REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE

Département du territoire

Office du patrimoine et des sites

Vernier - Secteur 7

fiche RAC-VRN-6016

Recensement architectural du canton de Genève (RAC-2016). Chef de projet: Frédéric Python. Mandataire: Atelier Archiplein. Auteurs: Angela Durruthy Colas Bédat, Francis Jacquier, Marikit Taylor, Catherine Theiller. Evaluation patrimoniale: commission scientifique de suivi, 12 octobre 2017. © Office du patrimoine et des sites.

Maison d'habitation en ordre contigu, autrefois dite Villa Les Primevères - Chemin des Anémones 4

Vernier

Chemin des Anémones 4

Parcelle: 203

Bâtiment GE: 46:A261

EGID: 1028610

Evaluation

Valeur: Exceptionnel

Description

Bâtiment de plan carré faisant partie d’un ensemble de cinq villas mitoyennes identiques. De deux niveaux habitables augmentés d’espace sous les combles, ces maisons ont été conçues en 1910 par l’architecte Louis Vial pour la Société des villas familiales de Châtelaine. Elles sont érigées parallèlement au chemin des Anémones, suivant un axe nord-ouest – sud-est. De volume et de typologie modeste, ces villas s’inscrivent dans le projet de construction de logements ouvriers sur le chemin des Anémones et sur celui De-Maisonneuve au début du XXe siècle. Par ailleurs, si les façades principales se situent chemin des Anémones (sud-ouest), chacune des villas possède une entrée secondaire chemin De-Maisonneuve (nord-est).

L’entrée est précédée d’un perron de trois marches. Chaque façade de l’ensemble est traitée de manière simple et rehaussée d’éléments décoratifs. La façade principale (sud-ouest) se distingue par ses détails ornementaux aux formes et motifs inspirés du Heimatstil et de l’Art nouveau : une galerie qui longe toute la façade au niveau supérieur doté d’un garde-corps en bois ouvragé de couleur verte ; un avant-toit débordant soutenu par une colonnette centrale érigée au centre de la galerie ; des lambrequins en bois qui relient cette colonnette aux extrémités de la façade suivant une disposition symétrique. Comme le garde-corps de la galerie, qui repose sur des consoles en bois ouvragé, ces lambrequins sont en bois finement découpé dont les motifs forment des rinceaux. Sous le toit, des ferronneries de partition ouvragées marquent également le passage d’une adresse à l’autre. Le pittoresque des façades est renforcé par la récurrence de ces éléments sur les façades des cinq villas. Cette répétitivité se retrouve dans les cloisons de partition qui séparent les façades au niveau des galeries et des rez-de-chaussée. Les baises, y compris la porte d’entrée surmontée d’une imposte à deux carreaux vitrés, sont rectangulaires et dotées de volets en bois découpés d’une fleur-de-lys. Au niveau du toit en bâtière, une souche de cheminée ouvragée surmonte chaque extrémité de l’édifice. L’axe de symétrie de la façade est cristallisé par la colonnette centrale de la galerie, et renforcé par le chemin d’accès qui, depuis le portail surmonté d’une arche ouvragée, divise le jardin en deux parties égales. Côté chemin De-Maisonneuve, la façade nord-est, d’une typologie beaucoup plus sobre, est pourvue de deux travées de baies rectangulaires : la première est constituée d’une porte d’entrée en bois à un battant qui est surmontée, sous l’avant-toit débordant, d’une petite baie. La deuxième travée est formée de deux fenêtres à petits carreaux, encadrements simples et volets. Une certaine asymétrie décorative est obtenue par l’absence de travée de fenêtre du côté sud-est de chaque façade.

La succession des cinq villas forme un ensemble exceptionnel dont la substance historique d’origine est très bien préservée. De plus, les légères pertes de cette dernière sont, pour la plupart, réversibles. Ici, par exemple, la frise d’inspiration Art nouveau, encore visible sur deux des façades voisines, pourrait être reconstituée sans difficulté. Ainsi, le raffinement, l’ornementation et le soin apportés à la réalisation de ces logements malgré leur vocation ouvrière est remarquable. Ils forment le pendant, mieux conservé, des immeubles conçus par l’architecte Edmond Fatio chemin De-Maisonneuve. Au chemin des Anémones, c’est la symétrie et l’effet de répétition des éléments décoratifs qui confère une grande part de son intérêt à l’ensemble. Cette cohérence est renforcée, côté sud-ouest, par la succession de jardins, de murs de clôture et de portails, et par les façades identiques tant au sud-ouest qu’au nord-est.
Cet ensemble de quatre maisons mitoyennes pittoresque et très bien conservé est un exemple exceptionnel des logements bon marché construits au début du XXe siècle dans le voisinage du chemin De-Maisonneuve, voué à la construction de résidences ouvrières. Il est l'oeuvre de Louis Vial, architecte réputé à Genève et dont l'oeuvre de cette époque se distingue notamment par de nombreuses références à l'Art nouveau. Pour ces raisons, il mérite d'être conservé et valorisé.