La première mention des archives dans un document officiel1 remonte à l’année 1371 avec l’acquisition par la communauté des citoyens d’un coffre en noyer, muni de trois serrures et de chaînes pour être scellé au mur intérieur de la cathédrale Saint-Pierre. Toutefois, c’est en 1460 que la fonction d’auditeur des comptes est créée, entraînant une réorganisation des archives, qui seront déplacées en la Maison de Ville, soit l’actuel hôtel de ville.
Le souci de la bonne conservation des documents d’archives ne date pas d'aujourd’hui, même si les moyens mis en oeuvre actuellement sont plus importants qu’auparavant. Une ordonnance de 1499 établit que la surveillance des archives relève de la responsabilité des auditeurs des comptes, dont le travail sera formalisé par l'institution de la Chambre des Comptes en 1538. Cette dernière est chargée de vérifier les comptes de la ville et de s’occuper des archives, celles-ci justifiant droits et revenus.
Il faut cependant attendre le XVIIIe siècle pour voir l’organisation systématique des archives de la République dans un dépôt unique. Sous les auspices de la Chambre des Fiefs et des différents commissaires généraux, de nombreux travaux d’inventorisation et de description des documents d’archives sont entrepris. En outre, le souci de conserver les documents dans de bonnes conditions est déjà présent à l’esprit des rédacteurs du règlement de la Chambre des Fiefs de 1722, ainsi que nous pouvons le constater à la lecture de l’article 17 dudit règlement.
Art. 17. Il est interdit de faire usage d’aucune lumière, aucune bassine, ni feu dans le local des archives autrement que dans le poële (extrait du Règlement sur le Gardien des Archives de la Grande Grotte de la ci devant Chambre des Fiefs ainsi que sur ses principales fonctions. Arrêté en Conseil d'Etat le 2 mars 1815, CH AEG R.C. 315, fol. 354)
Toutefois, c’est au début du XIXe siècle que les dispositions réglementaires au sujet du soin à apporter aux archives se font plus nombreuses, comme l’attestent les différents documents présentés.
Procès-verbaux de la Commission des archives, 1830, CH AEG Archives B 1, folio 11
Aujourd’hui, la conservation préventive des documents patrimoniaux semble aller de soi pour le plus grand nombre. L'intérêt du public à l’égard des «vieux documents» a beaucoup évolué ces dernières années, comme l’atteste l’engouement pour les recherches généalogiques ou les archives de la vie privée. Dans le même ordre d’idée, on remarque un intérêt particulier pour les archives associatives.
Cette sensibilité récente de la société pour tout ce qui touche au patrimoine culturel trouve peut-être en partie son origine dans les bouleversements que connaît le monde actuel. Le besoin d’ancrage et de retour aux racines, fréquent en période de crise, parle en faveur d’une conservation à long terme des archives, qu’elles se présentent sous forme papier ou électronique. Toutefois, à l’ère du tout numérique, l'obsolescence des supports, des logiciels et des formats informatiques, ainsi que leur fragilité, suscitent de nombreuses questions. L'évolution rapide de la technologie oblige à une mise à jour constante des équipements pour éviter la perte d'informations. Si actuellement la restauration des documents sur supports papier ou parchemin est bien maîtrisée par les professionnels, il n’en est malheureusement pas de même dans le domaine informatique. La conservation et la restauration des documents numériques restent pour les institutions patrimoniales le défi du XXIe siècle.
Les quelque trente kilomètres d’archives papier que les Archives d’Etat de Genève (AEG) conservent ont traversé les siècles, de manière plus ou moins heureuse, certains documents nous étant parvenus en meilleur état de conservation que d’autres. La mission des AEG, si elle a évolué ces dernières décennies, n’en reste pas moins de veiller à transmettre aux générations futures cet héritage fragile, dans le meilleur état de conservation possible.
Il s’agit non seulement de prendre en charge les archives qui ont souffert du temps en menant des campagnes de restauration «curative», mais surtout de préserver les documents de potentielles dégradations en mettant l’accent sur les mesures de conservation préventive.
________________
1 Dans le registre de comptes des dépenses de la communauté des citoyens (CH AEG Finances M 1)