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11. Commémorations (1)

Commémorations XVIIe-XVIIIe

Immédiatement après la nuit du 11 au 12 décembre 1602, les Genevois ont eu conscience d'avoir, en préservant leur indépendance et leur foi, «joué leur destin». La première commémoration, un jeûne décrété par les autorités civiles et religieuses, eut lieu dix jours après l'Escalade. On voulait remercier Dieu pour sa protection et célébrer sa louange. Puis, malgré les réticences de la Compagnie des Pasteurs, hostile au culte des morts, on décide dès 1603 d'apposer sur le mur nord du temple de Saint-Gervais une plaque sur laquelle sont gravés les noms des victimes de l'Escalade.

1. Monument funéraire aux morts de l'Escalade, gravé par Jean Bogueret, frère de Nicolas, l'architecte tombé le 12 décembre. La plaque est ici dans son état actuel, surmontée d'un fronton et posée sur un socle, le tout ajouté en 1825 (Centre d'iconographie genevoise VG, fonds Georges: neg; photographe: M. Delley, 1985). [Non reproduit]

Dès décembre de l'année suivante, la tradition de commémoration religieuse de l'Escalade s'instaure, dans le cadre d'une cérémonie au temple, où l'on chante des psaumes d'action de grâces. Ce caractère austère, que le Conseil et les pasteurs s'efforceront de maintenir tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, sera très rapidement accompagné de débordements populaires. Les pièces de théâtre, chansons satiriques, déguisements et banquets provoquent l'ire de la Vénérable Compagnie.

2. Registre du Consistoire, 11 décembre 1673: «A esté représenté par Monsieur Turretin, ancien, que le jour de l'Escalade, depuis quelques années en ça, au lieu d'un jour d'action de grâces et sanctification, est employé à des desbauches et divertissement par de grandes assemblées qui se font. Advisé que Messieurs les Pasteurs exhortent le peuple en chaire afin que ce jour de resjouissance et action de grâces ne se termine par des excès et desbauches.» (AEG, Consistoire 61, f. 158). [Non reproduit]

3. Les excès perturbent même le fonctionnement de l'Hôpital, qui doit adapter son règlement: en 1757, «le directeur de Normandie a proposé qu'étant à présent chargé du soin de la maison, il conviendroit d'en tenir la grande porte fermée le jour de la fête de l'Escalade, à l'heure du souper des pauvres, suivant l'usage pratiqué depuis deux ans, pour prévenir les désordres, le tumulte et les excès où l'on s'est porté ce jour-là, quand l'entrée de la maison étoit alors libre à tout le monde. Sur quoi, opiné, on a aprouvé la proposition [...]» (AEG, Archives hospitalières Aa 103, p. 180, 7 décembre 1757). [Non reproduit]

En 1782 pourtant, la célébration de l'Escalade est supprimée en raison des troubles politiques: on ne pouvait plus, pour d'évidentes considérations diplomatiques, se gausser de la Savoie venue récemment rétablir l'ordre à Genève. Les cultes dans les temples et le cortège ne seront rétablis qu'en 1793, au nom des idéaux républicains.
 

AEG, R Publ. 9

4. Placard affiché en ville annonçant le cortège du 12 décembre 1794 (AEG, R. Publ. 9, f. 52)

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