A l’inverse des mesures de conservation préventive, la restauration d’un document représente une intervention directe qui aura pour conséquence de modifier plus ou moins profondément les caractéristiques de l’objet. Ainsi, la décision de restaurer un document n’interviendra qu’après la mise en oeuvre de toutes les mesures possibles de conservation préventive et lorsque la stabilité de l’objet est fortement menacée.
Par ailleurs, un certain nombre de principes sous-tendent l’intervention de restauration.
Premièrement, le traitement doit être le moins invasif possible afin de préserver l'intégrité du document ainsi que ses éléments historiques, tout en permettant de stabiliser les dommages et de ralentir le processus d’altération. Pour cette raison, le choix du traitement est basé sur une étude approfondie des facteurs de dégradation, prenant en compte toutes les composantes matérielles de l’objet.
Deuxièmement, le restaurateur aura à l'esprit la question de la réversibilité du traitement choisi. Même si elle n'est jamais entièrement garantie, il est essentiel de ne pas modifier l'objet de manière irréversible et de garder la possibilité de revenir à l'original. Par exemple, lors de la confection d'une reliure de conservation, la reliure originale est déposée et conservée avec le protocole de restauration. Enfin, précisons que l’intervention du restaurateur doit rester apparente.
En outre, l'analyse du document et le relevé détaillé de ses caractéristiques, le choix du traitement, les méthodes employées, les matériaux utilisés seront soigneusement consignés dans le protocole de restauration afin de permettre aux générations futures de comprendre les interventions subies par l’objet et aux chercheurs de prendre connaissance d'éléments historiques révélés lors de l'intervention et invisibles autrement.
Les vitrines consacrées à la restauration ont pour vocation de montrer quelques-uns des travaux réalisées dans l’atelier des AEG. Elles ne sauraient être une représentation exhaustive et scientifique d’un domaine hautement spécialisé et en constante évolution.
La restauration aux Archives d’Etat
Le bâtiment de la Terrassière
Le bâtiment a été conçu dès le départ pour recevoir dans ses étages inférieurs les magasins et les locaux des AEG. Le bâtiment a été inauguré en 1984 et sa conception correspond aux normes des bâtiments d’archives alors en vigueur.
L’atelier de restauration
Les restaurateurs sont des indépendants qui travaillent sur mandat dans l'atelier des AEG. Ce système de fonctionnement original permet de garder les documents en cours de traitement dans les locaux des AEG, de proposer des installations performantes et surtout de recourir, selon les besoins, à des spécialistes du papier, du parchemin, de la reliure, des sceaux ou encore des plans.
Les ressources actuelles permettent de restaurer chaque année environ 30 registres avec leurs boîtes de conservation, une dizaine de plans, et de mener une campagne de désacidification d'environ 400 kilos.
Atelier de restauration des AEG au 52, rue de la Terrassière
Le programme de restauration
L'archiviste responsable du programme tient une liste, alimentée en permanence, des documents à restaurer. Au début de chaque année, elle sélectionne ceux qui seront pris en charge en fonction de plusieurs critères, dont l'urgence, si le document a subi un dommage dû à l'eau ou au feu; l'usage, s'il est très souvent demandé; mais aussi l'entretien, pour quelques pièces prestigieuses, et la préparation des pièces à exposer ou à publier.
Le choix des traitements et interventions à effectuer est le fruit d'une collaboration entre l'archiviste et le restaurateur ou la restauratrice mandatés pour effectuer le travail.
Chaque travail de restauration fait l'objet d'un protocole de restauration dans lequel sont consignés les traitements subis, les matières utilisées, un plan de montage des cahiers et des photographies ou des éléments déposés faisant partie intégrante de l'histoire du document.
Il est en effet important de documenter les interventions effectuées lors de chaque travail de restauration afin que les générations futures soient en mesure de connaître les changements subis par le document au fil du temps.