La politique intérieure de Genève pendant le XVIIe siècle sera marquée par les suites de cet épisode exceptionnel: tout d'abord, le syndic de la Garde, Philibert Blondel, accusé de négligence et soupçonné d'intelligence avec l'ennemi, sera blanchi dans un premier temps, puis condamné et exécuté en 1606, après qu'on l'aura accusé d'avoir commandité l'assassinat dans la prison de l'Evêché d'un détenu qui lui aurait servi d'intermédiaire dans ses rapports avec d'Albigny. La procédure ayant disparu, il est difficile aujourd'hui de connaître la vérité sur cette affaire. D'autres encore, tel Pierre Canal, fils du héros de l'Escalade, seront convaincus de trahison et condamnés.
1. Procès contre Pierre Canal, exécuté en 1610. Sommaire de la procédure (AEG, P.C. 2013). [Non reproduit]
En 1610, le duc de Savoie, qui n'a pas encore renoncé à s'emparer de Genève, rassemble une fois de plus des troupes autour de la ville, mais doit les retirer dès 1611 devant l'attitude de Berne et de la France. Mais il n'a pas négligé d'envoyer un espion inspecter les murailles.
2. Procès contre Bernardin Monneret, de Nantua, surnommé «La Rudesse»: le 27 août 1612, deux soldats de la garnison genevoise remarquent un individu longeant le fossé le long des murailles du côté de Saint-Antoine. Arrêté et interrogé, le personnage reconnaît, après avoir été soumis à la question, avoir mesuré les murs des fortifications de la ville. Il avoue également s'être livré à la même activité en 1602, avec le capitaine Brunaulieu et avoir participé à l'Escalade. C'est d'ailleurs en sautant des remparts pour s'enfuir qu'il s'est estropié et que depuis lors, il boite. Il fut condamné et exécuté par pendaison le 3 septembre 1612 (AEG, P.C. 2148). [Non reproduit]
Enfin, dans un registre moins grave, on trouve dans la série des procès criminels genevois des affaires dans lesquelles on punit les personnes qui, dès les premiers jours après l'Escalade, répandent en ville des chansons injurieuses pour l'une ou l'autre partie, soit qu'elles se moquent de la déroute des Savoyards en 1602, soit qu'elles critiquent les autorités de la République. Le Traité de Saint-Julien stipule bien que ces propos menacent de compromettre la paix récemment instaurée et les autorités genevoises se doivent de sanctionner ces «perturbateurs du repos public».
3. En 1603, on instruit un procès contre un imprimeur de Thonon, Marc Delarue, arrêté à Genève et accusé de faire circuler en ville une chanson imprimée en Savoie, diffamatoire envers la République. La sentence le condamne à être fouetté et banni, les exemplaires de la chanson sont brûlés (AEG, P.C. 2e série 1944)
4. L'Escalade pèsera sur la vie genevoise bien des années après les événements du tout début du XVIIe siècle: en 1773, le Conseil enquête sur la rumeur concernant une chanson injurieuse pour la Maison de Savoie qui circule en ville, et condamne à la saisie des estampes bien connues de Diodati représentant l'assaut, imprimées par un graveur nommé Caille. Les autorités, une fois de plus, veulent éviter de jeter de l'huile sur le feu, alors que le Traité de Turin de 1754 a enfin régularisé leurs relations avec la Savoie (AEG, P.C. 12524, copie manuscrite de la chanson). [Non reproduit]