Recensement architectural du canton de Genève (RAC-2016). Chef de projet: Frédéric Python. Mandataire: Atelier de Rénovation et d'Architecture. Auteurs: Quentin Béran, Celtia Concha, Pierre Monnoyeur, Florence Roduit, Habib Sayah. Evaluation patrimoniale: commission scientifique de suivi, 22 mars 2018. © Office du patrimoine et des sites.
Grand-Saconnex
Chemin des Crêts-de-Pregny 15
Parcelle: 1097
Bâtiment GE: 26:705
EGID: 1017401
Valeur: Intéressant
Datant d'avant 1847, cette maison de maître est construite pour un riche agriculteur. Bien qu’établie aujourd’hui sur la parcelle attenante, elle conserve de plus une débridée (cf. Crêts-de-Pregny 15A, fiche RAC-GSX-2089). Ces deux bâtiments sont les restes d’un petit domaine fondé vraisemblablement dans les années 1830-1840. L’étroite proximité entre la résidence et son rural milite en effet en faveur d’une propriété plutôt modeste. Cette maison a la chance d’être établie en bordure du chemin des Crêts-de-Pregny qui, comme son nom le dit bien, est la partie la plus haute de ce secteur du territoire du Grand-Saconnex, sur une ligne de faîte, à l’endroit où la pente du terrain commence à s’incliner en direction du lac. De cette place favorisée, avec sa belle façade d’entrée tournée au sud-est, cette villa jouissait d'un très bon ensoleillement, et très vraisemblablement aussi, d'une vue en direction du lac et des Alpes (peut-être pas au rez-de-chaussée, mais plus haut), ce qui constituait alors l’orientation la plus prisée. Depuis, la course du soleil (hormis l’été) et la vue sur le Mont-Blanc ne sont plus que de lointains souvenirs, étant donnée l’arborisation croissante des alentours de la villa et du secteur : buissons, arbres isolés ou plantés en haie.
Cette villa de style Restauration superpose quatre niveaux sous un toit en bâtière : un sous-sol, un rez-de-chaussée surélevé, un étage comprenant les chambres et enfin un comble aménagé et éclairé par deux lucarnes, la première du côté sud-ouest du toit qui prend quasiment la forme d’un fronton ajouré d’une serlienne, la seconde à l’opposé, qui est plus discrète. Tournée du côté du chemin, côté sud-ouest, la belle façade s’organise de manière symétrique. De part et d’autre d’un axe central composé du perron de l’entrée, du balcon de l’étage et de la lucarne en toiture (soit quasiment un avant-corps central), deux fenêtres latérales éclairent les deux principaux niveaux. À l’opposé, la façade nord-ouest suit la même symétrie, mais avec cette fois en guise d’axe central, un avant-corps de trois niveaux qui s’arrête à l’égout du toit pour ne pas prendre le jour à la lucarne juste derrière. Tandis qu’en sous-sol seul un soupirail y est percé, au rez-de-chaussée et l’étage, cet avant-corps reçoit trois fenêtres, une au centre et deux latéralement. Quant aux façades latérales de la villa, elles sont borgnes avec seulement deux fenêtres percées dans les murs de pignons au niveau des combles. Cette solution répond à des questions de stabilité : en effet le nombre des ouvertures pratiquées dans les façades nord-ouest, et surtout sud-est, ne permettait d’en ouvrir d’autres sur les côtés, sans fragiliser les deux principaux niveaux. Par contre, à l’étage sous combles, là où la maçonnerie ne porte latéralement que la toiture, il était loisible de le faire, surtout pour compenser le maigre jour apporté par les deux lucarnes.
En bon état, cette belle villa de l'époque de la Restauration fait partie des rares maisons de campagne de ce style conservées dans le canton. De plus, elle garde la débridée attenante (n°15A), ce qui lui confère une valeur supplémentaire.