REPUBLIQUE ET CANTON DE GENEVE
Département du territoire
Office du patrimoine et des sites
Onex - Secteur 4
fiche RAC-ONX-3038
Recensement architectural du canton de Genève (RAC-2016). Chef de projet: Frédéric Python. Mandataire: Genève Inventaire. Auteurs: Deborah Chevalier, Lola Cholakian-Lombard, Mélanie Delaune, Natalie Rilliet. Evaluation patrimoniale: commission scientifique de suivi, 22 mars 2018. © Office du patrimoine et des sites.
Maison d'habitation en ordre contigu de l'ensemble dit Hameau Le Moulin - Chemin de Belle-Cour 34
Onex
Chemin de Belle-Cour 34
Parcelle: 1184
Bâtiment GE: 34:1275
EGID: 1022324
Onex
Parcelle: 34:1184
Bâtiment GE: 34:1276
EGID: 295089811
Evaluation
Valeur: Intéressant
Description
Ensemble de 36 villas mitoyennes, conçu par l’architecte Pierre Collin entre 1972 et 1977.
Situé sur l’ancien domaine de Belle-Cour, qui s’étendait sur plusieurs hectares de la route du Grand-Lancy jusqu’à l’Aire, cet ensemble s’implante dans un coude de la rivière. La dénomination « Le Moulin » fait référence à l’ancien moulin du domaine, qui prenait place au nord et dont il ne reste aujourd’hui qu’une ultime pièce de rouage installée sur les pelouses communes des villas.
Sur un terrain de 30’000 m2, à la végétation foisonnante, intégrant plusieurs arbres centenaires, et doté d’une grande quiétude, les architectes ont su recréer l’atmosphère d’un hameau de village en construisant 36 villas à partir de trois cellules types, juxtaposées par paires et groupées en nombre variable. L’implantation de chaque paire est décalée par rapport à la paire précédente, offrant un cadre admirable et intime à toutes les villas, sans vis-à-vis. On compte cinq groupes au total, identifiables grâce à une couleur appliquée aux portes d’entrée, portes de garage ainsi qu’aux rives des toitures – bleu (nos 30 à 40), rouge (nos 42 à 48), vert (nos 50 à 60), jaune (nos 62 à 76) et orange (nos 78 à 100). Chaque groupe se déploie le long de deux chemins aboutissant à trois petites places.
Dépourvu de toute barrière ou clôture, ce « hameau » entretient un lien particulier avec l’environnement qui l’entoure, notamment la multitude d’arbres et d’arbustes qui le parsèment. Les voies de circulation ont d’ailleurs été étudiées avec soin, de sorte à ce qu’elles empiètent le moins possible sur les espaces de verdure et à différencier leurs fonctions. Sur un principe de desserte du site en diagonale, les chemins carrossables sont asphaltés, tandis que les trottoirs et places de parking sont en béton strié. Ces zones sont éclairées par des lampadaires bas, permettant une circulation nocturne des piétons sans gêner les habitations alentours. Un local technique, dissimulant les conteneurs à ordures et construit à l’écart des villas, est présent au niveau de l’entrée principale du domaine, à l’extrémité nord-ouest du terrain.
L’architecture des villas suit un principe identique, avec variation sur le même thème. Chaque paire de maison est précédée d’un garage et d’un abri voiture accolé, suivi d’un patio d’entrée et d’une terrasse. Au-delà de cet espace tampon, les façades de chaque villa se décomposent en deux travées distinctes : au rez-de-chaussée, on trouve la porte d’entrée colorée et jouxtée d’un mince pan de verre d’un côté et d’un mur plein de l’autre. En décrochement vient ensuite une grande baie vitrée coulissante, suivie elle aussi d’un pan de mur opaque correspondant à la cuisine; marqué par les nez de dalles en béton brut laissés apparents. Le premier étage comprend une chambre, traitée en porte-à-faux au-dessus de l’entrée et formant un large auvent. Entièrement vitrée, la façade est ici composée d’une grande baie fixe, d’une allège et d’une fenêtre coulissante. La deuxième travée, en retrait, affiche la même allège vitrée avec fenêtre coulissante, alors que la baie est remplacée par un pan de mur opaque. Côté jardin, l’articulation décalée des deux travées est également appliquée. Le rez-de-chaussée, ici composé de grandes baies vitrées coulissantes, donne sur une terrasse et le parc commun – chaque terrasse en béton lavé étant séparée par un mur en béton brut de décoffrage. A l’étage, la travée renfermant la plus grande chambre est dotée d’un balcon formant un bloc en béton compact, fixé dans le prolongement de la dalle de niveau. L’ensemble des fenêtres est doté de stores à rouleau métallique peint en blanc.
