République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 21 juin 2024 à 8h
3e législature - 2e année - 3e session - 14e séance
P 2197-A
Débat
Le président. Nous enchaînons avec la P 2197-A (catégorie III). Madame Meissner, à vous la parole.
Mme Christina Meissner (LC), rapporteuse. Merci, Monsieur le président. Le chemin du Pont-du-Centenaire est un chemin ancien, très étroit, qui a fait en 2000 l'objet d'améliorations, si possible pour permettre aux voitures de se croiser. Toutefois, le trafic de transit augmente énormément et met aujourd'hui en péril surtout les écoliers qui utilisent aussi ce chemin, et évidemment les habitants. La raison de cette pétition est l'urgence de trouver des solutions alternatives, parce que la situation actuelle n'est plus acceptable pour les habitants du quartier. Le même type de démarche, à savoir proposer d'étudier des itinéraires alternatifs, a été effectué auprès du Conseil municipal de la commune d'Onex, et le Conseil administratif ainsi que le Conseil municipal ont soutenu à l'unanimité cette proposition.
La commission des pétitions a évidemment auditionné les pétitionnaires, la commune et le canton, et a constaté que des études étaient en cours, mais que le canton et la commune avaient un peu tendance à se renvoyer la balle, les uns disant que prendre des mesures était de compétence communale et la commune se voyant refuser les mesures qu'elle pouvait prendre. Cette étude menée entre le canton et la commune d'Onex est en cours.
Nous vous demandons d'appuyer le travail consistant à trouver des itinéraires alternatifs qui ne mettent en péril ni le patrimoine de la commune d'Onex ni ses habitants en renvoyant ce texte au Conseil d'Etat. La commission a voté à l'unanimité ce renvoi et je vous remercie de faire de même.
M. Stéphane Florey (UDC). La commission ne sera plus aussi unanime que ça ! Je connais bien le quartier, et j'ai été un peu atterré de voir les positions de certains partis ici présents qui sont traditionnellement plutôt opposés à ce genre de pétition, alors qu'il s'agit à nouveau d'un texte anti-voitures, anti-mobilité. Cela, nous ne pouvons l'accepter !
Si vous allez de temps en temps à Plan-les-Ouates ou au stade des Cherpines, vous vous rendrez compte que... Bon, ok, ce chemin n'est pas forcément aisé pour la circulation. Ma foi, le chemin du Pont-du-Centenaire est ce qu'il est, mais il est relativement important dans cette zone, puisque, pour monter à Onex et au Petit-Lancy, c'est un des seuls passages. Les points de passage entre le Grand-Lancy et le Petit-Lancy, il n'y en a pas énormément, et fermer ce chemin à toute circulation, ce sera inévitablement reporter le problème ailleurs, ce qui va encore plus engorger les autres passages entre le Grand et le Petit-Lancy. Pour ces raisons et vu l'importance du chemin du Pont-du-Centenaire entre ces trois communes, Lancy, Onex et Plan-les-Ouates, le groupe UDC refusera finalement cet objet, et nous vous invitons à changer d'avis, à continuer à défendre les milieux que vous défendez traditionnellement et donc à refuser cette pétition anti-voitures. Merci.
M. Xavier Magnin (LC). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, ce chemin est stratégique pour le nouveau quartier des Cherpines, qui aura 10 000 habitants, sachant que le chemin de Mourlaz était fermé dans le cadre de la renaturalisation de l'Aire et à la demande de Confignon, et qu'a priori Onex souhaite une fermeture au trafic motorisé, c'est dans le rapport. Toutefois, cette pétition demande d'étudier quelque chose. Alors oui, effectivement, il faut le faire, puisque dans la commune de Plan-les-Ouates - le chemin rattache Onex et Plan-les-Ouates -, en 2013 déjà, un texte a été rédigé par le Conseil municipal pour dire: attention, si l'on veut accueillir 10 000 habitants dans ce quartier-là, concernant la mobilité, il n'y a que deux routes, le chemin du Pont-du-Centenaire et la route de Base. Pour irriguer ce quartier, c'est absolument tout. Un tram est heureusement arrivé, mais pour l'accès au quartier des Cherpines et l'accès à la zone industrielle, c'est la seule connexion transversale - puisqu'on est plutôt radial dans ce canton - entre Onex et Plan-les-Ouates, alors que ces deux communes se développent.
