L’hôtel Sellon se dresse à l’extrémité de la rue des Granges, à l’intersection avec la place du Grand-Mézel. Il s’agit du plus vaste des trois hôtels particuliers construits rue des Granges pour Jean Sellon et ses deux beaux-frères, Pierre et Gaspard Boissier.
L’hôtel Sellon est bâti en pierre de taille. Il compte trois étages, auxquels s’ajoutent un soubassement (visible uniquement depuis le jardin) et de vastes combles. Les façades ont été dessinées par Jean-Jacques Dufour, un ancien marchand et fabricant de dorure reconverti dans l’architecture. Elles ont été tracées avant 1719, date à laquelle décède l’architecte, qui ne verra pas l’achèvement du chantier.
La façade côté cour
Depuis la rue, seul est visible le portail, dont l’embrasure est ornée d’une agrafe à motif floral et de guirlandes. Les portes de bois dissimulent la cour, autour de laquelle se déploient le corps de logis principal et ses deux ailes, le tout formant un plan en "U".
L’entrée principale de l’hôtel forme un léger avant-corps, souligné par des pilastres jumelés de style toscan et ionique, qui supportent un fronton aux armes de Sellon. Des mascarons, au-dessus des fenêtres, et des compositions florales, au sommet de la travée centrale, achèvent d’ornementer la façade.
La façade côté jardin
Côté jardin, la façade offre une élévation plus monumentale encore: dominant les environs, la demeure devait imposer sa magnificence au voyageur qui arrivait à Genève par la porte Neuve.
Longue de neuf travées, cette façade est organisée de façon tripartite. Le logis principal et les appartements d’apparat sont mis en exergue par un avant-corps central surmonté d’un fronton, lui aussi orné des armes de la famille Sellon. Des pilastres colossaux, de style ionique, embrassent les deux premiers étages. Le décor sculpté, plus abondant, est constitué de têtes et d’agrafes.
Un chantier mené en quelques années
La construction de l’hôtel Sellon, débutée à la toute fin de l’année 1719, s'achève en 1723. Comme pour les bâtiments voisins, une vaste équipe d’artisans et d’ouvriers a œuvré au chantier. Les noms d’une partie d’entre eux nous sont connus grâce aux archives, où l’on relève les patronymes des meilleurs maîtres maçons de la ville. L’un d’eux, Jacques Fabre, est peut-être l’auteur des décors sculptés.
La visite de la fondation Zoubov est l’occasion d’admirer de plus près ce riche témoignage de l’architecture patricienne du XVIIIe siècle à Genève.