Recensement architectural du canton de Genève (RAC-2016). Chef de projet: Frédéric Python. Mandataire: Genève Inventaire. Auteurs: Deborah Chevalier, Lola Cholakian-Lombard, Mélanie Delaune, Natalie Rilliet. Evaluation patrimoniale: commission scientifique de suivi, 22 mars 2018. © Office du patrimoine et des sites.
Onex
Route de Chancy 122
Parcelle: 34:969
Bâtiment GE: 901
EGID: 1022026
Onex
Parcelle: 34:969
Bâtiment GE: 34:903
EGID: 295082318
Valeur: Intéressant
Ce complexe catholique, réalisé entre 1964 et 1965 par l’architecte Virginio Malnati, s’articule à l’angle d’un important carrefour et s’inscrit dans le prolongement de la longue barre d’Onex-Parc des architectes Maurice Cailler et Francis Gaillard, achevée quelques années auparavant. Il entoure de ce fait la partie sud-ouest du parc qui borde le bâtiment et offre un nouveau lieu de culte à la Cité-Nouvelle d’Onex. L’ancienne église paroissiale Saint-Martin, située dans le village d’Onex (place Duchêne 16) et datant du début du XVIIIe siècle, sera en effet désaffectée en 1967 et reconvertie en salle du Conseil municipal dès 1975.
La paroisse s’organise autour d’un atrium bordé d’un péristyle, au centre duquel s’élève un haut campanile. A l’est, les locaux paroissiaux sont contenus dans un petit bâtiment de deux niveaux formant une légère brisure. Lui faisant face, côté ouest, l’église de plan circulaire se déploie dans une géométrie tout en rondeur. Ces deux éléments sont reliés par un portique permettant d’accéder à l’enceinte de la paroisse côté rue des Bossons. Un panneau en béton vient se greffer au portique, conférant une certaine intimité à l’atrium, et sur lequel s’inscrit un relief en fer forgé représentant l’épisode où saint Martin s’apprête à trancher son manteau pour en donner la moitié à une personne dans le besoin.
La façade des locaux paroissiaux est complètement vitrée sur l’atrium, pourvue de larges menuiseries en bois soulignées par la structure apparente du bâtiment en béton armé. Au premier niveau, de larges allèges en panneaux de ciment peint s’intègrent au-dessous des menuiseries en léger retrait. La façade est, donnant sur le jardin d’Onex-Parc, est beaucoup plus hermétique. Le rez-de-chaussée est en effet complètement borgne, hormis une série de fenêtres en bandeaux disposée en imposte. L’angle du bâtiment est mis en exergue par la présence de deux éléments de béton épousant le plan coupé de la façade. Le premier étage reprend l’alignement de fenêtres présentes du côté de l’atrium, sans panneaux d’allège et sans meneaux structurels en saillie : on trouve un simple pan de mur crépi et opaque. L’imposant campanile est composé de deux fragments de colonne évidée, matérialisés par des segments en béton qui s’élèvent largement au-dessus de la paroisse. Le plus haut fragment est orné d’une croix, tandis que les trois cloches actuelles – montées au clocher en juin 1999 – sont fixées entre les deux éléments fragmentés de la colonne.
Les façades de l’église à proprement parler sont constituées de petits éléments en béton lavé, gravés d’une demi-lune. Assemblés sur la façade circulaire, ils donnent un calepinage très géométrique à l’ensemble. Ces éléments sont entrecoupés de piliers engagés et surmontés de fines ouvertures vitrées sur lesquelles s’ajoute le large bandeau de toiture. Des vitraux de Jacques Wasem sont disposés dans la partie inférieure de la façade, formant une ligne de verres colorés courant sur 87 mètres (vitrail le plus long de Suisse). L’entrée s’effectue sous le péristyle, en retrait de ce qui était le baptistère – transformé en crypte en 1997. A l’intérieur, l’espace liturgique circulaire s’élève sous une voûte au plafond nervuré impressionnant. Cette charpente en bois, d’une portée de 27,20 mètres, est composée de solives en lamellé collé portant dans trois directions et formant un angle à 60 degrés entre elles. Elle repose sur un sommier en béton armé. Les éléments structurels latéraux, également en béton brut, sont baignés d’une lumière tamisée pénétrant à travers les magnifiques vitraux affichant des aplats de couleurs vives aux formes très variées. Les fins piliers engagés de la façade scandent le déambulatoire, plus bas, éclairé par une série de coupoles. L’autel, également en béton, est orienté à l’ouest et placé sur un podium. L’orfèvrerie liturgique d’origine a été réalisée par Dolores Blasco et une tapisserie d’Alice Basset semble avoir été présente dans ce lieu de culte – non localisée lors de la visite du bâtiment.
Cet ensemble de grande qualité a été très bien entretenu et ne présente pas d’altération majeure. La recherche d’un plan masse peu habituel, l’intelligence de l’articulation des différents éléments et la matérialité brute affichée en font un objet tout à fait remarquable. Le soin apporté aux vitraux et le caractère intimiste de l'espace liturgique renforcent encore la valeur de ce groupe cultuel, dont la proximité avec le temple voisin, également d’un intérêt prononcé, structure de façon singulière l’entrée sud de la Cité-Nouvelle d’Onex. Les campaniles des deux édifices marquent sensiblement le territoire et offrent une plasticité architecturale exemplaire au carrefour.