La particularité de ces villas réside dans l’emploi diversifié de matériaux déterminés par l’environnement naturel qui les entoure. Alors que les éléments structurels horizontaux et les pièces rapportées, telles que les balcons ou les murs de séparation entre patio et terrasse, sont marqués par un traitement en béton brut, les murs sont recouverts d’un crépi rustique ou d’un lambris en bois foncé recouvrant une partie des façades des premiers niveaux. Conférant un cadre géométrique prononcé à ce niveau supérieur, le lambris se confond ensuite avec le toit asymétrique de chaque villa, recouvert de plaques en Eternit (fibro-ciment). L’harmonisation des proportions entre ces différents matériaux donne un caractère d’une grande expressivité à cette composition.
Seule une villa par groupe comprend un module supplémentaire, correspondant à une pièce additionnelle disposée à l’une des extrémités. Côté jardin, cette pièce s’insère dans le prolongement de la travée qui intègre un balcon ; côté patio, elle forme un décrochement sur le long pignon borgne de ces maisons d’extrémité. Matériellement, ce module est entièrement recouvert de lambris, séparé de la toiture en Eternit par les rives de toiture colorées. Cette variation s’applique aux numéros 40, 48, 50, 62 et 78.
La villa numéro 34, orientée est-ouest, forme un bloc contigu avec la villa numéro 36, compris dans le groupe de six villas situées à l’extrémité ouest du parc, reconnaissable à leurs portes et rives de toiture bleues. Elle obéit à l’articulation des autres villas décrites ci-dessus et n’a subi pour ainsi dire aucune intervention majeure. Seule la pose d’un petit portail et d’une clôture en bois au niveau du patio (réversibles) dénote avec le style architectural des villas.
Rares sont les exemples de maisons contiguës qui allient autant de qualités. Les répétitions, souvent associées à la monotonie, créent au contraire ici une nouvelle expression architecturale, qui change selon les groupes du fait de la diversification du nombre des cellules et des différences de niveau du terrain. S’ajoutent le choix de matériaux adaptés au paysage environnant ainsi que l’abondante végétation particulièrement bien entretenue, qui forme le magnifique parc commun à la copropriété. Toutes ces qualités font de ce hameau des années 1970 un modèle du genre, à l’instar du groupe de villas contemporaines situées non loin de là, au 15-35, chemin du Pont-du-Centenaire (Gérard Châtelain et Pierre Helbling architectes), et de quelques exemples tout aussi remarquables tels que l’ensemble « Les Arbres » à Bellevue (ASS architectes) ou du groupe d’habitations à Troinex (R. Racine, M. Buri et S. Candolfi architectes).
Dans le cas du hameau « Le Moulin », hormis quelques rares interventions malheureuses (notamment le percement du pignon de la villa numéro 100), la fermeture de certains patios (réversible), ainsi que l’isolation de la plupart des sous-faces du porte-à faux formant un auvent devant les entrées (isolation recouverte de lambris), l’ensemble des villas a été très bien entretenu et le règlement interne à la copropriété a su garantir, dans la plupart des cas, des interventions homogènes et cohérentes, dans le respect du bâti originel.
Chronologie
1972 - Construction
- DD 61810 (le 05.06.1972) : Construction de 6 villas en ordre contigu, garages
- Architecte(s): COLLIN Pierre
- Propriétaire(s): DUCHENE Claude
- Sources
- Base ITHA - DD 61810
Bibliographie
- Courtiau, Catherine (dir.), XXe: un siècle d'architectures à Genève: promenades, Gollion, Infolio, Genève, 2009, Fiche N33, p. 481
- S.n.,, "Le moulin à Onex, Genève", dans Werk/oeuvre, 1975, no 12, pp. 1080-1082
Iconographie
