La musique, la danse, les rondes émeuvent participants et spectateurs
(CH AEG Archives privées 116)
Professeur d'harmonie puis de solfège au Conservatoire de Genève, Émile Jaques-Dalcroze élabore la base d'une nouvelle méthode selon laquelle le sens du rythme a son siège dans les mouvements du corps. Il cherche alors à musicaliser les gestes et la marche des enfants pour une mise en harmonie des vibrations physiques et de celles de l'esprit.
Si ses détracteurs dénoncent les "singeries" d'un "dangereux fantaisiste", Jaques-Dalcroze bénéficie du soutien de personnalités influentes et progressistes, comme Adolphe Appia. Il enseigne alors sa méthode aux jeunes filles de bonne famille et la promeut par des démonstrations et des ateliers.
En 1910, les frères Dohrn offrent à Jaques-Dalcroze une école de musique dans la nouvelle cité-jardin de Hellerau, près de Dresde. Le Festspielhaus, véritable laboratoire de la danse, voit défiler musiciens, danseurs, acteurs et écrivains du monde entier; "Vous y allez en curieux, vous en revenez en pèlerin", dira Ansermet. En août 1914, la guerre met fin à l'expérience.
Le 21 octobre 1914, une pétition est déposée pour que la rythmique soit enseignée à l’école primaire; dans un premier temps, les locaux scolaires sont prêtés, puis la rythmique figure au programme. L'Institut Jaques-Dalcroze de Genève est créé en 1915. Il est dirigé par Émile pendant 35 ans.
En juin 1914, Genève célèbre les cent ans de son entrée dans la Confédération. Le canton vit alors une situation tendue, avec des clivages gauche-droite, Église-État, protestant-catholique, mais aussi vis-à-vis de la Confédération qui semble prétériter les cantons romands. Les festivités ont un rôle fédérateur; leur apogée sera le Festspiel de Baud-Bovy, Malsch et Jaques-Dalcroze. Le temps de sept représentations, 1200 acteurs joueront devant 6000 spectateurs dans un théâtre construit spécialement à la Perle du Lac.