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DE GENEVE

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Exposition 2004 Genève cité d'accueil

English version below

Affiche de l'exposition

L'histoire d'amour que nous avons voulu raconter est beaucoup plus ancienne que le siècle de la Réforme. Certainement des marchands britanniques ont fréquenté les foires de Genève dès le XIIIe siècle. Mais il y a plus: l'un des premiers fauteurs et instigateurs de la communauté des citoyens de Genève, qui devait donner naissance à notre République, est le comte Pierre II de Savoie, dont les successeurs auraient fait encore plus pour Genève sans le farouche attachement de ses citoyens à leur droit coutumier et à leur évêque.

Or Pierre II est l'oncle par alliance et le conseiller du roi d'Angleterre Henri III et détient en Grande-Bretagne un vaste comté, le comté de Richmond, et plusieurs fiefs importants. Nul doute que lors de ses séjours en Angleterre en 1251, puis de 1252 à 1253, il a vu fonctionner le système des communes que le roi Jean Sans Terre a confirmé par la Grande Charte de 1215. On peut toujours rêver que les franchises accordées par les Savoie dans toute la région lémanique ont un lointain relent britannique.

Mais au-delà ou en deçà du rêve, il y a les archives. Ce que l'archiviste de l'Eglise anglaise Holy Trinity Church nous a offert de présenter dans les vitrines de l'Ancien Arsenal est le fruit non seulement d'une conservation plus que séculaire des principaux documents retraçant le passé de cette communauté, mais aussi d'une réflexion historique sur son passé dans la longue durée.

On nous dira peut-être que les relations entre Genève et les protestants de Grande-Bretagne ont fait l'objet d'innombrables travaux, concrétisés notamment par neuf mémoires sur divers aspects de cette histoire sous l'Ancien Régime, présentés pour l'obtention du prix Robert Harvey entre 1936 et 1946 et conservés désormais dans notre collection des manuscrits historiques. On pourrait rappeler le fidèle amour pour notre ville et pour notre université de deux maîtres d'anglais dans les institutions privées et dans l'enseignement public de Genève, Thomas et son fils Robert Harvey, tous deux enterrés au cimetière de Plainpalais. L'Université et les Archives d'Etat leur doivent la Fondation Harvey, créée en 1922, toujours concrétisée par une salle où se donnent des séminaires d'histoire nationale, de sciences auxiliaires de l'histoire et d'archivistique qui contribuent au rayonnement de nos archives.

Mais avec l'initiative de Mme Offord et des responsables de l'église de la Sainte-Trinité, nous avons quelque chose de tout nouveau. C'est ainsi que nous voyons défiler dans nos vitrines, après les pièces spécifiques relatives à la fondation de la Holy Trinity Church en 1853, avec l'appui des autorités genevoises et de quelques généreux particuliers, les différentes étapes de cette histoire d'amour entre Genève et les protestants de langue anglaise: l'arrivée à Genève des protestants chassés par la persécution de Marie Tudor, dite «Marie la Sanglante», et l'intervention de Calvin en leur faveur; la carrière de John Knox, réformateur écossais, qui tient une place si importante dans l'histoire de la Réforme que sa statue figure au centre, avec Calvin, Farel et Théodore de Bèze, du Mur des Réformateurs; Jean Bodley, père du fondateur de la Bibliothèque bodléienne à Oxford, et le pasteur Anthony Gilby, hébraïsant, excellent connaisseur de la Bible; d'autres encore. Le Livre des Anglais, à la fois Livre des habitants et registre des baptêmes mariages et décès de la communauté anglicane de Genève, commencé en 1555, conservé aux Archives d'Etat de Genève, constitue une des pièces les plus vénérables de cette exposition; ainsi, ce n'est pas seulement 150 ans de présence anglicane à Genève que nous célébrons, mais quatre siècles et demi.

Puis viennent le travail critique sur la Bible en collaboration avec les pasteurs et professeurs de Genève, une intense activité de publications des textes sacrés et de propagande, grâce à une imprimerie de langue anglaise établie à Genève dès 1558; le départ des réfugiés et le maintien des liens entre Genève et les Réformés de langue anglaise, et surtout l'appui politique et économique accordé par la reine Elisabeth et certains de ses successeurs à la République de Genève; la présence anglicane à Genève au XVIIe siècle, avec l'illustre Gilbert Burnet. Le non-dit, mais qui s'explique sans peine, c'est l'absence des Anglais à Genève à l'époque de l'Annexion et des guerres napoléoniennes. Mais à partir de la Restauration, c'est le renouveau et l'épanouissement de la communauté anglaise à Genève: un premier lieu de culte est trouvé, la chapelle de l'hôpital (aujourd'hui le Palais de Justice), et le premier service est célébré le jour de Noël 1814. La musique, héritière de la tradition du XVIe siècle, est également à l'honneur, non seulement à l'église, mais aussi au Victoria Hall, financé par le consul général de Grande-Bretagne Daniel Barton à l'intention de l'Harmonie nautique fondée par lui; l'apport des Anglo-saxons au sport genevois, sous la forme du cricket, n'est pas oublié.

