Le projet de musée de la comtesse Zoubov
Alors que sa collection grandit pendant les années d'entre-deux-guerres, la comtesse Zoubov aménage le rez-de-chaussée de son hôtel particulier de Lancaster, en Argentine, pour y disposer ses œuvres d’art. Il semble qu’elle ait déjà, à cette époque, l’idée d’en faire un musée.
Cette aspiration a probablement été stimulée – sinon inspirée – par la création du musée national des Arts décoratifs de Buenos Aires, né en 1936 de la donation d’une autre grande collectionneuse argentine, Josefina de Alvear.
Un musée en hommage à sa fille Tatiana
Lorsqu’en 1957, la comtesse perd sa fille Tatiana, décédée de façon tragique dans accident de voiture, elle décide de créer un musée en son hommage. Mais plutôt que Buenos Aires, elle choisit Genève, où sa fille est née et où elle a passé son enfance.
Le don de la collection est accepté par l’Etat de Genève deux ans plus tard. La comtesse, qui louait le rez-de-chaussée de l’Hôtel Sellon, l’aménage pour y disposer les 525 objets en sa possession. Le choix de ce lieu est idéal car la rue des Granges, en bordure de la vieille ville, est l’un des plus beaux témoignages genevois de l’architecture du Siècle des Lumières.
Le musée est ouvert au public en 1973, suite à la création de la fondation "In memoriam Tatiana Zoubov".
Une collection incontournable pour l’histoire du goût
A l'Hôtel Sellon, la distribution des pièces et la présentation des œuvres sont restées telles que la comtesse les avaient imaginées. L’ensemble forme un témoignage précieux pour l’histoire du goût: il manifeste le regard porté par une amatrice du XXe siècle sur l’art du Siècle des Lumières, alors en vogue parmi les amateurs.
Ce don de la collection Zoubov représente une immense chance pour Genève, qui peut donner à voir un ensemble original et unique. Reflet du goût d’une femme du début du XXe siècle, cette collection permet aussi d’évoquer celles constituées antérieurement par des Genevois aisés, aujourd’hui dispersées.
L'une de ces collections fameuses prenait justement place, au milieu du XVIIIe siècle, dans les murs mêmes de l’hôtel particulier de la rue des Granges, alors habité par Jean-Jacques de Sellon-de Budé.