Tout au long du processus de production et de distribution d’eau potable, il existe de nombreux risques de contamination par des substances indésirables ou toxiques pouvant se retrouver dans l’eau de consommation. Ces substances peuvent altérer la qualité du produit voire mettre en péril la santé des consommateurs. L’eau potable étant consommée régulièrement et en grande quantité, elle est potentiellement un vecteur d’exposition très important à des substances nocives agissant sur l’organisme à long terme (produits cancérigènes, perturbateurs du système endocrinien, etc.).).
- Risques sanitaires à la source
- Risques sanitaires à production
- Risques sanitaires à la distribution
- Menaces d'approvisionnement
Risques sanitaires dès la source
Le risque de la présence de substances indésirables dans notre eau potable commence déjà au niveau des ressources. Ces polluants capables de contaminer les eaux de surface ou souterraines sont d’origine domestique, industrielle, agricole ou urbaine.
Les eaux de surface sont plus exposées aux pollutions qui les atteignent directement. Les eaux souterraines sont, en revanche, en partie protégées des polluants par les sols. Selon leurs compositions, ils servent de barrière physique ou de masse « filtrante ».
Dès qu’une substance polluante s’introduit dans une nappe phréatique, son élimination est lente et dépend soit des cycles de renouvellement naturels de la nappe – qui peuvent prendre des dizaines d’années voire plus – soit de la dégradation naturelle du produit. C’est la raison pour laquelle les nappes sont particulièrement protégées, y compris par des mesures d’aménagement du territoire (zones de protection des eaux).
Les mécanismes de transfert des polluants vers les ressources peuvent être soit diffus (agriculture, précipitations atmosphériques, lessivage des chaussées et des façades, chenaux,etc.) soit ponctuels (rejets de STEP, surcharge des réseaux, etc.).
En 2017, des concentrations anormales de perchlorates, certes faibles mais supérieures aux recommandations sanitaires communément admises, ont été détectées dans la nappe du Genevois. Les investigations menées à l’échelle transfrontalière ont permis de déterminer que la présence de cette substance avait une origine industrielle ancienne située dans la vallée de l’Arve. Se basant sur le principe de précaution, les autorités suisses et françaises ont donc interdit la distribution des eaux contenant des concentrations en perchlorates supérieures aux limites sanitaires de sorte que sur le territoire genevois, seuls 2 puits sur les 10 sont en exploitation en 2020. Des études sont en cours pour remédier à cette situation.
Origine domestique
Nous utilisons quotidiennement de nombreux produits (produits de nettoyage, cosmétiques, lessives, médicaments, etc.) susceptibles de se retrouver dans les eaux de surface car les stations d'épuration des eaux usées (STEP) ne sont pas équipées pour toutes les éliminer.
Types de polluants
Carbone organique, azote et phosphore, bactéries, virus, etc. Résidus de produits de nettoyage, cosmétiques, pharmaceutiques (contenus dans les urines et les selles humaines ou jetés à tort dans les WC et éviers).
Mode de transfert
Ponctuel : rejets de stations d’épuration, rejets de fosses septiques et de déversoirs d’orage, mauvais raccordements des eaux usées dans les eaux pluviales.
Origine agricole
L'agriculture conventionnelle utilise des produits phytosanitaires afin de protéger ses cultures. Ce faisant, ces substances ou leurs métabolites (produits de dégradation) sont répandus dans l'environnement, et peuvent être lessivés dans les eaux de surface ou percoler dans les nappes phréatiques.
Types de polluants
Engrais chimiques ou naturels (azote, phosphore), bactéries. Résidus de produits phytosanitaires organiques (herbicides, fongicides, insecticides) et cuivre (fongicide).
Mode de transfert
Ponctuel : rejets par les canalisations d’eaux pluviales.
Diffus : ruissellement, drainages.
Origine industrielle
Les industries fabriquent, stockent et utilisent des produits chimiques en grande quantité. Lors de ces processus, une partie de ces substances peut être émise vers l'environnement via leurs rejets (eaux usées, rejets atmosphérique, lessivage) ou en cas d'accident.
Types de polluants
Grande diversité de produits organiques ou minéraux plus ou moins toxiques et spécifiques à chaque activité industrielle.
Mode de transfert
Ponctuel : rejets de stations d’épuration, rejets par les canalisations d’eaux pluviales
Diffus : décharges et sites contaminés.
Origine urbaine
Les déchets (mégots, plastiques, etc.) sont composés de substances nocives pour la santé. Abandonnés sur le sol ou dans les grilles de routes et de rues, ces déchets sont transportés dans l'environnement par les précipitations et peuvent ainsi contaminer les eaux de surface et souterraines.
Types de polluants
Métaux et autre polluants organiques liés au lessivage des routes et toitures (HAP, hydrocarbures, cuivre, zinc, etc.) Herbicides et fongicides pour traiter les toitures et façades. Déchets (mégots, plastiques, etc.)
Mode de transfert
Diffus : lessivage des toitures, des façades et des routes par les eaux de pluie, puis rejet par les canalisations d’eaux pluviales.
Risques sanitaires à la production
Lors de la production d'eau potable, un risque sanitaire peut survenir suite à un dysfonctionnement durant l’une des étapes de purification de l’eau du lac, avec pour conséquence un excès de bactéries dont certaines peuvent être dangereuses pour la santé. Il peut aussi être dû à une utilisation exagérée de désinfectant dont les sous-produits sont nocifs.
Risques sanitaires à la distribution
Les risques sanitaires pouvant survenir lors de la distribution peuvent être dus à un :
- Manque de chlore dans les réseaux.
- Branchement défectueux permettant ainsi l'intrusion de substances ou bactéries indésirables dans le réseau.
- Usage de matériaux susceptibles de libérer des polluants.
- Traitement inadéquat des conduites d'eau.
Menaces d'approvisionnement
Parallèlement aux risques liés à la qualité de l’eau, l’approvisionnement, pour tous et partout, demeure un enjeu majeur. Lorsque les prélèvements dépassent les capacités naturelles de renouvellement des ressources, on épuise la matière première utile à la production d’eau potable. Ce fut le cas pour la nappe du Genevois qui est soutenue, depuis la fin des années 70, par une station de réalimentation à Vessy.
En 1978, le canton de Genève et la Haute-Savoie ont institué une gestion partagée de la nappe du Genevois. Jusqu’à la fin des années 70, où la collaboration transfrontalière en était encore à ses balbutiements, le canton de Genève et la Préfecture de Haute-Savoie instituaient en 1978 une gestion partagée pour une source d’eau souterraine dépassant les frontières. À cet effet, ils ont mis en place la commission d’exploitation qui fonctionne encore aujourd’hui.
Le changement climatique à venir pourraient également avoir un effet important sur l’accessibilité à l’eau tant par les éventuels tarissements de certaines ressources que par une augmentation de notre consommation.