Fête fédérale de gymnastique, Plaine de Plainpalais, 1925
(BGE, Centre d'iconographie genevoise, VG p 1252)
L'idée d'organiser un enseignement d’exercices physiques destiné aux garçons se répand à Genève dès la fin du XVIIIe siècle. Deux visions s'opposent et en retardent la réalisation. D’un côté les adeptes de la discipline militaire, qui suivent Guts Muths et Clias; de l’autre, les défenseurs du développement harmonieux de l’être humain, dans la ligne de Rousseau et Pestalozzi.
En juillet 1823, Christian Rosenberg est autorisé à donner un cours de gymnastique dans les fossés de Saint-Antoine. Ce cours connait un succès tel que le professeur demande à bénéficier d'un bâtiment couvert pouvant être utilisé à l'année: cette première salle de gymnastique, inaugurée en 1833, sera démolie en 1857, en même temps que les fortifications.
La loi sur l'organisation militaire de 1874 rend l'enseignement de la gymnastique obligatoire. On construit des salles de gym à proximité des écoles primaires, rue de Malagnou, par exemple. La pratique reste longtemps une préparation à l’exercice militaire. Le programme Jeunesse et Sport et l’École supérieure de Macolin sont soutenus par la Confédération et par le Département militaire.
Les premières sociétés de gymnastique sont fondées autour de 1850: "Genève bourgeoise", la section de la Société fédérale de gymnastique, précède de deux ans la Société de gymnastique de Genève, créée par la Société de Zofingue. Les sociétés fleurissent dans les communes; la pratique de la gymnastique, faite d'endurance et de discipline, revêt un rôle moral et civique. L'organisation de fêtes cantonales et fédérales permet des échanges, une saine rivalité sportive, mais aussi l'expérimentation du corps social.
Genève accueille 300 gymnastes en 1852, 400 en 1867, 2400 en 1891 et 16'000 en 1925: la Plaine de Plainpalais permet de grandes compositions d'ensemble, expressions du corps social, ainsi que l'organisation de compétitions par disciplines, comme la barre fixe, par exemple. Ces fêtes jouent un grand rôle dans la formation de l'identité de la Suisse moderne.