Excursion-rallye en voitures de l’Automobile-Club Suisse (CH AEG Archives privées 463)
Passionné par l’essor technique de l’automobile, un club de conducteurs pionniers est fondé: l’ACS. Ce club de passionnés fortunés souhaite influencer le politique et organise excursions et compétitions. Ainsi, l’Automobile-Club Suisse fait le tour du Léman en septembre 1898, puis chapeaute la première course internationale Genève-Meillerie et retour, en octobre. Les compétitions sont nombreuses et variées: la course de côte Trélex-Saint-Cergue (1901), le kilomètre lancé d’Eaux-Mortes (dès 1903), ou encore la course de côte du Port-Noir à Cologny, à laquelle participe Gustave Ador (1904). La première Exposition de l’Automobile, créée par l’ACS, permet aussi l’organisation de rallyes et gymkhanas (1905), et la course du kilomètre à la route de Chancy.
Le Comité de l’ACS, alors dirigé par Charles-Louis Empeyta, organise la première Exposition nationale suisse de l’automobile et du cycle, en 1905. À cette occasion, les 59 stands du Bâtiment électoral accueillent près de 18'000 visiteurs.
Il faut dire que Genève, la ville suisse qui compte alors le plus de véhicules motorisés, est un haut lieu du développement automobile. Lucien Picker, inventeur de la Lucia (1903), vendra son usine à John Meynet, créateur des SIGMA; la CIEM (futurs Ateliers de Sécheron) invente la Stella; les ateliers Piccard et Pictet développent la Pic-Pic (1907); Henri et Armand Dufaux passent des motocycles Motosacoche à l'aviation; leurs cousins Charles et Frédéric Dufaux créent les voitures Maximag (1922). Ces véhicules sont des mécaniques de haute précision, dont la production est très lente: les pièces sont créées spécialement, les réglages ajustés longuement.
Cette industrie florissante peine à surpasser les restrictions de la Première Guerre mondiale et surtout à moderniser les méthodes de production: les véhicules européens et américains gagnent le marché suisse. Après une interruption de quelques années, l’Exposition revient avec succès à Genève en 1923, puis en 1924, où le Salon devient international. Pour l’occasion, une passerelle installée au-dessus du boulevard Georges-Favon relie le Bâtiment électoral aux halles construites sur la Plaine de Plainpalais. À la recherche d’un emplacement pour le Salon de 1926, le comité choisit le terrain du skating pour édifier le Palais des Expositions. Ce bâtiment accueillera le Salon de l’auto jusqu’au début des années 1980.
Les courses organisées à Genève sont réputées et attirent amateurs et experts: on y rencontre Frédéric Dufaux sur le moteur de son invention (1905), René Thomas sur une Delage (1923 et 1924), Enzo Ferrari sur une Alfa Roméo (1924). Les courses automobiles empruntent aussi des circuits construits et pensés pour les motos. C’est le cas du circuit de Meyrin, un tracé triangulaire de 9 km, où eurent lieu les Grand-Prix de Suisse de 1923 et de 1927, et du circuit des Nations, une boucle urbaine de quelques kilomètres, prisée entre 1936 et 1950 par Giuseppe Farina, Maurice Trintignant, Fangio et le prince Bira.