Nous allons accepter d'étudier ce qui peut être fait sur cette route-là. Ce sera très pointu, parce qu'effectivement, entre Onex qui est bien dense et Plan-les-Ouates qui deviendra bien dense, il y a des solutions de mobilité à trouver et ce n'est pas sûr que ce soit en fermant cette route qu'on les trouvera. Nous acceptons donc de procéder à des études, ce que cette pétition demande.
M. Sylvain Thévoz (S). Mesdames et Messieurs les députés, la commission était unanime, parce qu'elle a entendu les habitants, leur souffrance de voir passer quotidiennement des véhicules en surnombre, notamment des camions, et d'être mis en danger - vous avez des trottoirs en biseau et des voitures qui montent sur les trottoirs, menaçant les enfants, les familles qui passent là, dans ce coin assez bucolique. Elle a également entendu le Conseil municipal et le Conseil administratif d'Onex, qui sont unanimes pour dire qu'il faut trouver des voies alternatives, et l'office cantonal des transports, qui a également fait part de son ouverture et a estimé que désengorger ce petit chemin était plein de bon sens. Ce petit chemin n'est pas fait pour le passage d'un trafic aussi conséquent.
Je vais contredire M. Magnin: la pétition ne demande pas d'étudier quelque chose et de voir les possibilités. Elle demande «à l'Etat de stopper d'urgence la circulation [du trafic individuel motorisé] sur ce tronçon, de valoriser la mobilité active et le patrimoine naturel au chemin du Pont-du-Centenaire sur ONEX [...] de proposer un autre itinéraire [...] de mettre en place ces mesures avant l'arrivée des nouveaux habitants du quartier du Rolliet», qui vont encore charger davantage la zone. Elle est donc un petit peu plus offensive, et nous nous réjouissons qu'enfin une majorité se dise qu'on ne peut pas continuer. C'est le débat qu'on a eu hier avec le magistrat, qui soufflait le chaud et le froid en disant, en gros: «Il ne faut fâcher personne; je vais consulter et on va continuer à essayer de faire comme on a toujours fait à Genève, c'est-à-dire mettre des voitures au centre-ville et sur les petites rues et routes comme celle-ci.» Ce n'est plus possible ! Là, il y a eu un éclair de bon sens, qui nous a nous-mêmes étonnés. On s'est dit: «Enfin une majorité se dégage, et on va voter ne serait-ce qu'une petite pétition pour aller dans le bon sens.» Malgré l'accès de «voiturite» de l'UDC, auquel on est habitués, j'espère fortement que cette majorité va tenir, parce que c'est important pour les habitants, leur santé et même le développement de ce futur quartier. Il faut donc évidemment renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.
Mme Danièle Magnin (MCG). En lisant le rapport, j'observe que les véhicules qui posent problème, ce ne sont pas des véhicules privés, contrairement à ce que vient de dire le préopinant socialiste. Je voudrais par ailleurs signaler qu'un chemin a été omis par mon préopinant du Centre, le chemin des Verjus. Lorsqu'on vient, par exemple, de Chancy, que l'on veut se rendre au centre-ville, on doit... (Remarque.) Pardon ? C'est à moi que vous parlez ? (Remarque.) Ok ! Lorsqu'on doit se rendre au centre-ville, on est obligé de choisir entre la route de Chancy et la route du Grand-Lancy, et il arrive que celle-ci soit complètement bouchonnée. La solution, c'est effectivement de prendre le chemin du Pont-du-Centenaire. Depuis Bernex, il faut passer par le coteau de Lully et redescendre. On n'a pas d'autre possibilité !
