Carte postale tir fédéral de 1851 (CH AEG Archives privées 191.41)
Comme la plupart des villes au Moyen Âge, Genève possède des sociétés militaires, confréries, ou Exercices militaires: Exercice de l'Arc (attesté dès 1444), Exercice de l'Arbalète et Exercice de l'Arquebuse. La date de la fondation de l'Exercice de l'Arquebuse n'est pas connue; son existence remonte probablement au début du XVe siècle, sous le nom de Jeu de la Couleuvrine (arme à feu portative). La plus ancienne mention est celle d'un prix offert aux arquebusiers en 1474. En 1575, les Syndics mettent à leur disposition un champ de tir à l'intérieur des fortifications, entre la rue de Rive et la rue du Lac. Les Couleuvriniers placent leur cible devant la Tour Maîtresse.
Comme toutes les sociétés de tir, les Exercices de l'Arquebuse ont un cérémonial: un concours de tir à l'oiseau (papegey), ou coup du Roi, dont le vainqueur est nommé Roi et préside la confrérie pendant une année. Les magistrats soutiennent ces sociétés par des dons en vaisselle d'étain; le Roi est exempté d'impôts.
Au XVIe siècle, dans un contexte tendu à Genève entre partisans du duc de Savoie et Eidguenots qui tournent leurs yeux vers la Suisse, les Syndics prennent soin des Couleuvriniers qui reçoivent un pré "près de l'Hôpital des pestiférés" (actuel cimetière des Rois) dans le but d'établir un stand de tir, opérationnel en 1522. Ce lieu est désormais dénommé "pré de la Coulouvrenière".
En 1548, les statuts, soit les "Ordonnances du Jeu de l'Arquebuse", sont adoptées par le gouvernement. À la fin du XVIe siècle, Genève se réorganise sur le plan militaire, avec une véritable armée de milice. Le Jeu de l'Arquebuse permet alors aux citoyens-soldats de s'entraîner mais n'a plus d'autres fonctions dans la défense de la ville.
Les fêtes organisées par les Arquebusiers et offertes par le Roi ainsi que les exercices sur la plaine de Plainpalais constituent de vraies fêtes nationales pendant tout l'Ancien Régime. Les réjouissances sont de plus en plus somptueuses – et coûtent très cher au Roi. En 1827, la Société de l'Arquebuse participe pour la première fois au Tir fédéral à Bâle, et Genève organise cet événement en 1828 et 1851. Il remplace progressivement les cérémonies liées au "coup du Roi".
En 1856, les Exercices de l'Arquebuse fusionnent avec les Exercices de la Navigation, reconnus depuis 1677. La nouvelle association prend alors le nom d' "Exercices de l'Arquebuse et de la Navigation".
En 1883, un petit stand provisoire est installé à Saint-Georges car il devenait trop dangereux d'effectuer les tirs à côté de l'usine à gaz et d'un quartier s'urbanisant. Le stand de Saint-Georges est inauguré une dizaine d'années plus tard. En 1900, la société inaugure son nouvel hôtel, construit sur l'emplacement de l'ancien pré au tir, et qui lui appartient encore aujourd'hui, à l'angle de la rue des Rois et de la rue du Stand.