Les vitrines décrivant l'activité charitable de la communauté anglicane à Genève, non seulement à l'égard de ses propres membres, de ses compatriotes de passage à Genève ou des victimes de la famine en Irlande en 1847, mais aussi pour des sinistrés des villages de la région, montrent la parfaite intégration de ce groupe à la vie genevoise. Cela explique le succès de la souscription lancée pour la construction de l'église de la Sainte Trinité, dont nous célébrons le 150e anniversaire, et la bienveillance avec laquelle le Grand Conseil a accueilli la demande d'autorisation de construire et concédé un terrain, comme on peut le voir par les riches archives de la communauté déposées dans nos vitrines à cette occasion.

Une exposition sur les relations entre Genève et sa communauté anglo-saxonne ne saurait passer sous silence la dimension du tourisme et de l'alpinisme dans la ville et sa région, ainsi que dans les Alpes savoyardes. Là aussi, l'équipe emmenée par Mme Valerie Offord a innové: en effet, les voyageurs de Grande-Bretagne de passage à Genève ont été invités à participer à la souscription en faveur de la nouvelle église; de plus, nous avons le privilège d'exposer le journal du premier voyage Cook à Genève, auquel prit part en 1863 Miss Jemima Morell: elle ne manque pas de rappeler sa participation aux services religieux.

Que de richesses! Les textes accompagnant les objets et les documents dans les vitrines, ainsi que les explications figurant dans les brochures sont l'œuvre de Mme Valerie Offord et de ses collaborateurs membres de la communauté anglicane, la traduction française est due à Mme Sandra Coram-Mekkey, collaboratrice scientifique des Archives d'Etat. Les Archives d'Etat remercient très chaleureusement toutes les personnes et les institutions qui ont contribué, par des prêts ou par leur travail compétent, à cette réalisation, particulièrement les responsables de l'église de la Sainte-Trinité, la Bibliothèque publique et universitaire de Genève, le Musée historique de la Réformation, et les deux commissaires de l'exposition, Mme Valerie Offord et M. Pierre Flückiger, archiviste aux Archives de l'Etat. Enfin la soussignée ne peut que se réjouir de l'engagement manifesté à nouveau par l'équipe des Archives et leurs amis de Grande-Bretagne pour mener à bonne fin cette réalisation.

Catherine Santschi
Archiviste de l'Etat

 

The welcoming city: english-speaking Protestants in Geneva from 1555 to the present day

An exhibition at the State Archives Geneva to celebrate the 150th anniversary of the building of Holy Trinity Church.

Our community was honoured when Mme Santschi, the Geneva State Archivist, accepted our proposal that we should jointly display the history of English-speaking Protestants in Geneva from the l6th century to the present day, by using largely, but not exclusively, our church archives. We understand that this is the first time a 'foreign' community has been granted this privilege and it seems to us to be another justification for the chosen title of the exhibition.

The official reason for the exhibition is to mark the 150th anniversary of the building of Holy Trinity Church in 1853 but this would make for a very inward looking theme. Therefore to widen its scope and appeal, subjects have been chosen which illustrate the interaction between the Swiss, the Genevese and the English speaking community.

Furthermore, the time span has been enlarged to cover the era of the 16th century Marian exiles, who were Protestants fleeing the persecution of Mary, the Tudor Catholic Queen of England. The State Archives has in its safekeeping our most precious document: the 'Livre des Anglois', the Register of the English Church at Geneva under the pastoral care of John Knox and Christopher Goodman 1555-1559. This was presented to the city authorities in 1560 as a memorial of the exiles' stay as they were then able to return home on the death of Mary Tudor.

In order to explore the theme more effectively documents have been lent not only from the Geneva State Archives but also the Bibliothèque Publique et Universitaire, the Reformation Museum in Geneva and the Thomas Cook Archive in England. Institutions such as the Bodleian Library, Oxford and the Alpine Club, London have prepared copies of documents too fragile to be sent to Geneva. Other English speaking church communities the American Episcopalian Church, CrossRoads Community Church in Ferney-Voltaire and most especially the Church of Scotland, have given our project a friendly welcome, and where possible, have contributed help and objects for display.

There is another reason for using our archives in this exhibition. It has long been felt that, although they have survived nearly two centuries of being handed from one church council chairman to another and, more recently, from archivist to archivist, being secluded in the church tower or strewn around the vestry, this haphazard, unsatisfactory state of affairs should come to an end. The Geneva State Archives has indicated its willingness to accept our Archive on an extended loan basis. It would remain the property of Holy Trinity Church, could be freely consulted by researchers but could be withdrawn whenever the community so desires.

It is a remarkably complete and wide-ranging archive, on a par with that of a typical English parish. It includes a complete set of Minute books from 1821 to the present day, Parish registers of Births, Deaths and Marriages from 1835, extensive and detailed financial accounts, deeds, letters, newsletters, posters, programs and photographs as well as official communications from the State of Geneva.

No exhibition can ever tell a complete story. It is always dependent on the judgment of the moderator. Furthermore, any subject selection has to be biased to use the documents available to their best advantage whilst simultaneously demonstrating the range of the archive. The organizers sincerely hope that these objectives have been attained and that the visitor will forbear any shortcomings, if such they find, in the historical emphasis.

Valerie Offord M.A. Cantab
Honorary Archivist of Holy Trinity Church
and Exhibition Organizer

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