Recensement architectural du canton de Genève (RAC-2016). Chef de projet: Frédéric Python. Mandataire: Atelier de Rénovation et d'Architecture. Auteurs: Quentin Béran, Celtia Concha, Pierre Monnoyeur, Florence Roduit, Habib Sayah. Evaluation patrimoniale: commission scientifique de suivi, 22 mars 2018. © Office du patrimoine et des sites.
Grand-Saconnex
Parcelle: 26:807
Bâtiment GE: 26:2173
EGID: 295103521
Grand-Saconnex
Parcelle: 26:1576
Bâtiment GE: 26:26
EGID: 295040427
Grand-Saconnex
Chemin des Corbillettes 10
Parcelle: 1576
Bâtiment GE: 26:24
EGID: 1017844
Valeur: Intéressant
Petit immeuble construit en 1933, par Maurice Braillard, sur la base de deux villas jumelées de 1909.
Le bâtiment compte quatre niveaux : des caves mi-enterrées, un rez-de-chaussée légèrement surélevé, un premier étage et second taillé dans les combles. A sa modeste échelle, ce petit immeuble est un résumé de l’architecture genevoise de l’Entre-deux-guerres qui oscille, sous l’influence germanique (passant d’Allemagne en Suisse allemande), entre tradition et modernité, entre ruralité et vie urbaine. La tradition se reflète de trois manières : d’abord par un large toit en bâtière qui finit en retroussis ; par une génoise en béton au niveau des gouttières ; enfin par des lucarnes rampantes aménagées en couverture. La modernité s’exprime quant à elle au travers de quatre particularités : par un crépi des façades fait à la tyrolienne ; par des fenêtres à la mode germanique ; par l’usage décoratif de la brique ; et enfin par une cage d’escalier saillante qui dessert les quatre niveaux de l’immeuble. Accotée à la façade sud-est, la plus en vue depuis le chemin, cette cage d’escalier est traitée comme un élément en soit, presque comme une sculpture. Placée sur l’immeuble de façon judicieusement asymétrique, elle apporte en effet un élément vertical majeur dans la composition plastique de l’immeuble. Construite en demi-cercle, elle ressemble à une tour médiévale. De jour, la lumière naturelle y pénètre de bas en haut grâce à une haute et très étroite série de fenêtres incrustée dans l’épaisseur du mur, ce qui dessine une faille. Au contraire, de nuit, les ampoules électriques qui éclairent son intérieur, en passant par cette mince embrasure, tracent une sorte de fente lumineuse visible de loin. A Genève, ce type d’aménagement scalaire n’est pas isolé. Il se retrouve dans les mêmes années au square de Montchoisy (Braillard architecte), au 5 et 7 de l’avenue Théodore Webert (architectes Jean-Jacques et Pierre Honegger).
Bien qu'il ait été augmenté d'un important avant-corps devant une partie de la façade nord-ouest, ce petit immeuble conserve son image des années 1930 sur les trois autres façades. Son intérêt patrimonial lui vient de la réputation de son auteur et de son langage architectural, un hybride réussi entre des tendances traditionnelles et réformistes, caractéristique de la période de l'entre-deux-guerres à Genève.