La solution ne consiste pas à supprimer les véhicules dits privés - ce sont ceux qui causent le moins de problèmes -, mais au contraire à élargir ce chemin de sorte qu'il y ait un peu plus de place. L'accès au chemin des Verjus, qui permettait de rejoindre la route du Grand-Lancy, a été limité par des chicanes, par des «bumps», par toute sorte de choses. Il est donc essentiel de conserver le passage par le pont du Centenaire pour les milliers de gens qui doivent passer par là parce qu'ils travaillent du côté de Plan-les-Ouates et viennent d'un autre endroit du canton, peut-être de l'élargir ou de demander aux camions de passer ailleurs.
Arrêtons de toujours critiquer les véhicules privés. Je vous signale que ce qui tue bien plus que la pollution de l'air due aux voitures, c'est la pollution de l'air due au chauffage et les cigarettes, Mesdames et Messieurs. Tout ce qui se fume, ça tue beaucoup plus ! Merci !
Mme Céline Bartolomucci (Ve), députée suppléante. Je trouve qu'il aurait été utile que les collègues députés qui s'expriment contre cette pétition aient siégé avec nous à la commission: d'une part, ils auraient vu que toute la commission était d'accord de traiter ce sujet, et d'autre part, ils auraient pu constater le problème, la détresse des personnes venues présenter ce texte.
Concernant le trafic qui existe sur cette route où des centaines d'enfants, voire des milliers, passent tous les jours, on a vu des photographies de camions, de voitures qui ont du mal à se croiser, d'enfants qui ne savent pas comment traverser. Il n'y a aucun aménagement cyclable et très peu de protections pour les piétons. On voit notamment un trafic régulier de poids lourds alors que le tronçon leur est interdit: environ 230 poids lourds par jour passent par ce tronçon et mettent en danger les enfants qui se rendent à l'école.
Je trouve que ce qu'on entend ici, c'est une position complètement dogmatique envers la voiture. Je comprends bien que bon nombre de personnes ici sont très attachées à leur véhicule privé, mais à un moment, il faut savoir faire la part des choses. On a des enfants en danger tous les jours, une route pas adaptée au trafic qui passe quotidiennement, avec notamment des camions, des SUV, et avec des croisements de voitures. L'office des transports lui-même confirme qu'il y a un problème avec ce tronçon et, je répète, un grand problème de sécurité pour les écoliers qui passent tous les jours par là. Chez les Vertes et les Verts, nous insistons pour que cette pétition soit renvoyée au Conseil d'Etat afin de laisser l'office faire son travail et de placer la sécurité des enfants avant le plaisir de conduire de grosses voitures. Merci.
M. Jacques Jeannerat (LJS). Je peux comprendre les états d'âme des uns et des autres s'agissant des cigarettes, des papillons, des gros camions ou des chemins de la campagne genevoise, mais en entendant les gens qui ne veulent pas renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, je pense qu'ils auraient dû venir à la commission des pétitions, comme l'a dit ma préopinante. On a fait le travail à fond ! On a eu trois, quatre, cinq auditions sur ce sujet-là ! Les choses ont été faites de façon sérieuse !
Mesdames et Messieurs, ce texte ne demande pas grand-chose, il demande d'étudier... Alors on doit tenir compte, Monsieur Florey... (Exclamations.) ...des voitures, on pourra tenir compte des fumeurs de cigarettes et des papillons ! (Exclamations.)
Le président. S'il vous plaît !
M. Jacques Jeannerat. Vous le savez, je suis un défenseur du transport individuel et de la voiture. Mais ce sujet a vraiment été très bien travaillé en commission, et je vous propose d'accepter cette pétition et de la renvoyer au Conseil d'Etat.
Le président. Merci bien. Mesdames et Messieurs les députés, nous allons procéder... (Remarque.) Non, Madame, nous sommes en catégorie III, donc il n'est possible d'intervenir qu'une fois. Mesdames et Messieurs les députés, nous allons procéder au vote.
Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 2197 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 58 oui contre 15 non.