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Résistance à nos portes. R.P. Louis Favre, 1910-1944

Introduction

Il y a 10 ans déjà, l’attitude de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale suscitait un vif débat entre historiens et encore davantage dans l’opinion publique. Aujourd’hui des questions demeurent. La présente exposition s’articule en deux volets qui illustrent un aspect peut-être encore méconnu du grand public.

La première partie tente de décrire ce qu’était Genève durant la guerre. Un lieu préservé dans une Europe meurtrie, un espoir pour tant de réfugiés juifs et non juifs, mais aussi une plaque tournante des services de renseignement suisses (S.R.) et étrangers. La publication de plusieurs recherches dans ce domaine donne un nouvel éclairage sur l’action du S.R. suisse. Elles confirment entre autres que la transmission aux Alliés d’informations recueillies par la Résistance française s’est faite via la Suisse grâce en partie à son S.R. La Gestapo accusa d’ailleurs avec raison le S.R. suisse d’être la boîte aux lettres des S.R. anglais et américain.

La situation géographique de Genève explique en partie le grand nombre de réfugiés qui tentent d’y venir et la concentration de plusieurs réseaux de renseignement. La frontière franco-genevoise n’est pas uniquement un obstacle; elle est aussi un lien entre des populations voisines qui ont un destin parfois différent, parfois commun.

La vie du R.P. Louis Favre illustre dans la seconde partie de l’exposition cette réalité. Louis Favre naît en 1910 dans le Chablais français et fait ses études religieuses à l’Université de Fribourg. Ordonné prêtre en 1936, il enseigne tout d’abord à l’Institut Florimont de Genève. En 1939, il est mobilisé dans l’armée française, puis, à l’armistice, il devient professeur au Juvénat de Ville-la-Grand dont il avait fréquenté les cours durant sa scolarité.
 

Affiche de l'exposition
 

Face à l’occupation de la France par les troupes allemandes et un régime aux ordres de Berlin, la résistance prend fatalement de multiples formes. Si l’on étudie les activités du maquis, de l’Armée secrète, des différents S.R., ou encore les filières de sauvetage de réfugiés, on croise autant d’anonymes que de noms devenus plus tard célèbres, d’actions petites ou grandes.

Le destin tragique du R.P. Louis Favre est exemplaire. Il s’engage dans le réseau de renseignement «Gilbert», qu’il organise dans la région d’Annemasse, mais ne veut pas choisir entre l’une ou l’autre résistance. En effet, actif passeur de billets et de courriers, il refuse de cesser d’aider les réfugiés tentant d’entrer en Suisse. Il prend ainsi des risques qui sont contraires aux règles de sécurité du renseignement. Arrêté par la Gestapo le 3 février 1944, le R.P. Louis Favre est incarcéré et torturé à Annecy, puis fusillé le 16 juillet 1944. Grâce au courage de sa sœur, il pourra néanmoins correspondre de sa cellule avec Marcel Durupthy, une antenne genevoise du S.R. suisse. Ses lettres sont émouvantes à plus d’un titre. Elles révèlent un homme d’abnégation, qui préféra renoncer à un projet d’évasion organisé par le S.R. suisse, plutôt que de faire courir des risques de représailles à ses codétenus et à ses proches. Ces lettres rappellent également une triste réalité, celle du courage des uns confronté aux accommodements des autres. Espérant encore sortir vivant de son cachot, il écrit: «Nous reparlerons un jour de la Résistance: elle est moins belle ici que d’Alger ou même de Genève… certains amis se montrent sous leur vrai jour».

Ces femmes et ces hommes ont su au péril de leurs vies et par leurs actes venir en aide aux persécutés et braver l’interdit en récoltant des renseignements. L'exposition rend hommage à leur courage et au destin tragique du R.P. Louis Favre.

Pierre Flückiger
Archiviste d'Etat

Commissaires de l'exposition: Sybille Eyer et Pierre Flückiger

Les Archives d'Etat remercient tout particulièrement M. Gilbert Ceffa, sans l'enthousiasme de qui cette exposition n'aurait pas eu lieu. Témoin et acteur des événements décrits dans les vitrines, M. Ceffa a fourni une aide essentielle à la réalisation de ce projet. Les remerciements des Archives d'Etat vont aussi aux familles Favre et Desbiolles-Durupthy, ainsi qu'au Juvénat de Ville-la-Grand, qui ont mis à disposition les principaux documents exposés.

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