.02.1875) : Réparation d'un mur vers le lac
Propriétaire(s): DE STOUTZ Louis
Sources

AEG - TP 1875/63

1906 - Cadastration

(avant le 12.04.1906) : 267bis, logement, maçonnerie et bois, 62m20
Propriétaire(s): DE STOUTZ Louis
Sources

DCMO, Archives du cadastre - Plans cadastre genevois soit Dufour mis à jour, Versoix, f. 34, 1ère version

1914 - Transformation

(en 1914) : Projet de décor pour le salon
Architecte(s): FATIO Edmond
Propriétaire(s): DE STOUTZ Louis
Sources

AEG - Archives privées 194/A/83

1951 - Construction

DD 25526 (le 12.06.1951) : Transformations à la villa : ajout d'une véranda à l'est ; modification de l'avant-corps à l'ouest ; ajout de deux ailes latérales. Construction d'un garage
Architecte(s): Hornung & Van Berchem
Propriétaire(s): LENDI Richard
Sources