Recensement architectural du canton de Genève (RAC-2018). Chef de projet: Frédéric Python. Mandataires: Atelier Archiplein et Karina Queijo. Auteurs: Angela Durruthy Colas Bédat, Francis Jacquier, Karina Queijo, Bruno Santos, Marikit Taylor, Catherine Theiller. Evaluation patrimoniale: commission scientifique de suivi, 1er février 2019. © Office du patrimoine et des sites.
Hermance
Rue du Nord 14
Parcelle: 28:2033
Bâtiment GE: 511
EGID: 1018399
Valeur: Intéressant
Maison située dans le Bourg-Dessous d’Hermance, dont l’étendue actuelle est le résultat d’importants remaniements parcellaires au fil des siècles. Elle occupe l’emplacement de quatre parcelles distinctes de la Mappe sarde de 1731: sa partie sud-ouest correspond à la moitié orientale d’une «maison, grange, écurie et place» appartenant à Jean Jacquet et ses frères (la moitié occidentale de cette parcelle correspondant à l’actuelle rue du Nord 16); à l’arrière de cette partie, au nord, se trouvaient une écurie appartenant à George Pyu et ses enfants, et une «maison et place» à Nicolas Jaquet; sa partie est correspond à une «maison et place» propriété de Louise Collet (femme de George Moutellet), parcelle qui s’étendait légèrement plus au nord en englobant une partie de l’actuelle rue du Nord 12. En 1809, l’ouest de la maison de la rue du Nord 14, déjà devenue une parcelle unique, appartenait à François Jacquet; plus aucun bâtiment n’était cadastré à l’arrière de celle-ci; l’est de la maison actuelle correspond à une maison des frères Comte, dont l’étendue se poursuivait alors encore vers le nord, englobant la rue du Nord 12 mais aussi le chemin des Glerrets 15.
La maison est contiguë à l’ouest de la rue du Nord 16, et de la rue du Nord 12 au nord-est. Elle est composée par deux corps de bâtiment s’articulant en un plan en L, chacun ayant une toiture indépendante à deux pans avec large avant-toit soutenu par bras de force simples en bois (la couverture orientale englobe également la rue du Nord 12), et s’élevant tous deux d’un étage sur rez-de-chaussée, avec combles habitables. La façade principale, avec ses cinq travées de fenêtres, flanquée de contreforts saillants, a été reconstruite à la fin du XIXe siècle (Bujard 1997). Un dessin réalisé par Paul Decrue vers 1870 atteste que la partie occidentale de la façade antérieure datait de l’époque médiévale, puisqu’on y voit un escalier extérieur mener à une porte à linteau sur coussinets, et une fenêtre à croisées de pierre à l’étage (Bujard 1997). Les recherches archéologiques (Bujard 1997) montrent également que le plan du corps de bâtiment occidental devait se prolonger vers le nord, vraisemblablement jusqu’à s’adosser au mur d’enceinte (corbeaux encore visibles dans le jardin, le long du mur de la maison du chemin des Glerrets 15); la démolition de cette partie (qui, selon les recherches de Bujard, aurait dû correspondre à la partie la plus ancienne de la maison) a eu lieu entre 1731 et 1809.
La fonction a évolué plusieurs fois au cours des siècles. Dans la première moitié du XIXe siècle au plus tard, la maison doit avoir perdu son usage rural, puisque ce sont des artisans qui l'occupent. Puis, en 1912, elle passe entre les mains de l'aubergiste Madeleine Marggi, née Pochat qui la convertit probablement tout de suite à la fonction qu'elle possède aujourd'hui, si ce n'était pas déjà le cas auparavant, ce que tendraient à faire croire les nombreuses fenêtres éclairant l'étage, côté rue. Depuis la fin du XIXe siècle, relativement peu de transformations ont pu être constatées, hormis l’ouverture d’une étroite fenêtre rectangulaire au niveau des combles sur la façade sud.