L'opération de l'Escalade fut minutieusement préparée. Des plans manuscrits de Genève, dressés avant 1602 par des espions savoyards et qui se trouvent aujourd'hui aux Archives de Turin sont là pour en témoigner. La décision de porter l'attaque sur le front de Plainpalais, et plus précisément au rempart de la Corraterie, ne fut pas le fruit du hasard: une partie de la ville moins surveillée, parce que mieux fortifiée, un mur relativement bas, de six à sept mètres, la proximité du Rhône et de ses moulins dont le bruit couvre l'approche des assaillants sont autant d'éléments qui, sans doute, motivèrent ce choix.
L'objectif principal du «commando» de Savoyards qui franchit les murailles était de se rendre maître de la Porte-Neuve et de la tenir le temps nécessaire pour la faire sauter. L'opération réussie, le gros des troupes, stationné à Plainpalais, devait investir la ville en pénétrant par cette brèche.
1. En 1560, Bartholoméo Passone fut envoyé à Genève par le duc de Savoie afin de lever secrètement un plan des fortifications de Genève. Satisfait de son travail, le duc voulut ensuite qu'il espionnât l'intérieur de la ville. Passone ayant refusé la chose, il fut fait prisonnier mais parvint à s'évader. Se sentant en danger, il adopta la religion réformée et se réfugia à Genève où il fut accepté en 1568 comme habitant. C'est à la demande du Conseil de Genève que Passone refit de mémoire le plan qu'il avait présenté au duc de Savoie huit ans auparavant (AEG, P.H. 1860 bis).
2. La tâche de faire sauter la Porte-Neuve revenait au pétardier, soldat spécialisé dans les explosifs. La grande difficulté était de plaquer le pétard à l'horizontale contre la porte et de le faire tenir, ceci sous le feu des Genevois. On voit ici l'armure renforcée de ce soldat d'élite qui se trouve au Musée d'art et d'histoire. [Non reproduit]
3. Le pétard dit de l'Escalade, exposé également au Musée d'art et d'histoire, ne pèse pas moins de 26 kilos et 600 grammes, vidé de sa poudre. Un fois qu'Isaac Mercier eut fait tomber la herse, il n'était plus possible de le plaquer contre la porte. [Non reproduit]
4. Liste des personnes récompensées pour s'être bien battues pendant la nuit de l'Escalade. On notera qu'Isaac Mercier, malgré son geste décisif, n'est que faiblement récompensé (AEG, P.H. 2296). [Non reproduit]
5. Isaac Mercier, soldat de métier, est né à Genève en 1573, d'un père originaire de Lorraine. Bien que peu récompensé après l'Escalade, il bénéficia toujours de la bienveillance du Conseil, qui lui accorda gratuitement la bourgeoisie en 1603 et lui donna régulièrement de petites sommes d'argent «en souvenance du bon service qu'il rendit à l'Escalade». Isaac Mercier mourut dans son lit à l'âge de 63 ans, le 14 novembre 1636, à son domicile du Grand-Mézel. [Non reproduit]